“Le livre des prophètes” – Interview avec Sylvain Romerowski

Transcription réalisée de manière automatique, merci de vous référer à l’original avant toute citation.

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Bonjour, pouvez-vous nous présenter ?

Oui, alors Sylvain Romerowski.

J’ai fait mes études d’abord à l’Institut biblique de Nogent et puis ensuite à la faculté de théologie de Westminster aux États-Unis.

Après ça, j’ai fait des études linguistiques à la Sorbonne et puis j’ai été assistant de pasteur à l’église baptiste de Mulhouse.

Après quoi, j’ai travaillé pour les éditions Sator.

D’abord, j’ai travaillé sur la traduction de la Bible du Sommeur et puis j’ai rédigé aussi différents articles qui ont fini par paraître dans le grand dictionnaire de la Bible chez Excel 6.

À partir de 1991, j’ai été embauché à mi-temps comme enseignant à l’Institut biblique de Nogent et puis en 1993, j’ai été embauché à plein temps jusqu’au mois de juin dernier et maintenant je suis à la retraite, mais très occupé.

Quelle est l’originalité des prophètes bibliques ?

Dans le Proche-Orient ancien, il y a des devins, des astrologues, ce genre de personnages qui cherchent à deviner l’avenir, mais aussi que les dirigeants consultaient avant de prendre des décisions.

Alors que les prophètes de la Bible prédisent l’avenir, mais ce n’est pas l’essentiel de leur message.

Un prophète, ce n’est pas d’abord quelqu’un qui prédit l’avenir, c’est quelqu’un qui parle de la part de Dieu et qui s’adresse au peuple de Dieu avec un message qui concerne la vie de ce peuple.

Quel est le message global des prophètes pour Israël ?

Le premier grand prophète d’Israël, c’est Moïse.

Moïse a posé les fondements, Dieu a fait alliance avec son peuple, il a donné sa loi qui était assortie de sanctions, de bénédictions, si Israël obéissait, des malédictions s’il désobéissait.

Et les prophètes qui vont suivre ne vont pas venir comme ça dans le vide, mais en fait ils vont s’appuyer sur les textes de l’alliance du Sinaï et en particulier sur la loi de Moïse.

Donc, ils vont mesurer le comportement des Israélites à l’aune de la loi de Moïse, dénoncer leur faute et annoncer l’exécution des malédictions qui étaient prévues par le traité d’alliance, donc par le Pentateuch, dans la loi de Moïse.

Donc, ils annoncent un jugement qui accomplit ces malédictions prévues dès l’origine.

Alors, ils actualisent bien sûr, ils vont annoncer par exemple des invasions militaires en fonction des circonstances de leur temps, et puis annoncer finalement la ruine de chacun des deux royaumes.

Ensuite, alors ils appellent les Israélites à la repentance, à revenir à Dieu d’abord, et puis à aligner leur comportement sur la loi de Moïse.

Et au-delà du jugement, lorsque le peuple n’obéit pas, ils annoncent que Dieu n’abandonnera pas son peuple, mais va apporter la restauration, et donc que les bénédictions prévues dans le traité d’alliance vont s’accomplir.

Donc, les prophètes donnent des promesses de salut, mais au-delà du jugement.

Et en particulier, le salut sera apporté par le Messie, donc de la lignée davidique.

Quelles sont les caractéristiques des cinq prophètes traités dans ce manuel ?

Abdias et Joël prophétisent, à mon avis, au IXe siècle avant Jésus-Christ.

Abdias a une prophétie sur les Edomites qui ont profité de ce que des ennemis ont pillé Jérusalem et massacré des Judéens pour tirer leur épingle du jeu, pour piller eux aussi Jérusalem, massacrer des rescapés qui fuyaient devant leurs ennemis.

Et le prophète annonce le jugement, donc des Edomites.

Et puis, dans une deuxième partie, il présente ce jugement futur, enfin ce jugement qui était à venir des Edomites, comme le prototype, comme une anticipation du jugement eschatologique, du jugement final, universel.

Et donc, Edom devient le type de l’ensemble des peuples non israéliques.

Un point intéressant dans le livre d’Abdias, c’est qu’on peut y trouver la notion de crime contre l’humanité, dont on parle aujourd’hui.

Alors ensuite, pour le livre de Joël, Joël intervient après un fléau de Sauterelle qui a ravagé le pays de Juda.

Il intervient pour présenter ce fléau comme un jour du Seigneur, c’est-à-dire comme un jugement que Dieu a exercé sur le peuple de Juda à cause de ses fautes.

Et de là, il appelle le peuple à la repentance.

Le peuple se repent et donc Joël, de la part de Dieu, annonce que Dieu va leur pardonner et leur redonner la prospérité.

Et puis lui aussi, dans un deuxième temps, il présente ce qui vient de se passer comme le prototype, comme une anticipation du jour du Seigneur final universel.

Donc jour de jugement sur l’ensemble des peuples et en même temps jour de salut pour ceux qui invoqueront le Seigneur, donc pour les membres du peuple de Dieu qui invoqueront le Seigneur.

Et évidemment, un point tout particulier et important dans le livre de Joël, c’est la promesse que Dieu accordera son esprit à tous les membres de son peuple dans l’avenir, promesse évidemment qui est citée par l’apôtre Pierre le jour de la Pentecôte.

Alors ensuite, on a le livre d’Amos.

Amos est un judéen mais qui s’adresse au royaume du Nord.

