La pollution, ses dangers ses limites

La pollution, c’est d’abord une maladie des pays riches, de la « société de consommation ». Là où règne une production abondante, là abondent les déchets. Là surtout abonde le gaspillage.

Mais c’est aussi un problème qu’on a dramatisé. A travers de multiples controverses, un aspect passionnel intervient continuellement sans doute compréhensible mais qui fait dire aux statistiques ce qu’elles ne disent pas toujours.

Denis de Rougemont écrivait au lendemain d’Hiroshima : « La bombe n’est pas dangereuse du tout : c’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homme. » On peut en dire autant pour la pollution. Un campeur jettera dans l’herbe ses détritus, un autre les mettra dans une poubelle adéquate. Tout, au fond, se ramène au comportement de l’homme. Jésus disait que c’est de son cœur que provient la souillure. C’est vrai, de quelque ordre que ce soit !

Un campeur jettera dans l’herbe ses détritus, un autre les mettra dans une poubelle adéquate. Tout, au fond, se ramène au comportement de l’homme. Jésus disait que c’est de son cœur que provient la souillure. C’est vrai, de quelque ordre que ce soit !

1. Le problème

1. Rappelons d’abord brièvement en quels termes se pose le problème de la pollution et pourquoi il a pris, ces dernières années, aux yeux de l’opinion, un caractère d’une telle gravité.

Dans un ouvrage classique : « Le Jugement dernier », le professeur Gordon R. Taylor compare le développement exponentiel de l’humanité à une expérience simple de laboratoire :

« Placez des bactéries dans une éprouvette, en leur assurant nourriture et oxygène, et vous les verrez se multiplier de façon explosive, doublant en nombre toutes les vingt minutes environ, jusqu’à former une masse consistante, visible. Mais au bout d’un certain temps, la multiplication cessera à mesure que les bactéries seront empoisonnées par leurs propres déchets. Au centre de la masse se formera un noyau de bactéries mortes ou mourantes, coupées de la nourriture et de l’oxygène de leur environnement par la barrière compacte de leurs voisines. Le nombre des bactéries vivantes tombera aux environs de zéro si on ne les débarrasse pas de leurs déchets. »

Dans un opuscule, paru il y a une dizaine d’années : « Où va le monde », j’ai essayé de représenter l’exponentielle du progrès de l’humanité et, par là même, de ses besoins, exponentiels aussi. L’image ci-dessus nous montre que ce développement, menacé d’autodestruction par le développement de ses propres déchets ne peut être éternel. Nous devons dire avec le professeur Francesco Kneschaurek : « Je ne crois pas à la croissance indéfiniment exponentielle » et avec Jacques Piccard : « La démographie galopante est la source de toutes les pollutions » ; cette déclaration, faite en août 1973, à la Conférence de l’ONU à Aspen (USA), résume un fait bien établi. Mais comment y remédier ? On ne peut guère espérer, dit le rapport, une stabilisation démographique avant le début du 21e siècle, c’est-à-dire, à un moment où la population de la terre aura dépassé les 7 milliards, pour atteindre 25 ans plus tard, les 14 milliards… Il sera trop tard déjà !

2. Au problème de base, qui est, on vient de le voir, démographique, s’ajoutent les problèmes corollaires.

Celui d’abord de l’énergie. Pour combattre la pollution due au pétrole et au charbon, il faudra mettre en œuvre des sources d’énergie plus « propres ». La source hydro-électrique étant arrivée à ses possibilités maximum, on devra se tourner vers l’énergie solaire, les marées, le vent, l’énergie thermique des mers, le gaz naturel, l’hydrogène. Il y aurait surtout l’énergie nucléaire, tirée de l’uranium, ainsi que la source inépuisable que serait la domestication de l’énergie de la bombe H. Mais l’exploitation de l’énergie atomique suscite des réactions négatives considérables dans le public, en raison de la hantise suscitée par les déchets radioactifs, dont on ne sait trop que faire jusqu’ici, encore que le problème ne soit pas insoluble, et que, techniquement parlant, il semble loin de présenter la gravité qu’on lui prête.

