L’épître aux Philippiens a été écrite depuis la prison (1:7).1 L’auteur est indiscutablement Paul, Timothée étant également désigné comme expéditeur (1:1). Timothée a aidé à l’implantation de l’église et figurera dans la lettre (Actes 16:1–40; Phil 2:19–24). Bien que certains commentateurs croient que l’épître aux Philippiens est une composée de deux ou trois lettres, des travaux universitaires plus récents confirment qu’il s’agit bien d’un ensemble uni.
Quand et où l’épître aux Philippiens a-t-elle été écrite ?
Les universitaires débattent au sujet de la question de savoir si l’épître aux Philippiens a été écrite d’Éphèse (53–55 après JC), Césarée Maritime (58–59) ou de Rome (61–63). Comme il n’existe pas de preuve claire que Paul ait été emprisonné à Éphèse et d’après le témoignage unanime de l’église primitive, Rome doit être préféré. À ce moment, la folie de Néron connaissait son plein développement et le Christianisme était considéré comme une menace pour l’empire romain. Paul, ayant fait appel à César (Actes 25:11), était sur le point de comparaître devant ses juges. Il y avait une réelle possibilité qu’il soit condamné à mort, même s’il montre sa confiance dans le fait qu’il sera relâché (Phil 1:19–26). L’église de Rome est aussi divisée quant à sa manière de considérer Paul, certains voulant même lui causer de la peine (Phil 1:15–18).
Que savons-nous au sujet de Philippes ?
La lettre est écrite à destination de l’église à Philippes, une ville petite mais importante qui comptait de 10 à 15 000 habitants. Sa population ayant soutenu le second Triumvirat durant la guerre civile de Rome au cours de la bataille de Philippes (42 avant Jésus-Christ), la ville était une colonie romaine et une cité dirigeante dans la région (Actes 16:12). Avec entre vingt et vingt-cinq pour cent de la population composée de soldats romains à la retraite, la ville se percevait elle-même comme très romaine.
Que savons-nous de l’église à Philippes ?
Luc nous rapporte le récit de l’implantation de l’église à Philippes lors de la seconde mission depuis Antioche en 49–50 après Jésus-Christ. Les premiers membres de l’église furent Lydie, la famille du geôlier et peut-être la jeune esclave qui avait été délivrée du démon (Actes 16:11–40). Parmi les autres personnes dont nous avons connaissance, il y a les collaborateurs de l’évangile Épaphrodite (Phil 2:25–30), Clément, Évodie et Syntyche (4:2-3).2 Il n’y a aucune preuve d’une présence juive, ce qui laisse penser que l’antisémitisme qui balayait Rome à l’époque, manifesté par l’expulsion des Juifs par Claude (Actes 18:2; Suetonius, Claud. 25.4, 49 après Jésus-Christ), a pu s’appliquer à Philippes. Par conséquent, l’église était complètement formée de personnes issues du paganisme, bien que Lydie ait été une adoratrice de Dieu issue d’Asie (Actes 16:14). Le caractère romain de l’église est visible dans les accusations portées contre Paul et Silas (Actes 16:21). La mention des deux femmes dans Philip-piens 4:2 et de Lydie suggère une forte présence féminine.
Pourquoi Paul écrit-il la lettre à l’église à Philippe ?
La raison principale de cette rédaction est la dispute dans l’église centrée sur deux femmes dirigeantes, Évodie et Syntyche (Phil 4:2–3). Leurs problèmes semblent tourner autour de la recherche d’un statut par le service (2:3-4). Ayant dû faire face à de profondes divisions à Corinthe (par exemple : 1Cor 1:10–12), Paul ne veut pas que ce problème se développe davantage. Ces femmes en conflit étaient collaboratrices, et il semble que leur division entravait l’œuvre de l’Évangile. C’est pourquoi Paul appelle directement et indirectement les Philippiens à l’unité pour qu’ils continuent à vivre d’une manière digne de l’Évangile et à le défendre. Il le fait par des rappels de leur communion dans l’évangile (1:5-7), par la prière (1:9-11), par des exemples rhétoriques positifs et négatifs (1:12-18a ; 2:5-11, 19-30 ; 3:2-21) et par des appels directs (1:27-2,4 ; 2:12-18 ; 4:1-9). Il écrit également pour exprimer sa joie du fait de leur soutien financier (4:10-19).
Quels autres thèmes l’épître aux Philippiens aborde-t-elle ?
Bien qu’il y ait des problèmes, l’église est une communauté très saine comme l’indique la chaleur de la lettre. L’église est vraisemblablement pauvre (2Cor 8:1–2) mais elle s’est engagée à soutenir la mission de Paul, ce dont ce dernier lui est reconnaissant.3
L’Évangile et sa proclamation constituent l’un des principaux fils conducteurs de la lettre, chaque exemple étant un collaborateur actif.4 Ils sont également confrontés à deux formes d’opposition. Premièrement, comme Paul à Philippes (Actes 16:16–40) et également à Rome (Phil 1:12–13), ils sont persécutés par les païens et les autorités romaines. Certains chrétiens de Philippes ont probablement connu la prison (1:28-30). Deuxièmement, des judaïsants et d’autres ennemis de la croix les défient (3:2, 18-19).
L’accent qui est mis sur la souffrance, la joie (16 fois), et la consolation dans cette lettre les invite à se réjouir toujours dans le Seigneur malgré leur peine (2:1 ; 3:1 ; 4:4). La lettre met également l’accent sur l’espérance éternelle, encourageant les lecteurs à tenir bon (par exemple, 1:27 ; 4:1, 3). Tout au long de la lettre, Paul remet en question les états d’esprit qui s’opposent à la volonté de Dieu, appelant les Philippiens à avoir une mentalité « cruciforme » façonnée par l’Évangile et le Christ (en particulier 2:5). La lettre invite les Philippiens qui honorent Dieu à aller de l’avant pour glorifier Dieu de plus en plus (1:11 ; 2:11). Ils sont invités à se réjouir toujours dans le Seigneur, comme c’est le cas pour nous (4:4).
Le but
Paul exhorte les Philippiens à l’unité tandis qu’ils continuent à vivre d’une manière digne de l’évangile et à combattre pour lui.
Le verset-clé
« Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Evangile du Christ. Ainsi, que je vienne vous voir ou que je sois absent, j’entendrai dire de vous que vous tenez ferme dans un même esprit, combattant d’un même coeur pour la foi de l’Evangile. »
Philippiens 1.27, S21
Proposition de plan de la lettre
I. Adresse, salutation et prière (1:1–11)
A. Adresse et salutation (1:1-2)
B. Prière d’action de grâces et intercession (1:3–11)
II. La situation de Paul à Rome (1:12–26)
A. Le progrès de l’évangile (1:12–18a)
B. Le dilemme que Paul ressent à Rome (1:18b–26)
III. Vivre comme des citoyens dignes de l’évangile (1:27–2:18)
A. Une citoyenneté unique par l’évangile (1:27–2:4)
B. Imiter le plus grand exemple de tous : Jésus-Christ (2:5–11)
C. Travailler à leur salut dans l’unité et la mission (2:12–18)
IV. Projets de voyage et grands exemples (2:19–30)
V. Rejeter les faux-enseignements et courir vers la gloire ! (3:1–21)
A. La menace persistante des judaïsants (3:1–11)
B. Courir vers le prix de la vie éternelle (3:12–16)
C. Vivre selon le modèle paulinien pour la gloire éternelle (3:17–21)
VI. Appels finaux à l’unité et à une vie digne de l’évangile (4:1–9)
VII. Recommandation d’exercer la générosité (4:10–20)
VIII. Salutations finales et bénédiction (4:21–23)
Adresse et salutation (1:1-2)
1:1 Nous trouvons ici l’introduction paulinienne habituelle qui comprend les rédacteurs et expéditeurs, les destinataires et la salutation favorite de Paul (il en fait usage huit fois dans ses treize lettres). Deux éléments ressortent du verset 1 pour nous aider dans l’interprétation de la lettre. Premièrement, le fait de nommer Paul et Timothée et de les décrire comme des esclaves (douloi) du Christ fait allusion au thème de l’unité dans le service, le thème central de la lettre. Plus tard, Paul décrira Jésus comme un esclave (doulos, 2:8). Par conséquent, ici, il appelle subtilement les lecteurs à se conformer à l’exemple du Christ. Deuxièmement, il s’adresse non seulement à tous les « saints » ou « saintes » à Philippes, mais aussi aux dirigeants (« avec les surveillants et les diacres »). La lettre est destinée à l’ensemble de l’église, mais ce sont les dirigeants qui doivent l’écouter le plus attentivement. Cela suggère qu’Évodie et Syntyche appartiennent à l’un ou l’autre de ces groupes. Cela implique également que l’épître aux Philippiens a des implications importantes pour les dirigeants chrétiens.
1:2 La salutation mêle les bénédictions grecque (« grâce » – charis) et juive (« paix », en grec eirēnē, en en hébreu, shalom). Ces deux mots constituent la base de la prière qui demande à Dieu de faire que les Philippiens expérimentent la perfection de la bienveillance et de la plénitude de Dieu. Compte tenu de la nécessité de restaurer les relations dans l’église, la « paix » a un avantage supplémentaire : Paul commence à prier pour ce qu’il va leur demander (cf. 4:7, 9). Il est à noter que Paul commence et termine ses lettres par la grâce ; par conséquent, la grâce les uns envers les autres devrait encadrer la vie des Philippiens et des lecteurs contemporains (1:1 ; 4:23).
Prière d’action de grâces et intercession (1:3–11)
1:3–5 Comme il le fait dans sept autres lettres, Paul commence par l’action de grâce, « rendre grâces » (Rom 1:8; 1Cor 1:4; Éph 1:16; Col 1:3; 1Thes 1:2; 2Thes 1:3; Phlm 4). La prière débute dans une attitude de gratitude. Il prie en se souvenant d’eux avec joie, une posture qui devrait caractériser la prière chrétienne authentique. Philippiens 1:3 peut être traduit « tout le souvenir que vous avez de moi » ou « tout le souvenir que j’ai de vous ». Alors que la plupart des traducteurs optent pour la seconde, cette ambiguïté peut être intentionnelle pour mettre l’accent sur le fait que le souvenir mutuel est une forme de partenariat dans l’évangile (voyez le v. 5). « La joie » est introduite au verset 4, elle est un des thèmes-clé de la lettre.
La raison principale de son appréciation est leur « partenariat dans l’évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant » (1:5). Cette phrase introduit l’objet de la lettre. L’expression est expliquée tout au long de la lettre lorsque Paul parle de leur souvenir commun (1:3), la souffrance (1:7), l’affection (1:8), la prière (1:9, 19), la joie (2:17-18), le soutien financier (2:25-30 ; 4:10-20) et le témoignage de l’Évangile (1:27-30 ; 2:15-16 ; 4:2-3). Paul cherche à parfaire ce partenariat par la résolution de leur conflit.
1:6 Ce verset peut être lu dans l’un des deux sens suivants. On peut penser qu’il s’agisse de la bonne œuvre de Dieu dans le salut des Philippiens ou de la bonne œuvre de Dieu au travers des Philippiens, c’est à dire la mission (v. 5). les deux sens sont possibles, même si le contexte favorise le second. Dieu va poursuivre l’achèvement de sa mission au jour de Christ.
1:7 La première partie du verset 7 est similaire au verset 3. On peut lire « parce que je vous porte dans mon cœur » ou « parce que vous me portez dans votre cœur ». Bien que la plupart des gens optent pour la seconde solution, il se peut que l’ambiguïté soit encore intentionnelle pour souligner l’amour mutuel. Les chrétiens doivent s’aimer profondément les uns les autres, tout comme les femmes en conflit. La dernière partie du verset est également peu claire, avec deux options similaires au verset 6. Soit Paul parle du fait que les Philippiens partageaient avec lui la grâce du salut de Dieu, ou du fait qu’ils partageaient la grâce de la mission apostolique de Paul, même lorsqu’il est en prison. Là encore, le contexte favorise la seconde hypothèse : les Philippiens participent à la souffrance de Paul et à sa mission d’évangélisation. Dans tous les cas, ils participent à la grâce de Dieu, ce qui est glorieusement réconfortant. Nous voyons ici toute l’ampleur de l’évangélisation : la défense et l’établissement de l’évangile. C’est le sens de la vie de Paul. Cela devrait être le sens de la nôtre. C’est ce à quoi il aspire (1:18a).
1:8 Reflétant l’amour pour lequel il va faire des demandes dans ses prières dans la suite, Paul commence sa prière par une déclaration de l’amour qu’il a pour les Philippiens. Le grec utilisé est splagnon, un terme apparenté au verbe utilisé pour décrire la compassion de Jésus dans les évangiles (par exemple, Matt 9:36). Il s’agit d’une compassion profonde qui vient des « entrailles ».
1:9–11 La prière des versets 9–11 est la demande que les Philippiens abondent non seulement en amour (cf. 1Thes 3:12), mais dans un agapē sage et plein de discernement. L’amour mis en application les rendra capables de discerner ce qui est le plus excellent et de travailler à leur sanctification. « Le fruit de justice » peut être le fruit d’être juste devant Dieu (Phil 3:9). Il est plus probable qu’il s’agisse d’être rempli du fruit de l’Esprit (cf. Gal 5:22–24). S’ils vivent dans l’amour, le fruit de l’Esprit, transmis par Jésus, les remplira. Cela apportera la louange et la gloire de Dieu au retour du Christ. Le désir de voir l’amour et son fruit s’exprime au milieu de leur contestation : mettez-la de côté et « faites tout dans l’amour » (1Cor 16:14).
Le progrès de l’évangile (1:12–18a)
Sans doute pour apaiser les inquiétudes des Philippiens, 1:12-26 forme une unité dans laquelle Paul expose longuement sa situation. Bien qu’il soit en prison et en danger, il ne s’attarde pas sur sa souffrance mais sur l’Évangile.
1:12–14 La première moitié du passage se concentre sur la façon dont l’évangile progresse à Rome comme une invasion militaire. Paul est en prison, pourtant cela constitue juste une nouvelle occasion de partager la parole. La progression de l’évangile est présentée sous deux angles principaux. Premièrement, la garde impériale de Néron (praitōrion) est informée de la raison pour laquelle il est emprisonné : c’est pour Christ. La référence aux croyants de la maison de Néron en 4:22, nous indique que certains sont devenus croyants. Deuxièmement, la majorité des chrétiens de Rome (des « frères ») sont devenus confiants dans le Seigneur d’ère extrêmement courageux, annonçant la parole sans crainte. En Rom 1:11, Paul disait aux chrétiens romains qu’il voulait leur communiquer quelque don spirituel. C’est en train de se réaliser avec le don d’évangélisation (Éph 4:11).
1:15–18a La seconde moitié de la section (Phil 1:15–18) nous donne un tableau plus détaillé de ces chrétiens romains devenus courageux. On peut les diviser en deux groupes. Premièrement, certains ne sont pas sincères et ont une mauvaise motivation. Ils prêchent le Christ par envie, rivalité et ambition égoïste. Leur but est de faire souffrir Paul. C’est un problème sérieux, car souffrir dans une prison romaine peut aboutir à la mort (comme ce fut le cas pour Paul des années plus tard). Deuxièmement, certains partagent le Christ dans la vérité de l’évangile, avec une intention positive, motivés par la bonne volonté, l’amour et en sachant que Paul est en prison parce qu’il défend la bonne nouvelle. Nous nous attendrions ici à ce que Paul critique sévèrement les chrétiens aux mauvaises motivations. Pourtant, il ne le fait pas. Au contraire, il se réjouit que l’évangile soit proclamé. Ces versets révèlent le désir de Paul que son exemple stimule les autres à imiter sa passion pour la prédication du Christ. Ce résultat lui procure de la joie.
Ce passage n’est pas inclus seulement pour encourager les Philippiens en leur disant que l’évangile se répand. Il leur lance aussi le défi de faire le point sur leurs propres motivations à s’engager dans le témoignage de l’évangile et dans le rôle de dirigeant chrétien. Implicitement, ils sont stimulés à imiter les chrétiens romains motivés, à partager par amour (1:9-11) et à renoncer à la politique qui consiste à améliorer leur position par le service. Ils servent parce qu’ils veulent ce qu’il y a de mieux pour les autres, et non pour un gain égoïste (cf. 2:2-4). Ce que Paul attend des Philippiens, c’est qu’ils continuent à partager Christ à Philippes et en Macédoine, mais qu’ils le fassent en mettant de côté leurs querelles, en s’aimant les uns les autres et en aimant les perdus, en annonçant la parole (2:16a). Nous pouvons également noter que Paul utilise ici trois termes pour désigner le message de Dieu : la parole, l’évangile et Christ. Christ est l’évangile ; il est la parole de Dieu faite chair (Jean 1:1, 14).
