À la fin de Lévitique 5, l’Éternel indique à Moïse ce qu’il convient de faire lorsqu’un membre du peuple de l’alliance aura menti à son prochain concernant un bien qui lui a été confié en dépôt, aura commis une extorsion, aura nié avoir trouvé un objet perdu de manière à pouvoir le conserver, fait un faux serment ou commis d’autres péchés. Deux observations permettront de comprendre en quoi ces versets (v. 20-26) ont leur place dans l’édification de la structure juridique et morale.
1° Les lecteurs du Lévitique sont désormais familiarisés avec la distinction entre les péchés involontaires (abordés en particulier dans Lévitique 4), et les péchés volontaires. Certains commentateurs ont prétendu qu’il n’existait pas de sacrifices pour expier les péchés volontaires. Ceux qui péchaient volontairement devaient être exclus de l’assemblée.
La difficulté réside en partie dans la traduction adoptée pour volontaire ou involontaire. « Volontaire », délibéré ou intentionnel traduit une expression hébraïque qui signifie littéralement « à main levée » ; involontaire correspond à « sans main levée ». Cet arrière-plan est important pour la compréhension de Lévitique 5.20-26. Tous les péchés décrits dans ce passage sont volontaires au sens moderne du terme : on ne peut pas mentir, tricher, extorquer, parjurer sans en avoir l’intention. Dieu prévoit une procédure à suivre : restitution chaque fois que c’est possible (selon les principes indiqués dans Exode 22), confession et offrandes de sacrifices prescrits.
On commet un péché involontaire quand on n’a pas conscience de
faire mal (comme dans v. 3) ; la faute n’était pas moins réelle, puisque l’acte e était interdit, même si la personne en question ne savait pas qu’elle commettait une faute. Dans l’expression « l’un de tous les péchés [sous-entendus
« involontaires »] que l’homme peut commettre », les fautes visées ne concernent plus celles commises inconsciemment, mais celles commises en
pleine connaissance de cause, sans toutefois être « à main levée ». On pèche
parce qu’on est attiré sur le moment même par tel ou tel péché, parce qu’on
nourrit du ressentiment, ou parce qu’on estime qu’il est moins risqué de
mentir que de dire la vérité. Ce n’est toutefois pas le péché « à main levée »,
un péché plus grave, car dans ce cas, le pécheur se dresse ouvertement
contre Dieu et le défie avec arrogance. Autant que je sache, l’Ancien Testament ne prévoit pas l’expiation de cette arrogance, mais seulement le jugement.
2° Même les péchés mentionnés dans ce passage – tous commis contre des semblables – sont avant tout considérés comme une offense contre Dieu : « Lorsque quelqu’un péchera et commettra une infidélité envers l’Éternel en mentant à son compatriote » (v. 21). Le sacrifice de culpabilité sera apporté au sacrificateur ; le coupable ne devra pas simplement faire restitution à celui qu’il a offensé, il devra également implorer le pardon de l’Éternel. La révolte déclarée contre Dieu fait du mal un péché et rend ce péché odieux.