Le problème de l’eau, ensuite, qui est peu à peu empoisonnée par les innombrables résidus des activités humaines, les déchets de l’industrie et ceux de l’agriculture intensive, avec tous les traitements chimiques qu’elle emploie. Les eaux potables commencent ici et là à manquer et les nappes phréatiques alimentant nombre d’agglomérations sont menacées.

Le problème du sol, également, car l’abus des engrais et des produits contre les insectes parasites le déséquilibre et le détériore, parfois pour des années. L’épuisement et l’érosion des terres arables, la destruction des forêts et des zones arborisées par l’agrandissement des cités et des voies de communication créent partout l’inquiétude.

Le problème de l’air que nous respirons, qui a été jusqu’ici si remarquablement rééquilibré par les végétaux, lesquels absorbent le gaz carbonique (CO2) expulsé par toutes les combustions. Le danger est dans le développement exagéré de ces combustions par les moteurs innombrables et les usines gigantesques. Le réchauffement progressif de l’atmosphère pourrait aussi être une menace en provoquant finalement une fonte catastrophique des glaces polaires (à la suite, en particulier, de certains projets soviétiques d’aménagement de la Sibérie).

Reste le problème de l’alimentation, car il faudra bien faire manger cette immense tablée d’êtres humains, laquelle ferait, en l’an 2000, 47 fois le tour de la terre et s’agrandirait de 79 km. chaque jour ! Or, on doit prendre conscience du fait que la planète, même entièrement cultivée comme la Hollande, ne pourrait nourrir approximativement que les 14 milliards d’habitants prévus pour l’an 2025… Combien apparaît actuelle la prédiction de Jésus (Matt. 24.7) annonçant qu’avant son retour, il y aurait en divers lieux des famines ! On les voit déjà en Afrique ou aux Indes, lors d’intempéries locales ou de guerres, mais chacun comprend combien cette menace pourrait se généraliser à mesure que s’accroît la population du globe au taux inexorable de 2 % par an.

3. Est-ce alors la fin de l’espèce homme ? Comme le disait le Dr David Price, du Service de Santé des USA, en 1959 déjà :

 » Nous sommes tous obsédés (consciemment ou pas) par la crainte de quelque chose qui viendrait fausser l’environnement, au point que l’homme irait rejoindre les dinosaures parmi les formes de vie périmées… Ce qui rend ces considérations encore plus inquiétantes, c’est la conscience du fait que notre destin peut être déterminé au moins vingt ans avant que n’apparaissent les symptômes ».

Ainsi, pendant des milliers d’années, nous avons connu un monde dont les matières premières apparaissaient comme illimitées. Les coupes de bois, par exemple, se faisaient un peu n’importe où : la nature reconstituait infailliblement ce qui avait été pris. On pouvait pêcher autant que l’on voulait : les lacs et les mers rétablissaient l’équilibre. L’abondance des déchets déversés dans les rivières était naturellement compensée par les bactéries purificatrices et l’air était régénéré à mesure qu’il était enfumé. Aujourd’hui, tous ces équilibres apparaissent compromis. Nous devons comprendre que la pollution des rivières peut être sans rémission et que même la mer, berceau de toute vie, pourrait devenir bientôt une vaste mer morte…

Nous devons comprendre que la pollution des rivières peut être sans rémission et que même la mer, berceau de toute vie, pourrait devenir bientôt une vaste mer morte…

 

2. Un faux problème ?

Il faut dire toutefois que le tableau que nous venons de brosser de la pollution et de ses dangers n’est pas partagé par tous les observateurs. Certains se demandent même s’il ne s’agit pas d’un de ces mythes négatifs qu’on sert à l’Occident afin de le désagréger, une sorte d’arme psychologique ! Il est nécessaire si l’on veut être complet, d’entendre leurs arguments.

1. La surpopulation d’abord. Qui va en Lozère, disent ces observateurs, ou encore au Sahara, au Brésil ou au Groenland, s’aperçoit qu’on y trouve encore bien de la place disponible, avant de s’en aller peupler la lune ! Et là, au moins, nous avons de l’oxygène ! D’autre part, les pays sous-développés, qui sont à l’origine de la surpopulation, établiront naturellement, au fur et à mesure de leurs progrès, une régulation des naissances qui mettra le nombre de leurs habitants en rapport avec leurs ressources. Lors d’un voyage en Egypte, on me disait que la simple scolarité obligatoire faisait régresser les familles de 15 à 3 enfants en moyenne… Mais ici une question se pose : l’homme veut-il vraiment appliquer les ressources modernes à transformer les déserts en greniers plutôt qu’à fabriquer des armes toujours plus insensées ?

