Mon appel au ministère est lié à Ézéchiel 22.30-31 : « Je cherche parmi eux un homme qui les protège par une clôture, qui se tienne sur la brèche devant moi en faveur du pays, afin qu’il ne soit pas détruit, mais je n’en trouve pas. Je répands sur eux ma fureur, j’en viens à bout par le feu de mon courroux, je fais retomber leurs œuvres sur leur tête, – oracle du Seigneur, l’Éternel ».
Examinons d’abord ce passage dans son contexte textuel et his- torique. Ézéchiel 22 condamne les péchés de Jérusalem, cette ville « souillée de réputation et pleine de trouble » (v. 5). Il se focalise en particulier sur les péchés de ses chefs – rois, sacrificateurs, prophètes – et montre comment leurs péchés ont entraîné la ruine du peuple dans son ensemble. Dans toute culture en déclin, la dégradation passe souvent par des responsables et des prédicateurs qui pensent avant tout à se servir, ou qui sont rapaces, corrompus, voire vicieux, des gens qui sont beaucoup plus intéressés à conserver le pouvoir qu’à servir, qui accordent beaucoup plus d’attention à l’effet qu’ils donneront à leurs réponses publiques qu’à leur fiabilité. En peu de temps, c’est toute la trame de la société qui s’effiloche. On commence par tolérer la corruption, puis on l’encourage. Le cynisme devient à l’ordre du jour. De plus en plus de gens s’appliquent à faire de plus en plus de choses malhonnêtes, en essayant de ne pas se faire prendre. L’intégrité se fait si rare qu’elle peut même faire la une des journaux.
C’est ce qui est arrivé à l’ancien royaume de David. Quand Dieu déa clare qu’il cherche un homme pour édifier une clôture et se tenir devant lui sur la brèche pour protéger le pays afin qu’il échappe à la destruction (v. 30), il reprend en partie une image déjà utilisée au chapitre 13 à propos des faux prophètes (voir la méditation du 10 septembre). Mais l’Éternel cherche également un médiateur, un chef comme Moïse, pour intercéder en faveur du peuple quand celui-ci pèche (Exode 32-33), un conducteur appelé et qualifié pour défendre le droit et la justice. Il n’en trouva pas dans l’Israël du VIe siècle avant notre ère. Certes, Dieu pouvait compter sur Jérémie à Jérusalem et sur Ézéchiel parmi les exilés. Mais ces hommes avaient pour mission de faire entendre la Parole de Dieu à une époque de déclin. Ils n’avaient pas pour tâche de reconstruire la clôture, de se tenir sur la brèche, de retarder le courroux de Dieu.
Sur un plan superficiel, nous pouvons évidemment dire que Néhémie a rebâti la muraille, qu’Esdras a rétabli la droiture. Toutefois, seul un Médiateur, en réalité, parviendra à se tenir sur la brèche.
Et ma vocation qui remonte à plus de trente-trois ans ? Ce fut une affaire compliquée. Je n’ai pas compris d’emblée la portée de ce passage d’Ézéchiel. Mais l’Esprit de Dieu s’en est servi pour frapper mon esprit. J’ai simplement su que je voulais me tenir sur la brèche devant le Seigneur en faveur de son peuple.