L’une des nombreuses décisions pratiques qu’un pasteur doit prendre est celle de dénoncer l’erreur qui pointe son nez.
De nombreux facteurs interviennent dans la prise d’une telle décision. Combien de personnes l’erreur menace-t-elle ? Risque-t-elle de provoquer une scission dans l’assemblée, ou ne touche-t-elle que deux ou trois individus ? Concerne-t-elle un sujet relativement secondaire, à la périphérie de la doctrine chrétienne, ou porte-t-elle atteinte au cœur même de l’Évangile ? S’agit-il d’une question sur laquelle la Bible s’exprime très clairement ou d’un sujet sur lequel elle ne dit pas grand-chose de fondamental ? Même s’il s’agit d’un problème manifestement important, vaut-il la peine d’y consacrer beaucoup d’énergie et de temps ? Si nous ne nous y intéressons pas suffisamment, l’erreur risque de contaminer une partie importante du troupeau ; si nous en faisons une idée fixe, nous risquons d’être entraînés loin de ce qui est notre mission première, pris dans une discussion dont nous ne voyons plus le bout.
Au fil des ans, j’ai été invité à démêler les fils de nombreux problèmes ou à corriger de nombreuses interprétations qui n’ont duré que quelques mois ou quelques années. Il peut s’avérer utile d’étudier quelques-unes de ces fausses doctrines qui se sont répandues, sans y consacrer trop de temps, car ce serait en pure perte. Environ un mois avant le suicide collectif des adeptes de la secte du temple solaire, certains d’entre eux m’avaient fait parvenir (et sans doute à d’autres aussi) une de leurs vidéos et une grande quantité de tracts et de brochures. J’ai passé en tout dix minutes à parcourir ces écrits pour avoir une idée de leur contenu. Ils contenaient de telles élucubrations que je les ai jetés immédiatement en espérant que je n’aurais jamais à répondre à de pareilles stupidités. Quelques semaines plus tard, presque tous les adhérents de ce mouvement étaient morts.
Il y a deux ans environ, un pasteur m’a téléphoné et m’a reproché de n’avoir pas encore publié une réponse bien documentée au livre de Michael Drosnin, La Bible, le code secret.
J’avais rassemblé une quantité assez impressionnante de documents, mais ce pasteur estimait que ce n’était pas suffisant ; il avait l’impression que les membres de son assemblée étaient très vulnérables à cette hérésie, et voulait que je consacre davantage de temps à la réfuter. J’ai refusé. Deux mois plus tard, j’ai appris que la personne la plus préoccupée et même obnubilée par cette question était le pasteur lui-même !
Quel contraste bienfaisant d’entendre Paul donner à Timothée ce sage conseil pour une nouvelle génération de pasteurs : « Voilà ce que tu dois rappeler, en adjurant devant Dieu qu’on évite les disputes de mots qui ne servent à rien, sinon à la ruine de ceux qui écoutent » (2 Timothée 2.14) ou : « Repousse les discussions folles et ineptes, sachant qu’elles font naître des querelles » (v. 23). Réagissez quand c’est nécessaire ; ne vous attardez pas sur des questions annexes ; ne perdez jamais de vue ce qui est primordial ; ne vous laissez pas entraîner dans des discussions stupides. Les vraies questions sont tout simplement trop importantes.