La parole de Psaumes 2.7 : « Tu es mon fils ! C’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui » est citée trois fois dans le Nouveau Testament : 1° dans Actes 13.33, où elle sert à prouver la résurrection de Jésus ; 2° dans Hébreux 1.5, où l’auteur s’appuie sur le fait que seul Jésus est Fils de Dieu, pour démontrer qu’il est supérieur aux anges ; 3° dans Hébreux 5.5, où elle prouve que Jésus ne s’est pas attribué le sacerdoce lui-même, mais y a été appelé par Dieu, tout comme l’avait été Aaron.
Ainsi donc, Psaumes 2.7 sert à la fois à démontrer la résurrection de Jésus, à établir sa supériorité sur les anges et à prouver qu’il ne s’est pas attribué lui-même le sacerdoce mais l’a reçu de Dieu. À vrai dire, aucune de ces applications de Psaumes 2.7 n’est évidente !
Le texte nous rappelle deux choses.
1° Le psaume 2 est un psaume de couronnement. Il célèbre l’intronisation du nouveau roi davidique. À ce moment-là, l’homme devient fils de Dieu. Dans l’Antiquité, les fils faisaient généralement la même chose que leur père. Dieu règne avec justice et équité ; c’est pourquoi le roi, agissant en tant que « fils » de Dieu devait accomplir ce que Dieu fait, notamment gouverner avec justice et équité. Et cette lignée davidique aboutit à celui qui est le « Fils » par excellence.
2° Au risque de simplifier à l’extrême, on peut classer la christologie du Nouveau Testament en deux catégories. Dans la première, l’histoire de Christ commence dans l’éternité passée, se poursuit par l’abaissement dans ce monde, l’ignominie et la honte de la croix, et s’achève par la résurrection et l’exaltation de Christ. On peut y voir un modèle « haut – bas – haut ». Philippiens 2.6-11 et Jean 17.5 en sont des exemples typiques. Dans l’autre catégorie, il n’est fait aucune mention à l’origine de Jésus dans l’éternité passée. C’est un simple modèle « bas – haut ». Tout l’accent porte sur le triomphe par la mort, la résurrection, l’ascension, l’exaltation. Cet événement grandiose et rédempteur marque le moment essentiel où Jésus est couronné roi, où son rôle sacerdotal commence, l’instant où il est « déclaré Fils de Dieu avec puissance […] par sa résurrection d’entre les morts » (Romains 1.4). N’en déduisons pas que Jésus n’était pas le Fils, ou le Roi, ou n’exerçait pas sa fonction sacerdotale avant la croix et la résurrection. Mais ce modèle de christologie montre sans aucun doute possible où se situe le tournant de l’Histoire.
Telles sont les présuppositions qui sous-tendent les trois usages de Psaumes 2.7. Il vaut la peine d’y réfléchir à nouveau en ayant ces structures présentes à l’esprit.
