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Définition

La naissance virginale de Jésus, plus communément appelée la conception virginale, enseigne que Jésus-Christ est né hors du processus normal de procréation. Par la puissance du Saint-Esprit, il a été conçu surnaturellement dans le ventre de la vierge Marie, et il est né d’elle, sans péché.

Résumé

La théologie chrétienne orthodoxe enseigne que Jésus-Christ est né de manière surnaturelle de la vierge Marie. La croyance en la conception virginale, aussi appelée la naissance virginale, s’appuie sur le témoignage des Écritures et remonte aux premiers jours de la théologie chrétienne. Dans cet article, j’introduirai d’abord le cadre théologique de la naissance virginale. Deuxièmement, j’aborderai ce qu’enseigne l’Écriture à ce sujet. J’inclurai l’enseignement explicite de la naissance virginale, tel que nous le retrouvons dans les Évangiles selon Matthieu et selon Luc, et dans d’autres références qui y font possiblement allusion. J’aborderai également, dans cette partie de l’article, les arguments qui présupposent la naissance virginale. Troisièmement, j’évoquerai certains Pères de l’Église dont les écrits démontrent une croyance ancienne et commune en la naissance virginale. Finalement, je mentionnerai quelques-unes de ses implications concrètes et pratiques.

Le cadre théologique

La naissance virginale fait référence à la naissance surnaturelle de Jésus-Christ survenue hors du processus normal et physique de la procréation. Jésus a donc été conçu de façon unique dans le ventre de la vierge Marie par la puissance du Saint-Esprit. La naissance virginale est le moyen par lequel le Fils éternel de Dieu s’est pleinement incarné en être humain. Il est né de Marie avec un vrai corps et une âme capable de raisonner. La naissance virginale est également ce qui explique que Jésus soit né saint et sans péché, à la différence de tous les autres enfants nés naturellement depuis Adam. Jésus n’était donc pas représenté par Adam lorsque le premier homme a péché, il n’est donc pas « en Adam ». Au contraire, Jésus est à la tête de la nouvelle création.

Dans ce qui suit, j’aborderai certains fondements bibliques de la naissance virginale, sa place dans l’histoire de l’Église, et certaines de ses implications concrètes. J’utiliserai l’expression « naissance virginale », qui est plus courante, pour faire référence à la conception virginale de Jésus. Voici deux avertissements qui pourraient être utiles : je n’aborderai ni (1) la virginité perpétuelle de Marie ni (2) la théorie de l’Immaculée Conception, par laquelle Marie elle-même aurait été préservée du péché originel. Aucune de ces doctrines n’a de fondement biblique.

Le fondement biblique de la naissance virginale

Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc

Les passages où la naissance virginale est enseignée le plus clairement sont les Évangiles selon Matthieu et selon Luc, car ce sont les deux seuls endroits dans la Bible où la naissance de Jésus est relatée. Il est donc significatif que ces deux textes parlent de sa naissance virginale.

C’est l’Évangile selon Luc qui contient le plus de détails sur la naissance de Jésus. Dans le récit de la visite de l’ange Gabriel à Marie (Lu 1.26-38), la virginité de cette dernière est explicitement mentionnée au verset 27 (en grec : parthenos), ainsi qu’au verset 34, lorsque Marie se demande comment elle pourrait être enceinte puisqu’elle n’a jamais connu d’homme. Le contexte de Luc ne laisse aucun doute sur le fait que cette seconde référence à la virginité de Marie utilise la tournure idiomatique biblique « connaître quelqu’un » pour référer à l’intimité sexuelle. Gabriel annonce à Marie que l’enfant qui doit naître d’elle viendra par l’intermédiaire du Saint-Esprit et non par le processus normal de procréation (Lu 1.35). Ce verset révèle donc une relation étroite entre l’Esprit Saint et la sainteté de l’enfant. En effet, le Saint-Esprit veillera à ce que l’enfant né de Marie (elle-même pécheresse) soit saint. Le fils de Marie siégera sur le trône de son père David et régnera sur un royaume qui n’aura pas de fin (Lu 1.31-33). Marie donne ensuite naissance à Jésus à Bethléem, la ville de David (Lu 2.5), accomplissant ainsi la prophétie de l’Ancien Testament (Mi 5.1).

L’Évangile selon Matthieu raconte également la naissance de Jésus. Dans Matthieu 1.20 (voir 1.18), l’Esprit Saint est identifié comme étant celui qui a provoqué la grossesse de Marie, qui a débuté avant qu’elle et Joseph ne soient unis sexuellement (voir aussi Mt 1.25). Matthieu 1.23 qualifie Marie de vierge, comme c’est le cas dans l’Évangile selon Luc, mais cette fois-ci par le biais d’une citation d’Ésaïe : « Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous » (És 7.14). Bien que l’utilisation du terme « vierge » par Ésaïe ait été largement débattue, celui-ci semble effectivement parler d’une vierge[i], et Matthieu considère clairement que Marie en est une.

