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Il suffit de regarder aux deux millénaires passés pour voir qu’aucune Église locale n’est éternelle. La mort fait partie du cycle de vie des Églises. Aucune assemblée n’est encore là du temps des apôtres. Avec le temps, les Églises locales finissent par se disperser, ou se diviser, ou trop souvent perdre leur flamme de vérité et d’amour. Dieu pourrait ainsi dire à de nombreuses Églises « historiques » : « Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort » (Ap 3.1).

Dans le livre de l’Apocalypse et ses lettres aux sept Églises, la mort spirituelle de certaines Églises locales arrive très vite. L’image est déchirante : le chandelier donné par Dieu et protégé par ses anges est menacé d’être enlevé. Et même si la mort n’a jamais le dernier mot avec Dieu, que chaque Église peut renaître par la repentance, l’apôtre Jean nous montre dans ses écrits comment la bénédiction de Dieu peut être perdue lorsqu’une assemblée suit la voie du compromis.

Le bilan de ces sept lettres du dernier livre de la Bible fait réfléchir. En particulier, ce qui est choquant, c’est que la chute des Églises locales est souvent liée à un amour du confort.

Ce qui tue les Églises

Les critiques faites aux sept Églises (du moins à 5 d’entre elles) se rejoignent autour du même problème : une passivité spirituelle générée par un amour du confort.

L’Église d’Éphèse pèche dans ce sens par l’abandon de son premier amour (Ap 2.4). Elle est devenue rigide, froide, établie dans des doctrines et des traditions. Son confort dans la forme lui a coûté le fond.

L’Église de Pergame est devenue passive dans sa sainteté comme dans sa doctrine. Dieu avertit l’Église que si elle ne combat pas son immoralité sexuelle et ses hérésies, il viendra lui-même combattre contre les personnes coupables (2.16).

À Thyatire il y a de même une passivité contre le péché sexuel : « ce que j’ai contre toi, c’est que tu laisses faire Jézabel » (Ap 2.20). Le désir de ne pas froisser les gens ou ne pas se mouiller dans les situations difficiles rend cette Église stérile.

À Sardes, l’avertissement interpelle : « Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort (Ap 3.1). Les œuvres de cette Église ne sont pas parfaites, les croyants ne vont pas au bout des choses. Il manque de la persévérance, de l’obéissance, de la repentance.

Finalement, pour l’Église de Laodicée, la passivité se révèle dans une tiédeur à faire vomir (3.16). Il n’y ni zèle, ni remise en cause, ni esprit combatif. L’Église se tient confortablement dans un état de mort ambulante.

La vérité est que beaucoup de nos Églises mourront un jour parce qu’une génération refusera de combattre, mais cherchera le compromis doctrinal ou éthique pour plaire aux hommes plutôt qu’à Dieu. Trop d’Églises abandonnent malheureusement ces combats de pureté sexuelle et de pureté doctrinale par amour du confort, pour « plaire » au maximum de monde, pour garder une soi-disant unité. Bien sûr la grâce doit être présente dans la vie d’une Église. Mais cette grâce est un outil pour combattre le péché et le mensonge, et non un facilitateur de ces choses.

Les avertissements que Jésus donne aux Églises sont intenses. Nous devons nous soucier de préserver une bonne doctrine et de rester mis à part du monde. Sans cela, c’est la mort spirituelle de nos assemblées qui se prépare.

Ce qui fait vivre les Églises

Deux Églises sortent du lot. Ces Églises ont un témoignage qui se rapproche : elles sont persécutées, mais elles persévèrent.

Au lieu de choisir l’amour du confort, elles acceptent la réalité du combat, de la souffrance, de l’obéissance dans la difficulté. Ces Églises vivent dans une vraie pauvreté matérielle, mais Dieu les voit comme riches (Ap 2.9).

De nos jours, la souffrance est souvent vue comme notre pire ennemie. Notre génération abhorre cette souffrance. Le succès est de vivre en bannissant sa présence au maximum. Aux yeux de Dieu, cependant, notre persévérance dans les épreuves est le réel test de la foi. Les chrétiens fidèles sont ceux qui acceptent de souffrir plutôt que de choisir la voie de la facilité, du compromis, de l’unité au plus faible dénominateur, de l’immoralité.

C’est la persévérance dans l’épreuve qui permet aux Églises de garder leur chandelier. La posture du chrétien est celle de combattant. Malheureusement, lorsque les débats théologiques importants entrent dans l’Église, ou que le monde rentre dans l’Église, trop d’assemblées sont plus intéressées à entériner les questions plutôt que les régler. Ainsi les assemblées se retrouvent sans finesse doctrinale ni finesse de compréhension de la sainteté au quotidien, avec des compromis des deux côtés.

Il est frappant que l’avertissement à l’Église d’Éphèse contre la perte de son chandelier concerne des menaces intérieures plus qu’extérieures. Il arrive parfois que des forces d’oppression ferment des Églises. Mais malheureusement l’Histoire nous rappelle que souvent la mort des assemblées commence de l’intérieur, lorsque l’on accepte le flou doctrinal, le manque de rigueur dans la sainteté, et le manque de vision pour une vie chrétienne active et conquérante.  La mort spirituelle touche les Églises qui ne sont pas prêtes à souffrir pour Christ.

Conclusion

L’histoire des sept Églises peut paraître distante. Pourtant le récit de l’Évangile en France y est profondément lié. À l’Église de Smyrne, Jésus promet la persécution. Son leader, Polycarpe, disciple de l’apôtre Jean, mourra martyr. Pourtant le flambeau est passé. Irénée, de cette même ville, qui mûrit sous le ministère de Polycarpe, apportera stabilité et force jusqu’en Gaule, à Lyon, où il reprendra la direction d’une Église profondément affectée par la persécution. Incarnant la foi et la persévérance de son Église d’envoi, Irénée n’a pas peur de reprendre cette Église de Lyon aux 42 martyres de l’an 177. De là il écrit la première théologie systématique de l’Église « Contre les Hérésies » et porte un fruit qui encore impacte des gens aujourd’hui.

Aujourd’hui les Églises qui tiennent debout sont les héritières de générations qui ont combattu. Nous ne pouvons pas minimiser le fruit de ceux qui persévèrent et font face à l’épreuve sans chercher les raccourcis du confort, qu’il soit relationnel, financier, doctrinal ou autre.

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