La providence de Dieu
Définition
La providence de Dieu est l’action de la souveraineté de Dieu qui, de façon continue, soutient, guide sa création et prend soin d’elle.
Résumé
La providence de Dieu est l’action de sa puissance pour soutenir, guider sa création et prendre soin d’elle. Certains théologiens ont décrit cela comme une création continuelle, à l’opposé des conceptions selon lesquelles Dieu aurait créé le monde puis s’en serait retiré et l’aurait laissé. La providence de Dieu ne laisse aucune place au hasard ou à une quelconque compétition entre Dieu et une autre puissance. Dieu, en tant que cause première, est la cause de toutes choses, mais cela n’ôte pas aux créatures la capacité d’agir ni d’être initiateurs d’événements. Au contraire, Dieu accorde à toutes les créatures le pouvoir qui leur permettra d’agir dans le monde. La providence de Dieu est distincte de la prédestination en ce que cette dernière se concentre particulièrement sur le salut des élus, alors que la providence est générale. Nous ne pouvons pas connaître toutes les particularités du plan providentiel de Dieu ; Dieu seul sait comment toutes choses vont œuvrer ensemble. En fin de compte, les prières chrétiennes devraient exprimer les aspirations de ceux qui suivent Christ faites en présence de Dieu au lieu d’être des listes de demandes.
L’œuvre de la providence est un aspect de la souveraineté de Dieu en rapport avec sa création. Il n’a pas seulement créé l’univers, mais il le soutient et le gouverne. Et, s’il est vrai que de nouvelles galaxies apparaissent et qu’elles ne sont pas la conséquence naturelle de celles qui existent déjà, alors l’œuvre de création se poursuit. Certains théologiens, comme l’éminent William Ames (1576-1633), ont dit de la providence divine qu’elle impliquait une creatio continua. Ceux qui ont formulé cette doctrine l’ont fait face à diverses objections provenant de notions païennes et sous-théistes de la sollicitude de Dieu. Par exemple, l’idée d’Aristote sur la providence est que Dieu n’exerce qu’un soin général sur la création, ce contre quoi il a été argumenté que le soin de Dieu englobe le plus petit comme le plus grand. Les cheveux de notre tête sont tous comptés, tout comme les événements quotidiens que sont le réveil et l’endormissement. En outre, contrairement aux déistes, qui pensent que la création de Dieu n’est activée que par une impulsion inhérente de mouvement physique donnée au moment de la création, cette dernière dépend de la puissance immédiate de Dieu. La providence est détaillée, « méticuleuse », et Dieu exerce continuellement son pouvoir pour maintenir sa création en existence, sans quoi ce qui a été créé ne serait rien. Ainsi, pour distinguer le point de vue biblique des autres points de vue, comme nous l’avons déjà noté, il y a un sens dans lequel la préservation par Dieu de sa création à travers le temps implique une création continue.
La providence et le hasard
Un corollaire tout à fait évident de cette providence méticuleuse nous amène à bannir de notre pensée l’idée d’événements ou d’actions « chanceux » comme résultant de l’œuvre de la Fortune. Il n’y a aucune autre source aux événements, quelque surprenants ou capricieux qu’ils puissent nous paraître, que la volonté du Dieu Tout-Puissant qui « met tout en œuvre conformément aux décisions de sa volonté » (Éph. 1:11). Jacques nous met en garde de ne pas prendre pour acquis des événements qui semblent actuellement soumis à notre propre volonté (Jacques 4:15). Même Satan et les autres anges déchus sont soumis à la volonté divine (Job 1). La théologie chrétienne est moniste et non dualiste. Les frères de Joseph ont été surpris de voir apparaître la caravane des Madianites et ils avaient de quoi être tout aussi surpris qu’au lieu d’assassiner Joseph, ils le vendent alors qu’ils se rendaient en Égypte. Mais comme ils allaient le découvrir par la suite : « Vous aviez projeté de me faire du mal, Dieu l’a changé en bien » (Gen. 50:20).
Dieu en tant que cause
Traditionnellement, on fait la distinction entre Dieu comme cause première et les causes créées comme secondaires afin de faire la différence entre la puissance causale des créatures, qui leur a été donnée par leur Créateur, et celle de Dieu. Quand je mange mon petit-déjeuner, ce n’est pas Dieu qui le mange. Dieu me maintient en vie et me conserve mes capacités par un apport renouvelé de sa puissance et je mange mon petit-déjeuner par ma puissance. Dieu maintient en existence ce qu’il a créé comme il le juge approprié. En plus de créer et de conserver, il gouverne également sa création en fonction de ses objectifs. En d’autres termes, sa création est intentionnelle, c’est-à-dire qu’elle a une ou plusieurs fins. Dans cet arrangement Créateur-créature, « Dieu fait, cependant, par la même providence, qu’elles se produisent selon leur nature de causes secondes », comme le dit la Confession de Westminster (V.II). Ainsi, les actions des insectes ne sont pas celles des oiseaux ou du bétail ou des hommes et des femmes, mais chacune de ces catégories a une nature différente que Dieu « respecte », ordonnant des événements pour qu’ils « se produisent » et non qu’ils soient imposés. Pourtant-et c’est là tout le mystère- Dieu gouverne activement sa création, il « met tout en œuvre conformément aux décisions de sa volonté » (Éph. 1:11). Il gouverne toutes les créatures et toutes leurs actions d’une manière qui n’a pas d’équivalent humain.