La naissance virginale dans le reste du Nouveau Testament

Dans les deux textes bibliques qui relatent explicitement la naissance de Jésus, l’Esprit Saint est identifié comme étant celui qui est à l’origine de la grossesse de Marie, et celle-ci est qualifiée de vierge. Ces textes clairs nous aident à naviguer dans les textes moins explicites. Bien que les autres textes du Nouveau Testament ne mentionnent pas explicitement la naissance virginale, elle n’est toutefois pas réfutée. Par ailleurs, dans le Nouveau Testament, l’accent qui est mis sur la préexistence du Fils de Dieu va de pair avec la naissance virginale.

L’Évangile selon Jean s’ouvre sur la nature divine du Fils unique qui existait déjà au commencement, avant la création du monde (Jn 1.1-18 ; 17.5). Jésus est venu du ciel pour offrir la vie éternelle (Jn 6.33,40,51). Il est possible que Jean fasse également allusion à la naissance virginale. Dans Jean, les opposants de Jésus sont souvent caractérisés par un manque de compréhension, et l’un des éléments qu’ils comprennent mal est l’origine de Jésus : ils pensent savoir d’où il vient, mais en réalité, ce n’est pas le cas. Contrairement à l’opinion de plusieurs, Jésus n’est pas réellement le fils de Joseph (Jn 6.41,42 ; 8.41 ; 7.27,28,40-42).

Cela ne pose pas de problème que l’Évangile selon Marc ne mentionne pas la naissance virginale de Jésus puisqu’il ne contient aucun récit de son enfance. En effet, Marc passe directement au ministère public de Jésus. Ce dernier, dès le début de l’Évangile selon Marc, entre en scène en tant qu’adulte détenant déjà une grande puissance et une prestance extraordinaire (Mc 1.9).

L’apôtre Paul ne mentionne pas non plus la naissance virginale, mais son cadre théologique la sous-entend. Paul parle de Jésus comme d’un véritable homme (Ga 4.4 ; 1 Co 15.21) issu de la lignée de David (Ro 1.3,4), mais qui existait déjà avant son incarnation en tant qu’être humain (voir par exemple Ph 2.6 ; Col 1.15-20).

Le cadre théologique de Paul est particulièrement clair dans Romains 5.12-21, où il décrit Jésus parallèlement à Adam. Adam était le premier homme et, à cause de son statut de représentant de la race humaine, ses actions ont répandu le péché et la mort sur tous les peuples. Par opposition, c’est de Jésus que viennent la justice et la vie pour tous ceux qui sont en lui. Dans Romains 5, Paul désigne ainsi deux personnes à la tête des alliances pour l’humanité : Adam et Christ. Tous deux sont des représentants dont les actions ont des conséquences pour les autres. Si Paul n’avait pas cru à la naissance virginale, il aurait été difficile de comprendre le parallèle qu’il fait entre Adam et Christ ainsi que la raison pour laquelle le péché d’Adam n’a pas impacté Jésus (voir 1 Co 15.22,47,48)[ii].

Bien que les auteurs du Nouveau Testament ne mentionnent pas explicitement la naissance virginale dans les autres textes, ils soulignent tout de même fréquemment la préexistence ainsi que la divinité de Jésus, celui qui s’est fait chair et sang (Hé 1.2,3 ; Ja 2.1 ; 2 Pi 1.1 ; Jud 5 ; 1 Jn 1.1-4 ; Ap 1.17,18). Il faut comprendre que la préexistence du Fils de Dieu et sa naissance d’une vierge sont étroitement liées.

La naissance virginale dans l’histoire de l’Église

Dans les premiers écrits chrétiens connus en dehors du Nouveau Testament, la croyance en la naissance virginale de Jésus marquait déjà la théologie chrétienne orthodoxe. Cette croyance a corroboré le témoignage biblique de la naissance virginale. Sa véracité est soutenue dans le symbole des Apôtres qui remonte à très tôt dans l’histoire de l’Église. Ignace d’Antioche, dont les écrits remontent à environ 110-117 après Jésus-Christ, mentionne la naissance virginale à plusieurs reprises[iii]. Les Pères de l’Église qui ont vécu au iie siècle, Aristide d’Athènes (env. 138 apr. J.-C), Justin de Naplouse (env. 165 apr. J.-C), Méliton de Sardes (env. 170 apr. J.-C) et Irénée de Lyon (env. 180 apr. J.-C), confirment tous la naissance virginale[iv].

Implications concrètes : la naissance virginale et le salut

Malgré le long historique de la croyance en la naissance virginale et son fondement biblique, elle a souvent été considérée comme un principe dépassé qui ne résiste pas à l’examen scientifique moderne. La naissance virginale a été l’un des points sensibles des controverses entre fondamentalistes et modernistes au début du xxe siècle. Plus récemment, il a été avancé que le fait de maintenir la croyance en la naissance virginale minimiserait l’humanité que Jésus partage avec l’humanité pécheresse, puisque cela signifierait qu’il n’a pas pris part au processus d’évolution[v].

Pourtant, la naissance virginale n’est pas une question à prendre à la légère ; il s’agit de se demander si nous croyons ou non à l’intervention surnaturelle de Dieu dans le monde, à l’enseignement biblique sur le péché, au parallèle unique entre Adam et Christ, à la signification claire des Écritures et aux croyances historiques et unifiantes du christianisme. En guise de conclusion, je mentionnerai quelques implications concrètes[vi].

