La Bible ne contient pas beaucoup de passages plus terrifiants que Deutéronome 28.20-69. Ce texte dresse la liste des jugements dont Dieu frappera son peuple s’il enfreint les clauses de l’alliance et se rebelle contre lui, s’il n’observe pas et ne met « pas en pratique toutes les paroles de cette loi, écrites dans ce livre », s’il ne craint « pas ce nom glorieux et redoutable, l’Éternel, ton Dieu » (v. 58). Ces jugements comportent plusieurs éléments saisissants. Intéressons-nous ici à deux d’entre eux.
1° Un esprit séculier et matérialiste pourrait interpréter tous les jugements énumérés dans ces versets comme les conséquences d’un changement de circonstances politiques et sociales ; le païen, lui, pourrait y voir les interventions de divinités malveillantes. En effet, tous les jugements font appel au domaine « naturel » : peste, sécheresse, famine, revers militaires, ulcères, pauvreté, asservissement à une puissance supérieure, invasions de criquets dévastateurs, faillite économique, captivité, esclavage, conséquences désastreuses de sièges prolongés, population décroissante, dispersion parmi les peuples de la terre. En d’autres termes, aucun châtiment ne donne l’impression d’être une décision soudaine du ciel. Il s’ensuit que ceux qui ont renoncé à prêter attention aux paroles de Dieu se trouvent dans une situation horrible; ils subissent des châtiments qu’ils ne reconnaissent pas comme envoyés par lui. Cela fait même partie du jugement qu’ils affrontent : ils le subissent, mais leur cœur est tellement endurci qu’ils ne prennent pas ce châtiment pour ce qu’il est réellement. Ils avaient joui des bienfaits que Dieu leur avait accordés par pure grâce, mais ils ne les avaient pas considérés comme des dons de Dieu ; maintenant, ils sont frappés du jugement que leur impose le juste plaisir de Dieu (v. 63), mais ils ne le reconnaissent pas comme une sanction qu’il leur envoie. Leur aveuglement est systémique, constant, humainement incurable.
2° Les jugements de Dieu dépassent les tragédies généralement imposées à des gens pervers, par l’étendue et l’ampleur des pertes subies, et par l’intervention divine directe. Le Seigneur frappe sévèrement son peuple : « Parmi ces nations, tu ne seras pas tranquille et tu n’auras pas un lieu de repos pour la plante de tes pieds. L’Éternel rendra ton cœur agité, tes yeux languissants, ton âme souffrante. Ta vie sera comme en suspens devant toi, tu auras peur la nuit et le jour, tu douteras de ton existence » (v. 65-66). Ce Dieu ne contrôle pas seulement jusque dans le détail le déroulement de l’Histoire, mais il agit jusque sur l’esprit et les émotions de ceux qui tombent sous le coup de son jugement.
Devant un tel Dieu, c’est pure folie de vouloir se cacher ou se montrer plus intelligent que lui. Il n’y a qu’une chose à faire : nous repentir et nous abandonner à sa miséricorde, implorer la grâce de lui obéir honnêtement, être prêts à reconnaître instantanément l’horreur de la rébellion, à accepter ouvertement les signes de sa bonté et de ses jugements providentiels. Voyons la main de Dieu à l’œuvre ; examinons toutes choses en maintenant le cap résolument sur Dieu.