La providence et la prédestination
Il faut distinguer la providence de la prédestination. La prédestination concerne le salut. Elle est la manière dont Dieu fixe le destin des élus, travaillant en eux plus directement et plus intimement que dans le cas de ses soins providentiels généraux, de sorte que, dans la régénération, les hommes et les femmes naissent de nouveau (Jean 3), Dieu resplendit dans leurs cœurs (2 Cor. 4:-6), et il implante en eux une vie nouvelle, les appelant par sa grâce (Rom. 8:29). Comme l’écrit Isaac Watts dans son cantique « Très haut dans les cieux, Dieu éternel »,
La création tout entière est ta responsabilité,
Mais les saints sont ta préoccupation particulière. (traduction libre)
La providence en tant que mystère
La providence est mystérieuse en raison de la nature inégalée de l’action de Dieu et des forces physiques de l’univers, et aussi en raison du fait que, à cause de la chute, Dieu supporte l’existence d’innombrables actes de mal et d’injustice, y compris des actes de blasphème, qui produisent d’indicibles misères. C’est ce qui ressort de manière éclatante de la mort de son Fils sans tache, crucifié par des hommes méchants, « ils ont accompli tout ce que ta main et ta volonté avaient décidé d’avance » (Actes 4 :28).
On dit de Dieu qu’il permet un tel mal, mais c’est une permission dans laquelle sa volonté est active ; ce n’est pas la permission passive qui donne à quelqu’un la possibilité de faire une certaine variété d’actions au choix. La permission de Dieu est une « permission qui veut », et il a en vue des buts bien définis. Le mystère de la providence ne peut être réduit qu’en découvrant toujours plus les projets de Dieu, aussi bien leur extension dans le temps et dans l’espace, que dans les pensées et les intentions des hommes et des femmes. C’est pour ces raisons que nous n’avons jamais la vue d’ensemble, de sorte que la frustration et l’embarras sont une évidence que nous expérimentons. Nous ne connaissons pas encore comme nous sommes connus et les plans que nous concevons ne réussiront que « si Dieu le veut » (Jacques 4:15).
Nous avons une idée de la forme que prend la bonté de Dieu face aux innombrables maux de la vie. Par exemple, la « défense du plus grand bien » plaide en faveur d’une « plus grande fin », comme c’est le cas dans le fait que le Père ait voulu la mort de son Fils bien-aimé. Pourquoi le mal ? Pourquoi Dieu l’a-t-il permis ? On n’est pas satisfait par la réponse : « Pour que la race humaine puisse exprimer sa liberté ». Les maux qui ont frappé l’Homme-Dieu sont centraux, et toute réponse doit donc être christocentrique. La mort du Fils de Dieu étant au centre de tous les maux, comment comprendre les autres maux ?
Sachant ce que nous savons, il est peut-être surprenant que le Nouveau Testament ne nous donne aucune indication sur la justification des maux. Ils n’entrent jamais dans les calculs de Paul, pas de la manière dont nous pourrions penser pouvoir en bénéficier. Au contraire, le bien-être des églises est au centre de ses préoccupations. Il ne fait jamais allusion à la politique ou aux autres politiques de l’empereur romain, si ce n’est en tant qu’accomplissement de la volonté de Dieu, qui pourvoie à la paix civile des églises (1 Tim. 2:1), assurée par le port de l’épée par les magistrats en tant qu’agents de la justice divine (Rom. 13:1). Ce silence sur la justification des maux devrait nous faire hésiter à adopter une attitude de « je sais tout » sur ces questions.
La providence et la prière
Ces facteurs, comme le caractère mystérieux de la providence, la place du mal et le caractère secret du plan divin pour la race humaine, ont des conséquences évidentes sur des questions personnelles comme la conduite de notre vie et la prière. La prière ne ressemble pas à une force physique ou une force spirituelle qui, pour être efficace dépend de sa fréquence, de sa répétition et de son volume sonore. La Prière du Seigneur, en ce qu’elle fait référence à la volonté de Dieu, nous donne un modèle à imiter. Dieu connaît notre situation : « Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez » (Matt. 6:8). Les paroles qui précèdent la Prière du Seigneur dans Matthieu 6 sont la clef.
Nos prières ne doivent pas être des listes de souhaits ou en contenir, même si nous sommes troublés et dans le besoin, car Dieu connaît déjà notre situation. Nous sommes dans sa main. Nos prières doivent être l’expression des aspirations des disciples du Christ, en présence de Dieu. Dieu connaît nos cœurs et il nous répondra selon sa volonté. Si nos prières sont des demandes pour qu’il nous guide, Dieu y répondra de la même manière, mais les principes d’orientation sont de notoriété publique. Nous les connaissons en lisant l’exemple et l’enseignement que nous donne le Nouveau Testament. Prenez la grande prière de Paul d’Éphésiens 3, prière demandant la force de vivre la vie de chrétien : qu’il « vous donne d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans votre être intérieur, que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance » (Éphésiens 3:16-19). C’est une prière qui se préoccupe pleinement de la croissance du chrétien dans la grâce, et tout particulièrement dans l’amour. Elle reflète la conscience qu’a celui qui prie d’être en relation avec Dieu et le désir qu’a Dieu de répondre à une telle prière au moyen d’une croissance en maturité bien plus que des situations particulières quelconques.
Lectures complémentaires
Lectures complémentaires en français
- Paul Helm, La providence de Dieu
- John Piper La providence de Dieu
Lectures complémentaires en anglais
- A. Hodge, “Providence”
- Charles Hodge, “Providence”
- Martyn Lloyd-Jones, “Providence”
- Greg Welty, Why is There Evil in the World (And So Much Of It?)
- I. Packer, “Providence”
- John Flavel, The Mystery of Providence
- Louis Berkhof, “Providence”