« Que de fois ils se révoltèrent contre lui dans le désert ! Que de fois ils l’attristèrent dans la solitude ! Ils recommencèrent à tenter Dieu, à provoquer le Saint d’Israël » (Psaumes 78.40-41). Asaph marque une pause dans son évocation des faits marquants de l’histoire d’Israël pour résumer l’une de ses pensées principales. En fait, on pourrait mettre ainsi en relief ce qui frappe Asaph :
1° Les rébellions répétées du peuple de Dieu ne sont pas de simples désobéissances, mais une mise à l’épreuve de Dieu. C’est là l’un des aspects les plus odieux et ignobles de la rébellion. Dans son incrédulité, le peuple accuse implicitement Dieu d’impuissance, de cruauté, d’égoïsme, d’insensibilité et de stupidité. L’incrédulité chronique et répétée a toujours défié et provoqué Dieu. Comment Dieu réagit-il ? Il n’est pas surprenant que l’apôtre Paul découvre le même schéma dans la conduite du peuple pendant les années de pérégrination dans le désert et avertit les chrétiens de son temps : « Ne tentons pas le Seigneur comme le tentèrent certains d’entre eux, qui périrent par les serpents. Ne murmurez pas, comme murmurèrent certains d’entre eux, qui périrent par l’exterminateur. Cela leur est arrivé à titre d’exemple et fut écrit pour nous avertir, nous pour qui la fin des siècles est arrivée » (1 Corinthiens 10.9-11).
2° Bien que la première partie du psaume montre la colère de Dieu face aux rébellions de son peuple, l’auteur souligne cependant le fait que constamment Dieu « multipliait les occasions de retenir sa colère et n’éveillait pas toute sa fureur » (v. 38). Mais la situation s’aggrave. L’idolâtrie finit u par devenir tellement flagrante que « Dieu entendit et fut en courroux ; il eut un grand mépris pour Israël » (v. 59). Le contexte laisse à penser qu’Asaph évoque ici le jugement de Dieu qui a frappé le peuple lorsqu’il a permis aux Philistins de s’emparer de l’arche de l’alliance : « Il livra sa puissance à la captivité et sa splendeur entre les mains de l’adversaire » (v. 61 ; cf. 1 Samuel 4.5-11). Cette capture de l’arche entraîna de nombreuses destructions pour Israël livré aux mains de l’ennemi.
3° Les derniers versets (v. 65-72) insistent sur la décision du Dieu de grâce de porter son choix sur Juda et sur David, après ces malheureuses années de vie dans le désert, celles de la période des juges et du règne de Saül. « Et David les a fait paître avec un cœur intègre et les a conduits avec des mains habiles » (v. 72). Les chrétiens, qui sont de ce côté-ci de la résurrection sur l’échelle du temps, sont particulièrement reconnaissants pour la lignée de David.
4° Les chrétiens connaissent la suite du récit amorcé au psaume 78. La dynastie de David s’est corrompue ; la colère de Dieu s’est accrue et le peuple a été envoyé en exil. Mais une colère plus ardente et un amour plus glorieux allaient encore se manifester sur la croix.