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Définition

L’amour de Dieu, c’est la disposition bienveillante ou l’inclination qu’il a pour ceux qu’il a créés à son image. Cet amour le pousse à leur accorder des bienfaits matériels et spirituels (il est donc, dans ce cas de figure, synonyme de grâce). L’altruisme de Dieu, le don désintéressé de sa personne à ses créatures par le biais de Jésus-Christ, est le plus grand de tous ces bienfaits.

Résumé

L’amour de Dieu, c’est la disposition bienveillante ou l’inclination qu’il a pour ceux qu’il a créés à son image. Cet amour le pousse à leur accorder des bienfaits matériels et spirituels (il est donc, dans ce cas de figure, synonyme de grâce). Dieu s’est donné à nous par le biais de son Fils. À travers lui, il nous a offert la plus passionnante et la plus belle des expériences, mais aussi la seule à être éternellement satisfaisante, à savoir la connaissance et la jouissance de Dieu lui-même. Il n’y a pas d’expression plus éloquente de l’amour de Dieu envers nous. Cet amour peut être analysé d’au moins cinq façons différentes, mais nous parlerons ici de sa forme particulière, souveraine et salvatrice. C’est de l’amour éternel de Dieu pour son peuple que découlent le rattachement des saints à sa famille, la correction bienveillante du Père à l’égard de ses enfants et la présence de l’Esprit d’amour dans leur vie de chrétiens.

Nous pouvons affirmer bon nombre de choses à propos de Dieu, mais la vérité la plus indubitable et la plus fondamentale, c’est qu’il est amour. L’amour ne fait pas qu’émaner de Dieu ; il ne se réduit pas à ses actions. Comme Jean l’a affirmé si clairement, « Dieu est amour » (1 Jn 4.8). Carl F. H. Henry a déclaré à juste titre que l’amour de Dieu « n’est ni accidentel ni accessoire ; il est une révélation essentielle de la nature divine, une perfection fondamentale et éternelle. Son amour, comme tous les autres attributs divins, reflète l’ensemble de son être dans des actions et des relations spécifiques » (voir Carl F. H. Henry, God, Revelation and Authority, Volume VI: God Who Stands and Stays, trad. libre, Crossway, 1999, p. 341). Malheureusement, dans notre monde, « l’amour » est à la fois l’un des concepts les plus utilisés et l’un des moins bien compris, y compris au sein de l’Église. Que veut donc dire « Dieu est amour » ?

L’amour de Dieu, c’est la disposition bienveillante ou l’inclination qu’il a pour ceux qu’il a créés à son image. Cet amour le pousse à leur accorder des bienfaits matériels et spirituels (il est donc, dans ce cas de figure, synonyme de grâce). L’altruisme de Dieu, le don désintéressé de sa personne à ses créatures par le biais de Jésus-Christ est le plus grand de tous ces bienfaits. Lorsque celui qui aime, au mépris de sa personne, offre à l’être aimé la plus passionnante et la plus belle des expériences, mais aussi la seule à être éternellement satisfaisante, il s’agit alors de l’amour sous sa forme la plus profonde, soit la connaissance et la jouissance de Dieu lui-même. Ainsi, lorsque Jésus implore le Père de le glorifier afin qu’il puisse à son tour glorifier le Père, il prouve combien il nous aime (Jn 17.1). Il demande au Père de nous offrir cette expérience, la seule à pouvoir satisfaire à jamais notre âme, plus précieuse que tout autre don, vision ou expérience. Nous laisser voir, savourer et bénéficier de sa gloire et de sa majesté, voilà le geste d’amour le plus puissant que Dieu peut faire à notre égard.

