Les chapitres 4 et 5 d’Apocalypse, que nous n’avons pas médités, rapportent une vision qui nous prépare pour le reste du livre, notamment Apocalypse 6. Le chapitre 4 est au chapitre 5 ce que le décor est à la pièce de théâtre. Apocalypse 4 décrit en symboles apocalyptiques la salle du trône du Dieu Tout-Puissant. L’accent porte sur la splendeur éblouissante de Dieu, sa sainteté, sa gloire transcendante et spectaculaire. Même les ordres angéliques les plus élevés se voilent la face en se prosternant devant Dieu, en l’adorant et en célébrant sa sainteté. Le drame commence avec le chapitre 5. Dans sa main droite, Dieu tient un rouleau qui se révèle contenir tous les desseins divins en matière de rédemption et de jugement. Le rouleau est scellé de sept sceaux. Dans le symbolisme du livre, ouvrir les sceaux signifie mettre en œuvre les desseins divins de rédemption et de jugement. Si le livre reste fermé, les desseins de Dieu ne s’accompliront pas. Un ange puissant lance un défi à tout l’univers : y a-t-il quelqu’un qui soit digne de s’approcher de ce Dieu impressionnant et redoutable, de prendre le rouleau de sa main et d’en ouvrir les sceaux, autrement dit quelqu’un qui puisse servir d’agent de Dieu pour la réalisation de ses desseins ? On ne trouve personne ; dans son désespoir, Jean pleure. Puis l’un des anciens lui dit d’arrêter de pleurer. Le Lion de la tribu de Juda a triomphé. Les yeux encore embués de larmes, Jean aperçoit… un Agneau ! Il ne s’agit pas d’un autre animal, à côté du Lion. Conformément à la nature des métaphores apocalyptiques, le Lion est l’Agneau, et il surgit du milieu du trône. À partir de maintenant dans le livre de l’Apocalypse, la louange est adressée à celui qui est assis sur le trône, et à l’Agneau.
Dans Apocalypse 6, l’Agneau ouvre les sceaux. Après l’ouverture du septième apparaissent sept trompettes (chap. 8) auxquelles succèdent sept coupes de la colère divine (chap. 16). On voit que les chapitres 4 et 5 préparent tout le drame apocalyptique.
Pour en revenir à Apocalypse 6, je voudrais souligner deux points. 1° Les martyrs qui sont « sous l’autel » crient d’une voix forte : « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à faire justice et à venger notre sang sur les habitants de la terre ? » (v. 9-10). C’est très réconfortant de savoir que justice sera rendue de façon visible pour tous. C’est encore plus réconfortant de savoir que Dieu est bien plus patient que les chrétiens. 2° Mais lorsque ce jugement sera rendu, il n’y aura aucun moyen de s’y soustraire, aucun sursis. Tous ceux qui se seront révoltés contre leur Créateur et qui ne se seront jamais réconciliés avec lui, qu’ils soient esclaves, puissants ou nobles, crieront aux montagnes et aux rochers de les cacher « loin de la face de celui qui est assis sur le trône, et de la colère de l’Agneau » (v. 16). Qui peut se cacher loin du trône de Dieu ?
