« Voyez, quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu ! Et nous le sommes » (1 Jean 3.1). Nous appartenions tous au monde autrefois ; pour reprendre la terminologie de Paul, « nous étions par nature des enfants de colère » (Éphésiens 2.3). L’amour du Père qui a opéré cette transformation est d’autant plus prodigue que nous ne le méritions pas. Faisons quelques remarques.
1. « Et nous le sommes » (v. 1). L’apôtre fait cette affirmation emphatique en pensant probablement à ceux qui avaient quitté l’Église (2.19) après avoir cherché à égarer les croyants. Ils prétendaient qu’eux seuls avaient une communion intime avec Dieu, qu’eux seuls avaient saisi la vraie connaissance (gnosis), qu’ils avaient reçu l’onction véritable. Ces affirmations avaient quelque peu dérouté les vrais croyants. C’est pourquoi Jean insiste sur le fait que ses lecteurs avaient reçu l’onction véritable (2.27), que leur conduite juste démontrait qu’ils étaient nés de Dieu (2.29), que Dieu avait répandu son amour sur eux et qu’ils étaient devenus ses enfants. « Et nous le sommes ». Voilà ce qu’il faut rappeler avec force à chaque génération aux croyants qui sont menacés par les affirmations extravagantes, mais fausses, de gens super spirituels qui manipulent les foules par une sorte de spectacle solo. Les chrétiens doivent alors réaffirmer en toute sérénité : « Nous sommes [les] enfants de Dieu ». Cela leur suffit. Si les autres ne reconnaissent pas ce fait, c’est peut-être parce qu’eux-mêmes ne connaissent pas Dieu (v. 1).
2. Bien que nous soyons déjà les enfants de Dieu, « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » (v. 2). D’un côté, nous ne devons ni dénigrer ni minimiser ce que nous avons déjà reçu : nous sommes déjà enfants de Dieu. D’un autre côté, nous attendons encore la pleine manifestation de ce que nous serons après notre transformation ultime (v. 2).
3. En fait, tout enfant de Dieu qui vit dans cette attente, qui « a cette espérance en lui [ce qui signifie probablement en Christ ou en Dieu, l’objet de la foi, plutôt qu’en lui-même, en celui qui a l’espérance] se purifie, comme lui le Seigneur est pur » (v. 3). Le chrétien porte le regard sur ce qu’il deviendra à la fin des temps et il tend déjà maintenant vers cette transformation. Nous recevons l’amour du Père ; nous savons qu’un jour nous serons purs ; c’est pourquoi nous nous efforçons de l’être déjà maintenant. C’est en parfait accord avec ce que l’apôtre déclare à la fin du chapitre 2 : « Si vous savez qu’il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui » (2.29).