Si Deutéronome 8 rappelle aux Israélites que c’est Dieu qui leur donne tous les biens matériels, y compris la capacité de travailler et d’acquérir des richesses, Deutéronome 9 insiste sur une autre grande vérité : c’est lui qui les rendra capables de conquérir le pays promis et de vaincre leurs adversaires. Avant de livrer bataille, les Israélites sont déjà en train de lutter contre leurs peurs. Dans sa grâce, Dieu les rassure : « Reconnais aujourd’hui que l’Éternel, ton Dieu, marche lui-même devant toi, comme un feu dévorant ; c’est lui qui les détruira, c’est lui qui les humiliera devant toi » (v. 3). Mais après les combats, les Israélites feront face à une tentation bien différente. Ils seront enclins à penser qu’en dépit des craintes éprouvées avant la conquête, c’est leur supériorité intrinsèque qui les a rendus capables de triompher des ennemis. C’est pourquoi Moïse les avertit :
Lorsque l’Éternel, ton Dieu, les repoussera devant toi, ne dis pas en ton cœur : C’est à cause de ma justice que l’Éternel me fait entrer en possession de ce pays. Car c’est à cause de la méchanceté de ces nations que l’Éternel les dépossède devant toi. Non, ce n’est pas à cause de ta justice et de la droiture de ton cœur que tu entres en possession de leur pays ; mais c’est à cause de la méchanceté de ces nations que l’Éternel, ton Dieu, les dépossède devant toi, et c’est pour confirmer la parole que l’Éternel a jurée à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob. Reconnais donc que ce n’est pas à cause de ta justice que l’Éternel, ton Dieu, te donne ce bon pays pour que tu en prennes possession ; car tu es un peuple à la nuque raide (v. 4-6).
Sur quoi Moïse s’appuie-t-il pour tenir ce langage ? Il rappelle au peuple la triste succession de rébellions au cours des années passées dans le désert, à commencer par l’incident du veau d’or (v. 4-29).
Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? 1° Bien que l’anéantissement des Cananéens nous inspire un sentiment d’horreur embarrassé, puisje me risquer à dire que nous devrions nous y habituer ? Ce châtiment s’inscrit dans la lignée du déluge, de la destruction de nombreux empires, de l’enfer lui-même. La seule attitude qui convienne en face de ces horreurs consiste à suivre le conseil de Jésus-Christ dans Luc 13.1-5 : à moins de nous repentir, nous périrons tous de la même manière. 2° S’il est peut-être vrai que les Israélites l’ont emporté parce que les Cananéens étaient très corrompus, il ne faudrait surtout pas en déduire que les Cananéens ont été battus parce que les Israélites étaient très pieux ! Dieu agissait pour le bien des Israélites par fidélité à son alliance. Mais les enfants d’Israël auraient été bien stupides d’imaginer, après l’événement, qu’ils avaient mérité leur triomphe. 3° Nos tentations, comme celles d’Israël, varient selon les circonstances : peur par manque de foi dans telle situation, orgueil arrogant dans telle au- tre. Seule la marche en étroite communion avec Dieu nous permet de condamner ces deux attitudes abominables à ses yeux.