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Malgré son grand intérêt et sa fine psychologie des personnages, on est en droit de se demander pourquoi le récit présenté dans 1 Samuel 25 se trouve dans la Bible. De quelle manière s’inscrit-il dans le fil conducteur historique de 1 et 2 Samuel?

Une fois qu’on a bien compris les conventions sociales de l’époque, le récit en soi est clair. À ce moment de sa vie, David ne fait apparemment pas l’objet des poursuites actives de Saül (voir chap. 24), mais ses relations sont cependant si fragiles qu’il préfère se tenir loin du roi avec ses hommes. Une grande partie de la culture de l’époque reposait sur deux valeurs auxquelles beaucoup d’Occidentaux n’attachent plus d’importance. 1° Toute bonne œuvre doit nécessairement être payée en retour par une bonne œuvre. Les règles de la courtoisie d’alors voulaient que les personnes concernées se fassent réciproquement des cadeaux. L’individu qui refusait de se conformer à ces us et coutumes attirait la honte sur lui et le mépris sur l’autre. 2° L’hospitalité faisait tellement partie des mœurs qu’il était impensable de ne pas l’exercer. Le refus de l’hospitalité reflétait la dureté et la cupidité de celui qui fermait sa porte. La simple courtoisie voulait qu’on offre le meilleur à ses hôtes. C’était surtout vrai pour les riches.

Quand les hommes de David frappent à la porte de Nabal, ils ne demandent pas à être payés pour la protection qu’ils ont assurée à ses serviteurs. En les renvoyant sèchement, Nabal ne se conduit pas en homme droit qui refuse d’être rançonné par un brigand, mais en misérable homme ingrat qui grappille partout où il peut sans jamais rien donner en retour et a se moque éperdument des règles de la politesse et des conventions de sa culture. Il se couvre de honte sans se soucier de ce que les autres pensent de lui et traite avec un mépris innommable l’homme qui a contribué à sa richesse et à son bien-être.

Abigaïl est le personnage le plus attachant de ce récit. Avec grâce et doigté, elle apaise la colère de David et sauve la vie de son mari et des hommes qu’il emploie. David est un personnage en demi-teinte. Compte tenu de ce qui s’est passé ce jour-là, il a quelques raisons de vouloir se venger, mais cela aurait abouti à plus d’effusion de sang et aurait donné de lui l’image d’un chef impulsif ; une telle réaction aurait terni le trône qu’il était appelé à occuper un jour. Abigaïl voit tout cela et arrive à le convaincre qu’elle a raison.

Pourquoi ce récit est-il inclus dans l’histoire de la rédemption ? À première vue, rien ne montre que David se rapproche du trône. Samuel, le prophète qui l’a oint, est mort (v. 1). David est maintenant à la tête d’une troupe de six cents hommes armés. Abigaïl représente le nombre croissant d’Israélites qui reconnaissent que tôt ou tard David sera leur roi (v. 28, 30). Mais par-dessus tout, David prend un chemin moral différent de celui de Saül. Comme la puissance de Saül décline, son désir de vengeance se fait moins fort. David s’était engagé dans la même voie malheureuse, jusqu’au jour où Abigaïl l’arrête et l’oblige à se remettre en question, comme il le reconnaît d’ailleurs lui-même (v. 32-34). Les dirigeants chrétiens qui détiennent un grand pouvoir ont là matière à réflexion.

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