Le dilemme que Paul ressent à Rome (1:18b–26)
1:18b Le changement intervient au milieu de Philippiens 1:18, ce qui indique que les divisions en versets de la Bible ne nous aident pas toujours. Paul exprime à nouveau sa joie, comme il le fait tout au long de la lettre. Alors qu’au verset 18a, il se réjouissait de la proclamation de l’Évangile, il se réjouit maintenant des prières des Philippiens pour lui. C’est en équilibre avec les prières de Paul pour eux (1:3-11) et doit donc être considéré comme une autre dimension du « partenariat dans l’évangile » (1:5). Les demandes de prière de Paul ponctuent ses lettres.5 Cela anticipe l’injonction plus générale de prière de 4:6-7.
1:19 « L’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ » peut aussi être traduit « la provision de l’Esprit. » Que ce soit l’un ou l’autre, nous voyons que Paul a confiance en la présence de Dieu. Le lien avec la prière suggère que cette expérience de l’Esprit est renforcée lorsque nous prions. La confiance de Paul est que la prière et le travail de l’Esprit conduiront à sa sōtēria. Sōtēria peut ici signifier « délivrance » de la prison ou « salut », en parlant de la délivrance éternelle. Les deux correspondent au contexte, et probablement nous avons un autre exemple d’ambiguïté intentionnelle. Dans les versets 24-26, Paul utilise à nouveau « je sais » (oida)dans le sens d’avoir connaissance de sa libération. Pourtant, s’il meurt, il sait qu’il sera sauvé. Deux parties de ce verset rappellent Job : « Car je sais que » (Job 19:25) et « et cela tournera à mon salut » (Job 13:16). Il est clair que Paul, dans sa souffrance, s’identifie à Job.
1:20–22 Ici, Paul parle de son combat mais avec confiance. Sa prière et son espérance sont qu’il ne sera pas honteux et que Christ sera honoré soit qu’il vive ou qu’il meure. Le terme pour courage (parrēsia) est un terme communément appliqué à la confiance pour parler en public (par exemple : Actes 4:13, 29, 31; 28:31; Éph 6:19). Le contexte est donc celui de sa prochaine comparution devant le tribunal de César auquel il a fait appel (Actes 25:11). Philippiens 1:21 est une déclaration mémorable utilisée couramment dans le christianisme populaire. Ce verset doit être utilisé judicieusement si l’on considère la situation de danger réel dans laquelle se trouve Paul. Pour Paul, « vivre » se traduira par davantage de ministère et de fruits de l’évangile (cf. Rom 1:13).
1:23–26 Ce passage est intriguant : Paul fait apparemment face à la possibilité réelle de mourir, alors qu’il est certain d’être relâché. Ce dilemme est résolu de différentes manières par les spécialistes. Certains déclarent que Paul est sûr parce qu’il fera appel à César (s’il est à Césarée). D’autres considèrent qu’il est confiant parce qu’il a entendu qu’il serait libéré d’une manière ou d’une autre. L’idée la plus courante est que Paul parle de son désir d’être libéré ou qu’il parle de manière rhétorique. Une autre possibilité que j’ai offerte est qu’il a un plan d’évasion, s’il doit l’utiliser, impliquant certains des soldats (cf. 2Cor 11:32–33; Actes 9:23–25).6 Quelle que soit la situation, bien que la mort soit de loin préférable, Paul veut continuer à vivre afin d’aider les Philippiens à progresser joyeusement (cf. Phil 1:13) dans leur foi. Comme tous les grands dirigeants chrétiens, Paul ne se préoccupe pas de ses propres besoins, mais de ceux de l’évangile et de la croissance des autres (cf. 2:4, 21).
Par les versets 1:12-26, Paul a, à la fois, informé les Philippiens de sa situation, les a encouragés avec les progrès de l’évangile et les a invités de manière indirecte à adopter son attitude d’engagement dans la mission de Dieu.
Une citoyenneté unique par l’évangile (1:27–2:4)
En 1:27, Paul change pour s’adresser aux Philippiens directement. Ce passage forme avec 2.12-18 un chiasme.7
A Une vie unifiée dans la mission de l’Évangile : Phil 1:27–2:4
B Christ est l’exemple : Phil 2:5–11
A’ Une vie unifiée dans la mission de l’Évangile : Phil 2:12–18
1:27–30 La proposition centrale de cette lettre arrive en 1:27 où Paul presse les Philippiens de vivre comme des citoyens dignes de l’évangile de Christ. L’utilisation qu’il fait du langage de la citoyenneté est importante dans le contexte romain. Paul n’est pas vraiment concerné par la citoyenneté romaine, mais par la citoyenneté céleste (3:20). Il presse les citoyens célestes qui vivent à Philippes de vivre d’une manière digne de l’évangile et de son Dieu. Il développe alors son commandement en trois sous-sections.
Tout d’abord, qu’il soit présent ou non (cf. 2,12), il souhaite entendre qu’ils « tiennent fermement dans un seul pneuma ». Pneuma peut être ici l’esprit d’ensemble, une mentalité, ou comme le Saint-Esprit. Ce dernier sens est préférable, car il est parallèle à « tenir ferme dans le Seigneur » en 4:1 (cf. 2:1). Cependant, leur unité d’esprit est également sous-entendue. Le langage est une métaphore militaire – les Philippiens doivent rester fermes comme des soldats face à un ennemi, inflexibles.
La seconde sous-section est son désir qu’ils combattent pour la foi de l’évangile. « Combattant » est du langage qui vient de l’athlétisme (synathleō, « combattre ensemble ») utilisé aussi en 4:3. En 4:3, les collaborateurs de l’évangile combattent pour l’évangile avec Paul en étant actifs dans la mission de l’évangélisation. Ici, ils combattent pour la foi de l’évangile. Combattre parle à la fois de défendre l’évangile (cf. Col 4:5–6; 1Pi; 3:15–16) et de le faire avancer activement. C’est ce que fait Paul à Rome (Phil 1:12–13) et dans sa mission partout — la défense et la confirmation de l’évangile (1:7). C’est ce que les Philippiens doivent aussi faire dans l’unité : littéralement : « avec une seule âme » (mia psychē).
Troisièmement, ils ne doivent en aucun cas se laisser intimider par quelque adversaire que ce soit (1:28). Au verset 30, Paul donne un indice décisif sur l’identité de ces adversaires. Ils ressemblent à ceux qu’il a rencontrés à Philippes (Actes 16:11–40) et maintenant à Rome ; il s’agit donc de païens locaux et d’autorités romaines qui persécutent l’église. Tenir bon et partager la foi face à l’opposition est un signe des destins inverses des deux groupes. Leurs adversaires feront face à la destruction (cf. 2Thes 1:5–10). Les Philippiens, comme Paul (Phil 1:19), seront sauvés. La souffrance est considérée par Paul comme un don du Christ, tout comme l’est leur foi en Christ. Ailleurs, Paul précise que la souffrance est une participation à la souffrance du Christ (3:10 ; cf. Col 1:24). La souffrance éduque les croyants, en générant la persévérance, le caractère et l’espérance (Rom 5:3–4). Dieu utilise toutes choses à ses fins et pour notre bien (Rom 8:28).
2:1–4 Après avoir mis l’accent sur la participation à l’évangile et au témoignage, Paul, maintenant, se concentre plus fortement sur l’unité. En 2:1, utilisant une quadruple protase pour une phrase conditionnelle (« Si . . . si . . . si . . . si . . . alors ») il leur rappelle ce que Dieu a fait parmi eux :8 encouragement (en Christ), consolation (par l’amour [agapē]), participation (koinōnia dans l’Esprit), affection et compassion. Cette phrase les fait se souvenir de la glorieuse consolation qu’il y a à être le peuple de Dieu et les pousse dans la direction de ces choses vertueuses.
Il résout le caractère conditionnel de la phrase avec l’apodose (« … alors … ») en 2:2 : « alors rendez ma joie complète ». Paul est joyeux, mais pas pleinement. Une chose manque : leur unité complète qui est menacée par la dispute. Son appel à l’unité qui complétera sa joie est ensuite donné dans une quadruple clause qui est un chiasme :
A « ayez la même pensée (phroneō) »
B « le même amour (agapē) »
B’ « le même cœur (synpsychoi) »
A’ « et un même objectif (phroneō) »
Le verbe phroneō est utilisé ici deux fois et 9 autres fois dans la lettre (voyez : 1:7; 2:5; 3:15 [2x], 16, 19; 4:2, 10 [2x]). La phronesis ou « sagesse pratique » était l’une des quatre vertus cardinales grecques et romaines. Dans cette lettre, Paul fait usage du langage pour exhorter les Philippiens à avoir un état d’esprit, « une pensée » marquée par la croix, quelque chose à quoi il aspire et qu’il demande instamment aux Philippiens (notamment 3:15). Il s’agit essentiellement de l’état d’esprit du Christ (2:5). Comme un seul homme, ils doivent avoir le même état d’esprit christocentrique. Ils doivent avoir le même amour et le même cœur que celui qui se trouve en Dieu (voir 2:1). Cela les unira. C’est une vertu chrétienne fondamentale.
Les versets 3 et 4 leur disent comment vivre, négativement puis positivement, ce qui représente un résumé de base de l’éthique chrétienne :
Ils doivent renoncer aux attitudes d’ambition égocentrique (érithéia, le même terme est utilisé pour parler des Romains aux mauvaises motivations en Phil 1:17).
Ils ne doivent pas faire les choses pour obtenir une vaine gloire (kenodoxia). Au contraire, ils doivent rechercher la gloire de Dieu (1:11 ; 2:11 ; 4:20).
Ils doivent faire toutes choses dans l’humilité, comme le faisait Jésus (2:8).
Ils doivent chercher à élever les autres.
Ils doivent regarder non seulement à leurs propres intérêts mais aussi à ceux des autres.
Imiter le plus grand exemple de tous : Jésus-Christ (2:5–11)
Nous arrivons maintenant au cœur théologique de la lettre, ce qu’on appelle « l’hymne de Christ ». Ce passage est l’un des plus importants de la Bible pour la christologie et l’éthique. D’une part, il s’agit d’une proclamation glorieuse de qui est Jésus. D’autre part, Christ est donné comme un exemple à suivre. Les deux dimensions sont importantes. Il s’agit peut-être d’un hymne de la toute première église. Il s’agit au moins d’un grand poème, soit de Paul, soit d’un autre écrivain chrétien primitif. Les interprètes débattent de la question de savoir à qui Jésus est comparé. Parmi les options possibles, citons Satan, Adam, César, Alexandre le Grand, le serviteur dans Ésaïe, la sagesse juive, etc. En un sens, tous sont en vue, car Jésus contraste fortement avec tous ceux qui s’accrochent au pouvoir ou l’exploitent. Dans l’histoire biblique, on pense à Satan (Ésa 14) et à Adam. Alors que dans cet hymne, le Christ commence comme en forme de Dieu, il devient humain, et ainsi le passage nous dit à la fois ce que signifie être vraiment divin et authentiquement humain. Le personnage de l’hymne est également l’antithèse de l’homme de l’iniquité (2Thes 2:3, cf. Marc 13:14; Apo 13). A l’époque de la rédaction, Néron est visé alors qu’il sombre dans sa folie, prenant le contrôle de ses conseillers, tuant les opposants et persécutant bientôt les chrétiens, les rendant responsables de l’incendie de Rome. Dans un monde où le statut et le pouvoir étaient l’ambition de l’élite, l’hymne nous montre la voie de Dieu.
2:5 Ce verset est une invitation à avoir le même état d’esprit (phroneō) que Jésus. Le parcours du don de soi de Jésus est ensuite tracé. Il est en forme de Dieu, le Fils préexistant, éternel, immortel et invisible de Dieu. Tout au long de l’hymne, cela reste son état : il est Dieu, et on nous dit comment il a choisi de se révéler.
2:6 Bien que l’égalité avec Dieu ait été un droit pour Jésus, il ne l’a pas exploité pour apporter la rédemption au monde au moyen d’un coup d’état militaire. Au contraire, il s’est vidé de lui-même. On peut débattre de ce dont il s’est vidé. Mais l’essentiel n’est pas là : il s’est vidé lui-même. C’est-à-dire qu’il s’est répandu lui-même. Il l’a fait volontairement. Il a considéré les autres avant lui-même et s’est donné pour eux.
2:7 Bien qu’il fût Dieu, il est venu dans la forme d’un serviteur. Ceci nous transporte dans le monde théologique d’Ésaïe 53 et évoque les images de Jésus prenant un linge pour laver les pieds (Jean 13:1–15). Il est né humain, en résonance ici avec le Logos divin qui s’est fait chair (Jean 1:1, 14).
2:8 Il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort par crucifixion. Dans le monde romain, la pire humiliation était la crucifixion. Rome se plaisait à pendre les ennemis de l’État sur des croix pour qu’ils soient raillés et meurent nus et dans l’agonie afin de renforcer son pouvoir et d’avertir les opposants de ne pas se frotter à Rome. Les citoyens n’avaient pas à endurer cela, donc Jésus est mort comme un esclave ou un criminel. Il faut s’arrêter à la fin de Philippiens 2:8. Ce fut le moment de l’horreur abjecte et de la condamnation. Celui qui est en forme de Dieu est mort sur une croix !
2:9–11 Si le verset 8 est hideux, les versets 9 – 11 sont glorieux. Il n’est pas fait mention de la résurrection et de l’ascension ; on les suppose. Peut-être s’agit-il d’un chiasme ou d’un hymne intentionnellement brisé pour permettre l’explosion du mouvement qui va de l’horreur de la crucifixion aux gloires de l’exaltation. L’expression « C’est pourquoi Dieu » déplace l’attention de Jésus vers le Père, qui est maintenant l’acteur central. Pour Jésus, « tout est accompli » (Jean 19:30). L’expression « hautement élevé » est un terme composé (hyperypsoō) qui signifie « élever à la plus grande hauteur »9 Le nom au-dessus de tout nom peut être « Seigneur » ou « Dieu », mais en réalité, il souligne simplement sa grandeur absolue au-dessus de toute puissance concevable autre que Dieu le Père lui-même (voyez Éph 1:20–23).
Le verset 10 commence par hina qui peut indiquer le but (« afin que au nom … tout genou … ») ou le résultat (« avec le résultat que au nom … »). De nombreux commentateurs voient ici deux dimensions en jeu. Le but de la mission et de l’exaltation de Jésus est que tout le monde vienne à Christ (c’est-à-dire la mission ; cf. 1Tim 2:4). Le résultat sera que tout genou fléchira, que ce soit volontairement (les croyants, pour le salut) ou involontairement (les incroyants, pour la destruction). La soumission de tous les genoux et la confession de toutes les langues rappellent Ésaïe 45:23, qui prédit un jour où le monde se soumettra à Yahweh. Ici, ils se soumettent à Jésus, une autre indication dans le Nouveau Testament de la divinité de Jésus. Cela inclut les forces spirituelles et les peuples du monde de toute l’histoire. Outre la foi, la confession de la seigneurie de Jésus est le signe de reconnaissance fondamental de l’église primitive, ce qui indiquait l’inclusion d’une personne dans la communauté (Rom 10:9–10; 1Cor 12:2–3). Tout ce que Jésus a fait, son exaltation et sa soumission cosmique, est « à la gloire de Dieu le Père ». C’est à cela que nous aspirons.
L’hymne à Christ nous dit que Jésus est pleinement Dieu et pleinement homme. Ce passage nous exhorte à considérer qui est Jésus et ce qu’il a fait. Il nous est dit comment répondre — nous soumettre à lui comme le Seigneur et imiter son état d’esprit et son exemple.
Travaillez à votre salut dans l’unité et la mission (2:12–18)
Comme nous l’avions noté au sujet de 1:27–2:4, ce passage constitue un parallèle avec un passage antérieur qui encadrent l’hymne à Christ. Christ est la glorieuse leçon de choses qui illumine ce que Paul cherche à trouver dans sa famille à Philippes.