Les caractéristiques de l’amour de Dieu

D. A. Carson a identifié cinq manières distinctes dont la Bible parle de l’amour de Dieu (voir D. A. Carson, On Distorting the Love of God – La doctrine difficile de l’amour de Dieu, résumé par Joël Prohin). Premièrement, il y a l’amour particulier du Père pour le Fils (Jn 3.35 ; 5.20) et du Fils pour le Père (Jn 14.31). Deuxièmement, l’amour providentiel de Dieu plane sur toute sa création. Le mot « amour » est rarement utilisé pour désigner ce dernier, mais il est incontestable que le monde est le produit d’un Créateur aimant (voir Ge 1.4,10,12,18,21,25,31, où Dieu déclare que ce qu’il a fait est « bon »). Troisièmement, il y a l’amour salvateur de Dieu envers le monde déchu (Jn 3.16). Quatrièmement, vient l’amour particulier, efficace et sélectif de Dieu envers ceux qu’il a choisis. Il peut s’agir de la nation d’Israël, de l’Église, ou d’individus spécifiques (voir en particulier De 7.7,8 ; 10.14,15 ; Ép 5.25 ; 1 Jn 3.1). Enfin, la Bible parle souvent d’un cinquième type d’amour, provisoire et conditionnel, celui que Dieu éprouve à l’égard de son propre peuple. Carson exprime à quel point l’expérience de l’amour de Dieu est dépeinte dans la Bible comme indissociable de l’obéissance et de la crainte de l’homme à son égard. Contrairement à celui qui nous amène à avoir une relation salvatrice avec Dieu, cet amour-là dépend plutôt de notre capacité à ressentir et à apprécier son affection (Jud 21 ; Jn 15.9,10 ; Ps 103.9‑18).

L’amour sous la forme de la grâce

Nous nous concentrerons ici sur la quatrième expression de l’amour de Dieu, à savoir l’affection qu’il manifeste envers son peuple élu et bien-aimé. Dans la mesure où toutes les créatures de Dieu ne reçoivent pas et n’éprouvent pas son amour exactement de la même manière ou au même degré, on ne peut parler de l’amour de Dieu sans le qualifier. Il semble indispensable, tant du point de vue de l’Écriture que de l’expérience, de faire la différence entre l’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce commune et l’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce spéciale.

L’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce commune est l’amour d’un Dieu créateur. Il se traduit par la bonté providentielle, la miséricorde et la patience. C’est un amour inconditionnel et universel qui procure tous bienfaits physiques et spirituels à l’exception du salut. Les élus comme les non-élus peuvent le recevoir et en faire l’expérience (voir Mt 5.43‑48 ; Lu 6.27‑38).

L’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce spéciale est l’amour d’un Dieu sauveur. Il se traduit par la rédemption, l’efficacité de la grâce régénératrice et le don irrévocable de la vie éternelle. C’est un amour bien particulier et sélectif qui conduit Dieu à accorder la grâce de la vie éternelle en Christ. Il n’y a que les élus qui peuvent la recevoir et en faire l’expérience.

Par conséquent, l’amour salvateur de Dieu est immérité, tout comme la grâce. L’amour de Dieu pour les pécheurs à travers le salut ne peut être atténué par le péché. Dieu nous a aimés alors que nous étions pécheurs afin que la gloire de son amour soit magnifiée d’une manière incomparable. C’est lorsque nous étions encore « faibles » que « Christ est mort pour des impies » (Ro 5.6). En effet, « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Ro 5.8). La seule explication à l’amour salvateur de Dieu pour les pécheurs, c’est Dieu lui-même !

L’amour et la mort de Christ

Cet amour divin est donc la raison ou la source de l’œuvre expiatoire de Christ. Dieu n’a pas aimé les hommes seulement après la mort de Christ pour eux ; ce dernier est mort pour les hommes parce que Dieu les aimait déjà. La mort du Sauveur ne doit pas être perçue comme un moyen pour les hommes de gagner ou mériter l’amour de Dieu. Ce ne sont pas le sacrifice ou les souffrances de Christ qui nous procurent l’affection de Dieu ; cela reviendrait à les considérer comme un mal nécessaire, ou encore comme un moyen de soutirer un peu d’amour à une divinité sévère, réticente et réfractaire. Au contraire, l’amour de Dieu a rendu inévitable la mort de Christ, par laquelle il s’est manifesté de façon incomparable. En d’autres termes, l’amour salvateur de Dieu est un don. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3.16a). Encore une fois, comme Paul le déclare, « si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2.20b ; voir aussi Ép 5.1,2,25 ; 1 Jn 4.9,10).

