La ferveur avec laquelle le peuple de Dieu vit ses expériences durant les premiers mois de son retour dans la Terre Promise (Esdras 3) transparaît dans le texte.
1° Les Juifs sont dans la crainte (v. 3). C’est le premier indice des dangers auxquels ils font face et dont la source se révélera plus clairement dans les chapitres suivants. Cyrus, roi perse, avait accordé aux Juifs la permission de retourner dans leur patrie et avait même pris à sa charge une partie des frais liés à leur entretien et à la reconstruction du Temple. Or, les frontières de l’Empire sont loin et, dans la rude politique du monde réel, la présence d’ennemis tout autour des exilés récemment rentrés au pays représente un réel danger car l’occupation d’un territoire équivaut pratiquement à sa possession.
2° Les Juifs sont résolus (v. 3). L’opposition comprend que la construction du Temple n’est pas seulement un signe religieux, mais également l’indicateur d’une force politique croissante. Les Juifs auraient pu être tentés de rester tranquilles et de garder un profil bas. Leur résolution est donc d’autant plus remarquable : malgré leur crainte compréhensible, ils élèvent l’autel du Seigneur et rétablissent le système des sacrifices prescrits par « la loi de Moïse, homme de Dieu » (v. 2-6). Ils s’attellent ensuite à la construction d’un nouveau Temple.
3° Ils débordent de joie et de louange (v. 10-11). La pose des fondations du nouveau Temple donne lieu à la louange et à l’adoration de Dieu qui bénit manifestement les efforts du peuple de l’alliance qu’il avait châtié. L’espoir renaît non seulement d’avoir un nouveau Temple, mais également de rétablir la dynastie davidique, et de voir l’accomplissement des glorieuses promesses d’espérance délivrées par les prophètes pendant les heures les plus sombres de l’exil d’Israël.
4° Beaucoup pleurent (v. 12-13). Ce sont les plus âgés qui se rappellent encore les contours du superbe Temple de Salomon. Les fondations du nouveau bâtiment semblent insignifiantes comparées à celles de l’ancien. Néanmoins, ces gens sont certainement reconnaissants pour ces petits commencements ; après tout, ne sont-ils pas, eux aussi, une minorité qui a choisi de revenir ? Les petits commencements n’en sont pas moins petits, et la vive émotion des plus âgés s’explique par le souvenir d’un passé plus glorieux.
Au moins, ces Juifs sont en vie et s’occupent des choses de Dieu. Leurs réactions sont parfois maladroites, avec des hauts et des bas, mais elles sont authentiques, vitales, humaines, pleines de vie et d’engagement. Il n’y a pas trace d’abattement et de morosité, de réserve cynique, de plat repli émotionnel. Ce sont les émotions d’un groupe de personnes consacrées qui font la volonté de Dieu dans des circonstances difficiles.