2:12 Le lien avec le passage précédent est visible avec l’utilisation du « donc ». L’introduction au commandement central du passage encourage sagement les Philippiens en se fondant sur leur obéissance – ils sont une belle église. Ils sont ses « bien-aimés ». Ils ont imité le Fils qui « s’est fait obéissant jusqu’à la mort » (v. 8). La référence à la présence et à l’absence de Paul rappelle 1:27 (« que je vienne vous voir ou que je sois absent »). Le commandement central qui réaffirme « vivre en citoyens dignes de l’Évangile du Christ » est « travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement ». Il ne faut pas confondre cela avec une théologie fondée sur les œuvres. Ils ne doivent pas travailler à leur propre salut, mais mettre en œuvre un statut déjà acquis (cf. Éph 2:8; Phil 1:28; 3:20). Certains considèrent que le « salut » parle ici du bien-être de la communauté, mais Paul n’utilise jamais la sōtēria de cette manière. Cela parle de leur don individuel du salut en Christ reçu par grâce par la foi. Notre réponse à ce don est de servir.
2:13 En ceci nous apprenons comment servir. Nous ne sommes pas appelés à faire ce travail par nos propres forces, car l’effort humain n’y arrive pas. Plutôt, nous devons travailler avec la puissance de Dieu qui agit en nous, voulant et travaillant pour son bon plaisir. Ceci est le langage de la capitulation volontairement consentie à l’Esprit dans nos attitudes, nos paroles et nos actions.
2:14–15 Ici, Paul se concentre sur les problèmes qui existent à Philippes. Il faut faire toutes choses sans se murmurer ou se disputer. Le terme « murmure » est gongysmos, un terme qui rappelle les gémissements d’Israël contre Moïse et Dieu dans le désert (Exode 16). Les Philippiens ne semblent pas murmurer contre Dieu ou Paul, mais les uns contre les autres. Ce n’est pas approprié pour les enfants de Dieu. Ils doivent également cesser toute dispute. Ceci afin qu’ils soient des enfants de Dieu irréprochables, innocents et sans taches parmi les habitants de Philippes et de la Macédoine déchues. Ce n’est pas tant le langage de la sainteté morale que celui de l’éthique sociale : ils doivent être irréprochables dans leurs relations sociales. Leur vie communautaire doit être façonnée par l’amour.
La description du contexte dans lequel ils vivent comme une « génération tordue et pervertie » est universellement valable. Jésus a utilisé de telles descriptions (par exemple, Matthieu 12:39, 45 ; 16:4 ; 17:17). Notre monde actuel ressemble souvent à cela. Dans un tel monde, les Philippiens doivent « briller comme des lumières dans le monde » ou « des étoiles dans l’univers ». Dans tous les cas, il s’agit de notre témoignage. Cela rappelle ce que dit Jésus dans Matthieu 5:14–16 : « Vous êtes la lumière du monde…. Que votre lumière brille devant les autres, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux ». Il est également question de partager l’évangile avec ceux dont les yeux sont aveuglés par le dieu de ce monde qui les empêche de voir « la lumière de l’Évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu ». Les croyants doivent partager Christ afin que la lumière de Dieu brille dans les ténèbres pour qu’ils viennent à la lumière du Christ (2Cor 4:4–6).
2:16 Philippiens 2:16a est sujet à controverse. Certains considèrent que la phrase logon zoēs epechontes devrait être rendue par « tenir ferme la parole de vie ». D’autres la lisent comme : « annoncer la parole de vie ». Une autre possibilité est qu’elle englobe les deux idées. Je préfère la seconde hypothèse. L’espace ne permet pas une discussion complète ici. Il suffit de dire qu’il s’agit d’une belle image des Philippiens tenant l’évangile qui engendre une vie abondante et éternelle comme s’ils tenaient une boisson, du vin, du lait maternel, du pain, une épée, une lumière ou un message, dans l’espoir qu’ils parviennent à la foi. Le thème dominant de la lettre n’est pas la persévérance, mais l’unité dans la mission. L’évangélisation est présente dans tous les exemples donnés, et cette phrase « demeurer ferme dans un seul Esprit » est mise en parallèle avec « lutter ensemble pour la foi de l’Évangile » (1:27). Les évangélistes en conflit, Évodie et Syntyche, doivent accomplir leur tâche sans les plaintes et les disputes qui les assaillent.
Grâce à cette vie et à ce témoignage chrétien unifiés, Paul pourra se tenir debout fier dans son âme pour les Philippiens le jour où Christ viendra en tant que Juge. Paul saura que son propre travail missionnaire n’a pas été vain.
2:17–18 Voici une délicieuse invitation à la joie mutuelle – un partenariat dans la joie que génère l’évangile. Paul est joyeux, bien qu’il ait été versé en libation. Cela ne parle pas de sa mort, mais de son dépouillement à l’image de Jésus (2:7). La libation était versée sur le sacrifice principal. Ici, le sacrifice principal est le service sacrificiel des Philippiens (ou le sacrifice et le service). Paul élève les Philippiens (cf. 2:3), les incitant à imiter Christ et à se donner à son service. Cela inclut leurs dons financiers et leurs autres efforts, y compris ceux de leurs ouvriers pour l’évangile.
Projets de voyage et grands exemples (2:19–30)
Paul indique maintenant ses plans de voyage dans lesquels il inclut l’envoi d’Épaphrodite et Timothée, ainsi que sa venue future à Philippes. Il fait ceci non seulement pour les mettre au courant de son plan, mais aussi pour leur donner deux autres exemples de personnes qui vivent comme des citoyens dignes de l’évangile du Christ, qui travaillent à leur salut avec crainte et tremblement, et qui imitent l’exemple par excellence, Jésus. Il insiste également sur le sacrifice et le partenariat. Le fait qu’il soit prêt à renoncer à ses deux ouvriers bien-aimés pour le bien des Philippiens souligne l’aspect sacrificiel. Sa bonne volonté et celle des Philippiens sont synonymes d’obéissance et de partenariat. Son envoi imite l’envoi par Dieu de son Fils dans le monde. Le passage invite les parties en conflit à mettre de côté leurs différends et à se réconcilier par le moyen de l’évangile.
2:19–24 La description qu’il fait de Timothée évoque celle d’un véritable esclave de Christ, tel qu’il est décrit en 1:1. Parmi les collaborateurs de Paul, il est unique dans son affection pour Paul, son souci pour les autres (cf. 2:4), et pour les intérêts de Christ. Il est un ouvrier de l’évangile éprouvé, qui, tel un fils avec son père, a servi avec lui la cause de l’évangile. Le langage de la parenté évoque la koinōnia dans l’évangile et rappelle l’obéissance de Jésus à son Père (par exemple Jean 5:19).
2:25–30 La description d’Épaphrodite renforce aussi les idées du partenariat dans l’évangile et de l’imitation de Christ. Le passage est empreint d’éloge. Paul utilise cinq épithètes pour le décrire, toutes soulignant son engagement dans la mission de Dieu. Il est un frère, un collaborateur, un compagnon de combat de Paul. Il est l’apostolos (« apôtre ») de l’église de Philippes et au service des besoins de Paul. Si la plupart des interprètes considèrent qu’apostolos a ici son sens non technique de « messager », il pourrait également parler de son rôle d’apôtre de l’église locale. Pour Paul, apostolos est un terme qui ne se limite pas à lui-même et aux Douze. Dans 1Thes 2:6, Silas et Timothée sont inclus dans cette désignation. En 2Cor 8:23, Paul parle des apostoloi des églises, dont certains voyagent avec lui. Dans 1Cor 12:28-29 et Éph 4:11, les apôtres font partie des ministères donnés par Christ à l’Église. Épaphrodite entre dans cette catégorie. Il est probablement un évangéliste et un implanteur d’églises, ainsi qu’un important collaborateur de l’évangile à Philippes (cf. Phil 4:3). Son sacrifice est souligné dans la description de son expérience de mort imminente lorsqu’il voyageait avec des dons financiers pour Paul. L’expression « a failli mourir » en 2:30 est mechri thanatou, exactement les mots utilisés pour Jésus en 2:8 (« jusqu’à la mort »). En tant que tel, il est un exemple du Christ. La relation entre Paul et Épaphrodite et son envoi rappellent également l’envoi de Jésus par Dieu et leur partenariat dans l’évangile.
Dans une culture qui honorait les héros de guerre revenant victorieux et dans une ville peuplée de nombreux vétérans, ce sont les semblables d’Épaphrodite qui doivent être honorés. Il n’est pas allé en guerre pour s’emparer d’un pays ou d’une propriété pour Rome mais il a donné tout ce qu’il avait pour la mission de Dieu qui consiste à exhorter les gens à vivre sur le modèle de la non-violence qu’on a vue en Jésus. Plus loin, en 3:17, Paul incitera vivement les Philippiens à imiter ceux qui vivent selon le modèle paulinien ; les plus remarquables à cet égard sont Timothée et Épaphrodite.
Une autre chose est à noter. Si Paul se trouve effectivement à Rome, nous savons que son intention expresse est de se rendre de là en Espagne (Rom 15:24, 28). Pourtant, nous voyons ici Paul changer ses plans, ce qu’il était enclin à faire si Dieu le conduisait (par exemple : 2Cor 1:25-2:4 ; Actes 16:6–10; 20:3). Ici, il semble avoir placé la nécessité de visiter Philippes avant ses projets de mission en Espagne. Cela suggère qu’il est profondément préoccupé par les Philippiens. Il ne voulait pas d’une autre Corinthe. Dans une petite ville où ils étaient persécutés, une église divisée ne tiendrait tout simplement pas. C’est renforcé par le fait qu’il est prêt à abandonner deux de ses meilleurs collaborateurs pour eux. Cela confirme encore le sacrifice et le partenariat dans l’évangile. Cela montre que les ouvriers de Dieu doivent s’adapter, et que parfois les préoccupations pastorales l’emportent sur la poursuite de la mission, du moins pour un temps.
La menace persistante des judaïsants (3:1–11)
3:1 Les commentateurs ne sont pas du même avis en ce qui concerne le fait que Philippiens 3:1 est la fin de la section précédente ou le début de la nouvelle. La meilleure façon de considérer ce verset est de le regarder comme une transition, résumant ce qui précède et visant ce qui est en avant. Quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent, ils doivent se réjouir dans le Seigneur (cf. 4:4). Le chapitre 3 poursuit le thème de l’unité dans l’évangile et sa proclamation, en soulignant que l’unité a ses limites. Parfois, des personnes doivent être rejetées. Pour Paul, il en est ainsi dans trois cas : (1) lorsqu’une personne viole l’éthique de l’évangile d’une manière grossière et impénitente (1Cor 5:1–13); (2) lorsqu’une personne cause la division et ne se repent pas (Tite 3:10–11); et, comme ici, (3) lorsqu’une personne prêche un faux évangile (cf. Gal 1:6–9). L’idée générale de ce passage est qu’ils ne doivent pas se diviser pour de petites choses ou des questions de statut. Cependant, lorsque quelqu’un viole l’évangile de manière fatale, alors la séparation est appropriée. C’est pourquoi il les avertit de se méfier des judaïsants.
3:2 Les trois qualificatifs utilisés en 3:2 sont percutants. Le terme « chiens » était utilisé par les Juifs pour qualifier les Gentils ; Paul le retourne contre eux. Ce sont de « mauvais ouvriers », ce qui nous rappelle 2Cor 11:12–15 où les faux-enseignants sont de « faux apôtres, des ouvriers de séduction, se déguisant en apôtres de Christ », et des serviteurs de Satan. La troisième expression « des mutilateurs de la chair » traduit katatomē qui est relié au terme circoncision, peritomē. Les judaïsants, dans leurs exigences que les nouveaux convertis soient circoncis (Actes 15:1), étaient des mutilateurs plutôt que des personnes qui donnaient la vie. Paul n’a pas de temps pour eux.
3:3 Ici, Paul affirme avec force que, maintenant que le Christ est venu, le peuple de Dieu en lui est effectivement « la circoncision », greffée en Israël par la foi depuis Abraham (et avant, par exemple Abel, Hénoch et Noé, cf. Héb 11:4–7; voir Rom 11:16–24), et elle s’étend maintenant au monde. Les Philippiens païens et les Juifs comme Paul et Timothée sont inclus dans ce peuple, comme nous le sommes si nous croyons. La « circoncision » comprend tous ceux qui adorent par l’Esprit de Dieu et se glorifient en Jésus.
3:4–11 Ces versets forment une défense rhétorique cinglante contre les judaïsants qui nient la judéité de Paul. Il riposte en soulignant que lui seul peut non seulement revendiquer un héritage juif impeccable (un « Hébreu né d’Hébreux », cf. 2Cor 11:22–23; Gal 1:13–14), mais qu’il était aussi un pharisien qui persécutait l’église. Pourtant, de telles prétentions humaines (selon la chair) ne gagnent rien devant un Dieu saint. Ceci est un avertissement pour nous tous : nos prétentions humaines, même le fait d’avoir un grand ministère, ne nous valent pas la justification devant Dieu. La justification vient par la foi en Christ seul.
Ayant donc établi ses lettres de créance personnelles dans les versets 8–11, bien qu’impressionnantes, Paul les répudie. Il continue en exposant ce qui compte et en expliquant comment il est possible de nous trouver déclarés justes devant Dieu. Il parle à la première personne et rejette ses grandes réalisations et son statut comme une perte et des excréments (skybalon, v. 8). Ce qui compte, c’est une relation profonde et personnelle avec le Christ comme Seigneur, être trouvé en lui, avoir reçu le don de la justice de Dieu par la foi. Le verset 9 est l’un des versets caractéristiques de Paul sur la « justification par la foi ». Son grand CV entièrement acquis dans la recherche pour plaire à Dieu à travers le code juridique juif est essentiellement la poursuite d’une « justice propre » devant Dieu. Comme tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rom 3:23) et sont incapables de se conformer à la loi, il reconnaît la futilité d’une telle quête. On ne peut obtenir la justice par l’observation de la loi (Gal 2:16). Si cela se pouvait, cela rendrait la mort du Christ inutile (Gal 2:21). C’est pourquoi Paul cherche à être trouvé en Christ ayant une justice venant de Dieu – une justice qui vient par la foi.
Les spécialistes sont divisés sur la question de savoir si dia pisteōs Christou au verset 9 doit être rendu par « par la foi/la fidélité du Christ » ou par « par la foi en Christ ». La première expression met l’accent sur le fait que c’est la foi/la fidélité de Christ par laquelle nous sommes justifiés. La seconde souligne que c’est notre réponse de foi en Dieu et en son Fils qui nous rend justes envers Dieu. Bien que de bons arguments puissent être avancés en faveur de la première, la « foi en Christ » correspond mieux aux contextes dans lesquels Paul utilise les constructions avec pisteōs Christou (Rom 3:22, 26; Gal 2:16; 3:22, cf. Éph 3:12). Dans ces contextes (Romains ; Galates ; Phil 3), Paul aborde la question de savoir ce que nous devons « faire » pour être sauvés (cf. Actes 16:31). La réponse n’est pas en devenant juif (judaïsant) et en accomplissant les œuvres de la loi, mais en croyant. C’est toujours l’œuvre du Christ qui nous apporte le salut, mais comme pour Abraham, c’est par la foi que nous sommes mis en règle avec Dieu.
Ce qui compte, c’est d’avoir une foi authentique. Pourtant, Paul veut plus. Ainsi, dans les versets 10-11, il parle de son désir de connaître Dieu et la puissance de sa résurrection – l’Esprit par lequel Dieu a ressuscité Jésus (Rom 1:4; 8:11). Sachant que le fait d’être en Christ implique la participation à ses souffrances, en route vers la gloire, il veut être rendu conforme aux souffrances du Christ en servant son Seigneur (Rom 8:17). Il veut même devenir comme lui dans sa mort : obéissant jusqu’au bout (Phil 2:8). Il sait que s’il est fidèle jusqu’au bout, il atteindra la résurrection des morts.
En 3:1-11, Paul s’est habilement élevé lui-même et a ensuite pris la forme d’un serviteur, exaltant le Christ comme Seigneur. Il ne se contente donc pas de s’opposer aux judaïsants, mais il s’identifie au Christ, qui est Dieu dans sa forme et son statut, mais qui s’est vidé lui-même jusqu’à la mort. Paul utilise sa propre histoire comme un exemple, entraînant les Philippiens (et nous) à faire de même.