L’amour souverain

L’amour salvateur de Dieu est également souverain. John Murray nous l’explique de la manière suivante :

Dieu est véritablement amour. L’amour ne consiste pas en quelque chose de fortuit, que Dieu déciderait ou non d’être. Il est amour par nature, de manière inhérente et éternelle. De même, qu’il est Esprit et lumière, Dieu est aussi amour. Pourtant, l’essence même de l’amour sélectif implique que l’amour naturel et éternel de Dieu (cause de la rédemption et de l’adoption des élus) n’est soumis à aucune nécessité inhérente de se fixer sur des êtres entièrement indésirables et dignes de l’enfer. C’est par le bon plaisir souverain de sa volonté, qui émane des profondeurs de sa propre bonté, que Dieu a choisi un peuple pour en faire ses héritiers et les cohéritiers de Christ. La raison en réside entièrement en lui-même et elle procède de déterminations qui lui sont propres en tant qu’Éternel Dieu, car il se présente comme celui qui est (Ex 3.14). (Voir John Murray, La rédemption accomplie par Jésus-Christ, appliquée par le Saint-Esprit, Europresse, 2018, p. 18‑19.).

Par conséquent, dire que l’amour est souverain revient à dire qu’il est sélectif. C’est un amour salvateur qui, par définition, est uniquement accordé à ceux qui sont sauvés (c.-à-d. les élus). Eux seuls peuvent en faire l’expérience. Dans un sens, Dieu aime certainement les non-élus, mais pas de manière rédemptrice ; si c’était le cas, ils seraient rachetés. Il les aime, mais pas d’une manière salvatrice, sinon ils seraient sauvés. Pour résumer, l’amour éternel et sélectif de Dieu n’est pas universel mais particulier.

Amour et adoption

L’amour de Dieu est à l’origine de notre adoption en tant que ses enfants. C’est « dans son amour » que Dieu nous a « prédestinés […] à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ » (Ép 1.5a ; voir 1 Jn 3.1). Cet amour de Dieu est à juste titre décrit comme « grand ». C’est « à cause du grand amour dont il nous a aimés » (Ép 2.4b) que Dieu nous a fait vivre avec Christ. C’est un grand amour car il ne peut jamais être épuisé. Ses profondeurs sont insondables et le péché de l’homme ne peut le faire dévier de son objectif (Ép 2.4,5).

L’amour éternel

L’amour salvateur de Dieu est éternel. C’est « avant la fondation du monde » (Ép 1.4,5) qu’il nous a inondés de cet amour et prédestinés à devenir ses enfants (voir 2 Th 2.13). C. H. Spurgeon a décrit cet amour éternel ainsi :

Au tout début, lorsque ce grand univers n’était encore qu’une pensée de Dieu, telle une forêt emprisonnée dans une graine ; bien avant que les échos ne réveillent la solitude ; bien avant la naissance des montagnes ; et bien avant que la lumière ne scintille dans le ciel, Dieu aimait ses créatures. Bien avant la création du premier être ; à l’époque où aucune aile d’ange n’avait encore eu l’occasion de se déployer dans l’éther, à l’époque où l’espace n’existait pas encore, et où il n’y avait rien d’autre que Dieu lui-même – au cœur de cette profonde et tranquille solitude, les entrailles de Dieu frémissaient déjà d’amour pour ses élus. Leurs noms étaient inscrits dans son cœur. Ils étaient déjà chers à son âme. Jésus a aimé son peuple avant la fondation du monde – depuis l’éternité ! et quand, par sa grâce, il m’a appelé, il m’a dit : « Je t’aime d’un amour éternel ; c’est pourquoi je te conserve ma bonté » (voir C. H. Spurgeon, Autobiography: Volume 1, trad. libre, p. 167).

