×
Parcourir

Au début de l’expérience américaine de la démocratie, les pères fondateurs avaient adopté plusieurs positions, que peu ont conservées de nos jours ; elles s’ancraient profondément dans l’héritage judéo-chrétien. Cela ne veut pas dire que tous les pères fondateurs étaient chrétiens. Beaucoup ne l’étaient pas ; ils étaient de vagues déistes. Parmi les postulats adoptés figurait la croyance que les êtres humains ne sont pas naturellement bons et qu’ils sont même capables de causer beaucoup de mal.

C’est pourquoi, lorsqu’ils ont édifié leur système politique, les pères fondateurs ne se sont jamais appuyés sur « la sagesse du peuple américain » ni sur d’autres slogans semblables qui fleurissent aujourd’hui. À vrai dire, ils craignaient d’accorder trop de pouvoir aux foules. Voilà pourquoi le président n’était pas élu directement par le peuple. C’est un « collège » qui l’élisait. Seuls des hommes blancs qui avaient des intérêts dans le pays pouvaient voter. Les différentes composantes du gouvernement étaient limitées par l’équilibre des pouvoirs, car pour les pères fondateurs, la démagogie populiste était aussi dangereuse que la monarchie absolue (comme nous l’avons vu dans la méditation proposée pour le 20 janvier).

L’un des grands avantages de presque tous les systèmes démocratiques authentiques (dans ce cas, « authentiques » présuppose une opposition valable, la liberté de la presse et l’absence de corruption dans le système électoral) est qu’il confère au peuple le pouvoir de remplacer les dirigeants qui nous trompent. De ce point de vue, la démocratie est encore efficace : ceux qui gouvernent doivent le faire avec l’accord des gens gouvernés. Mais e l’héritage primitif s’est tellement dilué aujourd’hui que les hommes politiques de tous bords en appellent à la sagesse populaire. Manipulés par les médias, soucieux de leurs portefeuilles, défendant les intérêts de secteurs particuliers ou des questions qui cristallisent l’attention, les électeurs des démocraties américaines et occidentales dans leur ensemble ne font pas preuve d’une sagesse extraordinaire. Pire encore, nous vivons dans l’illusion
(et nous l’entretenons) que tout ira bien pourvu qu’un grand nombre de personnes votent. Notre système de gouvernement est la nouvelle tour de Babel, censée nous protéger efficacement. L’Empire soviétique chancelle, d’autres nations s’écroulent dans la poussière, se divisent à l’infini, se déchirent par les guerres civiles, le génocide tribal, l’extrême pauvreté, la corruption endémique, l’idéologie marxiste ou autre. Nous nous disons : « Cela ne nous concerne pas, nous appartenons à une démocratie ; nous sommes gouvernés par le peuple ».

Ne sous-estimons pas un seul instant le privilège de vivre dans une démocratie, avec un niveau de vie relativement élevé, un gouvernement stable, et le bonheur d’être dotés d’un certain pouvoir. Mais ces bienfaits ne garantissent pas la justice. « L’Éternel siège pour toujours, il a établi son trône pour le jugement ; c’est lui qui gouverne le monde avec justice, qui juge les peuples avec droiture » (Psaumes 9.8-9).

Écoutez ce que dit l’Écriture : « Lève-toi, Éternel ! Que l’homme ne triomphe pas ! Que les nations soient jugées devant ta face ! Répands sur eux la crainte, ô Éternel ! Que les peuples sachent qu’ils ne sont que des hommes ! » (v. 20-21).

EN VOIR PLUS
Chargement