Courir vers le prix de la vie éternelle (3:12–16)
3:12–14 Paul continue à suivre le fil de la résurrection depuis le verset 11. Il fait usage de l’image de l’athlète pour présenter son ministère comme une course, ce qu’il a déjà fait plus tôt en 2:16 et aussi ailleurs (1Cor 9:24–26; Gal 2:2; 5:7; 1Thes 2:19; 2Tim 4:7). Peut-être pour confronter certains qui, dans l’église, ont une eschatologie surréalisée,10 il rappelle aux Philippiens qu’il n’est pas encore arrivé au bout. Il doit terminer sa course et le ministère reçu de Jésus (Actes 20:24) et continuer à courir avec persévérance la course tracée pour lui (cf. Héb 12:1). Il court avec vitesse (diōkō) pour réclamer le prix qui l’attend. Il y a de l’ironie dans l’utilisation du diōkō ici, comme il l’a aussi utilisé en 3:6 pour parler de sa poursuite de l’église pour la détruire. Maintenant, il poursuit ce Jésus qu’il a autrefois injurié. Comme un bon coureur, il oublie ce qui est derrière. « Ce qui est derrière » fait référence non seulement à sa grandeur en tant que nationaliste juif, mais aussi à ses glorieuses réalisations en tant que missionnaire chrétien. Il le met de côté, sachant que c’est du passé et que cela ne lui apporte pas la gloire. Comme un athlète olympique qui s’élance vers la ligne, il s’efforce d’avancer vers ce qui est devant. Ses yeux sont fixés sur le prix de la vocation de Dieu en Jésus-Christ. L’image ici est celle des jeux grecs, Dieu lui donnant le prix plutôt que l’empereur romain.
3:15–16 Dans les versets 15 – 16, Paul interrompt son monologue pour s’adresser aux Philippiens. il incite lui et ses lecteurs se considérant mature à adopter cette attitude. Il a en tête la même résolution de courir la course jusqu’à la fin. Plus profondément, ceci constitue une injonction à adopter l’éthique de 2:1 – 4 et l’exemple de Christ (2:5–8). Notre réponse au salut de Dieu est de travailler à notre salut avec la puissance de Dieu (2:12-13), sans nous reposer sur nos lauriers, mais en recherchant la vie éternelle alors que nous servons Dieu sans relâche jusqu’à la mort. Si d’autres personnes ont un point de vue différent (peut-être l’une des femmes nommées en 4:2-3), Paul est convaincu que Dieu, par son Esprit, révélera la vérité de ce qu’il a dit. Ils doivent chercher à rester fidèles à ce qu’ils ont atteint : la justification par la foi et le salut vers lequel ils doivent courir sans faiblir.
Vivre selon le modèle paulinien pour la gloire éternelle (3:17–21)
3:17 Le thème de l’imitation mentionné dans le verset 15 est remis en lumière. Faisant usage d’un adelphoi (« frères et sœurs ») inclusif, Paul exhorte les Philippiens à s’unir en imitant son exemple. Paul les appelle à une imitation unanime. Dans l’ancien monde l’imitation était le premier mode d’apprentissage, alors que beaucoup étaient illettrés ; les capacités pour la vie étaient transmises du père au fils, de la mère à la fille, du rabbi au disciple et ainsi de suite. Les chrétiens devraient vivre de cette manière ensemble et pas seulement individuellement. En outre, ils doivent concentrer leur attention sur ceux qui marchent selon le modèle paulinien de vie chrétienne. C’est l’imitation de la croix, comme on le voit en 2:5-11. Épaphrodite et Timothée viennent à l’esprit (2:19-30). Les femmes en conflit doivent s’unir pour imiter les exemples positifs de ressemblance à Christ. Les responsables chrétiens sont appelés à être de bons modèles. Ceux d’entre nous qui ne sont pas des dirigeants doivent les imiter.
3:18–19 À l’opposé de cela il y a ceux qui « marchent comme des ennemis de la croix de Christ ». Les commentateurs ne s’accordent pas sur l’identité de ces personnes. S’agit-il d’une autre référence aux judaïsants ? Ou bien s’agit-il d’un autre groupe de faux-enseignants ayant une mentalité libertine gréco-romaine ? Une autre possibilité est qu’il s’agit de païens ou de Juifs qui s’opposent à l’église. Peut-être cela réduit-il trop étroitement l’intention de Paul ? Peut-être tous les ennemis de la croix sont-ils visés. Quoi qu’il en soit, leur fin est la destruction éternelle, contrairement aux Philippiens qui seront sauvés lorsque Jésus viendra du ciel (cf. 3:20-21). Ils se concentrent sur les questions matérielles plutôt que sur les choses de Dieu. Ils tirent gloire de leur comportement honteux. Les Philippiens sont avertis de ne pas aller dans cette direction, mais d’imiter Christ, Paul et tous ceux qui marchent selon le modèle de la croix.
3:20–21 Ces versets donnent aux Philippiens (et à nous) une glorieuse assurance. Contrairement aux mauvais ouvriers et aux ennemis destinés à la destruction, leur citoyenneté est dans la communauté céleste (politeuma) – la véritable capitale du Royaume de Dieu. Chaque ville antique avait un tel registre de citoyens dont les noms étaient inscrits dans le livre (4:3). Les citoyens célestes attendent le retour de leur Sauveur, Seigneur et Christ. Au lieu de les détruire, il transformera leurs corps d’humiliation (périssables, mortels, sujets à la décomposition et à la mort) en corps de gloire (immortels, impérissables et éternels). Il le fera par sa puissance suprême pour soumettre le cosmos à sa domination par l’Esprit et définitivement lors de sa venue.
Nous constatons un flot délicieux du langage de la « forme » au travers des versets de Phil 2:6–3:21. Le Christ est pleinement Dieu dans la forme. Il se vide lui-même et vient sur terre, prenant la forme d’un esclave, d’un humain. Il meurt. Il est à nouveau élevé à la forme de Dieu, exalté comme le chef et le sauveur du cosmos. Ceux qui sont en Christ aspirent à se conformer aux souffrances de Christ (3:10). Ils assument l’identification à la crucifixion de leur Seigneur. Puis, lorsque Jésus reviendra, les croyants, qui étaient des êtres adamiques périssables, sujets à la décomposition et à la mort, seront transformés en un corps semblable à celui de Jésus : impérissable, immortel, éternel et glorieux (1Cor 15:50–54). Une merveilleuse transformation nous attend. En l’attendant, nous prenons nos croix et suivons Jésus.
Appels finaux à l’unité et à une vie digne de l’évangile (4:1–9)
4:1 Paul, ici, commence par « c’est pourquoi », tirant les conséquences de leur statut de citoyens célestes qui vont expérimenter la plénitude de la résurrection lors de la venue de Jésus. Ce verset rappelle 1:27 avec l’insistance mise sur « tenez ferme ». Il est plein du langage de l’amour, Paul utilisant deux fois agapētos (« bien-aimé »), il s’adresse à eux comme à « mes frères que je me languis de revoir » et les décrit comme sa joie et sa couronne !
4:2–3 Cette affection débouche sur un appel direct à la réconciliation « dans le Seigneur » des femmes en conflit. Il est rare que Paul nomme des personnes de cette manière, mais, à la lumière du verset 1, il s’agit d’un appel affectueux plutôt que condamnatoire. Elles doivent parvenir à un même état d’esprit (phroneō, cf. 2:2) dans le Seigneur. Paul ne passe pas sous silence leur désaccord, mais les encourage à trouver l’unité dans l’évangile (la préoccupation centrale de la lettre). Paul demande à un collaborateur inconnu de l’aider et de jouer le rôle d’instrument de paix dans cette relation. Il peut s’agir de Luc, d’Épaphrodite qui porte la lettre, d’un autre collaborateur ou d’une personne de l’église locale inconnue.
Ces deux femmes sont des collaboratrices de l’évangile. Cela ne devrait pas nous surprendre, car, dans le monde antique divisé selon les sexes, des femmes comme Phoebé, Prisca, Junias, Nymphas et Lydie ont joué un rôle essentiel dans la stratégie missionnaire de Paul. Clément est également mentionné. La tradition veut que ce soit le troisième évêque de Rome qui ait écrit la lettre appelée 1 Clément ; bien que cette hypothèse soit généralement rejetée par les spécialistes modernes, elle ne peut être exclue. Leurs noms sont inscrits dans le livre de vie. Même si elles ne sont pas unies comme elles le devraient, elles sont assurées d’être citoyennes des cieux qui expérimenteront le salut. Cette réalité devrait les encourager à trouver l’unité ensemble.
4:4–9 Comme Paul le fait vers la fin d’autres lettres, il consacre cette section à une série d’instructions sur la façon de vivre. Les valeurs chrétiennes fondamentales sont invoquées. Elles comprennent la double injonction mémorable de « se réjouir toujours dans le Seigneur ». Le terme souvent traduit par « douceur » en 4:5 a le sens de « docile », « doux », « aimable », « courtois », « tolérant ».11 « Le Seigneur est proche » peut évoquer l’imminence du retour de Jésus ou, ce qui est plus probable, il s’agit d’une citation de l’Ancien Testament grec (Ps 33:19 ; 144:18 LXX) qui conduit à l’appel à la prière. Au verset 6, l’antidote à l’anxiété est la prière. Paul est gardé par un soldat à Rome ; la prière garde les esprits et les cœurs. En 4:8, ces esprits gardés doivent se concentrer sur les bonnes choses. Il s’agit des belles choses de notre Dieu trinitaire, de l’évangile et de tout ce qui est bon dans le monde de Dieu. Finalement, comme en 3:15, 17, les Philippiens doivent mettre en pratique tout ce que Paul leur a enseigné. La double référence à la paix (4:7, 9) indique à nouveau aux femmes en conflit qu’elles doivent se réconcilier en priant et en mettant en pratique ce que Paul leur a enseigné.
Recommandation d’exercer la générosité (4:10–20)
4:10 Paul exprime maintenant sa joie du fait du soutien financier de la part des Philippiens. À cet égard ils étaient les seuls parmi les églises. Au contraire de l’attitude des Corinthiens dont Paul refusait de dépendre, les Philippiens savaient que le don chrétien est « sans condition » (1Cor 9:1–22). Épaphrodite a parcouru plus de 1 200 kilomètres de Philippes à Rome pour apporter leurs dons. Paul en est ravi.
4:11–20 Ici nous apprenons beaucoup quant aux attitudes chrétiennes à l’égard des finances. La première leçon porte sur le contentement financier. Paul connaît l’abondance et la pauvreté. Pourtant, en Dieu, il est content. Il a appris le secret du contentement : lorsque nous sommes confrontés à des difficultés, Dieu nous donne la force de les surmonter (Phil 4:13). La deuxième leçon est l’appel adressé à l’Église pour qu’elle donne pour la mission. Les Philippiens comprennent ce besoin et ont toujours cherché à soutenir Paul. La troisième leçon est que donner du fond du cœur est un sacrifice qui plaît à Dieu. Cela conduit à une recommandation éternelle de la part de Dieu (cf. 1Cor 4:5; Matt 25:14–30). La quatrième leçon est que Dieu répondra aux besoins de son peuple. Notons bien qu’il ne s’agit pas de leurs désirs, mais de leurs besoins. Cela fait écho à l’enseignement de Jésus à ses disciples selon lequel tout ce qui est nécessaire sera fourni à ceux qui cherchent d’abord le Royaume et sa justice (Matt 6:19–33). À juste titre, cela amène Paul à se lancer dans une doxologie (Phil 4:20).
Salutations finales et bénédiction (4:21–23)
4:21–22 Comme il en a l’habitude, Paul termine la lettre par des salutations, les siennes et celles des ouvriers et des chrétiens qui sont dans ce contexte. Il est intéressant de relever qu’il envoie des salutations de la part de « ceux qui sont de la maison de César ». Ce terme peut être interprété de manière large comme désignant les personnes placées sous le patronage de César ou, ce qui est plus probable compte tenu de la situation de Paul en prison dans l’attente du résultat de son appel à César, les chrétiens du cercle intime de César. Cela suggère que certains membres du prétoire et d’autres sont maintenant convertis. Même si l’apôtre des Gentils est emprisonné, l’Évangile a maintenant infiltré le centre impérial. Environ trois siècles plus tard, Jésus deviendra le Seigneur de Rome, une démonstration remarquable de l’impact universel de la foi chrétienne.
4:23 Finalement, Paul achève la lettre comme il l’avait commencée — avec la grâce. Que cette même grâce soit avec votre esprit. Amen.
Fee, Gordon D. Philippians. IVPNTC 11. Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1999.
Garland, David E. “Philippians,” dans The Expositor’s Bible Commentary: Ephesians–Philemon, rev. ed. Ed. Tremper Longman and David E. Garland. Grand Rapids: Zondervan, 2006.
Gill, John. “Philippians.” John Gill’s Exposition of the Bible.
Guzik, David. “Philippians.” Enduring Word Commentary.
1. Pour une analyse détaillée des Philippiens, voyez Mark J. Keown, Philippians, EEC, 2 Vols (Bellingham, WA: Lexham, 2017). Voyez aussi les autres livres dans la bibliographie finale.
2. Gaius de Actes 19:29 pourrait être de cette ville.
3. On voit aussi leur générosité en 2Cor 8:1–5 où il nous est dit que, en dépit de leur pauvreté, ils ont donné généreusement pour la collecte en faveur de l’église de Jérusalem.
4. Voyez Mark J. Keown, Congregational Evangelism in Philippians: The Centrality of An Appeal for Gospel Proclamation to the Fabric of Philippians(PBM. Milton Keynes: Paternoster, 2008).
5. Voyez Rom 15:30–32; 2Cor 1:11; Éph 6:18–20; Col 4:2–3; 1Thes 5:26; 2Thes 3:1–2; Phlm 22.
6. Mark J. Keown, « Did Paul Plan to Escape from Prison? (Philippians 1:19-26) », JSPL 5.1 (Summer, 2015): 89–108.
7. Chiasme (Lat. Chiasmus)—Une technique littéraire dans laquelle les mots, les clauses ou les thèmes sont disposés puis répétés dans un ordre inversé produisant un motif a-b-b-a ou un effet de « croisement » comme la lettre « x » (comme dans la lettre grecque chi, χ).
8. Une protase dans une phrase conditionnelle, est la clause qui présente une condition ou hypothèse (c’est à dire : la clause affectée du « si » qui précède la clause commençant par « donc » (appelée apodose).
10. Une eschatologie sur-réalisée existe quand les chrétiens professent une foi excessivement optimiste selon laquelle les bénédictions des temps de la fin sont ou doivent être expérimentées actuellement (par exemple : les miracles, la richesse).
1 De la part de Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux responsables et aux diacres:
2 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!
3 Je dis à mon Dieu ma reconnaissance de tout le souvenir que j’ai de vous.
4 Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne cesse d’exprimer ma joie
5 à cause de la part que vous prenez à l’Evangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant.
6 Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ.
7 Il est juste que je pense cela de vous tous parce que je vous porte dans mon coeur, vous qui participez tous à la même grâce que moi, aussi bien dans ma détention que dans la défense et l’affermissement de l’Evangile.
8 En effet, Dieu m’est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de Jésus-Christ.
9 Et voici ce que je demande dans mes prières: c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence
10 pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel. Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour de Christ,
11 remplis du fruit de justice qui vient par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu.
12 Je désire que vous le sachiez, frères et soeurs, ce qui m’est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l’Evangile.
13 En effet, dans tout le prétoire et partout ailleurs, personne n’ignore que c’est pour Christ que je suis en prison.
14 Et la plupart des frères et soeurs, encouragés dans le Seigneur par mes chaînes, ont plus d’assurance pour annoncer sans crainte la parole.
15 Certains, il est vrai, proclament Christ par jalousie, avec un esprit de rivalité, mais d’autres le proclament avec de bonnes intentions.
16 Les uns agissent par amour, sachant que je suis là pour la défense de l’Evangile;
17 les autres, animés d’un esprit de rivalité, annoncent Christ avec des intentions qui ne sont pas pures et avec la pensée d’augmenter les souffrances de ma détention.
18 Qu’importe? De toute manière, que ce soit pour de mauvaises raisons, que ce soit sincèrement, Christ est annoncé. Je m’en réjouis et je m’en réjouirai encore,
19 car je sais que cela aboutira à mon salut, grâce à vos prières et à l’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ.
20 Conformément à ma ferme attente et à mon espérance, je n’aurai honte de rien, mais maintenant comme toujours, la grandeur de Christ sera manifestée avec une pleine assurance dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort.
21 En effet, Christ est ma vie et mourir représente un gain.
22 Cependant, s’il est utile pour ma tâche que je vive ici-bas, je ne saurais dire ce que je dois préférer.
23 Je suis tiraillé des deux côtés: j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur,
24 mais à cause de vous il est plus nécessaire que je continue à vivre ici-bas.
25 Persuadé de cela, je sais que je resterai et demeurerai avec vous tous, pour votre progrès et votre joie dans la foi.
26 Grâce à mon retour auprès de vous, vous aurez alors dans ma personne une raison d’éprouver encore plus de fierté en Jésus-Christ.