2. L’idée de la fin du monde par la pollution n’est pas neuve, fait-on encore remarquer. Déjà en 1892, R. Barr annonçait que les cheminées d’usine allaient anéantir Londres par leurs émanations. Or, le ciel de Londres est aujourd’hui plus propre qu’en 1892. De même, les études statistiques faites heure après heure dans les grandes villes (comme celles faites à Paris) permettent d’affirmer que la pollution de l’atmosphère s’abaisse régulièrement depuis cinq ans déjà. Dès 1975, de nouveaux moteurs pollueront beaucoup moins grâce à des dispositifs intelligents. De même, lacs et rivières retrouveront leur intégrité première grâce à la multiplication des stations d’épuration. Et maintenant qu’il a pris conscience du problème, l’homme traitera désormais l’environnement comme un bien collectif à sauvegarder. Quant à l’oxygène atmosphérique, son pourcentage est également en augmentation constante depuis cinquante ans. Certes, il y a les gaz d’échappement des voitures, mais leur toxicité est limitée à certains carrefours des grandes villes et à certaines heures. De plus, le problème pourrait être résolu grâce à un brûleur qui détruirait les gaz d’échappement.

3. On proteste contre les insecticides, mais on oublie que le DDT a rendu des services sans précédent pour améliorer les cultures et éliminer famines et épidémies, sauvant ainsi des millions d’êtres humains. On sait aujourd’hui après la panique « anti » de ces dernières années que sa nocivité est discutable. Dans le même ordre d’idée, la notion très répandue selon laquelle la nourriture moderne est « chimique » et donc nocive doit être révisée. Notre alimentation est constamment contrôlée, nos conserves stériles, les agents colorants ou conservateurs sans cesse vérifiés. Un exemple pittoresque a été donné récemment par Hans Speich : les pommes de terre « naturelles », ces bons tubercules totalement inoffensifs, sont traités par des insecticides. La tolérance admise pour ces substances (très peu toxiques pour l’homme) est fixée à 0,5 gr. par 1000 kg. de pommes de terre. Mais dans nos tubercules existe à l’état naturel un toxique synthétisé par la plante, la solanine, qu’on trouve à 80 mg. par kg. Et la dose mortelle pour l’homme se situe à 400 mg. Or, jamais personne n’a été intoxiqué !

Autre exemple : l’océan contient quatre milliards et demi de tonnes d’uranium et un milliard de tonnes de thorium, tous deux éléments radio­actifs. En quoi pourrait-il être souillé par quelques tonnes de déchets des centrales atomiques, enfermés dans des blocs de béton hermétiques pour des siècles ?

Tout ceci montre, soit dit en passant, que l’on doit être prudent dans le maniement de certains arguments d’ordre scientifique et que le bon sens peut être ridiculement absent de certains raisonnements.

3. L’homme, gestionnaire de la terre

Lorsqu’on prend conscience de ces deux ordres de faits, qui paraissent, entre les arguments des uns et les arguments des autres, présenter des contradictions, on est conduit, en fait, à la conclusion que, face à la menace de la pollution, tout n’est pas encore inéluctable, mais que tout dépend de la réponse de l’homme à cette menace. Le biologiste C. Ducret l’a dit très récemment à l’amphithéâtre du CERN à Genève :

« Cette relation équilibrée avec la Nature constitue toute la problématique écologique. Mais les solutions techniques ne suffisent pas. Elles agissent généralement sur les effets et non sur les causes. C’est toute notre attitude en face de la vie qu’il faut modifier radicalement. Il s’agit donc aujourd’hui de nous conduire en gestionnaire du milieu et non plus en maître seulement. Il y va de notre survie ».

