Dans la longue métaphore du berger de Jean 10, Jésus reprend les dimensions et l’application de l’image en insistant sur plusieurs aspects. Mentionnons-en quelques-uns.
1° Celui qui est versé dans la connaissance des Écritures aura sans peine fait le rapprochement avec Ézéchiel 34. Par la bouche du prophète, Dieu dénonce les mauvais bergers d’Israël et répète plusieurs fois que le jour vient où il sera lui-même le berger de son peuple ; il le paîtra, le conduira, le corrigera. En déclarant que les bergers qui sont venus avant lui « sont des voleurs et des brigands » (v. 8), il rappelle Ézéchiel 34. Ainsi, vers la fin de ce chapitre de l’Ancien Testament, Dieu déclare qu’il placera sur son troupeau un berger, son serviteur David. En Jésus, le Bon Berger est venu, un avec Dieu (1.1), tout en étant de la lignée de David.
2° En se qualifiant lui-même de « bon berger », Jésus précise que « le bon berger donne sa vie pour ses brebis » (v. 11). Cette indication dépasse le cadre de la métaphore. Dans la réalité, un bon berger risque sa vie pour ses brebis, et peut même la perdre. Mais il ne la sacrifie pas volontairement pour son troupeau. Car alors, qui veillerait sur les autres brebis ? Et de toute façon, ce sacrifice serait un manque de bon sens : risquer sa vie pour sauver le troupeau est une chose, mais la décision de mourir pour lui serait disproportionnée. La vie humaine vaut davantage qu’un troupeau de moutons.
3° Au cas où nous n’aurions pas bien compris à quel point l’affirmation de Jésus est incongrue, il la formule encore plus nettement. Il ne se contente pas de risquer sa vie. Il n’est pas non plus le jouet de circonstances adverses : personne ne peut lui prendre la vie. Il la donne de son plein gré (v. 18). D’ailleurs, la raison pour laquelle le Père continue d’aimer son Fils est qu’il est parfaitement obéissant. C’est le dessein bienveillant de Dieu que son Fils donne sa vie (v. 17 ; cf. Philippiens 2.6-8).
4° Les brebis de Jésus répondent à sa voix ; les autres le rejettent. L’idée d’élection est omniprésente dans ce passage (p. ex. dans v. 27-28). 5° La mission de Jésus ne se limite pas aux brebis de la maison d’Israël ; elle s’étend également aux « autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie » (v. 16). Celles qui sont les brebis de Jésus, qu’elles soient d’entre les Juifs ou d’entre les païens, « entendront [sa] voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (v. 16). C’est la réalisation de la promesse que toutes les familles de la terre seront bénies dans la descendance d’Abraham. Cela explique aussi pourquoi, en dernière analyse, il ne pourra jamais y avoir plus d’un chef de l’Église, à savoir Jésus-Christ lui-même.