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Les spécialistes ne sont pas unanimes sur la portée sociale de chacune des actions entreprises dans Ruth 3 et 4, mais ils sont d’accord sur les grandes lignes. Il est presque certain que la loi du lévirat, qui, dans certaines circonstances, permettait à des hommes d’épouser une veuve proche parente pour maintenir le nom du défunt, n’était pas observée de façon régulière. Tenant compte des conseils de Noémi, Ruth prend une petite initiative : elle se couche aux pieds de Booz dans une partie du champ réservée au sommeil nocturne des hommes. Lorsque Booz se réveille, elle lui dit : « Étends ton aile sur ta servante, car tu as devoir de rachat » (3.9). C’était une invitation, mais qui coûtait. Par cette parole, Ruth indiquait qu’elle acceptait de devenir la femme de cet homme s’il faisait valoir son droit de rachat. Booz interprète cette parole comme un compliment: leur différence d’âge semble assez grande (3.10, et sa manière habituelle d’appeler Ruth « ma fille ») pour qu’il soit touché par le désir de cette jeune femme de l’épouser lui plutôt que l’un des jeunes hommes.

L’histoire se déroule comme un vrai roman d’amour de grande pureté. Hollywood l’aurait détestée car il n’est pas question de sexe, en tout cas pas de relations sexuelles avant le mariage. Le récit est enveloppé d’un charme séduisant qui allie l’amour pur au respect de la tradition et des procédures en vigueur, et un gentil clin d’œil à la nature humaine. C’est pourquoi Noémi est confiante et prédit que Booz « ne sera pas tranquille qu’il n’ait terminé cette affaire aujourd’hui » (3.18).

Elle a évidemment raison. La porte de la ville est l’endroit où se d prenaient les décisions publiques ; Booz invite dix anciens de la ville à servir de témoins, puis il invite le parent le plus proche de Noémi qui a la priorité quant au droit de rachat et qui peut donc faire valoir ce droit ou y renoncer (4.1-4). À cette époque, celui qui exerçait son droit et épousait la veuve héritait des biens du défunt. Ce proche parent aurait bien aimé hériter les biens, mais sans épouser Ruth. Le fils qui aurait pu naître de cette union aurait conservé les biens et l’héritage familial du défunt ; les autres fils éventuels, eux, auraient hérité des biens de leur père naturel. Dans l’hypothèse où Ruth n’aurait qu’un seul fils, cette situation serait très délicate.

Tout compte fait, il laisse donc Booz épouser Ruth ; le moment venu, elle met au monde un garçon que ses parents nomment Obed. Noémi a donc non seulement un petit-fils, mais une famille qui pourra prendre soin d’elle.

L’histoire de Ruth relate ainsi la fidélité de Dieu dans les petites choses de la vie à une époque de malheurs, de déclin religieux, de troubles politiques et de fréquente anarchie. Dieu a toujours un peuple qui travaille dur, agit honorablement, se marie, donne naissance à des enfants et s’occupe des personnes âgées. Les acteurs de cette histoire ne pouvaient pas savoir que de la lignée d’Obed sortiraient le roi David et, bien plus tard, le Roi Jésus, selon la chair.

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