Ecouter les chapitres du jour sur le site Audio Bible IBG : 1 Samuel 27 ; 1 Corinthiens 8 ; Ézéchiel 6 ; Psaumes 44
Le psaume 44 illustre admirablement les thèmes que nous avons abordés dans la lecture des livres prophétiques. Les grands prophètes soulignent fortement et constamment le lien étroit entre les péchés d’Israël et les châtiments que Dieu a infligés au peuple : ce dernier n’a eu que ce qu’il méritait. Certes, nous avons également été confrontés précédemment au cas de souffrances endurées par des innocents, comme dans le livre de Job et certains Psaumes. Ici, au psaume 44, c’est une nation innocente qui souffre.
Il y eut des défaites et même des déportations (v. 12) avant l’exil (voir Amos 1.6, 9) ; c’est pourquoi nous ne pouvons pas dire avec certitude quand ce psaume a été écrit. Même les bons rois connaissaient la défaite (p. ex. Psaumes 60). Ici, le psalmiste commence par rappeler le passé. Quand la nation vint à l’existence, elle dépendait entièrement de la puissante intervention de Dieu : « C’est ta droite, c’est ton bras, c’est la lumière de ta face, parce que tu leur étais favorable » (v. 4). Le psalmiste n’évoque pas les héros d’autrefois pour regretter qu’il n’y en ait plus. Il repasse dans son esprit la puissance que Dieu avait manifestée jadis, et affirme que la nation continue de compter sur lui (v. 7-9). Pourquoi alors les défaites désastreuses (v. 10-17) ? Contrairement à Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel qui dénonçaient les abominables péchés du peuple, le psalmiste souligne sa fidélité : « Tout cela nous arrive, et nous ne t’avions pas oublié, nous n’avions pas violé ton alliance ; notre cœur ne s’est pas détourné, nos pas ne se sont pas éloignés de ton sentier » (v. 18-19).
Vers la fin du psaume et sans proposer de « solutions » à ce problème, deux indices invitent le lecteur à réfléchir à la manière dont les écrivains bibliques ultérieurs envisagent cette question. 1° Parfois, le sommeil apparent de Dieu, son éloignement (v. 24s.) ne résultent pas de sa colère déversée à cause d’un quelconque péché, mais de son propre calendrier.
Il refuse de céder à la précipitation, et sa « bienveillance » (v. 27) finit par triompher. Les hauts et les bas de l’Histoire chrétienne vont dans le même sens : ils ne sanctionnent pas nécessairement des changements apparents dans la loyauté des hommes ou dans leurs méthodes. Comme l’a joliment exprimé un commentateur (F.D. Kidner) : « L’image du Seigneur endormi peut paraître naïve, mais elle est devenue une parabole vécue dans le Nouveau Testament afin d’enseigner une leçon toujours actuelle : cf. le verset 24 avec Marc 4.38 ». 2° Plus étonnant encore, le psalmiste affirme : « C’est à cause de toi qu’on nous met à mort tout le jour » (v. 23, italiques ajoutées). Paul développera cette idée lorsqu’il citera ce verset dans Romains 8.36s. Toutefois, le psalmiste laisse entrevoir qu’il y a des cas où la souffrance ne résulte pas de notre péché, mais de notre fidélité à Dieu dans un monde en guerre contre lui. Dans ces situations, la souffrance n’est pas le signe d’une défaite mais un gage de fidélité et de communion, voire de victoire : « Nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Romains 8.37).