Le type de jalousie que décrit 1 Samuel 18 est terrible.
1° Cette jalousie se fonde sur un horrible égocentrisme, un égocentrisme sans borne. Dans ce monde, Saül estime devoir être le numéro un. Cela signifie que ses pairs ne doivent pas être meilleurs que lui, sinon il les jalouse. À aucun moment, il ne considère les choses dans la perspective des autres, par exemple celle de David ou de Jonathan. Il ne peut finalement même pas considérer les choses sous l’angle de Dieu. Cet égocentrisme est au centre de tout péché humain, mais dans le cas de Saül, son niveau et son intensité sont tellement démesurés que le roi perd le contact avec la réalité et s’adonne à l’idolâtrie la plus élémentaire.
2° Elle est exacerbée par des comparaisons sans fin, par de constantes évaluations de l’état d’autrui. Tant que les victoires de David tournent à l’avantage de Saül, celui-ci n’en éprouve que du plaisir. Mais à partir du moment où quelqu’un commence à établir entre Saül et David des comparaisons qui lui sont défavorables Saül devient jaloux (v. 7-8). Dans la mesure où les succès de David sont imputés au fait que « l’Éternel était avec
David » (v. 12-28), Saül cède à la jalousie parce qu’il a bien compris que l’Éternel n’était plus avec lui. Le drame est que cet aveu ne produit pas la repentance mais la jalousie. Même l’amour que Mikal, la fille de Saül, porte à David exacerbe la jalousie du roi (v. 28-29). Ce type et ce niveau de jalousie sont inévitablement liés à la crainte ; il est plusieurs fois répété que Saül craignait David (v. 12, 15, 29). David était devenu une menace insupportable. Une jalousie de cette nature ne peut tolérer la compétence chez les autres.
Il faut dire que de nombreux responsables, même chrétiens, s’ils n’atteignent pas à ce degré de malveillance, s’entourent de gens moins compétents qu’eux, pensant ainsi préserver leur propre image ou leur autorité. C’est évidemment peine perdue, car ce faisant, ils deviennent tout simplement les chefs d’administrations incompétentes. À la longue, leur propre réputation s’étiole. Mais la jalousie est un péché tellement aveuglant que celui qui la nourrit ne peut admettre ce fait réel.
3° Dans le pire des cas, cette forme de jalousie dévore peu à peu l’être humain. Ici, elle tourmente l’esprit de Saül et s’étend comme un cancer. Elle fait irruption avec une violence rare et incontrôlée (v. 10-11) et s’infiltre dans des combines tordues dans lesquelles la propre famille de Saül s’empêtre (v. 20-27). Dans les chapitres qui suivent, elle se transforme en un vice qui dépasse la rage et devient une haine implacable allant jusqu’à déployer des armées à la poursuite d’un homme innocent à cause duquel Saül ne se sent plus en sécurité.
Un croyant qui tient avant tout à ce que le nom du Seigneur soit exalté, qui recherche sincèrement le bien du peuple de Dieu et se contente de confier sa réputation à Dieu ne succombera jamais au péché de jalousie.