27 Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Evangile du Christ. Ainsi, que je vienne vous voir ou que je sois absent, j’entendrai dire de vous que vous tenez ferme dans un même esprit, combattant d’un même coeur pour la foi de l’Evangile,
28 sans vous laisser effrayer en rien par les adversaires. Pour eux c’est une preuve de perdition, mais pour vous de salut, et cela vient de Dieu.
29 En effet, il vous a été fait la grâce non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour lui
30 en menant le même combat que celui que vous m’avez vu mener et que, vous l’apprenez maintenant, je mène encore.
Philippiens
Introduction
L’épître aux Philippiens a été écrite depuis la prison (1:7).1 L’auteur est indiscutablement Paul, Timothée étant également désigné comme expéditeur (1:1). Timothée a aidé à l’implantation de l’église et figurera dans la lettre (Actes 16:1–40; Phil 2:19–24). Bien que certains commentateurs croient que l’épître aux Philippiens est une composée de deux ou trois lettres, des travaux universitaires plus récents confirment qu’il s’agit bien d’un ensemble uni.
Quand et où l’épître aux Philippiens a-t-elle été écrite ?
Les universitaires débattent au sujet de la question de savoir si l’épître aux Philippiens a été écrite d’Éphèse (53–55 après JC), Césarée Maritime (58–59) ou de Rome (61–63). Comme il n’existe pas de preuve claire que Paul ait été emprisonné à Éphèse et d’après le témoignage unanime de l’église primitive, Rome doit être préféré. À ce moment, la folie de Néron connaissait son plein développement et le Christianisme était considéré comme une menace pour l’empire romain. Paul, ayant fait appel à César (Actes 25:11), était sur le point de comparaître devant ses juges. Il y avait une réelle possibilité qu’il soit condamné à mort, même s’il montre sa confiance dans le fait qu’il sera relâché (Phil 1:19–26). L’église de Rome est aussi divisée quant à sa manière de considérer Paul, certains voulant même lui causer de la peine (Phil 1:15–18).
Que savons-nous au sujet de Philippes ?
La lettre est écrite à destination de l’église à Philippes, une ville petite mais importante qui comptait de 10 à 15 000 habitants. Sa population ayant soutenu le second Triumvirat durant la guerre civile de Rome au cours de la bataille de Philippes (42 avant Jésus-Christ), la ville était une colonie romaine et une cité dirigeante dans la région (Actes 16:12). Avec entre vingt et vingt-cinq pour cent de la population composée de soldats romains à la retraite, la ville se percevait elle-même comme très romaine.
Que savons-nous de l’église à Philippes ?
Luc nous rapporte le récit de l’implantation de l’église à Philippes lors de la seconde mission depuis Antioche en 49–50 après Jésus-Christ. Les premiers membres de l’église furent Lydie, la famille du geôlier et peut-être la jeune esclave qui avait été délivrée du démon (Actes 16:11–40). Parmi les autres personnes dont nous avons connaissance, il y a les collaborateurs de l’évangile Épaphrodite (Phil 2:25–30), Clément, Évodie et Syntyche (4:2-3).2 Il n’y a aucune preuve d’une présence juive, ce qui laisse penser que l’antisémitisme qui balayait Rome à l’époque, manifesté par l’expulsion des Juifs par Claude (Actes 18:2; Suetonius, Claud. 25.4, 49 après Jésus-Christ), a pu s’appliquer à Philippes. Par conséquent, l’église était complètement formée de personnes issues du paganisme, bien que Lydie ait été une adoratrice de Dieu issue d’Asie (Actes 16:14). Le caractère romain de l’église est visible dans les accusations portées contre Paul et Silas (Actes 16:21). La mention des deux femmes dans Philip-piens 4:2 et de Lydie suggère une forte présence féminine.
Pourquoi Paul écrit-il la lettre à l’église à Philippe ?
La raison principale de cette rédaction est la dispute dans l’église centrée sur deux femmes dirigeantes, Évodie et Syntyche (Phil 4:2–3). Leurs problèmes semblent tourner autour de la recherche d’un statut par le service (2:3-4). Ayant dû faire face à de profondes divisions à Corinthe (par exemple : 1Cor 1:10–12), Paul ne veut pas que ce problème se développe davantage. Ces femmes en conflit étaient collaboratrices, et il semble que leur division entravait l’œuvre de l’Évangile. C’est pourquoi Paul appelle directement et indirectement les Philippiens à l’unité pour qu’ils continuent à vivre d’une manière digne de l’Évangile et à le défendre. Il le fait par des rappels de leur communion dans l’évangile (1:5-7), par la prière (1:9-11), par des exemples rhétoriques positifs et négatifs (1:12-18a ; 2:5-11, 19-30 ; 3:2-21) et par des appels directs (1:27-2,4 ; 2:12-18 ; 4:1-9). Il écrit également pour exprimer sa joie du fait de leur soutien financier (4:10-19).
Quels autres thèmes l’épître aux Philippiens aborde-t-elle ?
Bien qu’il y ait des problèmes, l’église est une communauté très saine comme l’indique la chaleur de la lettre. L’église est vraisemblablement pauvre (2Cor 8:1–2) mais elle s’est engagée à soutenir la mission de Paul, ce dont ce dernier lui est reconnaissant.3
L’Évangile et sa proclamation constituent l’un des principaux fils conducteurs de la lettre, chaque exemple étant un collaborateur actif.4 Ils sont également confrontés à deux formes d’opposition. Premièrement, comme Paul à Philippes (Actes 16:16–40) et également à Rome (Phil 1:12–13), ils sont persécutés par les païens et les autorités romaines. Certains chrétiens de Philippes ont probablement connu la prison (1:28-30). Deuxièmement, des judaïsants et d’autres ennemis de la croix les défient (3:2, 18-19).
L’accent qui est mis sur la souffrance, la joie (16 fois), et la consolation dans cette lettre les invite à se réjouir toujours dans le Seigneur malgré leur peine (2:1 ; 3:1 ; 4:4). La lettre met également l’accent sur l’espérance éternelle, encourageant les lecteurs à tenir bon (par exemple, 1:27 ; 4:1, 3). Tout au long de la lettre, Paul remet en question les états d’esprit qui s’opposent à la volonté de Dieu, appelant les Philippiens à avoir une mentalité « cruciforme » façonnée par l’Évangile et le Christ (en particulier 2:5). La lettre invite les Philippiens qui honorent Dieu à aller de l’avant pour glorifier Dieu de plus en plus (1:11 ; 2:11). Ils sont invités à se réjouir toujours dans le Seigneur, comme c’est le cas pour nous (4:4).
Le but
Paul exhorte les Philippiens à l’unité tandis qu’ils continuent à vivre d’une manière digne de l’évangile et à combattre pour lui.
Le verset-clé
« Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Evangile du Christ. Ainsi, que je vienne vous voir ou que je sois absent, j’entendrai dire de vous que vous tenez ferme dans un même esprit, combattant d’un même coeur pour la foi de l’Evangile. »
Philippiens 1.27, S21
Proposition de plan de la lettre
I. Adresse, salutation et prière (1:1–11)
A. Adresse et salutation (1:1-2)
B. Prière d’action de grâces et intercession (1:3–11)
II. La situation de Paul à Rome (1:12–26)
A. Le progrès de l’évangile (1:12–18a)
B. Le dilemme que Paul ressent à Rome (1:18b–26)
III. Vivre comme des citoyens dignes de l’évangile (1:27–2:18)
A. Une citoyenneté unique par l’évangile (1:27–2:4)
B. Imiter le plus grand exemple de tous : Jésus-Christ (2:5–11)
C. Travailler à leur salut dans l’unité et la mission (2:12–18)
IV. Projets de voyage et grands exemples (2:19–30)
V. Rejeter les faux-enseignements et courir vers la gloire ! (3:1–21)
A. La menace persistante des judaïsants (3:1–11)
B. Courir vers le prix de la vie éternelle (3:12–16)
C. Vivre selon le modèle paulinien pour la gloire éternelle (3:17–21)
VI. Appels finaux à l’unité et à une vie digne de l’évangile (4:1–9)
VII. Recommandation d’exercer la générosité (4:10–20)
VIII. Salutations finales et bénédiction (4:21–23)
Adresse et salutation (1:1-2)
1:1 Nous trouvons ici l’introduction paulinienne habituelle qui comprend les rédacteurs et expéditeurs, les destinataires et la salutation favorite de Paul (il en fait usage huit fois dans ses treize lettres). Deux éléments ressortent du verset 1 pour nous aider dans l’interprétation de la lettre. Premièrement, le fait de nommer Paul et Timothée et de les décrire comme des esclaves (douloi) du Christ fait allusion au thème de l’unité dans le service, le thème central de la lettre. Plus tard, Paul décrira Jésus comme un esclave (doulos, 2:8). Par conséquent, ici, il appelle subtilement les lecteurs à se conformer à l’exemple du Christ. Deuxièmement, il s’adresse non seulement à tous les « saints » ou « saintes » à Philippes, mais aussi aux dirigeants (« avec les surveillants et les diacres »). La lettre est destinée à l’ensemble de l’église, mais ce sont les dirigeants qui doivent l’écouter le plus attentivement. Cela suggère qu’Évodie et Syntyche appartiennent à l’un ou l’autre de ces groupes. Cela implique également que l’épître aux Philippiens a des implications importantes pour les dirigeants chrétiens.
1:2 La salutation mêle les bénédictions grecque (« grâce » – charis) et juive (« paix », en grec eirēnē, en en hébreu, shalom). Ces deux mots constituent la base de la prière qui demande à Dieu de faire que les Philippiens expérimentent la perfection de la bienveillance et de la plénitude de Dieu. Compte tenu de la nécessité de restaurer les relations dans l’église, la « paix » a un avantage supplémentaire : Paul commence à prier pour ce qu’il va leur demander (cf. 4:7, 9). Il est à noter que Paul commence et termine ses lettres par la grâce ; par conséquent, la grâce les uns envers les autres devrait encadrer la vie des Philippiens et des lecteurs contemporains (1:1 ; 4:23).
Prière d’action de grâces et intercession (1:3–11)
1:3–5 Comme il le fait dans sept autres lettres, Paul commence par l’action de grâce, « rendre grâces » (Rom 1:8; 1Cor 1:4; Éph 1:16; Col 1:3; 1Thes 1:2; 2Thes 1:3; Phlm 4). La prière débute dans une attitude de gratitude. Il prie en se souvenant d’eux avec joie, une posture qui devrait caractériser la prière chrétienne authentique. Philippiens 1:3 peut être traduit « tout le souvenir que vous avez de moi » ou « tout le souvenir que j’ai de vous ». Alors que la plupart des traducteurs optent pour la seconde, cette ambiguïté peut être intentionnelle pour mettre l’accent sur le fait que le souvenir mutuel est une forme de partenariat dans l’évangile (voyez le v. 5). « La joie » est introduite au verset 4, elle est un des thèmes-clé de la lettre.
La raison principale de son appréciation est leur « partenariat dans l’évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant » (1:5). Cette phrase introduit l’objet de la lettre. L’expression est expliquée tout au long de la lettre lorsque Paul parle de leur souvenir commun (1:3), la souffrance (1:7), l’affection (1:8), la prière (1:9, 19), la joie (2:17-18), le soutien financier (2:25-30 ; 4:10-20) et le témoignage de l’Évangile (1:27-30 ; 2:15-16 ; 4:2-3). Paul cherche à parfaire ce partenariat par la résolution de leur conflit.
1:6 Ce verset peut être lu dans l’un des deux sens suivants. On peut penser qu’il s’agisse de la bonne œuvre de Dieu dans le salut des Philippiens ou de la bonne œuvre de Dieu au travers des Philippiens, c’est à dire la mission (v. 5). les deux sens sont possibles, même si le contexte favorise le second. Dieu va poursuivre l’achèvement de sa mission au jour de Christ.
1:7 La première partie du verset 7 est similaire au verset 3. On peut lire « parce que je vous porte dans mon cœur » ou « parce que vous me portez dans votre cœur ». Bien que la plupart des gens optent pour la seconde solution, il se peut que l’ambiguïté soit encore intentionnelle pour souligner l’amour mutuel. Les chrétiens doivent s’aimer profondément les uns les autres, tout comme les femmes en conflit. La dernière partie du verset est également peu claire, avec deux options similaires au verset 6. Soit Paul parle du fait que les Philippiens partageaient avec lui la grâce du salut de Dieu, ou du fait qu’ils partageaient la grâce de la mission apostolique de Paul, même lorsqu’il est en prison. Là encore, le contexte favorise la seconde hypothèse : les Philippiens participent à la souffrance de Paul et à sa mission d’évangélisation. Dans tous les cas, ils participent à la grâce de Dieu, ce qui est glorieusement réconfortant. Nous voyons ici toute l’ampleur de l’évangélisation : la défense et l’établissement de l’évangile. C’est le sens de la vie de Paul. Cela devrait être le sens de la nôtre. C’est ce à quoi il aspire (1:18a).
1:8 Reflétant l’amour pour lequel il va faire des demandes dans ses prières dans la suite, Paul commence sa prière par une déclaration de l’amour qu’il a pour les Philippiens. Le grec utilisé est splagnon, un terme apparenté au verbe utilisé pour décrire la compassion de Jésus dans les évangiles (par exemple, Matt 9:36). Il s’agit d’une compassion profonde qui vient des « entrailles ».
1:9–11 La prière des versets 9–11 est la demande que les Philippiens abondent non seulement en amour (cf. 1Thes 3:12), mais dans un agapē sage et plein de discernement. L’amour mis en application les rendra capables de discerner ce qui est le plus excellent et de travailler à leur sanctification. « Le fruit de justice » peut être le fruit d’être juste devant Dieu (Phil 3:9). Il est plus probable qu’il s’agisse d’être rempli du fruit de l’Esprit (cf. Gal 5:22–24). S’ils vivent dans l’amour, le fruit de l’Esprit, transmis par Jésus, les remplira. Cela apportera la louange et la gloire de Dieu au retour du Christ. Le désir de voir l’amour et son fruit s’exprime au milieu de leur contestation : mettez-la de côté et « faites tout dans l’amour » (1Cor 16:14).
Le progrès de l’évangile (1:12–18a)
Sans doute pour apaiser les inquiétudes des Philippiens, 1:12-26 forme une unité dans laquelle Paul expose longuement sa situation. Bien qu’il soit en prison et en danger, il ne s’attarde pas sur sa souffrance mais sur l’Évangile.
1:12–14 La première moitié du passage se concentre sur la façon dont l’évangile progresse à Rome comme une invasion militaire. Paul est en prison, pourtant cela constitue juste une nouvelle occasion de partager la parole. La progression de l’évangile est présentée sous deux angles principaux. Premièrement, la garde impériale de Néron (praitōrion) est informée de la raison pour laquelle il est emprisonné : c’est pour Christ. La référence aux croyants de la maison de Néron en 4:22, nous indique que certains sont devenus croyants. Deuxièmement, la majorité des chrétiens de Rome (des « frères ») sont devenus confiants dans le Seigneur d’ère extrêmement courageux, annonçant la parole sans crainte. En Rom 1:11, Paul disait aux chrétiens romains qu’il voulait leur communiquer quelque don spirituel. C’est en train de se réaliser avec le don d’évangélisation (Éph 4:11).
1:15–18a La seconde moitié de la section (Phil 1:15–18) nous donne un tableau plus détaillé de ces chrétiens romains devenus courageux. On peut les diviser en deux groupes. Premièrement, certains ne sont pas sincères et ont une mauvaise motivation. Ils prêchent le Christ par envie, rivalité et ambition égoïste. Leur but est de faire souffrir Paul. C’est un problème sérieux, car souffrir dans une prison romaine peut aboutir à la mort (comme ce fut le cas pour Paul des années plus tard). Deuxièmement, certains partagent le Christ dans la vérité de l’évangile, avec une intention positive, motivés par la bonne volonté, l’amour et en sachant que Paul est en prison parce qu’il défend la bonne nouvelle. Nous nous attendrions ici à ce que Paul critique sévèrement les chrétiens aux mauvaises motivations. Pourtant, il ne le fait pas. Au contraire, il se réjouit que l’évangile soit proclamé. Ces versets révèlent le désir de Paul que son exemple stimule les autres à imiter sa passion pour la prédication du Christ. Ce résultat lui procure de la joie.