Premièrement, la naissance virginale démontre que notre Rédempteur est pleinement et réellement un homme, mais dénué de péché. Certes, Jésus est né surnaturellement, mais cela ne rend pas son humanité différente de la nôtre (Hé 2.10,11). Conçu de manière unique dans le ventre d’une femme par l’opération du Saint-Esprit, Jésus est préservé du péché originel et il se tient de façon unique parallèlement à Adam. Si Jésus était né avec une nature pécheresse, il n’aurait pu être le Sauveur sans péché. La naissance virginale est donc le moyen par lequel le saint Fils de Dieu s’est incarné en être humain, né sans péché.

Deuxièmement, la naissance virginale sous-entend également la préexistence de la filiation divine de Jésus. La naissance virginale convient tout à fait à celui qui est déjà Fils de Dieu avant même son incarnation en être humain. Notre Sauveur est non seulement un homme, mais il est aussi le divin Fils de Dieu. Il est l’unique Dieu fait homme, le seul qui puisse accomplir l’œuvre de salut. Il est Emmanuel, Dieu avec nous (Mt 1.23). Ce sont des paroles d’alliance, qui reflètent la promesse de la grande alliance du Père marchant au milieu de nous en tant que notre Dieu (Lé 26.12).

Troisièmement, la naissance virginale nous révèle le plan de Dieu quant au salut de son peuple. Le salut est un cadeau. Avant l’incarnation du Fils de Dieu, beaucoup avaient tenté d’apporter un salut durable. Le plan de Dieu, toutefois, a été déployé en son temps et à sa manière. La puissance de Dieu, dans la naissance virginale, est mise en contraste avec la faiblesse et l’impuissance des êtres humains à instaurer un salut durable.

Conclusion

La naissance virginale n’est pas une doctrine isolée. Au contraire, elle est étroitement liée à la personne et à l’œuvre de Christ. Puisque la mort est venue par un homme pécheur, c’est par un homme sans péché que doit venir la résurrection des morts (voir 1 Co 15.21). Irénée de Lyon, l’un des Pères de l’Église, l’avait très bien compris : « Si quelqu’un ne croit pas que le Seigneur est né de la Vierge, est-ce qu’il pourra croire à sa résurrection des morts ?[vii] »

Notes de pied de page

1Voir Christophe Rico, La mère de l’Enfant-Roi - Isaïe 7,14 : « ʿAlmâ » et « Parthenos » dans l’univers biblique : un point de vue linguistique, Étude de la Bible en ses traditions, Paris, Cerf, 2013, p. 258.
2Voir J. Gresham Machen, The Virgin Birth of Christ, 2e éd., 1930, réimpr., Grand Rapids, Baker, 1965, p. 262-263.
3Lettre d’Ignace d’Antioche aux Éphésiens 7.2 ; 18.2 ; 19.1 ; Lettre d’Ignace d’Antioche aux Smyrniotes 1.1.
4Voir par exemple, Justin, Le dialogue avec Tryphon, p. 66-70, 84-85 ; Première Apologie, p. 22, 33 ; Méliton de Sardes, Sur la Pâque, p. 66, 70-71, 104 ; Irénée de Lyon, Contre les hérésies, p. 1.10.1 ; 3.4.2 ; 3.5.1 ; 3.9.2 ; 3.16.2 ; 3.18.3 ; 3.18.7 ; 3.19.1-3 ; 3.21-22 ; 4.9.2 ; 4.23.1 ; 5.19.1 ; 5.21.1 ; et aussi, Démonstration de la prédication apostolique, p. 32-33, 36-39, 53-57 ; Aristide, Apologie, p. 2 ; Machen, Virgin Birth, p. 2-43, voir aussi p. 317-379.
5Andrew T. Lincoln, Born of a Virgin? Reconceiving Jesus in the Bible, Tradition, and Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 2013, par exemple, p. 9, 255, 258-259.
6Celles-ci suivent de près l’analyse que j’ai faite dans mon livre Was Jesus Really Born of a Virgin, Phillipsburg, N. J., P&R Publishing, Philadelphie, Westminster Seminary Press, 2013, p. 26-28.
7Irénée de Lyon, Exposé de la prédication des Apôtres, < http://patristique.org/sites/patristique.org/IMG/pdf/Predication.pdf > (page consultée le 3 mai 2020).

Lectures complémentaires


Cet essai fait partie de la série « Concise Theology ». Tous les points de vue exprimés dans cet essai sont ceux de l’auteur. Cet essai est gratuitement disponible sous licence Creative Commons avec Attribution Partage dans les mêmes conditions (CC BY-SA 4.0), ce qui permet aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’en adapter/traduire le contenu à condition que figurent un lien d’attribution, les indications de changements et que la même licence Creative Commons s’applique à ce contenu. Si vous souhaitez traduire notre contenu ou rejoindre notre communauté de traducteurs, n’hésitez pas à nous contacter.