Méditation
Timothy Keller
La réponse de ce catéchisme à cette question établit un équilibre remarquable. D’une part, on apprend que les êtres humains ne seront pas tous sauvés. Cette réalité nous est enseignée très clairement à travers toute la Bible, et dans tellement de textes qu’il serait impossible de tous les énumérer. Laissez-moi tout de même attirer votre attention sur deux d’entre eux.
Dans l’évangile de Jean, Jésus dit : « La volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite le dernier jour » (6 : 39). Jésus parle ici de sa venue pour un nombre très précis de personnes qui lui ont été données, et qu’il ressuscitera le dernier jour. Tous les êtres humains ne seront pas ressuscités le dernier jour.
Romains 8 : 28-30 nous enseigne quelque chose de semblable. Au verset 30, Paul dit que « Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi déclarés justes ; et ceux qu’il a déclarés justes, il leur a aussi accordé la gloire. » Notez que le même nombre de personnes est concerné par chaque étape. Il ne dit pas que certains de ceux qu’il a appelés, il les a aussi déclarés justes, comme si un certain nombre de personnes auraient été appelées, et un autre nombre déclarées justes. Non, tous ceux – et seulement ceux – qu’il a appelés, il les a déclarés justes. Tous ceux – et seulement ceux – qu’il a déclarés justes, il leur a accordé la gloire. C’est un nombre bien précis de personnes. Tout le monde ne sera pas sauvé.
D’autre part, la réponse de ce catéchisme aborde le sujet de la grâce commune. Richard Mouw en donne une définition dans son livre consacré à ce thème : « Existe-t-il une grâce non-salvatrice à l’œuvre dans chaque domaine des relations culturelles humaines ? Une grâce qui facilite le désir de Dieu d’accorder certaines bénédictions à tous les êtres humains, élus comme non-élus ; des bénédictions qui permettent aux chrétiens de coopérer avec les non-chrétiens et d’apprendre d’eux ? »
Et la réponse de la Bible à cette question, que l’on trouve dans des passages tels que Romains 1 et 2, c’est oui. Certes, tout le monde ne sera pas sauvé, mais Dieu fait tout de même don de sagesse et de discernement à toute la race humaine. Au travers des arts et de la science, au travers de bonnes gouvernances et par divers autres moyens, Dieu fait de ce monde un monde bien meilleur que si seuls les chrétiens avaient bénéficié de ces dons. Voici donc encore cet équilibre remarquable que nous devrions rechercher. D’une part, non, tout le monde ne sera pas sauvé. Non, tout le monde ne bénéficie pas de la grâce salvatrice de Jésus-Christ. Mais d’autre part, nous devons être reconnaissants pour la grâce commune que Dieu accorde à toute la race humaine. Nous devons comprendre que Dieu nous vient en aide à nous, mais aussi au monde tout entier par le biais de nombreuses personnes qui ne croient pas en lui. Nous devons être sensibles à cela. Nous devons être reconnaissants pour ces personnes et les respecter. C’est cela, l’équilibre que nous devons rechercher.
Commentaire
Martyn Lloyd-Jones (1899-1981)
La « grâce commune » décrit les bénédictions que Dieu transmet à tous les hommes et à toutes les femmes sans distinction, comme il l’entend, non seulement à son peuple, mais à tous les hommes et toutes les femmes, selon son bon vouloir. Or, la grâce commune consiste en ces actions universelles du Saint-Esprit par lesquelles, sans renouveler pour autant le cœur, il exerce une influence morale grâce à laquelle le péché est bridé, l’ordre est maintenu dans la vie sociale, et la droiture civile est mise en avant. Voilà la définition générale. Le Saint-Esprit a ainsi été à l’œuvre dans ce monde depuis le commencement, et il a influencé et orienté des hommes et des femmes qui n’étaient pas sauvés, et qui depuis sont allés à la perdition. Lorsqu’ils étaient dans cette vie, dans ce monde, ils étaient au bénéfice de ces actions universelles, mais non-salvatrices, du Saint-Esprit […] S’il ne s’agit pas d’une influence salvatrice, ni d’une influence rédemptrice, elle participe néanmoins aux desseins de Dieu […] Si le Saint-Esprit n’agissait pas de la sorte parmi les hommes et les femmes, en raison de la Chute et du péché les êtres humains auraient sombré depuis longtemps dans le néant et l’oubli […] En parallèle de cela existe ce que nous désignons généralement comme la « culture » – les arts et la science, un intérêt pour les choses de l’esprit, la littérature, l’architecture, la sculpture, la peinture, et la musique. Il ne fait aucun doute que la pratique des arts est une bonne chose. Elle n’est pas source de rédemption, mais elle enrichit les gens, et leur permet de vivre des vies meilleures. D’où vient tout cela, cependant ? Comment expliquer l’existence d’hommes tels que Shakespeare ou Michel-Ange ? Les Écritures expliquent que toutes ces personnes ont reçu leurs talents, et ont été capables de les mettre en œuvre, grâce à l’action de la grâce commune, cette influence universelle du Saint-Esprit.