Ce passage n’est pas inclus seulement pour encourager les Philippiens en leur disant que l’évangile se répand. Il leur lance aussi le défi de faire le point sur leurs propres motivations à s’engager dans le témoignage de l’évangile et dans le rôle de dirigeant chrétien. Implicitement, ils sont stimulés à imiter les chrétiens romains motivés, à partager par amour (1:9-11) et à renoncer à la politique qui consiste à améliorer leur position par le service. Ils servent parce qu’ils veulent ce qu’il y a de mieux pour les autres, et non pour un gain égoïste (cf. 2:2-4). Ce que Paul attend des Philippiens, c’est qu’ils continuent à partager Christ à Philippes et en Macédoine, mais qu’ils le fassent en mettant de côté leurs querelles, en s’aimant les uns les autres et en aimant les perdus, en annonçant la parole (2:16a). Nous pouvons également noter que Paul utilise ici trois termes pour désigner le message de Dieu : la parole, l’évangile et Christ. Christ est l’évangile ; il est la parole de Dieu faite chair (Jean 1:1, 14).
Le dilemme que Paul ressent à Rome (1:18b–26)
1:18b Le changement intervient au milieu de Philippiens 1:18, ce qui indique que les divisions en versets de la Bible ne nous aident pas toujours. Paul exprime à nouveau sa joie, comme il le fait tout au long de la lettre. Alors qu’au verset 18a, il se réjouissait de la proclamation de l’Évangile, il se réjouit maintenant des prières des Philippiens pour lui. C’est en équilibre avec les prières de Paul pour eux (1:3-11) et doit donc être considéré comme une autre dimension du « partenariat dans l’évangile » (1:5). Les demandes de prière de Paul ponctuent ses lettres.5 Cela anticipe l’injonction plus générale de prière de 4:6-7.
1:19 « L’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ » peut aussi être traduit « la provision de l’Esprit. » Que ce soit l’un ou l’autre, nous voyons que Paul a confiance en la présence de Dieu. Le lien avec la prière suggère que cette expérience de l’Esprit est renforcée lorsque nous prions. La confiance de Paul est que la prière et le travail de l’Esprit conduiront à sa sōtēria. Sōtēria peut ici signifier « délivrance » de la prison ou « salut », en parlant de la délivrance éternelle. Les deux correspondent au contexte, et probablement nous avons un autre exemple d’ambiguïté intentionnelle. Dans les versets 24-26, Paul utilise à nouveau « je sais » (oida)dans le sens d’avoir connaissance de sa libération. Pourtant, s’il meurt, il sait qu’il sera sauvé. Deux parties de ce verset rappellent Job : « Car je sais que » (Job 19:25) et « et cela tournera à mon salut » (Job 13:16). Il est clair que Paul, dans sa souffrance, s’identifie à Job.
1:20–22 Ici, Paul parle de son combat mais avec confiance. Sa prière et son espérance sont qu’il ne sera pas honteux et que Christ sera honoré soit qu’il vive ou qu’il meure. Le terme pour courage (parrēsia) est un terme communément appliqué à la confiance pour parler en public (par exemple : Actes 4:13, 29, 31; 28:31; Éph 6:19). Le contexte est donc celui de sa prochaine comparution devant le tribunal de César auquel il a fait appel (Actes 25:11). Philippiens 1:21 est une déclaration mémorable utilisée couramment dans le christianisme populaire. Ce verset doit être utilisé judicieusement si l’on considère la situation de danger réel dans laquelle se trouve Paul. Pour Paul, « vivre » se traduira par davantage de ministère et de fruits de l’évangile (cf. Rom 1:13).
1:23–26 Ce passage est intriguant : Paul fait apparemment face à la possibilité réelle de mourir, alors qu’il est certain d’être relâché. Ce dilemme est résolu de différentes manières par les spécialistes. Certains déclarent que Paul est sûr parce qu’il fera appel à César (s’il est à Césarée). D’autres considèrent qu’il est confiant parce qu’il a entendu qu’il serait libéré d’une manière ou d’une autre. L’idée la plus courante est que Paul parle de son désir d’être libéré ou qu’il parle de manière rhétorique. Une autre possibilité que j’ai offerte est qu’il a un plan d’évasion, s’il doit l’utiliser, impliquant certains des soldats (cf. 2Cor 11:32–33; Actes 9:23–25).6 Quelle que soit la situation, bien que la mort soit de loin préférable, Paul veut continuer à vivre afin d’aider les Philippiens à progresser joyeusement (cf. Phil 1:13) dans leur foi. Comme tous les grands dirigeants chrétiens, Paul ne se préoccupe pas de ses propres besoins, mais de ceux de l’évangile et de la croissance des autres (cf. 2:4, 21).
Par les versets 1:12-26, Paul a, à la fois, informé les Philippiens de sa situation, les a encouragés avec les progrès de l’évangile et les a invités de manière indirecte à adopter son attitude d’engagement dans la mission de Dieu.
Une citoyenneté unique par l’évangile (1:27–2:4)
En 1:27, Paul change pour s’adresser aux Philippiens directement. Ce passage forme avec 2.12-18 un chiasme.7
A Une vie unifiée dans la mission de l’Évangile : Phil 1:27–2:4
B Christ est l’exemple : Phil 2:5–11
A’ Une vie unifiée dans la mission de l’Évangile : Phil 2:12–18
1:27–30 La proposition centrale de cette lettre arrive en 1:27 où Paul presse les Philippiens de vivre comme des citoyens dignes de l’évangile de Christ. L’utilisation qu’il fait du langage de la citoyenneté est importante dans le contexte romain. Paul n’est pas vraiment concerné par la citoyenneté romaine, mais par la citoyenneté céleste (3:20). Il presse les citoyens célestes qui vivent à Philippes de vivre d’une manière digne de l’évangile et de son Dieu. Il développe alors son commandement en trois sous-sections.
Tout d’abord, qu’il soit présent ou non (cf. 2,12), il souhaite entendre qu’ils « tiennent fermement dans un seul pneuma ». Pneuma peut être ici l’esprit d’ensemble, une mentalité, ou comme le Saint-Esprit. Ce dernier sens est préférable, car il est parallèle à « tenir ferme dans le Seigneur » en 4:1 (cf. 2:1). Cependant, leur unité d’esprit est également sous-entendue. Le langage est une métaphore militaire – les Philippiens doivent rester fermes comme des soldats face à un ennemi, inflexibles.
La seconde sous-section est son désir qu’ils combattent pour la foi de l’évangile. « Combattant » est du langage qui vient de l’athlétisme (synathleō, « combattre ensemble ») utilisé aussi en 4:3. En 4:3, les collaborateurs de l’évangile combattent pour l’évangile avec Paul en étant actifs dans la mission de l’évangélisation. Ici, ils combattent pour la foi de l’évangile. Combattre parle à la fois de défendre l’évangile (cf. Col 4:5–6; 1Pi; 3:15–16) et de le faire avancer activement. C’est ce que fait Paul à Rome (Phil 1:12–13) et dans sa mission partout — la défense et la confirmation de l’évangile (1:7). C’est ce que les Philippiens doivent aussi faire dans l’unité : littéralement : « avec une seule âme » (mia psychē).
Troisièmement, ils ne doivent en aucun cas se laisser intimider par quelque adversaire que ce soit (1:28). Au verset 30, Paul donne un indice décisif sur l’identité de ces adversaires. Ils ressemblent à ceux qu’il a rencontrés à Philippes (Actes 16:11–40) et maintenant à Rome ; il s’agit donc de païens locaux et d’autorités romaines qui persécutent l’église. Tenir bon et partager la foi face à l’opposition est un signe des destins inverses des deux groupes. Leurs adversaires feront face à la destruction (cf. 2Thes 1:5–10). Les Philippiens, comme Paul (Phil 1:19), seront sauvés. La souffrance est considérée par Paul comme un don du Christ, tout comme l’est leur foi en Christ. Ailleurs, Paul précise que la souffrance est une participation à la souffrance du Christ (3:10 ; cf. Col 1:24). La souffrance éduque les croyants, en générant la persévérance, le caractère et l’espérance (Rom 5:3–4). Dieu utilise toutes choses à ses fins et pour notre bien (Rom 8:28).
2:1–4 Après avoir mis l’accent sur la participation à l’évangile et au témoignage, Paul, maintenant, se concentre plus fortement sur l’unité. En 2:1, utilisant une quadruple protase pour une phrase conditionnelle (« Si . . . si . . . si . . . si . . . alors ») il leur rappelle ce que Dieu a fait parmi eux :8 encouragement (en Christ), consolation (par l’amour [agapē]), participation (koinōnia dans l’Esprit), affection et compassion. Cette phrase les fait se souvenir de la glorieuse consolation qu’il y a à être le peuple de Dieu et les pousse dans la direction de ces choses vertueuses.
Il résout le caractère conditionnel de la phrase avec l’apodose (« … alors … ») en 2:2 : « alors rendez ma joie complète ». Paul est joyeux, mais pas pleinement. Une chose manque : leur unité complète qui est menacée par la dispute. Son appel à l’unité qui complétera sa joie est ensuite donné dans une quadruple clause qui est un chiasme :
A « ayez la même pensée (phroneō) »
B « le même amour (agapē) »
B’ « le même cœur (synpsychoi) »
A’ « et un même objectif (phroneō) »
Le verbe phroneō est utilisé ici deux fois et 9 autres fois dans la lettre (voyez : 1:7; 2:5; 3:15 [2x], 16, 19; 4:2, 10 [2x]). La phronesis ou « sagesse pratique » était l’une des quatre vertus cardinales grecques et romaines. Dans cette lettre, Paul fait usage du langage pour exhorter les Philippiens à avoir un état d’esprit, « une pensée » marquée par la croix, quelque chose à quoi il aspire et qu’il demande instamment aux Philippiens (notamment 3:15). Il s’agit essentiellement de l’état d’esprit du Christ (2:5). Comme un seul homme, ils doivent avoir le même état d’esprit christocentrique. Ils doivent avoir le même amour et le même cœur que celui qui se trouve en Dieu (voir 2:1). Cela les unira. C’est une vertu chrétienne fondamentale.
Les versets 3 et 4 leur disent comment vivre, négativement puis positivement, ce qui représente un résumé de base de l’éthique chrétienne :
Imiter le plus grand exemple de tous : Jésus-Christ (2:5–11)
Nous arrivons maintenant au cœur théologique de la lettre, ce qu’on appelle « l’hymne de Christ ». Ce passage est l’un des plus importants de la Bible pour la christologie et l’éthique. D’une part, il s’agit d’une proclamation glorieuse de qui est Jésus. D’autre part, Christ est donné comme un exemple à suivre. Les deux dimensions sont importantes. Il s’agit peut-être d’un hymne de la toute première église. Il s’agit au moins d’un grand poème, soit de Paul, soit d’un autre écrivain chrétien primitif. Les interprètes débattent de la question de savoir à qui Jésus est comparé. Parmi les options possibles, citons Satan, Adam, César, Alexandre le Grand, le serviteur dans Ésaïe, la sagesse juive, etc. En un sens, tous sont en vue, car Jésus contraste fortement avec tous ceux qui s’accrochent au pouvoir ou l’exploitent. Dans l’histoire biblique, on pense à Satan (Ésa 14) et à Adam. Alors que dans cet hymne, le Christ commence comme en forme de Dieu, il devient humain, et ainsi le passage nous dit à la fois ce que signifie être vraiment divin et authentiquement humain. Le personnage de l’hymne est également l’antithèse de l’homme de l’iniquité (2Thes 2:3, cf. Marc 13:14; Apo 13). A l’époque de la rédaction, Néron est visé alors qu’il sombre dans sa folie, prenant le contrôle de ses conseillers, tuant les opposants et persécutant bientôt les chrétiens, les rendant responsables de l’incendie de Rome. Dans un monde où le statut et le pouvoir étaient l’ambition de l’élite, l’hymne nous montre la voie de Dieu.
2:5 Ce verset est une invitation à avoir le même état d’esprit (phroneō) que Jésus. Le parcours du don de soi de Jésus est ensuite tracé. Il est en forme de Dieu, le Fils préexistant, éternel, immortel et invisible de Dieu. Tout au long de l’hymne, cela reste son état : il est Dieu, et on nous dit comment il a choisi de se révéler.
2:6 Bien que l’égalité avec Dieu ait été un droit pour Jésus, il ne l’a pas exploité pour apporter la rédemption au monde au moyen d’un coup d’état militaire. Au contraire, il s’est vidé de lui-même. On peut débattre de ce dont il s’est vidé. Mais l’essentiel n’est pas là : il s’est vidé lui-même. C’est-à-dire qu’il s’est répandu lui-même. Il l’a fait volontairement. Il a considéré les autres avant lui-même et s’est donné pour eux.
2:7 Bien qu’il fût Dieu, il est venu dans la forme d’un serviteur. Ceci nous transporte dans le monde théologique d’Ésaïe 53 et évoque les images de Jésus prenant un linge pour laver les pieds (Jean 13:1–15). Il est né humain, en résonance ici avec le Logos divin qui s’est fait chair (Jean 1:1, 14).
2:8 Il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort par crucifixion. Dans le monde romain, la pire humiliation était la crucifixion. Rome se plaisait à pendre les ennemis de l’État sur des croix pour qu’ils soient raillés et meurent nus et dans l’agonie afin de renforcer son pouvoir et d’avertir les opposants de ne pas se frotter à Rome. Les citoyens n’avaient pas à endurer cela, donc Jésus est mort comme un esclave ou un criminel. Il faut s’arrêter à la fin de Philippiens 2:8. Ce fut le moment de l’horreur abjecte et de la condamnation. Celui qui est en forme de Dieu est mort sur une croix !
2:9–11 Si le verset 8 est hideux, les versets 9 – 11 sont glorieux. Il n’est pas fait mention de la résurrection et de l’ascension ; on les suppose. Peut-être s’agit-il d’un chiasme ou d’un hymne intentionnellement brisé pour permettre l’explosion du mouvement qui va de l’horreur de la crucifixion aux gloires de l’exaltation. L’expression « C’est pourquoi Dieu » déplace l’attention de Jésus vers le Père, qui est maintenant l’acteur central. Pour Jésus, « tout est accompli » (Jean 19:30). L’expression « hautement élevé » est un terme composé (hyperypsoō) qui signifie « élever à la plus grande hauteur »9 Le nom au-dessus de tout nom peut être « Seigneur » ou « Dieu », mais en réalité, il souligne simplement sa grandeur absolue au-dessus de toute puissance concevable autre que Dieu le Père lui-même (voyez Éph 1:20–23).
Le verset 10 commence par hina qui peut indiquer le but (« afin que au nom … tout genou … ») ou le résultat (« avec le résultat que au nom … »). De nombreux commentateurs voient ici deux dimensions en jeu. Le but de la mission et de l’exaltation de Jésus est que tout le monde vienne à Christ (c’est-à-dire la mission ; cf. 1Tim 2:4). Le résultat sera que tout genou fléchira, que ce soit volontairement (les croyants, pour le salut) ou involontairement (les incroyants, pour la destruction). La soumission de tous les genoux et la confession de toutes les langues rappellent Ésaïe 45:23, qui prédit un jour où le monde se soumettra à Yahweh. Ici, ils se soumettent à Jésus, une autre indication dans le Nouveau Testament de la divinité de Jésus. Cela inclut les forces spirituelles et les peuples du monde de toute l’histoire. Outre la foi, la confession de la seigneurie de Jésus est le signe de reconnaissance fondamental de l’église primitive, ce qui indiquait l’inclusion d’une personne dans la communauté (Rom 10:9–10; 1Cor 12:2–3). Tout ce que Jésus a fait, son exaltation et sa soumission cosmique, est « à la gloire de Dieu le Père ». C’est à cela que nous aspirons.
L’hymne à Christ nous dit que Jésus est pleinement Dieu et pleinement homme. Ce passage nous exhorte à considérer qui est Jésus et ce qu’il a fait. Il nous est dit comment répondre — nous soumettre à lui comme le Seigneur et imiter son état d’esprit et son exemple.
Travaillez à votre salut dans l’unité et la mission (2:12–18)
Comme nous l’avions noté au sujet de 1:27–2:4, ce passage constitue un parallèle avec un passage antérieur qui encadrent l’hymne à Christ. Christ est la glorieuse leçon de choses qui illumine ce que Paul cherche à trouver dans sa famille à Philippes.
2:12 Le lien avec le passage précédent est visible avec l’utilisation du « donc ». L’introduction au commandement central du passage encourage sagement les Philippiens en se fondant sur leur obéissance – ils sont une belle église. Ils sont ses « bien-aimés ». Ils ont imité le Fils qui « s’est fait obéissant jusqu’à la mort » (v. 8). La référence à la présence et à l’absence de Paul rappelle 1:27 (« que je vienne vous voir ou que je sois absent »). Le commandement central qui réaffirme « vivre en citoyens dignes de l’Évangile du Christ » est « travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement ». Il ne faut pas confondre cela avec une théologie fondée sur les œuvres. Ils ne doivent pas travailler à leur propre salut, mais mettre en œuvre un statut déjà acquis (cf. Éph 2:8; Phil 1:28; 3:20). Certains considèrent que le « salut » parle ici du bien-être de la communauté, mais Paul n’utilise jamais la sōtēria de cette manière. Cela parle de leur don individuel du salut en Christ reçu par grâce par la foi. Notre réponse à ce don est de servir.
