×
Parcourir

Définition

Dieu se fait connaître en tant que Seigneur au moyen de la révélation divine, qui est communiquée à tous les hommes par le biais de la Création et de la nature humaine. Cette révélation est également communiquée à certains individus au travers d’événements, de paroles humaines inspirées et consignées dans les Écritures, et de Jésus-Christ lui-même.

Résumé

Dieu se connaît parfaitement lui-même, à titre d’être personnel qui s’exprime, et c’est pour cette raison qu’il se fait connaître à ses créatures. Bien que les hommes étouffent la connaissance de Dieu par leur péché, Dieu a révélé à ses créatures qui il était, par le biais de l’être humain créé à son image et de toute la Création. En plus de cette révélation générale, Dieu se fait connaître à certains individus par des révélations spéciales. Celles-ci comprennent des faits naturels et historiques, des paroles humaines inspirées puis consignées dans les Écritures, mais aussi la personne de Jésus-Christ, qui est l’image parfaite de Dieu. Par tous ces moyens, Dieu se révèle en sa qualité de Seigneur, c’est-à-dire qu’il révèle sa présence ainsi que son contrôle et son autorité sur toutes choses.

Le Dieu de la Bible est un être personnel. En cela, il s’oppose aux dieux de nombreuses religions et philosophies, qui ne sont que des forces abstraites et impersonnelles. La doctrine de la Trinité met ce fait en évidence. Non seulement le Dieu de la Bible est personnel, mais il est également constitué de trois personnes, dont l’existence est depuis toujours imprégnée d’un amour et d’un respect mutuels (Jn 17).

Ainsi, tout ce que Dieu fait, il le fait aussi connaître. Les personnes de la Trinité se connaissent réciproquement en tous points, et ils comprennent leurs pensées et leurs actions respectives. L’être humain est tel que les profondeurs de sa nature lui sont voilées, de sorte qu’il ne peut entièrement comprendre ses propres actions et intentions. En revanche, Dieu se connaît parfaitement lui-même. Il semble mystérieux à l’homme, mais à ses propres yeux, aucun mystère ne subsiste.

Pour décrire la connaissance parfaite que Dieu a de lui-même, les Écritures le désignent comme le Dieu qui parle ou, plus simplement, comme la Parole :

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (Jn 1.1).

Non seulement Dieu possède des qualités telles que l’éternité, la sainteté et la toute-puissance, mais il est également capable de les exprimer et de les transmettre dans un langage qui correspond à l’expression humaine. Conformément à son éternelle nature, il a le pouvoir de parler (« la Parole »), et cette faculté fait partie de ses attributs : sa Parole est avec lui de toute éternité, et elle est une composante de sa personne. Dans Jean 1.14, l’auteur associe cette Parole à Jésus-Christ ; en lui, elle s’est faite chair. L’existence de la Parole précède donc l’incarnation de Jésus. L’Ancien et le Nouveau Testament regorgent d’allusions à la façon dont Dieu utilise la parole divine pour se révéler.

De plus, Dieu se révèle à lui-même. Chaque personne de la Trinité se fait connaître aux deux autres, au point que cette révélation en déborde. Elle parvient au monde que Dieu a créé, et particulièrement aux créatures pourvues d’intelligence qui l’habitent : les anges et les hommes. Puisqu’il est dans sa nature de se révéler, Dieu désire que toutes ses créatures le connaissent.

Les créatures ne peuvent pleinement connaître Dieu. Personne ne peut connaître Dieu parfaitement ; personne, excepté lui-même. Néanmoins, la connaissance de Dieu profite grandement aux créatures. D’ailleurs, elles ne peuvent vivre sans le connaître, parce qu’il est l’auteur de la vie. Cette vérité s’applique à la vie naturelle et spirituelle. Adam est devenu vivant dès le moment où Dieu a insufflé en lui le souffle de vie (Ge 2.7). Aussi, Jésus dit que le plus grand bénéfice de la vie éternelle, de la délivrance du péché, est de connaître Dieu :

Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ (Jn 17.3).

D’une certaine façon, tous les êtres humains, même les plus dépravés, connaissent Dieu :

[…] car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître. En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages (Ro 1.18‑20).