Si donc notre terre s’est comportée jusqu’ici comme un ensemble admirable dont les ressources étaient magnifiquement recyclées par la nature, l’homme est appelé maintenant à aider prudemment ce recyclage en vertu de la vocation de gestionnaire de la terre à laquelle Dieu l’a destiné. N’est-il pas écrit dans la Genèse (1 :28 à 31) : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l’assujettissez… Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici, cela était très bon… »

Ainsi l’homme, même par ces considérations purement matérialistes et biologiques, est conduit à réexaminer son comportement profond. La loi de sa physiologie si admirable au fond l’y conduit invinciblement. Les lois de la nature restent là encore en harmonie parfaite avec la Parole de Dieu. L’homme est placé dans un contexte qui le fait toucher Dieu, par les lois même qui régissent l’environnement et la biologie. Seule une harmonie spirituelle profonde peut permettre à ce qui est fondamentalement Bien de dominer le Mal. Seul un contact voulu, admis, désiré, recherché avec le Créateur permettra à la créature de gérer cette terre où elle a été placée.

Si donc notre terre s’est comportée jusqu’ici comme un ensemble admirable dont les ressources étaient magnifiquement recyclées par la nature, l’homme est appelé maintenant à aider prudemment ce recyclage en vertu de la vocation de gestionnaire de la terre à laquelle Dieu l’a destiné

4. Le remède : le règne du Christ.

 Mais l’homme naturel, animal, est-il capable d’une telle gestion, harmonieuse et disciplinée ? On peut hélas, sérieusement en douter. Il sera toujours obligé d’édicter des lois draconiennes qui le priveront constamment de sa liberté, cette liberté qui lui est si chère et qu’en aucun cas il ne voudra perdre. La nécessité d’observer ces lois se heurtera à l’esprit de révolte qui est enraciné en lui. Il ne veut pas se soumettre à la loi divine, et il ne le peut même pas. Ainsi donc, par ce problème écologique, si terre à terre, on rejoint la conception biblique du péché, de la révolte personnifiée en Adam : il n’y a pas d’espérance. Si un jour l’homme a été chassé du paradis, il est maintenant condamné à se perdre sur la terre entière et ce, malgré tous ses efforts, pour échapper à cette condamnation.

Il n’est certes pas mauvais que les spectres épouvantables qui guettent l’humanité soient toujours là pour l’effrayer… L’homme a perpétuellement besoin d’un épouvantail. Il n’est jamais tranquille au fond, et en lui tout devient, un jour ou l’autre, objet de revendication. Il lui manque la paix de l’âme, la foi qui est confiance dans l’harmonie de ce que Dieu a créé et qu’il gère en définitive, malgré et par­dessus l’homme perverti.

Le remède définitif, heureusement, nous est aussi promis par Dieu. C’est le retour de Jésus-Christ, Son règne, Son autorité d’amour, qui seuls pourront mettre un terme au désordre infernal vers lequel nous allons. Jésus dominant la nature à tous les points de vue et d’abord la nature insoumise de l’homme Jésus réordonnant la nature par la puissance souveraine de l’Esprit. Rom. 8 dit : « Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise, avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement ». Et 1 Cor. 2 :14 ajoute : « Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. »

Et fort heureusement, il est possible pour tous ceux qui le désirent, de trouver la solution profonde en se soumettant simplement à Dieu. Ce n’est pas l’ensemble machinel le « sky-bord » américain c’est-à-dire, le système composé de l’homme (composante biologique) et de la machine (composante technique), qui sauvera ce monde, tel un cosmonef en perdition, mais une troisième composante, l’Esprit de Dieu. Christ en nous est la solution pour que l’individu soit rééquilibré et retrouve l’harmonie avec Dieu. Christ dans la société pour qu’elle trouve mieux que la loi tyrannique qui l’asservirait. Christ régnant à son Retour enfin, pour que le monde soit entièrement géré dans l’amour et la justice.

Il faut commencer par le bon bout. Il n’y a pas de réforme universelle sans une réforme des éléments du tout. Si l’homme, individu, revient à Dieu et retrouve l’harmonie avec Lui, la collectivité qu’il forme sera rééquilibrée et trouvera sa voie. Le premier pas, c’est un changement de notre propre personnalité, c’est la volonté d’accomplir la loi de Christ, c’est de nous tourner vers l’espérance unique qu’il propose à l’homme. « Connaître Christ et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir à la résurrection d’entre les morts ». (Phil. 3.10).