Et qui dénonce essentiellement les injustices sociales.

Les nantis dans le pays ont tendance à exploiter les gens défavorisés, à s’accaparer leurs terres.

Et donc il y a une concentration des richesses disponibles entre quelques mains.

Et puis le gros du peuple est réduit à une forme d’esclavage, donc exploité.

Amos donc dénonce ces injustices sociales.

Maintenant il les présente comme la conséquence d’un abandon de Dieu.

Et il appelle d’abord un retour à Dieu, à une conversion à Dieu qui se manifestera par donc la pratique de la justice sociale.

Et ça me conduit à dire qu’aujourd’hui on parle parfois de l’activité prophétique de l’Église comme étant l’appel adressé à nos dirigeants au monde ambiant à la justice sociale.

On a le plaidoyer pour la justice.

Mais appeler le monde qui nous entoure à la justice sociale, ce n’est pas une proclamation prophétique.

Ça devient une proclamation prophétique quand on présente les injustices sociales comme Amos, comme la conséquence du rejet de Dieu ou de l’abandon de Dieu.

Et quand on appelle d’abord à la conversion à Dieu, un retour à Dieu qui se manifestera ensuite par la pratique de la justice sociale.

C’est ça la vocation prophétique de l’Église et pas simplement d’appeler à plus de justice sociale.

Et puis à la fin de son livre, Amos annonce la restauration du royaume de David à venir.

Alors ensuite, Osée.

Osée c’est le prophète de la fin du royaume nord-israélite.

Il va exercer son ministère dans les 30 ou 40 ans de la fin du royaume nord-israélite.

Il va surtout dénoncer l’idolâtrie des Israélites.

Donc Israël est comparé à l’épouse, à une épouse.

Yahvé étant donc son époux et Yahvé donne sa lettre de divorce à son épouse car l’épouse a été infidèle en allant après d’autres divinités.

Et Dieu va même jusqu’à dire aux Israélites du nord, vous n’êtes pas mon peuple.

Et Paul reprendra cela à propos des Israélites qui ont rejeté leur Messie.

Lorsqu’Israël est infidèle à Dieu, il n’est plus le peuple de Dieu.

Outre l’idolâtrie, Osée va dénoncer différentes fautes et en particulier les fautes politiques.

Il reproche au royaume nord-israélite de se donner des rois sans tenir compte de la volonté de Dieu.

Et la fin du royaume nord-israélite est troublée puisqu’il y a pas mal d’assassinats de rois et de complots contre les rois et donc Osée dénonce ses fautes politiques.

Et puis il annonce évidemment la ruine du royaume du nord, mais au-delà on a un message très fort sur l’amour de Dieu dans le livre d’Osée qui est prêt à pardonner à son peuple et qui au-delà du jugement manifestera son amour à son peuple.

Et puis enfin Miché, c’est peut-être un livre qu’on connaît plus que d’autres, en tout cas pour certains de ses textes.

Alors Miché est contemporain des Haït à partir de 730 environ.

Miché va dénoncer lui aussi les fautes sociales, les injustices sociales qui se commettent en Juda, il s’adresse au peuple de Juda, et il va dénoncer les fautes des différentes catégories de responsables du peuple, les dirigeants politiques qui commettent des injustices, qui exploitent le peuple, les faux prophètes qui annoncent des oracles qui chatouillent les oreilles des gens qui viennent les consulter et qui promettent de bonnes choses à ceux qui les payent bien, et puis aussi les prêtres qui négligent la loi de Dieu.

Miché va annoncer la ruine du Royaume du Nord, au début il dénonce aussi les fautes du Royaume du Nord, ruine du Royaume du Nord qui devait donc survenir en 722.

Il va aussi annoncer l’invasion assyrienne du pays de Juda qui devait survenir en 701, et en 701 donc les Assyriens ont déporté 200 000 judéens déjà à l’époque.

Et puis Miché va encore plus loin, il annonce que plus tard les Babyloniens vont aussi envahir le pays de Juda, être l’instrument de jugement de Dieu.

Miché annonce aussi, c’est le premier, la destruction de Jérusalem et du Temple qui devait survenir à peu près 150 ans plus tard.

Au-delà du jugement, Miché annonce le salut, pas pour toute Israël mais pour un reste.

Dieu est présenté comme un berger qui va rassembler son troupeau, donc le reste de Dieu, au-delà du jugement et lui apporter le salut.

Dieu va établir son règne sur le reste de son peuple et Dieu va réaliser son règne par un descendant de David, donc le Messie qui doit naître à Bethléem.

Et puis Miché reprend un oracle d’Esaïe qui annonçait que des gens de tous les peuples se tourneraient vers Dieu et apprendraient à connaître Dieu et sa loi pour lui obéir.

Voilà donc, je dirais, quelques éléments essentiels pour chacun de ces cinq prophètes.

Comment pouvons-nous prier pour vous ?

Eh bien, vous pouvez prier pour que Dieu m’accorde la santé pour continuer, donc pour écrire les autres volumes de la série.

Donc là, il s’agit du premier volume et il est prévu un ensemble de cinq volumes sur tous les prophètes.

Et puis je suis aussi en train d’écrire un commentaire, alors de niveau plus académique, dans la série des commentaires publiés par la faculté de Vaux sur le livre de Daniel.

Et c’est un travail très exigeant qui demande beaucoup.

Et puis au-delà, il y a d’autres projets en fonction du temps que le Seigneur me donnera et de la mesure de santé qu’il m’accordera.