2:13 En ceci nous apprenons comment servir. Nous ne sommes pas appelés à faire ce travail par nos propres forces, car l’effort humain n’y arrive pas. Plutôt, nous devons travailler avec la puissance de Dieu qui agit en nous, voulant et travaillant pour son bon plaisir. Ceci est le langage de la capitulation volontairement consentie à l’Esprit dans nos attitudes, nos paroles et nos actions.
2:14–15 Ici, Paul se concentre sur les problèmes qui existent à Philippes. Il faut faire toutes choses sans se murmurer ou se disputer. Le terme « murmure » est gongysmos, un terme qui rappelle les gémissements d’Israël contre Moïse et Dieu dans le désert (Exode 16). Les Philippiens ne semblent pas murmurer contre Dieu ou Paul, mais les uns contre les autres. Ce n’est pas approprié pour les enfants de Dieu. Ils doivent également cesser toute dispute. Ceci afin qu’ils soient des enfants de Dieu irréprochables, innocents et sans taches parmi les habitants de Philippes et de la Macédoine déchues. Ce n’est pas tant le langage de la sainteté morale que celui de l’éthique sociale : ils doivent être irréprochables dans leurs relations sociales. Leur vie communautaire doit être façonnée par l’amour.
La description du contexte dans lequel ils vivent comme une « génération tordue et pervertie » est universellement valable. Jésus a utilisé de telles descriptions (par exemple, Matthieu 12:39, 45 ; 16:4 ; 17:17). Notre monde actuel ressemble souvent à cela. Dans un tel monde, les Philippiens doivent « briller comme des lumières dans le monde » ou « des étoiles dans l’univers ». Dans tous les cas, il s’agit de notre témoignage. Cela rappelle ce que dit Jésus dans Matthieu 5:14–16 : « Vous êtes la lumière du monde…. Que votre lumière brille devant les autres, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux ». Il est également question de partager l’évangile avec ceux dont les yeux sont aveuglés par le dieu de ce monde qui les empêche de voir « la lumière de l’Évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu ». Les croyants doivent partager Christ afin que la lumière de Dieu brille dans les ténèbres pour qu’ils viennent à la lumière du Christ (2Cor 4:4–6).
2:16 Philippiens 2:16a est sujet à controverse. Certains considèrent que la phrase logon zoēs epechontes devrait être rendue par « tenir ferme la parole de vie ». D’autres la lisent comme : « annoncer la parole de vie ». Une autre possibilité est qu’elle englobe les deux idées. Je préfère la seconde hypothèse. L’espace ne permet pas une discussion complète ici. Il suffit de dire qu’il s’agit d’une belle image des Philippiens tenant l’évangile qui engendre une vie abondante et éternelle comme s’ils tenaient une boisson, du vin, du lait maternel, du pain, une épée, une lumière ou un message, dans l’espoir qu’ils parviennent à la foi. Le thème dominant de la lettre n’est pas la persévérance, mais l’unité dans la mission. L’évangélisation est présente dans tous les exemples donnés, et cette phrase « demeurer ferme dans un seul Esprit » est mise en parallèle avec « lutter ensemble pour la foi de l’Évangile » (1:27). Les évangélistes en conflit, Évodie et Syntyche, doivent accomplir leur tâche sans les plaintes et les disputes qui les assaillent.
Grâce à cette vie et à ce témoignage chrétien unifiés, Paul pourra se tenir debout fier dans son âme pour les Philippiens le jour où Christ viendra en tant que Juge. Paul saura que son propre travail missionnaire n’a pas été vain.
2:17–18 Voici une délicieuse invitation à la joie mutuelle – un partenariat dans la joie que génère l’évangile. Paul est joyeux, bien qu’il ait été versé en libation. Cela ne parle pas de sa mort, mais de son dépouillement à l’image de Jésus (2:7). La libation était versée sur le sacrifice principal. Ici, le sacrifice principal est le service sacrificiel des Philippiens (ou le sacrifice et le service). Paul élève les Philippiens (cf. 2:3), les incitant à imiter Christ et à se donner à son service. Cela inclut leurs dons financiers et leurs autres efforts, y compris ceux de leurs ouvriers pour l’évangile.
Projets de voyage et grands exemples (2:19–30)
Paul indique maintenant ses plans de voyage dans lesquels il inclut l’envoi d’Épaphrodite et Timothée, ainsi que sa venue future à Philippes. Il fait ceci non seulement pour les mettre au courant de son plan, mais aussi pour leur donner deux autres exemples de personnes qui vivent comme des citoyens dignes de l’évangile du Christ, qui travaillent à leur salut avec crainte et tremblement, et qui imitent l’exemple par excellence, Jésus. Il insiste également sur le sacrifice et le partenariat. Le fait qu’il soit prêt à renoncer à ses deux ouvriers bien-aimés pour le bien des Philippiens souligne l’aspect sacrificiel. Sa bonne volonté et celle des Philippiens sont synonymes d’obéissance et de partenariat. Son envoi imite l’envoi par Dieu de son Fils dans le monde. Le passage invite les parties en conflit à mettre de côté leurs différends et à se réconcilier par le moyen de l’évangile.
2:19–24 La description qu’il fait de Timothée évoque celle d’un véritable esclave de Christ, tel qu’il est décrit en 1:1. Parmi les collaborateurs de Paul, il est unique dans son affection pour Paul, son souci pour les autres (cf. 2:4), et pour les intérêts de Christ. Il est un ouvrier de l’évangile éprouvé, qui, tel un fils avec son père, a servi avec lui la cause de l’évangile. Le langage de la parenté évoque la koinōnia dans l’évangile et rappelle l’obéissance de Jésus à son Père (par exemple Jean 5:19).
2:25–30 La description d’Épaphrodite renforce aussi les idées du partenariat dans l’évangile et de l’imitation de Christ. Le passage est empreint d’éloge. Paul utilise cinq épithètes pour le décrire, toutes soulignant son engagement dans la mission de Dieu. Il est un frère, un collaborateur, un compagnon de combat de Paul. Il est l’apostolos (« apôtre ») de l’église de Philippes et au service des besoins de Paul. Si la plupart des interprètes considèrent qu’apostolos a ici son sens non technique de « messager », il pourrait également parler de son rôle d’apôtre de l’église locale. Pour Paul, apostolos est un terme qui ne se limite pas à lui-même et aux Douze. Dans 1Thes 2:6, Silas et Timothée sont inclus dans cette désignation. En 2Cor 8:23, Paul parle des apostoloi des églises, dont certains voyagent avec lui. Dans 1Cor 12:28-29 et Éph 4:11, les apôtres font partie des ministères donnés par Christ à l’Église. Épaphrodite entre dans cette catégorie. Il est probablement un évangéliste et un implanteur d’églises, ainsi qu’un important collaborateur de l’évangile à Philippes (cf. Phil 4:3). Son sacrifice est souligné dans la description de son expérience de mort imminente lorsqu’il voyageait avec des dons financiers pour Paul. L’expression « a failli mourir » en 2:30 est mechri thanatou, exactement les mots utilisés pour Jésus en 2:8 (« jusqu’à la mort »). En tant que tel, il est un exemple du Christ. La relation entre Paul et Épaphrodite et son envoi rappellent également l’envoi de Jésus par Dieu et leur partenariat dans l’évangile.
Dans une culture qui honorait les héros de guerre revenant victorieux et dans une ville peuplée de nombreux vétérans, ce sont les semblables d’Épaphrodite qui doivent être honorés. Il n’est pas allé en guerre pour s’emparer d’un pays ou d’une propriété pour Rome mais il a donné tout ce qu’il avait pour la mission de Dieu qui consiste à exhorter les gens à vivre sur le modèle de la non-violence qu’on a vue en Jésus. Plus loin, en 3:17, Paul incitera vivement les Philippiens à imiter ceux qui vivent selon le modèle paulinien ; les plus remarquables à cet égard sont Timothée et Épaphrodite.
Une autre chose est à noter. Si Paul se trouve effectivement à Rome, nous savons que son intention expresse est de se rendre de là en Espagne (Rom 15:24, 28). Pourtant, nous voyons ici Paul changer ses plans, ce qu’il était enclin à faire si Dieu le conduisait (par exemple : 2Cor 1:25-2:4 ; Actes 16:6–10; 20:3). Ici, il semble avoir placé la nécessité de visiter Philippes avant ses projets de mission en Espagne. Cela suggère qu’il est profondément préoccupé par les Philippiens. Il ne voulait pas d’une autre Corinthe. Dans une petite ville où ils étaient persécutés, une église divisée ne tiendrait tout simplement pas. C’est renforcé par le fait qu’il est prêt à abandonner deux de ses meilleurs collaborateurs pour eux. Cela confirme encore le sacrifice et le partenariat dans l’évangile. Cela montre que les ouvriers de Dieu doivent s’adapter, et que parfois les préoccupations pastorales l’emportent sur la poursuite de la mission, du moins pour un temps.
La menace persistante des judaïsants (3:1–11)
3:1 Les commentateurs ne sont pas du même avis en ce qui concerne le fait que Philippiens 3:1 est la fin de la section précédente ou le début de la nouvelle. La meilleure façon de considérer ce verset est de le regarder comme une transition, résumant ce qui précède et visant ce qui est en avant. Quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent, ils doivent se réjouir dans le Seigneur (cf. 4:4). Le chapitre 3 poursuit le thème de l’unité dans l’évangile et sa proclamation, en soulignant que l’unité a ses limites. Parfois, des personnes doivent être rejetées. Pour Paul, il en est ainsi dans trois cas : (1) lorsqu’une personne viole l’éthique de l’évangile d’une manière grossière et impénitente (1Cor 5:1–13); (2) lorsqu’une personne cause la division et ne se repent pas (Tite 3:10–11); et, comme ici, (3) lorsqu’une personne prêche un faux évangile (cf. Gal 1:6–9). L’idée générale de ce passage est qu’ils ne doivent pas se diviser pour de petites choses ou des questions de statut. Cependant, lorsque quelqu’un viole l’évangile de manière fatale, alors la séparation est appropriée. C’est pourquoi il les avertit de se méfier des judaïsants.
3:2 Les trois qualificatifs utilisés en 3:2 sont percutants. Le terme « chiens » était utilisé par les Juifs pour qualifier les Gentils ; Paul le retourne contre eux. Ce sont de « mauvais ouvriers », ce qui nous rappelle 2Cor 11:12–15 où les faux-enseignants sont de « faux apôtres, des ouvriers de séduction, se déguisant en apôtres de Christ », et des serviteurs de Satan. La troisième expression « des mutilateurs de la chair » traduit katatomē qui est relié au terme circoncision, peritomē. Les judaïsants, dans leurs exigences que les nouveaux convertis soient circoncis (Actes 15:1), étaient des mutilateurs plutôt que des personnes qui donnaient la vie. Paul n’a pas de temps pour eux.
3:3 Ici, Paul affirme avec force que, maintenant que le Christ est venu, le peuple de Dieu en lui est effectivement « la circoncision », greffée en Israël par la foi depuis Abraham (et avant, par exemple Abel, Hénoch et Noé, cf. Héb 11:4–7; voir Rom 11:16–24), et elle s’étend maintenant au monde. Les Philippiens païens et les Juifs comme Paul et Timothée sont inclus dans ce peuple, comme nous le sommes si nous croyons. La « circoncision » comprend tous ceux qui adorent par l’Esprit de Dieu et se glorifient en Jésus.
3:4–11 Ces versets forment une défense rhétorique cinglante contre les judaïsants qui nient la judéité de Paul. Il riposte en soulignant que lui seul peut non seulement revendiquer un héritage juif impeccable (un « Hébreu né d’Hébreux », cf. 2Cor 11:22–23; Gal 1:13–14), mais qu’il était aussi un pharisien qui persécutait l’église. Pourtant, de telles prétentions humaines (selon la chair) ne gagnent rien devant un Dieu saint. Ceci est un avertissement pour nous tous : nos prétentions humaines, même le fait d’avoir un grand ministère, ne nous valent pas la justification devant Dieu. La justification vient par la foi en Christ seul.
Ayant donc établi ses lettres de créance personnelles dans les versets 8–11, bien qu’impressionnantes, Paul les répudie. Il continue en exposant ce qui compte et en expliquant comment il est possible de nous trouver déclarés justes devant Dieu. Il parle à la première personne et rejette ses grandes réalisations et son statut comme une perte et des excréments (skybalon, v. 8). Ce qui compte, c’est une relation profonde et personnelle avec le Christ comme Seigneur, être trouvé en lui, avoir reçu le don de la justice de Dieu par la foi. Le verset 9 est l’un des versets caractéristiques de Paul sur la « justification par la foi ». Son grand CV entièrement acquis dans la recherche pour plaire à Dieu à travers le code juridique juif est essentiellement la poursuite d’une « justice propre » devant Dieu. Comme tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rom 3:23) et sont incapables de se conformer à la loi, il reconnaît la futilité d’une telle quête. On ne peut obtenir la justice par l’observation de la loi (Gal 2:16). Si cela se pouvait, cela rendrait la mort du Christ inutile (Gal 2:21). C’est pourquoi Paul cherche à être trouvé en Christ ayant une justice venant de Dieu – une justice qui vient par la foi.
Les spécialistes sont divisés sur la question de savoir si dia pisteōs Christou au verset 9 doit être rendu par « par la foi/la fidélité du Christ » ou par « par la foi en Christ ». La première expression met l’accent sur le fait que c’est la foi/la fidélité de Christ par laquelle nous sommes justifiés. La seconde souligne que c’est notre réponse de foi en Dieu et en son Fils qui nous rend justes envers Dieu. Bien que de bons arguments puissent être avancés en faveur de la première, la « foi en Christ » correspond mieux aux contextes dans lesquels Paul utilise les constructions avec pisteōs Christou (Rom 3:22, 26; Gal 2:16; 3:22, cf. Éph 3:12). Dans ces contextes (Romains ; Galates ; Phil 3), Paul aborde la question de savoir ce que nous devons « faire » pour être sauvés (cf. Actes 16:31). La réponse n’est pas en devenant juif (judaïsant) et en accomplissant les œuvres de la loi, mais en croyant. C’est toujours l’œuvre du Christ qui nous apporte le salut, mais comme pour Abraham, c’est par la foi que nous sommes mis en règle avec Dieu.
Ce qui compte, c’est d’avoir une foi authentique. Pourtant, Paul veut plus. Ainsi, dans les versets 10-11, il parle de son désir de connaître Dieu et la puissance de sa résurrection – l’Esprit par lequel Dieu a ressuscité Jésus (Rom 1:4; 8:11). Sachant que le fait d’être en Christ implique la participation à ses souffrances, en route vers la gloire, il veut être rendu conforme aux souffrances du Christ en servant son Seigneur (Rom 8:17). Il veut même devenir comme lui dans sa mort : obéissant jusqu’au bout (Phil 2:8). Il sait que s’il est fidèle jusqu’au bout, il atteindra la résurrection des morts.
En 3:1-11, Paul s’est habilement élevé lui-même et a ensuite pris la forme d’un serviteur, exaltant le Christ comme Seigneur. Il ne se contente donc pas de s’opposer aux judaïsants, mais il s’identifie au Christ, qui est Dieu dans sa forme et son statut, mais qui s’est vidé lui-même jusqu’à la mort. Paul utilise sa propre histoire comme un exemple, entraînant les Philippiens (et nous) à faire de même.
