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La plupart du temps, Paul évangélisait les païens en commençant par les synagogues. Chaque fois qu’il arrivait dans une nouvelle ville, il se rendait d’abord à la synagogue. Comme il n’était pas rare que le chef de la synagogue demande aux visiteurs de dire quelques mots, Paul saisissait l’occasion qu’on lui offrait pour annoncer l’Évangile. L’auditoire se composait généralement de Juifs, de prosélytes (des païens convertis au judaïsme) et de gens craignant Dieu (des païens qui éprouvaient de la sympathie pour les Juifs et leur monothéisme, sans toutefois s’être convertis à leur religion). Le livre des Actes montre que dans plusieurs cas, les autorités de la synagogue se lassaient de Paul et le chassaient. À ce moment, plusieurs prosélytes et des craignant-Dieu le suivaient, si bien que même s’il s’adressait à un auditoire majoritairement païen, une partie avait déjà reçu un exposé des Écritures de l’Ancien Testament. Autrement dit, dans ces cas Paul prêchait à des gens qui connaissaient déjà le vocabulaire, les faits et les aléas de l’histoire rapportée dans l’Ancien Testament.

Mais comment l’apôtre allait-il s’y prendre pour prêcher à des gens qui n’avaient aucune connaissance biblique, des gens qui n’avaient jamais entendu parler de Moïse, n’avaient jamais lu l’Ancien Testament, n’avaient jamais rien appris de son contenu ? Il fallait non seulement tout leur apprendre, mais également leur désapprendre certaines notions qu’ils avaient adoptées d’un autre héritage culturel et religieux. Nous en avons un exemple dans Actes 14.8-20, lorsque les habitants de Lystre ont précipitamment conclu que Paul et Barnabas étaient des incarnations de divinités grecques (voir la méditation du 27 juillet). Le bref résumé du discours de Paul (Actes 14.15-17) donne un aperçu de la manière dont les apôtres ont évangélisé ces purs païens.

C’est pourtant le récit de la visite de Paul à Athènes (Actes 17.16-31) qui est le plus révélateur. Là encore, Paul commence par se rendre à la synagogue (v. 17), mais il se met également à parler de l’Évangile sur la place publique à tous ceux qu’il rencontre (v. 17). C’est ce qui a précipité l’invitation qui lui est adressée de prendre la parole à l’Aréopage. On sent dans les propos que Paul tient qu’il a mûrement réfléchi à la manière d’évangéliser un public foncièrement païen. Dans un monde de dieux finis (souvent dominés par une divinité panthéiste), face à des conceptions cycliques de l’Histoire, une compréhension quasiment inexistante du péché, une idolâtrie très répandue, un dualisme pour qui tout ce qui est matériel est mauvais et tout ce qui est spirituel bon, des divinités tribales et beaucoup de superstition, Paul développe la vision du vrai Dieu, une conception linéaire de l’Histoire, expose la vraie nature du péché et de l’idolâtrie, parle du jugement à venir, de l’unité de la race humaine et de l’unicité de Dieu. Tout cela est nécessaire et constitue le minimum sans lequel sa proclamation de Jésus n’a aucun sens. Qu’est-ce que cela implique pour l’évangélisation aujourd’hui ?

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