Je n’avais jamais réfléchi à la signification de l’expression « fleur tardive » avant de me mettre au jardinage. Le sens originel de cette expression m’a véritablement frappée un jour, à la fin de l’automne, alors que je rentrais chez moi en voiture. Au moment où je m’engageais dans l’allée, je l’ai vue. Six semaines après la floraison du reste de mon hibiscus, une fleur magnifique et imposante s’était épanouie. J’étais ravie. « Oh ! » me suis-je dit. « Une fleur tardive ! » C’est à ce moment-là que j’ai compris le sens premier de l’expression, et je me suis sentie un peu honteuse de ne jamais y avoir pensé auparavant.
Mais j’ai également été surprise par la joie que m’a procurée cette floraison inattendue, alors que lorsqu’on parle d’une personne comme étant « retardataire », l’expression revêt souvent une connotation négative. Si quelqu’un est un « retardataire », on a l’impression qu’il aurait déjà dû grandir ou se développer dans un certain domaine. Et que ce retard suscite une certaine anxiété car cette personne a dépassé le délai nécessaire pour atteindre certaines étapes importantes. Les parents connaissent particulièrement bien cette anxiété :
… lorsqu’on parle d’une personne comme étant « retardataire », l’expression revêt souvent une connotation négative.
« Pourquoi cette phase de croissance prend-elle plus de temps chez mon enfant ? »
« Atteindra-t-il un jour ce niveau de développement ? »
« Quelles sont les implications, voire les conséquences, de ce retard par rapport à la norme ? »
Bien que nous utilisions souvent l’expression « retardataire » pour décrire un enfant, ces inquiétudes me rappellent celles auxquelles je suis moi-même confrontée et celles dont me parlent les personnes que je conseille. Il s’agit le plus souvent d’anxiété liée à la croissance et au développement spirituels.
« Pourquoi cette dimension de ma croissance spirituelle me demande-t-elle autant de temps ? »
« Est-ce que je parviendrai un jour à atteindre la maturité à laquelle j’aspire ? »
« Quelles sont les implications, voire les conséquences, du fait que cette croissance me demande autant d’efforts ? »
Peut-être que ces inquiétudes vous sont familières, vous aussi, lorsque vous pensez à vos luttes contre certains péchés, à des schémas relationnels néfastes ou à de mauvaises habitudes qui affectent votre vitalité spirituelle. Si c’est votre cas, il est probable que vous vous demandiez pourquoi c’est si difficile pour vous. Vous voulez grandir. Vous voulez être libéré de cette lutte incessante. Vous voulez quelque chose de bon, quelque chose qui honore Dieu, mais la lutte est toujours présente, malgré tous les efforts que vous déployez pour vous en débarrasser, que ce soit par la prière, la repentance ou toutes sortes d’efforts sincères. Le découragement s’installe. La honte s’insinue. Le désespoir peut rapidement suivre.
Si notre confiance reposait sur nous-mêmes pour mener à bien notre croissance, nous serions tous déçus à la fin.
Dans ces moments difficiles, je trouve du réconfort dans le fait que le rythme de ma croissance ne dépend pas entièrement de moi. Oui, je dois courir cette course avec endurance. Je dois persévérer. Mais le Seigneur est l’auteur de ma foi et celui qui la perfectionne (Hébreux 12.2), et cette vérité me permet de comprendre qu’il participe lui aussi au rythme de ma croissance. Il a fondé ma foi, et il la perfectionne. Et d’une certaine manière, cela doit devenir une bonne nouvelle pour moi lorsque je suis découragée parce que ma croissance est plus lente que je ne le souhaiterais.
L’apôtre Paul y trouvait un encouragement. Il était « persuadé » que la bonne œuvre que Dieu avait commencée chez les Philippiens serait menée à son terme (Philippiens 1.6). Sa confiance reposait sur le fait que le Seigneur achèverait cette œuvre. Si notre confiance reposait sur nous-mêmes pour mener à bien notre croissance, nous serions tous déçus à la fin. Nous ne serions pas capables de la mener à bien ; nous n’en avons tout simplement pas la capacité. Notre croissance est l’œuvre de Dieu. Il l’a commencée et il l’achèvera. C’est son œuvre, en son temps.
Cela signifie qu’en attendant, nous passerons tous, à certains moments de notre vie, par des saisons où nous nous sentirons comme des fleurs tardives. Même si cela peut être pénible, nous pouvons nous consoler en nous rappelant que notre Père est un jardinier (Jean 15.1). Et un jardinier se réjouit de ses fleurs tardives. Je n’avais jamais pensé aux fleurs comme à des retardataires, car je n’en avais jamais remarqué avant d’avoir mon propre jardin. Mais lorsque j’ai découvert cette fleur tardive un jour de novembre, c’était dans mon jardin. J’avais personnellement encouragé la croissance de toutes mes plantes en leur consacrant des soins et de l’attention. J’avais investi en elles. Chaque jour, je m’occupais de chacune d’entre elles. Cette fleur tardive est donc devenue ma joie. Je pouvais apprécier sa beauté de manière unique, car j’avais suivi sa croissance du début à la fin.
Même si vous êtes en retard, comme une fleur tardive, vous appartenez à un Jardinier qui encourage vos progrès quotidiens.
Il y a là une analogie à retenir.
Même si vous êtes en retard, comme une fleur tardive, vous appartenez à un Jardinier qui encourage vos progrès quotidiens. Vous êtes sa fleur tardive. Il s’investit totalement pour vous. Il veille avec amour à votre croissance. Il se réjouit de vos progrès. Et tout cela mène au jour où votre croissance sera achevée. Alors, vous découvrirez et comprendrez pleinement à quel point il s’est toujours réjoui de vous. Vous serez épanoui, et ce jour-là, nous reconnaîtrons tous la sagesse du Jardinier qui fait toutes choses belles en son temps.