Courir vers le prix de la vie éternelle (3:12–16)
3:12–14 Paul continue à suivre le fil de la résurrection depuis le verset 11. Il fait usage de l’image de l’athlète pour présenter son ministère comme une course, ce qu’il a déjà fait plus tôt en 2:16 et aussi ailleurs (1Cor 9:24–26; Gal 2:2; 5:7; 1Thes 2:19; 2Tim 4:7). Peut-être pour confronter certains qui, dans l’église, ont une eschatologie surréalisée,10 il rappelle aux Philippiens qu’il n’est pas encore arrivé au bout. Il doit terminer sa course et le ministère reçu de Jésus (Actes 20:24) et continuer à courir avec persévérance la course tracée pour lui (cf. Héb 12:1). Il court avec vitesse (diōkō) pour réclamer le prix qui l’attend. Il y a de l’ironie dans l’utilisation du diōkō ici, comme il l’a aussi utilisé en 3:6 pour parler de sa poursuite de l’église pour la détruire. Maintenant, il poursuit ce Jésus qu’il a autrefois injurié. Comme un bon coureur, il oublie ce qui est derrière. « Ce qui est derrière » fait référence non seulement à sa grandeur en tant que nationaliste juif, mais aussi à ses glorieuses réalisations en tant que missionnaire chrétien. Il le met de côté, sachant que c’est du passé et que cela ne lui apporte pas la gloire. Comme un athlète olympique qui s’élance vers la ligne, il s’efforce d’avancer vers ce qui est devant. Ses yeux sont fixés sur le prix de la vocation de Dieu en Jésus-Christ. L’image ici est celle des jeux grecs, Dieu lui donnant le prix plutôt que l’empereur romain.
3:15–16 Dans les versets 15 – 16, Paul interrompt son monologue pour s’adresser aux Philippiens. il incite lui et ses lecteurs se considérant mature à adopter cette attitude. Il a en tête la même résolution de courir la course jusqu’à la fin. Plus profondément, ceci constitue une injonction à adopter l’éthique de 2:1 – 4 et l’exemple de Christ (2:5–8). Notre réponse au salut de Dieu est de travailler à notre salut avec la puissance de Dieu (2:12-13), sans nous reposer sur nos lauriers, mais en recherchant la vie éternelle alors que nous servons Dieu sans relâche jusqu’à la mort. Si d’autres personnes ont un point de vue différent (peut-être l’une des femmes nommées en 4:2-3), Paul est convaincu que Dieu, par son Esprit, révélera la vérité de ce qu’il a dit. Ils doivent chercher à rester fidèles à ce qu’ils ont atteint : la justification par la foi et le salut vers lequel ils doivent courir sans faiblir.
Vivre selon le modèle paulinien pour la gloire éternelle (3:17–21)
3:17 Le thème de l’imitation mentionné dans le verset 15 est remis en lumière. Faisant usage d’un adelphoi (« frères et sœurs ») inclusif, Paul exhorte les Philippiens à s’unir en imitant son exemple. Paul les appelle à une imitation unanime. Dans l’ancien monde l’imitation était le premier mode d’apprentissage, alors que beaucoup étaient illettrés ; les capacités pour la vie étaient transmises du père au fils, de la mère à la fille, du rabbi au disciple et ainsi de suite. Les chrétiens devraient vivre de cette manière ensemble et pas seulement individuellement. En outre, ils doivent concentrer leur attention sur ceux qui marchent selon le modèle paulinien de vie chrétienne. C’est l’imitation de la croix, comme on le voit en 2:5-11. Épaphrodite et Timothée viennent à l’esprit (2:19-30). Les femmes en conflit doivent s’unir pour imiter les exemples positifs de ressemblance à Christ. Les responsables chrétiens sont appelés à être de bons modèles. Ceux d’entre nous qui ne sont pas des dirigeants doivent les imiter.
3:18–19 À l’opposé de cela il y a ceux qui « marchent comme des ennemis de la croix de Christ ». Les commentateurs ne s’accordent pas sur l’identité de ces personnes. S’agit-il d’une autre référence aux judaïsants ? Ou bien s’agit-il d’un autre groupe de faux-enseignants ayant une mentalité libertine gréco-romaine ? Une autre possibilité est qu’il s’agit de païens ou de Juifs qui s’opposent à l’église. Peut-être cela réduit-il trop étroitement l’intention de Paul ? Peut-être tous les ennemis de la croix sont-ils visés. Quoi qu’il en soit, leur fin est la destruction éternelle, contrairement aux Philippiens qui seront sauvés lorsque Jésus viendra du ciel (cf. 3:20-21). Ils se concentrent sur les questions matérielles plutôt que sur les choses de Dieu. Ils tirent gloire de leur comportement honteux. Les Philippiens sont avertis de ne pas aller dans cette direction, mais d’imiter Christ, Paul et tous ceux qui marchent selon le modèle de la croix.
3:20–21 Ces versets donnent aux Philippiens (et à nous) une glorieuse assurance. Contrairement aux mauvais ouvriers et aux ennemis destinés à la destruction, leur citoyenneté est dans la communauté céleste (politeuma) – la véritable capitale du Royaume de Dieu. Chaque ville antique avait un tel registre de citoyens dont les noms étaient inscrits dans le livre (4:3). Les citoyens célestes attendent le retour de leur Sauveur, Seigneur et Christ. Au lieu de les détruire, il transformera leurs corps d’humiliation (périssables, mortels, sujets à la décomposition et à la mort) en corps de gloire (immortels, impérissables et éternels). Il le fera par sa puissance suprême pour soumettre le cosmos à sa domination par l’Esprit et définitivement lors de sa venue.
Nous constatons un flot délicieux du langage de la « forme » au travers des versets de Phil 2:6–3:21. Le Christ est pleinement Dieu dans la forme. Il se vide lui-même et vient sur terre, prenant la forme d’un esclave, d’un humain. Il meurt. Il est à nouveau élevé à la forme de Dieu, exalté comme le chef et le sauveur du cosmos. Ceux qui sont en Christ aspirent à se conformer aux souffrances de Christ (3:10). Ils assument l’identification à la crucifixion de leur Seigneur. Puis, lorsque Jésus reviendra, les croyants, qui étaient des êtres adamiques périssables, sujets à la décomposition et à la mort, seront transformés en un corps semblable à celui de Jésus : impérissable, immortel, éternel et glorieux (1Cor 15:50–54). Une merveilleuse transformation nous attend. En l’attendant, nous prenons nos croix et suivons Jésus.
Appels finaux à l’unité et à une vie digne de l’évangile (4:1–9)
4:1 Paul, ici, commence par « c’est pourquoi », tirant les conséquences de leur statut de citoyens célestes qui vont expérimenter la plénitude de la résurrection lors de la venue de Jésus. Ce verset rappelle 1:27 avec l’insistance mise sur « tenez ferme ». Il est plein du langage de l’amour, Paul utilisant deux fois agapētos (« bien-aimé »), il s’adresse à eux comme à « mes frères que je me languis de revoir » et les décrit comme sa joie et sa couronne !
4:2–3 Cette affection débouche sur un appel direct à la réconciliation « dans le Seigneur » des femmes en conflit. Il est rare que Paul nomme des personnes de cette manière, mais, à la lumière du verset 1, il s’agit d’un appel affectueux plutôt que condamnatoire. Elles doivent parvenir à un même état d’esprit (phroneō, cf. 2:2) dans le Seigneur. Paul ne passe pas sous silence leur désaccord, mais les encourage à trouver l’unité dans l’évangile (la préoccupation centrale de la lettre). Paul demande à un collaborateur inconnu de l’aider et de jouer le rôle d’instrument de paix dans cette relation. Il peut s’agir de Luc, d’Épaphrodite qui porte la lettre, d’un autre collaborateur ou d’une personne de l’église locale inconnue.
Ces deux femmes sont des collaboratrices de l’évangile. Cela ne devrait pas nous surprendre, car, dans le monde antique divisé selon les sexes, des femmes comme Phoebé, Prisca, Junias, Nymphas et Lydie ont joué un rôle essentiel dans la stratégie missionnaire de Paul. Clément est également mentionné. La tradition veut que ce soit le troisième évêque de Rome qui ait écrit la lettre appelée 1 Clément ; bien que cette hypothèse soit généralement rejetée par les spécialistes modernes, elle ne peut être exclue. Leurs noms sont inscrits dans le livre de vie. Même si elles ne sont pas unies comme elles le devraient, elles sont assurées d’être citoyennes des cieux qui expérimenteront le salut. Cette réalité devrait les encourager à trouver l’unité ensemble.
4:4–9 Comme Paul le fait vers la fin d’autres lettres, il consacre cette section à une série d’instructions sur la façon de vivre. Les valeurs chrétiennes fondamentales sont invoquées. Elles comprennent la double injonction mémorable de « se réjouir toujours dans le Seigneur ». Le terme souvent traduit par « douceur » en 4:5 a le sens de « docile », « doux », « aimable », « courtois », « tolérant ».11 « Le Seigneur est proche » peut évoquer l’imminence du retour de Jésus ou, ce qui est plus probable, il s’agit d’une citation de l’Ancien Testament grec (Ps 33:19 ; 144:18 LXX) qui conduit à l’appel à la prière. Au verset 6, l’antidote à l’anxiété est la prière. Paul est gardé par un soldat à Rome ; la prière garde les esprits et les cœurs. En 4:8, ces esprits gardés doivent se concentrer sur les bonnes choses. Il s’agit des belles choses de notre Dieu trinitaire, de l’évangile et de tout ce qui est bon dans le monde de Dieu. Finalement, comme en 3:15, 17, les Philippiens doivent mettre en pratique tout ce que Paul leur a enseigné. La double référence à la paix (4:7, 9) indique à nouveau aux femmes en conflit qu’elles doivent se réconcilier en priant et en mettant en pratique ce que Paul leur a enseigné.
Recommandation d’exercer la générosité (4:10–20)
4:10 Paul exprime maintenant sa joie du fait du soutien financier de la part des Philippiens. À cet égard ils étaient les seuls parmi les églises. Au contraire de l’attitude des Corinthiens dont Paul refusait de dépendre, les Philippiens savaient que le don chrétien est « sans condition » (1Cor 9:1–22). Épaphrodite a parcouru plus de 1 200 kilomètres de Philippes à Rome pour apporter leurs dons. Paul en est ravi.
4:11–20 Ici nous apprenons beaucoup quant aux attitudes chrétiennes à l’égard des finances. La première leçon porte sur le contentement financier. Paul connaît l’abondance et la pauvreté. Pourtant, en Dieu, il est content. Il a appris le secret du contentement : lorsque nous sommes confrontés à des difficultés, Dieu nous donne la force de les surmonter (Phil 4:13). La deuxième leçon est l’appel adressé à l’Église pour qu’elle donne pour la mission. Les Philippiens comprennent ce besoin et ont toujours cherché à soutenir Paul. La troisième leçon est que donner du fond du cœur est un sacrifice qui plaît à Dieu. Cela conduit à une recommandation éternelle de la part de Dieu (cf. 1Cor 4:5; Matt 25:14–30). La quatrième leçon est que Dieu répondra aux besoins de son peuple. Notons bien qu’il ne s’agit pas de leurs désirs, mais de leurs besoins. Cela fait écho à l’enseignement de Jésus à ses disciples selon lequel tout ce qui est nécessaire sera fourni à ceux qui cherchent d’abord le Royaume et sa justice (Matt 6:19–33). À juste titre, cela amène Paul à se lancer dans une doxologie (Phil 4:20).
Salutations finales et bénédiction (4:21–23)
4:21–22 Comme il en a l’habitude, Paul termine la lettre par des salutations, les siennes et celles des ouvriers et des chrétiens qui sont dans ce contexte. Il est intéressant de relever qu’il envoie des salutations de la part de « ceux qui sont de la maison de César ». Ce terme peut être interprété de manière large comme désignant les personnes placées sous le patronage de César ou, ce qui est plus probable compte tenu de la situation de Paul en prison dans l’attente du résultat de son appel à César, les chrétiens du cercle intime de César. Cela suggère que certains membres du prétoire et d’autres sont maintenant convertis. Même si l’apôtre des Gentils est emprisonné, l’Évangile a maintenant infiltré le centre impérial. Environ trois siècles plus tard, Jésus deviendra le Seigneur de Rome, une démonstration remarquable de l’impact universel de la foi chrétienne.
4:23 Finalement, Paul achève la lettre comme il l’avait commencée — avec la grâce. Que cette même grâce soit avec votre esprit. Amen.
Bibliographie
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Notes et autorisations
1. Pour une analyse détaillée des Philippiens, voyez Mark J. Keown, Philippians, EEC, 2 Vols (Bellingham, WA: Lexham, 2017). Voyez aussi les autres livres dans la bibliographie finale.
2. Gaius de Actes 19:29 pourrait être de cette ville.
3. On voit aussi leur générosité en 2Cor 8:1–5 où il nous est dit que, en dépit de leur pauvreté, ils ont donné généreusement pour la collecte en faveur de l’église de Jérusalem.
4. Voyez Mark J. Keown, Congregational Evangelism in Philippians: The Centrality of An Appeal for Gospel Proclamation to the Fabric of Philippians(PBM. Milton Keynes: Paternoster, 2008).
5. Voyez Rom 15:30–32; 2Cor 1:11; Éph 6:18–20; Col 4:2–3; 1Thes 5:26; 2Thes 3:1–2; Phlm 22.
6. Mark J. Keown, « Did Paul Plan to Escape from Prison? (Philippians 1:19-26) », JSPL 5.1 (Summer, 2015): 89–108.
7. Chiasme (Lat. Chiasmus)—Une technique littéraire dans laquelle les mots, les clauses ou les thèmes sont disposés puis répétés dans un ordre inversé produisant un motif a-b-b-a ou un effet de « croisement » comme la lettre « x » (comme dans la lettre grecque chi, χ).
8. Une protase dans une phrase conditionnelle, est la clause qui présente une condition ou hypothèse (c’est à dire : la clause affectée du « si » qui précède la clause commençant par « donc » (appelée apodose).
9. EDNT, 3.399.
10. Une eschatologie sur-réalisée existe quand les chrétiens professent une foi excessivement optimiste selon laquelle les bénédictions des temps de la fin sont ou doivent être expérimentées actuellement (par exemple : les miracles, la richesse).
11. BDAG, 371.
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Projet : Un commentaire pour tous
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Philippiens 1
1 De la part de Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux responsables et aux diacres:
2 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!
3 Je dis à mon Dieu ma reconnaissance de tout le souvenir que j’ai de vous.
4 Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne cesse d’exprimer ma joie
5 à cause de la part que vous prenez à l’Evangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant.
6 Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ.
7 Il est juste que je pense cela de vous tous parce que je vous porte dans mon coeur, vous qui participez tous à la même grâce que moi, aussi bien dans ma détention que dans la défense et l’affermissement de l’Evangile.
8 En effet, Dieu m’est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de Jésus-Christ.
9 Et voici ce que je demande dans mes prières: c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence
10 pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel. Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour de Christ,
11 remplis du fruit de justice qui vient par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu.
12 Je désire que vous le sachiez, frères et soeurs, ce qui m’est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l’Evangile.
13 En effet, dans tout le prétoire et partout ailleurs, personne n’ignore que c’est pour Christ que je suis en prison.
14 Et la plupart des frères et soeurs, encouragés dans le Seigneur par mes chaînes, ont plus d’assurance pour annoncer sans crainte la parole.
15 Certains, il est vrai, proclament Christ par jalousie, avec un esprit de rivalité, mais d’autres le proclament avec de bonnes intentions.
16 Les uns agissent par amour, sachant que je suis là pour la défense de l’Evangile;
17 les autres, animés d’un esprit de rivalité, annoncent Christ avec des intentions qui ne sont pas pures et avec la pensée d’augmenter les souffrances de ma détention.
18 Qu’importe? De toute manière, que ce soit pour de mauvaises raisons, que ce soit sincèrement, Christ est annoncé. Je m’en réjouis et je m’en réjouirai encore,
19 car je sais que cela aboutira à mon salut, grâce à vos prières et à l’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ.
20 Conformément à ma ferme attente et à mon espérance, je n’aurai honte de rien, mais maintenant comme toujours, la grandeur de Christ sera manifestée avec une pleine assurance dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort.
21 En effet, Christ est ma vie et mourir représente un gain.
22 Cependant, s’il est utile pour ma tâche que je vive ici-bas, je ne saurais dire ce que je dois préférer.
23 Je suis tiraillé des deux côtés: j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur,
24 mais à cause de vous il est plus nécessaire que je continue à vivre ici-bas.
25 Persuadé de cela, je sais que je resterai et demeurerai avec vous tous, pour votre progrès et votre joie dans la foi.
26 Grâce à mon retour auprès de vous, vous aurez alors dans ma personne une raison d’éprouver encore plus de fierté en Jésus-Christ.
27 Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Evangile du Christ. Ainsi, que je vienne vous voir ou que je sois absent, j’entendrai dire de vous que vous tenez ferme dans un même esprit, combattant d’un même coeur pour la foi de l’Evangile,
28 sans vous laisser effrayer en rien par les adversaires. Pour eux c’est une preuve de perdition, mais pour vous de salut, et cela vient de Dieu.
29 En effet, il vous a été fait la grâce non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour lui
30 en menant le même combat que celui que vous m’avez vu mener et que, vous l’apprenez maintenant, je mène encore.
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