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Le plus souvent, les évangéliques établissent une distinction entre la justification et la sanctification. Par la justification, Dieu déclare juste le pécheur ; cette déclaration n’est possible que parce que Dieu accepte la mort de Christ à la place de celle du pécheur ; elle ne se fonde aucunement sur une quelconque justice de l’individu. C’est ainsi que Dieu impute la justice de Christ au pécheur, ce qui marque le début du pèlerinage chrétien. Pour le croyant, la justification est une expérience unique liée au bienveillant dessein de Dieu manifestée par la mort de Christ une fois pour toutes.

En revanche, la sanctification est considérée comme le processus par lequel le croyant devient de plus en plus saint (les termes saint et sanctification ont une même racine grecque). Il ne s’agit pas d’une expérience réalisée une fois pour toutes. La sanctification est un cheminement qui dure toute la vie, un processus qui ne s’achèvera qu’avec la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Ce n’est pas un état que Dieu nous impute, mais celui qu’il nous fixe comme but et pour lequel il nous revêt de puissance.

L’incapacité de différencier la justification de la sanctification finit fréquemment par brouiller l’idée de la justification. Si on confond la justification avec les progrès personnels en matière de droiture et de justice, on perd très vite de vue la nature légale et déclarative de la justification et on finit par retomber dans une sorte de justification par les œuvres.

Cette mise en garde est tout à fait justifiée au regard de l’Histoire. Soyons vigilants pour préserver l’insistance de Paul sur la justification. Toutefois, l’ensemble des mots associés au terme de SANCTIFICATION a parfois souffert de cette analyse. Ceux qui étudient les écrits de l’apôtre Paul savent depuis longtemps que parfois il déclare « sanctifiées » certaines personnes à cause de la position qu’elles occupent ou de ce qui les définit : elles sont mises à part pour Dieu (POSITION) et elles sont donc déjà sanctifiées (par DÉFINITION). Dans ces passages, l’apôtre ne pense pas aux progrès dans la sainteté.

La plupart des textes dans lesquels Paul parle de « saints » ou de « sanctifiés » entrent dans cette catégorie dite « de position » ou « de définition ». C’est certainement le cas de 1 Corinthiens 1.2. L’apôtre écrit « à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Christ-Jésus, appelés à être saints ». Les Corinthiens sont déjà sanctifiés ; ils ont été mis à part pour Dieu. C’est pourquoi ils ont été appelés à être saints, c’est-àdire à vivre conformément à leur vocation (ce que selon toute évidence, ils ont négligé de faire de façon très manifeste, à en juger d’après la suite de l’épître).

Il y a certes de nombreux passages qui parlent de croissance et de progrès et qui n’utilisent pas le vocable « sanctification » ; c’est notamment le cas de Philippiens 3.12-16. Ce n’est pas nécessairement un mal d’utiliser le terme de « sanctification » dans le sens que lui donne la théologie systématique : les progrès de la marche chrétienne. Veillons seulement à ne pas importer ce sens là où Paul place l’accent ailleurs.

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