« Ouvre largement ta bouche, et je la remplirai » (Psaumes 81.11) : le symbolisme est transparent. Dieu est désireux et capable de répondre à nos besoins et nos soupirs les plus profonds. Le problème est que nous n’ouvrons pas suffisamment la bouche pour jouir de la nourriture qu’il donne. Le symbolisme réapparaît au dernier verset : alors que le méchant reçoit en partage le châtiment qui dure éternellement, « Dieu nourrirait Israël du meilleur froment, et je le rassasierais du miel du rocher » (v. 17).
Dieu parle évidemment d’une autre nourriture que celle du corps, mais il inclut certainement celle-ci. C’est là une constante que partagent le livre des Psaumes et les parties narratives du Pentateuque. Dans sa grâce et de façon spectaculaire, Dieu a arraché son peuple à l’esclavage de l’Égypte, en répondant à ses cris de détresse : « J’ai déchargé son épaule du fardeau », dit Dieu. « Tu as crié dans la détresse, et je t’ai délivré » (v. 7-8). Puis vient le passage qui se termine par le verset cité en ouverture de cette méditation :
Israël, si tu m’écoutais !…
Qu’il n’y ait pas chez toi d’autre dieu !
Ne te prosterne pas devant un dieu étranger !
L’Histoire révèle que la réponse du peuple a été décevante : « Mais u mon peuple n’a pas écouté ma voix, Israël n’a pas voulu de moi » (v. 12). Les Israélites n’ont alors évidemment pas vu se réaliser la promesse symbolisée par des bouches pleines. Loin de là. Dieu dit : « Alors je les ai livrés à l’obstination de leur cœur, et ils sont allés dans leurs propres conseils » (v. 13).
La nature de l’idolâtrie change évidemment avec les époques. Voici quelques lignes d’un ouvrage de John Piper que j’ai lu récemment : « Le plus grand ennemi de la faim de Dieu n’est pas le poison mais la tarte aux pommes. Ce n’est pas le banquet des méchants qui tue notre appétit des choses célestes, mais le fait de picorer constamment à la table du monde. Ce n’est pas la vidéo classée X, mais la bave des banalités que nous ingurgitons aux heures de grande écoute chaque soir. En effet, Dieu décrit bien ce qui nous éloigne de son banquet d’amour, et les moyens dont Satan se sert pour nous causer du tort : ce sont une parcelle de terrain, une paire de bœufs et une épouse (Luc 14.18-20). Ce sont parfois les dons de Dieu qui sont le plus grand obstacle à notre amour pour Dieu. Les aliments les plus mortels ne sont pas le poison du mal, mais les plaisirs ordinaires de la terre. Lorsqu’ils prennent la place de notre soif de Dieu, l’idolâtrie est à peine perceptible et presque déjà incurable » (A Hunger for God, Wheaton, Illinois, Crossway, 1997).
« Ouvre largement ta bouche, et je la remplirai ».