Les sept coupes de la colère de Dieu (Apocalypse 16), qui contiennent les sept dernières plaies (cf. chap. 15) sont versées sur la terre. Une certaine partie du langage est chargée de symboles ; certaines choses sont transparentes, d’autres sont plus difficiles à comprendre. Je veux m’attarder aujourd’hui sur une clause qui est répétée. Lorsque le quatrième ange verse sa coupe, les habitants de la terre « blasphémèrent le nom du Dieu qui a l’autorité sur ces plaies, et ils ne se repentirent pas pour lui rendre gloire » (v. 9). De même, après que l’ange eut versé la cinquième coupe, les gens « se mordaient la langue de douleur, et ils blasphémèrent le Dieu du ciel, à cause de leurs douleurs et de leurs ulcères, mais ils ne se repentirent pas de leurs œuvres » (v. 10-11).
Méditons ces passages sombres.
1° Ils apparaissent immédiatement après les lignes poétiques des versets précédents : « Tu es juste, toi qui es et qui étais, toi le saint, d’avoir exercé ces jugements. Car ils ont versé le sang des saints et des prophètes, et tu leur as donné du sang à boire ; ils le méritent […] Oui, Seigneur Dieu Tout-Puissant, tes jugements sont véritables et justes » (v. 5-7). Nous avons déjà abordé ce thème. Si Dieu ne tenait pas compte des attaques persistantes lancées contre son peuple, s’il prétendait que les maux sans nombre qui frappent ce monde n’ont jamais existé, si lui-même tolérait indéfiniment d’être avili, il serait lui-même amoindri et ne serait qu’un être amoral voire même immoral.
2° D’une certaine façon, les paroles terribles de 16.9 et 11 expliquent quelque chose de l’enfer. Celui-ci n’est pas rempli de gens qui ont appris leur leçon. Il regorge d’êtres humains qui continuent de refuser de se repentir. Comme ces gens qui souffrent des plaies qui leur sont envoyées, ils maudissent Dieu pour leurs souffrances mais refusent de se repentir pour ce qu’ils ont commis. Voilà ce qu’est l’enfer : un cycle de péché, de rébellion, de jugement suivi d’un nouveau cycle de péché, de rébellion, de jugement, un monde sans fin.
3° Il faut considérer ces passages de jugements terribles dans le contexte général du livre de l’Apocalypse. Déjà le chapitre 5 avait attiré l’attention sur le Lion-Agneau qui, par ses souffrances triomphantes, avait sauvé des hommes et des femmes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. L’Apocalypse se termine par une invitation : « l’Esprit et l’épouse [un autre terme qui désigne l’Église, le peuple de Dieu] disent : Viens ! Que celui qui entend, dise : Viens ! Que celui qui a soif, vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie gratuitement ! » (22.17).
Il est écrit : « Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore, que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint soit encore sanctifié ! » (22.11).
