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Les premiers vers de Michée 1 montrent que ce prophète a exercé son ministère dans la seconde moitié du VIIIe siècle avant notre ère. Au début, la puissante Assyrie était calme, si bien que les royaumes d’Israël et de Juda connaissaient une belle prospérité. Sous le règne de Jéroboam II, Israël repoussa ses frontières. Le livre rapporte la vision que reçut Michée « sur Samarie et Jérusalem » (les deux capitales, v. 1). Le prophète délivra visible- ment son premier oracle avant la chute de ces deux villes. Plus loin dans le livre, Samarie a été prise (722 av. J.-C.) et Jérusalem, du temps du roi Ézéchias, est sous une grande menace. Bien que les Assyriens aient occupé la majeure partie de Juda dès 701, Jérusalem fut miraculeusement épargnée. Michée, de Morécheth (un village agricole au sud-ouest de Jérusalem), est appelé à prophétiser dans le royaume de Juda, un peu comme Amos avait été appelé à prophétiser en Israël.

Pendant tout le ministère de Michée, Juda était prospère. Les habitants investissaient leur argent dans les terres, avec le résultat qu’une poignée de négociants riches et puissants achetaient d’immenses étendues et détruisaient le système défendu par l’alliance, qui favorisait la distribution de petites parcelles cultivables (2.2 ; Ésaïe 5.8 s’insurge contre la même corruption). Personne ne se souciait de justice et de responsabilité sociales. Venant des basses plaines fertiles, Michée avait certainement vu de ses yeux l’exploitation des gens ordinaires ; il était donc providentiellement préparé à faire entendre la parole prophétique de l’indignation divine. Il s’en prend à l’égoïsme galopant et à l’oubli général des valeurs de la loi de Dieu en décrivant Juda à la veille d’un jugement catastrophique. Jérémie, qui écrit environ un siècle plus tard, fait une citation remarquable du livre de Michée (Jérémie 26.18-19). Il n’est donc sans doute pas exagéré d’attribuer à la prédication de Michée les réformes initiales et importantes entreprises par Ézéchias.

Par-dessus tout, Michée est scandalisé par la perversion de la vraie religion (2.6-9). L’élection d’Israël est assimilée à une théologie triomphaliste (3.11). Dieu était réduit à l’image d’un grand-père gâteux qui protégeait un peuple dorloté. Michée avertit donc le peuple des conséquences de son infidélité à l’alliance (6.14-15). Dès le premier chapitre, il fait comprendre que Dieu doit châtier son peuple si celui-ci persévère dans son péché : « Et tout cela à cause du crime de Jacob, à cause des péchés de la maison d’Israël ! » (v. 5). Où ces péchés se pratiquent-ils principalement ? Dans les capitales elles-mêmes (v. 5b). La corruption et l’impiété horribles ont pris naissance au sommet de la hiérarchie et ont gagné le peuple.

Ces thèmes moteurs ont deux effets critiques sur nous. D’abord, ils nous rappellent avec force la nécessité de défendre passionnément à notre époque la justice et la fidélité à l’alliance. Ensuite, ils posent le décor pour la vision que Michée a d’un rédempteur promis (comme en 5.1).

 

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