Cet amour n’est pas seulement éternel dans sa conception, il est également irrévocable dans son but. « Qui nous séparera de l’amour de Christ ? » (Ro 8.35.) Personne ! Dieu nous a aimés en Christ. Voilà la seule raison pour laquelle l’apôtre Paul parle de cet espoir avec autant d’assurance. C’est parce que le Seigneur nous a aimés alors que nous étions encore ses ennemis que son amour pour nous, ses amis, est aujourd’hui inébranlable (voir Ro 5.8‑11). Il nous a prouvé son amour en nous envoyant son Fils. J. I. Packer résume bien la nature à la fois éternelle et irrévocable de cet amour divin :

Je sais que de toute éternité, mon Créateur, anticipant mon péché, m’a aimé et a résolu de me sauver même si cela devait lui coûter le Calvaire ; je sais que le divin Fils a été, de toute éternité, nommé pour être mon Sauveur, et que par amour pour moi, il s’est fait homme et il est mort ; je sais qu’il intercède désormais en ma faveur et qu’un jour, il viendra en personne pour me ramener à la maison ; enfin, je sais que le Seigneur « qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi », qui « est venu [m’]annoncer la paix » par ses messagers, m’a, par son Esprit, arraché à la mort spirituelle pour m’unir à lui dans la vie. Il m’a fait entrer en communion avec sa personne et m’a promis de me retenir et de ne jamais me laisser partir – voilà autant de raisons pour moi d’être submergé par la joie et la gratitude (voir J. I. Packer, « The Love of God: Universal and Particular », Celebrating the Saving Work of God: The Collected Shorter Writings of J. I. Packer, vol. 1, trad. libre, p. 158‑159).

L’amour sous la forme de la discipline

La discipline sanctifiante de notre Père céleste, tout comme la vie éternelle qu’il accorde, est un produit de l’amour divin : « Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu’il te reprend ; Car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de la verge tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils » (Hé 12.5b,6). Les chrétiens hébreux à qui ces paroles étaient adressées pensaient, à tort, que l’absence d’affliction était un signe de la faveur spéciale de Dieu et que, par conséquent, la souffrance et l’oppression étaient autant de preuves de son mécontentement. En réalité, les afflictions que nous envoie Dieu ne sont pas des manifestations de sa colère ou de son rejet ; elles témoignent de son amour paternel. La discipline, écrit Philip Hughes, « n’est pas la marque d’un père dur et sans cœur mais celle d’un père qui se soucie profondément et tendrement du bien-être de son fils » (voir Philip Hughes, Commentary on the Epistle to the Hebrews,trad. libre, p. 528).

L’amour de Dieu et la vie chrétienne

L’amour éternel et irrévocable que Dieu éprouve pour son peuple va bien au-delà d’une simple réconciliation avec des pécheurs ayant fui loin de sa face. Il nous rend également capables d’éprouver de l’amour les uns envers les autres : « Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous » (1 Jn 4.12 ; voir aussi 1 Jn 2.5).

Enfin, l’amour de Dieu pour son peuple ne se résume pas à une doctrine à proclamer. Il est aussi une affection vibrante du cœur que Dieu veut nous voir expérimenter, d’où ces paroles de Paul : « Que le Seigneur dirige vos cœurs vers l’amour de Dieu et vers la patience de Christ ! » (2 Th 3.5.) Si nous voulons faire l’expérience de l’amour du Père et en jouir, alors c’est le Père lui-même qui doit (et va) agir afin d’éliminer tous les obstacles, tous les freins à cette expérience inexprimable.

L’amour de Dieu « est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Ro 5.5). Le langage plus que démonstratif de Paul nous montre la générosité sans faille manifestée dans le don de Dieu. Comme l’a dit Charles Hodge (citant Philippe), l’amour de Dieu « ne descend pas sur nous comme des gouttes de rosée, mais comme un courant qui se répand dans toute notre âme pour la remplir de la conscience de sa présence et de sa grâce » (voir Charles Hodge, Commentary on the Epistle to the Romans, trad. libre, p. 210). Dieu veut que, vague après vague, nos cœurs soient inondés de son affection paternelle. C’est pourquoi Paul peut prier pour que nous puissions « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance » (Ép 3.18,19a).

Lectures complémentaires


Cet essai fait partie de la série « Concise Theology ». Tous les points de vue exprimés dans cet essai sont ceux de l’auteur. Cet essai est gratuitement disponible sous licence Creative Commons avec Attribution Partage dans les mêmes conditions (CC BY-SA 3.0 US), ce qui permet aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’en adapter/traduire le contenu à condition que figurent un lien d’attribution, les indications de changements et que la même licence Creative Commons s’applique à ce contenu. Si vous souhaitez traduire notre contenu ou rejoindre notre communauté de traducteurs, n’hésitez pas à nous contacter.