Pourtant, nombreux sont ceux qui rejettent cette révélation. Paul dit que ces individus « ne l’honorent pas et ne respectent pas sa volonté » et qu’ils « étouffent ainsi malhonnêtement la vérité » (Ro 1.18 ; Semeur). Bien que Dieu se révèle à tous, les hommes déchus préfèrent nier qu’ils le connaissent, à l’instar d’Adam dans le jardin d’Éden, qui s’est caché de Dieu (Ge 3.8). S’ils font cela, ce n’est, ni parce qu’il ne s’est pas révélé, ni parce que sa révélation est obscure. Ils sont responsables du fait qu’ils ne le connaissent pas. Ils se mentent à eux-mêmes en essayant de se convaincre qu’il n’existe pas, ou qu’il est impénétrable, alors que la preuve de son existence est juste sous leurs yeux.

Dieu se révèle comme Seigneur

Dieu s’est donné le nom de Seigneur, une traduction du mystérieux nom Je suis, révélé par Dieu à Moïse dans Exode 3.14‑16. Le fait qu’il est Seigneur implique notamment son contrôle, son autorité et sa présence dans le monde qu’il a créé (voir John Frame, The Doctrine of God, p. 21‑240, et The Doctrine of the Word of God, p. 3‑14, 47‑68). Tout ce qu’il fait, incluant sa révélation, reflète cette qualité de Seigneur. Dans les Écritures, la faculté de contrôle de la révélation écrite est dépeinte comme une force puissante :

Ma parole n’est-elle pas comme un feu, dit l’Éternel, et comme un marteau qui brise le roc ? (Jé 13.29.)

Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur (Hé 4.12).

La Parole de révélation de Dieu est également présentée comme l’autorité suprême :

Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour (Jn 12.48).

Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre (2 Ti 3.16,17).

De plus, la Parole de Dieu, sa révélation, est également sa présence, puisqu’en elle il rencontre son peuple. Lorsque ce dernier est proche de la Parole de Dieu, il est également proche de Dieu lui-même (De 4.7,8 ; 30.11‑14). Le Seigneur a voulu être « avec nous » (Emmanuel) en la personne de son fils, Jésus-Christ, sa Parole vivante (Jn 1.1‑14).

Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père (Jn 1.14).

Le Dieu de la Bible est un être personnel, et non une simple force abstraite, comme les dieux d’autres nations. Sa révélation constitue une rencontre personnelle entre lui et son peuple. Entendre sa révélation, c’est entendre la voix de Dieu. Pour répondre adéquatement à celle-ci, il faut garder à l’esprit qu’elle provient de la puissance suprême, de l’autorité ultime et du bon Père qu’est Dieu.

La révélation générale et la révélation spéciale

Les théologiens font la distinction entre différents types de révélations. La catégorisation la plus courante consiste à séparer la révélation générale de la révélation spéciale. La première est communiquée à tous ; c’est le type de révélation dont il est question dans Romains 1. Elle nous révèle l’existence de Dieu, certaines de ses caractéristiques, ainsi que ses standards moraux. À travers la mise en lumière de ces derniers, elle nous apprend aussi que nous n’avons pas été à la hauteur. Paul nous enseigne que la révélation générale révèle la colère de Dieu à l’égard des pécheurs (Ro 1.18). Celle-ci nous parvient par le biais du monde naturel (la révélation naturelle) et par notre nature humaine. En effet, l’homme est en soi une révélation, puisque, comme l’affirme Genèse 1.26,27, il a été créé à l’image de Dieu.

D’autre part, Dieu communique sa révélation spéciale à des messagers choisis, qui ont la responsabilité de transmettre à leur tour le message à d’autres. Ces messagers peuvent être des anges, des prophètes ou des apôtres. Le message peut être transmis de façon orale ou écrite, par exemple par les lettres des apôtres aux églises, qui ont valeur d’autorité (voir 1 Co 14.37,38). La Bible dans son ensemble est une révélation spéciale communiquée sous forme écrite (2 Ti 3.15‑17). En général, le message de la révélation spéciale comprend les propos suivants : l’avertissement d’un jugement futur et/ou une promesse de grâce. L’Évangile est une révélation spéciale de la grâce à venir, le message de l’ultime bonne nouvelle :

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle (Jn 3.16).

 

Les canaux de révélation

Une autre façon de catégoriser les types de révélations consiste à distinguer les différents moyens par lesquels elles nous sont parvenues, c’est-à-dire les canaux de révélation. Il existe essentiellement trois catégories de canaux : les événements, les paroles et les personnes. Ces catégories correspondent plus ou moins aux distinctions entre les notions de contrôle, d’autorité et de présence de Dieu évoquées plus haut. Elles ne servent toutefois qu’à aborder la révélation d’un certain point de vue. En effet, les événements de la révélation ne manifestent pas seulement le contrôle de Dieu, mais aussi son autorité et sa présence. Il en est de même pour les deux autres canaux de révélation.

