« Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, impies qui changent en dérèglement la grâce de notre Dieu » (Jude 1.3- 4). Faisons quelques observations.
1° Il est parfois juste de combattre pour la foi. Ce n’est pas toujours le cas ; le plus souvent, l’accent porte sur la proclamation de la Bonne Nouvelle, sur la présentation, et la présentation en bonne et due forme, de tout le conseil de Dieu. À certains moments, il vaut mieux donner une réponse douce ou adresser une supplication solennelle. Mais ici, Jude exhorte ses destinataires à « combattre » pour la foi.
2° L’objet de notre combat doit être la foi transmise aux saints une fois pour toutes. La foi est attaquée chaque fois que des hommes parlent de rendre la foi contemporaine, actuelle, d’avant-garde. En réalité, ces attitudes progressistes sacrifient inévitablement un ou des aspects de « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes ». Il est vrai que parfois, cette citation est utilisée pour masquer une défense de traditions ancestrales. Ce n’est évidemment pas ce à quoi Jude fait référence ici. De son temps, les adeptes du progrès sacrifiaient quelque chose d’essentiel à l’Évangile initial.
3° Dans certains cas, le combat pour la foi, qu’il ne faut pas confondre avec une attitude querelleuse à propos de détails relatifs à la foi, est la chose la plus urgente à faire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Jude déclare qu’il aurait préféré écrire autre chose. Il s’est cependant senti poussé à entreprendre cette tâche devenue prioritaire et urgente. Aussi désagréable que ce combat puisse être, lorsque la vérité essentielle est niée, et qu’elle l’est par un nombre croissant de gens, la sagesse stratégique impose la mise de côté de tout autre ministère pour se concentrer sur le danger pressant immédiat.
4° Le besoin le plus impérieux de combattre se produit lorsque les voix hérétiques s’élèvent de l’intérieur de l’Église. Lorsque ceux qui s’opposent à la vérité sont extérieurs à l’Église, il n’y a pas d’urgence à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes, bien que certains chrétiens puissent se sentir appelés à démonter les arguments des adversaires, notamment à des fins d’évangélisation. Mais lorsque ces fauteurs de trouble s’infiltrent dans l’Église et que des chrétiens naïfs risquent de gober leur enseignement sans se rendre compte de son caractère nocif et pernicieux, les chrétiens solides ne peuvent faire autrement que de livrer un combat contre l’hérésie. Il ne suffit pas de réfuter les erreurs, il faut aussi corriger ceux qui les propagent, ce qui ne peut être accompli sans une défense vigoureuse de la foi authentique.
5° L’impiété particulière que Jude combat dans ce cas est liée à une certaine lecture de l’Évangile qui en fait un prétexte pour vivre dans le « dérèglement » (v. 4), c’est-à-dire dans l’immoralité. Toute lecture de l’Évangile qui débouche sur une vie immorale ou qui nie l’efficacité du salut opéré par Jésus est fausse et doit être rejetée comme impie.