La souveraineté de Dieu

Le mot souveraineté apparaît rarement dans les traductions récentes des Écritures ; il représente néanmoins un concept biblique important. Un souverain est un dirigeant, un roi, un seigneur, et les Écritures désignent souvent Dieu comme celui qui règne sur toutes choses. Dans nos bibles, son nom propre le plus courant, Yahweh (voir Ex 3.14), est régulièrement traduit par « Seigneur » (dans certaines versions françaises). Ce terme apparaît environ 6 500 fois dans les Écritures pour désigner Dieu, et plus spécifiquement Jésus-Christ. Parler de sa souveraineté revient donc à évoquer sa seigneurie, c’est-à-dire sa divinité, les qualités qui font de lui Dieu.

Le concept biblique de souveraineté et de seigneurie divines se manifeste principalement à travers le contrôle, l’autoritéet la présence de Dieu (voir John M. Frame, The Doctrine of God, p. 21‑115). Son contrôle implique que tout se déroule selon son plan et sa volonté, son autorité exige que chacun de ses ordres soit exécuté et sa présence signifie que ce contrôle et cette autorité imprègnent l’ensemble de nos expériences. Ainsi, nous ne pouvons échapper à sa justice ou à son amour.

Lorsque les théologiens parlent de « souveraineté divine », ils pensent généralement au premier de ses aspects : le contrôle. En effet, la Bible enseigne que Dieu contrôle toutes choses. Il a un plan éternel pour la nature et pour l’Histoire (Ép 1.9‑11). Dans Exode 3, il est écrit que Dieu rencontre Moïse et révèle son nom, Yahweh. Ce nom, cette seigneurie divine, révèle à Moïse que c’est Dieu, et non Pharaon, qui contrôle l’Égypte et le peuple d’Israël :

Je sais que le roi d’Égypte ne vous laissera point aller, si ce n’est par une main puissante. J’étendrai ma main, et je frapperai l’Égypte par toutes sortes de prodiges que je ferai au milieu d’elle. Après quoi, il vous laissera aller (Ex 3.19,20).

Je vous prendrai pour mon peuple, je serai votre Dieu, et vous saurez que c’est moi, l’Éternel, votre Dieu, qui vous affranchis des travaux dont vous chargent les Égyptiens. Je vous ferai entrer dans le pays que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob ; je vous le donnerai en possession, moi l’Éternel (Ex 6.7,8).

Soyez attentifs aux derniers mots de cette promesse : parce que Dieu est Seigneur, souverain, il délivrera Israël d’Égypte et mènera son peuple jusqu’à la Terre promise. Rien ne peut empêcher le Seigneur de tenir sa promesse.

Le contrôle exercé par Dieu est toujours efficace ; rien ne peut l’empêcher d’accomplir son dessein (voir Ps 115.3 ; 135.6 ; És 14.24‑27 ; 43.13 ; 55.11 ; Da 4.34,35 ; Ap 3.7). Il est également universel ; il couvre tous les événements naturels et historiques, incluant le monde naturel (Ps 65.10‑12 ; 135.6,7), l’histoire de l’humanité (Ac 17.26) ainsi que chaque vie humaine (1 S 2.6,7 ; Ja 4.13‑16). Dieu contrôle aussi les décisions que prennent librement les êtres humains (Pr 16.9), et même notre attitude envers les autres (Da 1.9 ; Esd 6.22). De plus, Dieu détermine d’avance les péchés qui seront commis (Ex 4.21 ; De 2.30 ; 1 R 22.23 ; Ro 9.17,18), ce qui ne manque pas de nous poser problème. Toutefois, en tant que Seigneur souverain, il décrète également que certains parviendront à la foi et au salut (Ép 2.4‑10). Ainsi, du début à la fin, le salut est l’œuvre de Dieu. Il accomplit pour nous ce que nous n’aurions jamais pu envisager de faire pour nous-mêmes. Nous devons toujours nous rappeler que la grâce salvatrice de Dieu en Christ est l’un des aspects de son contrôle sur la création en tant que Seigneur. (Plusieurs passages résument la doctrine de l’efficacité et de l’universalité du contrôle souverain de Dieu : La 3.7 ; Ro 8.28 ; 11.33 ; Ép 1.11.)

