Nous allons méditer une petite partie de Romains 10.
Dans son insistance sur le fait que les Juifs comme les païens sont tous sauvés par la foi ou ne sont pas sauvés du tout, l’apôtre Paul rappelle la parole chrétienne fondamentale relative à la foi : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé » (v. 9). Puis il précise un peu cette affirmation : « Car en croyant du cœur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut » (v. 10). Ce verset ne présente pas le salut comme l’aboutissement de deux démarches distinctes : première étape, crois dans ton cœur et tu seras justifié ; deuxième étape, confesse de ta bouche et tu seras sauvé. Cela supposerait que la justification pourrait être opérée indépendamment du salut et que la foi serait un moyen insuffisant auquel il convient d’ajouter la confession. Nous sommes plus près de la pensée de Paul en disant que ces deux idées sont mises en parallèle, non parce que chacune répéterait exactement la même chose que l’autre (ce qui n’est pas le cas), mais parce que chacune éclaire l’autre, la clarifie, explicite un peu ce que l’autre déclare. La foi dans le cœur sans la confession de la bouche n’est pas croyable ou crédible ; inversement, Paul ne parle pas ici d’une confession verbale qui n’est que de pure forme et non le résultat de la foi dans le cœur. Pour lui, la foi engendre nécessairement la confession, et cette confession procède de la foi. Cette foi/confession entraîne la justification/salut. Ce sont là également deux catégories qui se chevauchent de telle façon que dans la pensée de Paul, il est hors de question de posséder l’une sans l’autre.
Paul enfonce le clou. En effet, de ce point de vue, il n’y a aucune différence entre le Juif et le non-Juif, car ils ont le même Seigneur qui bénit tous ceux qui l’invoquent, comme l’atteste l’Écriture : « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (v. 13 ; Joël 3.5). Il s’ensuit que les chrétiens doivent envoyer des gens porteurs de la bonne nouvelle ; autrement, comment des êtres humains pourraient-ils croire en celui dont ils n’ont jamais entendu parler (v. 14-15) ?
Soulignons un point important. L’apôtre, qui insiste si fortement dans Romains 8 et 9 sur le fait que Dieu règne en souverain absolu, insiste non moins fortement ici sur le fait que les individus doivent croire dans leur cœur et confesser l’Évangile de leur bouche s’ils veulent être sauvés. Paul fait prendre conscience aux croyants de la nécessité d’apporter cette bonne nouvelle à ceux qui ne la connaissent pas. Toute théologie qui cherche à porter atteinte à la souveraineté de Dieu au profit de la liberté humaine n’est absolument pas d’inspiration paulinienne ; il en est de même de toute théologie qui diminue la responsabilité humaine au profit de quelque fatalisme divin grossier.