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On considère souvent que Actes 2 marque la naissance de l’Église. Cette façon de parler peut être trompeuse. En effet, dans un certain sens, on peut déjà considérer le peuple de l’ancienne alliance comme Église (la Colombe traduit le mot « ekklesia » par « assemblée » dans Actes 7.38). Il est cependant juste de voir en ce jour de Pentecôte un nouveau départ associé au don universel du Saint-Esprit, conformément à la promesse de l’Écriture (v. 17-18) et comme résultat de l’exaltation de Jésus à « la droite de Dieu » (v. 33). Le fait merveilleux qui est à l’origine de cette bénédiction extraordinaire est la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ ; ce fait avait été prédit dans les Écritures.

Ce qui frappe dans le discours de Pierre, en dehors de sa portée, de son caractère incisif, du courage de l’apôtre, de la passion qui l’anime, c’est la manière dont, déjà dans les premiers temps de son ministère public juste après la résurrection, il interprète les écrits de l’Ancien Testament. L’usage que Pierre fait de l’Écriture dans son sermon de Pentecôte est trop riche et varié pour être étudié en détail. Contentons-nous de quelques remarques.

1° On y retrouve la typologie davidique (v. 25-28, qui s’appuie sur Psaumes 16.8-11). Mais Pierre y ajoute une petite touche de raisonnement apostolique. Il est possible de voir dans Actes 2.27 (« Tu n’abandonneras pas mon âme dans le séjour des morts, et tu ne laisseras pas ton Saint voir la corruption ») la conviction de David que Dieu ne permettra pas qu’il meure à ce moment de sa vie. Le langage est tellement excessif et le rôle typologique de David tellement connu, que pour Pierre, les paroles annoncent un événement plus important : un personnage supérieur à David ne restera pas prisonnier de la tombe et ne connaîtra pas la décomposition. Après tout, David était prophète. Peut-être que dans ce cas, tout comme Caïphe (Jean 11.50-52), il a prononcé des paroles dont il ne comprenait pas le sens profond ; il savait en tout cas que Dieu avait promis « par serment de faire asseoir un de ses descendants sur son trône » (v. 30).

2° La prophétie de Joël (v. 17-21 ; cf. Joël 3.1-5) est plus directe, puisqu’il s’agit d’une prophétie littérale qui ne fait pas intervenir une quelconque typologie. Pierre voit dans les événements de la Pentecôte l’accomplissement de ces paroles : les « derniers jours » (v. 17) sont arrivés. (Ne nous laissons pas arrêter ici par les détails concernant le soleil qui se change en ténèbres et la lune en sang. Pierre les liait-il aux heures d’obscurité qui ont recouvert le pays lors de la crucifixion, ou correspondent-ils à un exemple du symbolisme hébraïque associé à la nature ?) Ce passage de l’Ancien Testament fait partie de cette poignée de textes qui prédisent la venue de l’Esprit ou l’inscription de la loi divine dans notre cœur ; mais il s’applique sans aucun doute à la transformation personnelle qui s’opère sur une grande échelle dans les derniers jours au sein du peuple de l’alliance (annoncée par exemple dans Jérémie 31.31s ; Ézéchiel 36.25-27).

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