Cependant, la seigneurie souveraine de Dieu va au-delà du simple contrôle, s’exprimant également à travers son autorité : ses créatures doivent obéir à ses ordres. Dans le décalogue – l’alliance présentée par Moïse à Israël après leur sortie d’Égypte permise par le rachat divin –, Dieu se présente immédiatement comme Seigneur (Ex 20.1,2). Une fois cette identité établie, il prononce ses dix commandements. C’est parce que Dieu est le Seigneur souverain que nous devons lui obéir (De 6.4‑6 ; Jn 14.21 ; Mt 7.21,22 ; Lu 6.46), et parce qu’il est Seigneur, son autorité est absolue. Cela signifie (1) que nous ne devons pas être réticents à lui obéir (Ro 4.16‑22), (2) que sa seigneurie transcende tout autre sujet de loyauté dans nos vies (Mt 10.34‑38) et (3) que son autorité ne s’exerce pas uniquement dans les domaines que nous qualifions arbitrairement de religieux ou sacrés, mais dans tous les domaines de la vie humaine (1 Co 10.31 ; voir aussi Col 3.17,24 ; 2 Co 10.5).

Le troisième aspect de la seigneurie souveraine de Dieu, c’est la solidarité dont il fait preuve envers ses créatures et qui s’est concrétisée par l’alliance qu’il a faite avec elles. C’est ce que j’entends par le terme présence. Dans la Bible, le Seigneur de l’alliance est celui qui choisit des individus pour en faire son peuple (Ex 6.7 ; 2 Co 6.16) ; une intention exprimée régulièrement dans les Écritures (Ge 17.7 ; Ex 29.45 ; Hé 11.16 ; Ap 21.3). Quand Dieu nous choisit pour être son peuple, nos batailles deviennent les siennes. Il nous bénit, nous aime, nous donne parfois (comme un Père aimant le devrait) des punitions spéciales à cause de nos péchés (Am 3.2), et résume tout cela en nous disant qu’il est avec nous. Il met son nom sur nous (No 6.27) pour habiter parmi nous et pour que nous puissions habiter avec lui. Dans l’Ancien Testament, on constate que cela se produit lorsqu’il emplit le Tabernacle et le temple de sa présence. Dans le Nouveau Testament, il est écrit qu’il habite avec nous, et plus particulièrement en Jésus, également nommé Emmanuel, qui signifie « Dieu avec nous » (És 7.14 ; Mt 1.23). Il « tabernacle » (habite) avec nous (Jn 1.14). Après son ascension, il a envoyé le Saint-Esprit habiter en nous, son temple (1 Co 3.16).

La présence de Dieu n’accompagne pas seulement les êtres humains qu’il a choisis. Elle accompagne toute la création, car il a aussi fait alliance avec elle ; il est le Seigneur de toutes choses. Il est présent partout, ou omniprésent comme le disent les théologiens (Ps 139 ; Ac 17.28).

Ainsi, même si les Écritures enseignent que Dieu contrôle tout, nous ne devons pas considérer sa souveraineté comme un déterminisme mécanique et impersonnel. La seigneurie souveraine de Dieu est profondément personnelle. En tant que Seigneur, Dieu est non seulement au contrôle de toutes choses (efficacement et universellement), mais il formule également des ordres, des paroles de vie qui régissent quotidiennement, avec dignité, la vie de ses créatures. Et en tant que Seigneur, il s’est engagé souverainement à être « avec » ceux qui lui appartiennent. La souveraineté divine est un concept vaste qui comprend tous les actes et aspects de Dieu, y compris son amour.