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Chaque verset du psaume 135 cite une autre partie de l’Écriture, y fait allusion ou fait l’objet d’une citation.

Le verset 1 reprend la formulation de Psaumes 113.1 en insistant sur les « serviteurs de l’Éternel », décrits au verset 2, lequel s’inspire d’une pensée émise au psaume 116.19. Le verset 3 est un des trois qui, dans le livre des Psaumes, disent ce qui est « bon » : le nom de l’Éternel (52.11), l’Éternel lui-même (v. 3) et la louange qui lui est adressée (147.1) ; de plus, son nom est favorable (ici) et il est agréable (ou beau) de le louer (147.1). Si le verset 3 insiste sur la nature de Dieu, le suivant souligne son amour électif d’une manière qui rappelle Deutéronome 7.6.

Les versets 5 à 7 mettent en évidence le pouvoir illimité de Dieu, comme le font Exode 18.11 ; Psaumes 115.3 ; Jérémie 10.13. La parole, « j’ai reconnu… », révèle une confession personnelle ; c’est une vérité qu’il ne suffit pas de connaître, il faut encore en vivre. Bon nombre des versets 8 à 12 se re- trouvent disséminés dans le psaume suivant, parfois mot à mot (136.10, 18-22). Il importe peu de savoir qui a emprunté le texte de l’autre ! Les références aux défaites de Sihon et d’Og ramènent le lecteur à Nombres 21.21-35. Quant au nom de Dieu (v. 13-14), c’est une allusion à Exode 3.15 et Deutéronome 32.36. Les versets 15 à 18, à propos de la pure folie de toute forme d’idolâtrie, reprennent presque exactement Psaumes 115.4-8 ; on retrouve chez Ésaïe des convictions semblables sur le même thème. Les derniers versets du psaume (v. 19-21) s’appuient apparemment sur 115.9-11, un passage où l’on retrouve trois des mêmes groupes encouragés à célébrer l’Éternel.

Ce psaume pastiche est finalement un merveilleux précis qui alimente la louange. C’est comme si l’esprit de l’auteur n’était pas seulement rempli des données historiques de l’Écriture, mais aussi imprégné de ses textes eux-mêmes. En élaborant cet hymne de louanges exubérant, il assemble, consciemment ou non, les expressions les unes aux autres, parfois des versets entiers, tous puisés dans d’autres passages de l’Écriture.

Ce même phénomène n’était pas rare autrefois chez la plupart des évangéliques qui s’adonnaient à la prière. Lorsqu’ils épanchaient leur cœur devant le Seigneur lors des réunions de prière, les hommes et les femmes exprimaient leurs louanges et leurs requêtes dans le langage même de l’Écriture. Dans le pire des cas, cet exercice n’était qu’une récitation insipide d’une demi-douzaine de textes bibliques, toujours les mêmes. Mais dans ses formes les plus sublimes, une telle adoration et une telle supplication adoptaient les larges perspectives de la Parole de Dieu, au fur et à mesure qu’augmentait la connaissance de l’Écriture dans le cœur des croyants. Une telle louange relève de la maturité et prouve une riche influence biblique ; elle se différencie des thèmes étroits qui caractérisent la louange d’aujourd’hui avec ses clichés de sentimentalisme, comme la Cinquième Symphonie de Beethoven se différencie de la chanson Il était un petit navire.

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