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Exode 32 constitue à la fois l’un des creux les plus profonds et l’un des sommets les plus élevés de l’histoire d’Israël.

Libérés depuis quelques mois seulement de leur esclavage en Égypte, les Israélites se montrent si versatiles que la longue absence de Moïse sur la montagne (seulement quarante jours) leur fournit toutes les excuses nécessaires pour de nouvelles jérémiades. L’éloignement passager de Moïse ne les incite pas à prier, mais leur inspire la pire des ingratitudes et le syncrétisme le plus horrible. Ils vont même jusqu’à tenir des propos railleurs : « Ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé » (v. 1).

Aaron se révèle être un homme faible et sans caractère, incapable d’imposer la discipline aux Israélites, ou ne voulant pas le faire. Il n’a aucune conviction théologique, pas même assez pour se conduire en païen convaincu, puisqu’il continue d’invoquer le nom de l’Éternel alors qu’il est en train de fabriquer un veau d’or (v. 4-5). Il se montre encore pitoyable lorsque interrogé par son frère, il avance cette excuse risible : « Ils me l’ont donné [l’or] ; je l’ai jeté au feu, et il en est sorti ce veau » (v. 24). Malgré les promesses par lesquelles ils s’étaient engagés (24.7), beaucoup d’Israélites voulaient jouir de toutes les bénédictions promises par Yahvé, mais sans honorer les obligations qu’ils avaient acceptées par serment à l’égard de leur Créateur et Rédempteur. Israël atteint un bas-fond de honte nationale. Ce n’est pas le dernier de son expérience, ni le dernier non plus dans l’histoire de l’Église.

Où est le sommet ? Quand Dieu menace d’effacer le peuple, Moïse  s’interpose et intercède. À aucun moment, il ne met en doute l’idée que le peuple mérite d’être rayé de la carte, ou qu’il n’est pas aussi mauvais qu’on pourrait le croire. Il en appelle à la gloire de Dieu. Pourquoi Dieu agirait-il d’une manière qui inciterait les Égyptiens à se moquer de lui en disant qu’il n’était pas assez puissant pour mener à bien son œuvre de libération (v. 12) ? De plus, Dieu n’était-il pas tenu d’honorer sa promesse aux patriarches, Abraham, Isaac et Israël (v. 13) ? Comment pouvait-il revenir sur ses promesses solennelles ? Moïse termine en faisant tout simplement appel au pardon divin (v. 30-32). Il ajoute que si Dieu ne peut pas accorder un pardon d’une telle envergure, il n’est pas disposé, quant à lui, à devenir le père d’une nouvelle race (malgré toute sa colère contre Israël, v. 19). Il préfère être supprimé avec tout le peuple.

Quel médiateur extraordinaire ! Voilà un homme qui est entièrement du côté de Dieu, de son salut par grâce et de sa révélation, un homme qui n’excuse pas le moins du monde les égarements du peuple qu’il est chargé de conduire, et qui, pourtant, s’identifie tellement à lui s’il doit être frappé du jugement divin qu’il supplie Dieu de lui infliger la même souffrance. Voilà un homme qui se tient « sur la brèche » (cf. Ézéchiel 13.3-5 ; 22.29-30) !

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