Je vais concentrer deux méditations dans la place impartie, chacune fondée sur l’un des passages proposés pour la lecture du jour.
Dans Actes 15, il est de la plus haute importance de bien comprendre la nature de la discussion qui a été engagée lors de ce qui a été appelé le « concile de Jérusalem ». Certains Juifs venus de Judée s’étaient rendus à Antioche et avaient commencé à dire aux croyants que tout en ayant cru au Seigneur Jésus, ils n’étaient pas sauvés tant qu’ils n’étaient pas circoncis, conformément à la loi de Moïse (v. 1). Plus tard, l’Histoire a qualifié ces Juifs de judaïsants.
Dans l’optique des judaïsants, Jésus était le Messie juif ; on ne pouvait donc pas vraiment suivre ce Messie juif sans se faire juif à son tour. Certains Juifs s’étaient sans doute sentis menacés par l’afflux de païens incirconcis dans l’Église, car l’identité juive risquait de se diluer considérablement, voire de se perdre. Si ces païens devenaient tous juifs, en acceptant le signe de la circoncision, ce danger était écarté.
En réalité, le problème était beaucoup plus profond que la question de l’identité juive. En fin de compte, il s’agissait de savoir comment relier les deux parties de la Bible de façon cohérente. Les judaïsants mettaient la loi de Moïse au-dessus de Jésus. On ne pouvait accepter Jésus comme Messie que s’il en résultait un groupe de croyants encore plus décidés à se soumettre à la loi mosaïque, c’est-à-dire aux règles concernant la nourriture pure et impure, la circoncision, le culte au Temple et ainsi de suite. Mais les responsables de l’Église pointaient dans une autre direction. Pour eux, les Juifs n’avaient jamais complètement obéi à la loi (v. 10) ; alors pourquoi l’imposer aux païens ? Mais il y avait plus important encore : la révélation de l’ancienne alliance annonçait Jésus. Il en est l’accomplissement, pas le serviteur. Pierre rappelle à l’assistance que lors de l’annonce de l’Évangile à Corneille, Dieu avait répandu son Esprit sur les païens sans qu’ils se fassent circoncire (v. 7-8). La grande question est finalement celle de la souveraineté et de la gratuité de la grâce de Dieu (v. 11).
Les comptes rendus de Paul et Barnabas ont enfoncé le clou. Jacques, le demi-frère du Seigneur Jésus et apparemment le chef de l’Église de Jérusalem à ce moment-là, propose une interprétation innovante d’un texte de l’Ancien Testament et fait connaître son propre point de vue pastoral (v. 13-21). Les arguments des apôtres et des anciens de l’Église l’emportent, même si la question reviendra souvent sur le tapis dans les décennies suivantes. Si on comprend bien le problème posé, la Bible devient cohérente.
Juges 11.30-31, 34-40 offre un exemple manifeste d’une promesse qui n’aurait pas dû être faite et d’une promesse qui n’aurait jamais dû être tenue. Malgré l’insistance que la Bible place dans le respect d’un engagement pris, il ne faudrait jamais honorer une promesse qui oblige à faire quelque chose de mal ; il vaudrait mieux s’en repentir, sous peine de commettre deux péchés au lieu d’un seul. Ce passage prouve une fois de plus la spirale descendante de la stupidité théologique et morale en Israël au temps des juges.