Les événements

Dieu se révèle par des événements naturels et historiques. On apprend à le connaître à travers les saisons, la force de la nature, le soleil, la lune et les étoiles, de même que par le biais de l’Histoire, ces événements particuliers qui ont déterminé le sort de l’humanité. Dieu a établi les frontières des nations (Ac 17.26) et a délivré le peuple d’Israël de l’esclavage, en le conduisant hors d’Égypte pour lui donner la Terre promise. Selon le plan de Dieu, l’histoire générale devient l’histoire de la rédemption, soit une succession d’événements orchestrés par Dieu pour racheter son peuple de ses péchés par la venue de Jésus.

Les paroles

D’une certaine manière, tous les types de révélations recourent à la parole, puisqu’elles découlent de la Parole de Dieu lui-même, telle que décrite dans Jean 1.1‑14. Toutefois, il arrive aussi que Dieu se révèle au moyen de la parole dans un sens plus général ; il utilise alors la parole humaine comme canal de sa révélation. Ainsi, Dieu ne nous abandonne pas à nous-mêmes pour nous laisser deviner la signification de son œuvre dans l’Histoire. Il s’insère dans notre expérience en nous parlant avec des paroles humaines. Lorsqu’il s’adresse à Moïse, Dieu définit la fonction de prophète en ces mots :

Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai. Et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderai compte. Mais le prophète qui aura l’audace de dire en mon nom une parole que je ne lui aurai point commandé de dire, ou qui parlera au nom d’autres dieux, ce prophète-là sera puni de mort. Peut-être diras-tu dans ton cœur : Comment connaîtrons-nous la parole que l’Éternel n’aura point dite ? Quand ce que dira le prophète n’aura pas lieu et n’arrivera pas, ce sera une parole que l’Éternel n’aura point dite. C’est par audace que le prophète l’aura dite : n’aie pas peur de lui (De 18.18‑22).

Les prophètes et les apôtres ont consigné les paroles de Dieu. Leurs écrits constituent les saintes Écritures, des documents que l’on doit reconnaître comme étant investis de la puissance, de l’autorité et de la présence de Dieu (2 Ti 3.15‑17 ; 2 Pi 1.19‑21).

Les personnes

Puisque Dieu est trinitaire, sa révélation est particulièrement frappante lorsqu’elle prend la forme d’une personne. Dieu a créé Adam et Ève à son image afin qu’ils tiennent eux-mêmes lieu de révélation (Ge 1.26,27). Il n’est donc pas étonnant que la révélation atteigne son apogée lors de l’incarnation du Seigneur Jésus-Christ, Dieu en personne. Jésus dispose du contrôle du Père sur toutes choses (Mc 4.41) ; il prononce ses paroles (Jn 3.34) et incarne sa présence glorifiée parmi son peuple (Mt 17.1‑8).

Conclusion

Pour apprendre à connaître Dieu, il importe de le rechercher selon ses propres termes. Nombreux sont ceux qui s’y essaient par la raison pure ou par intuition subjective. Pourtant, le Dieu de la Bible n’a pas seulement révélé qui il était ; il a aussi indiqué comment le connaître. Cette connaissance nous parvient lorsque nous vaquons à nos occupations dans le monde qu’il a créé, sans retenir la vérité captive, mais en acceptant au contraire sa direction, sa révélation spéciale, sous la forme des Écritures et de la personne de Jésus. Seuls ces moyens peuvent nous conduire à le connaître en tant que Sauveur et Seigneur.

Lectures complémentaires

KUYPER, Abraham, Principles of Sacred Theology

WARFIELD, Benjamin B., Revelation and Inspiration

VAN TIL, Cornelius, The Defense of the Faith

VAN TIL, Cornelius, The Protestant Doctrine of Scripture

MACHEN, J. Gresham, Christianity and Liberalism

FRAME, John, The Doctrine of the Word of God

STONEHOUSE, Ned, Paul Woolley, The Infallible Word

MIZZI, Paul, « Divine Revelation »

LILLBACK, Peter, Richard Gaffin, éd., Thy Word is Still Truth

SPROUL, R. C., « Divine Revelation »