Un autre domaine qui doit être abordé est notre louange dans l’assemblée. Nous, les Africains, aimons chanter. Nous chantons quand nous marions nos enfants, nous chantons pour célébrer les naissances et lors des funérailles. Nous chantons quand nous recevons des visiteurs importants et nous chantons pour accompagner leur départ. Nous chantons pour accueillir la pluie et nous chantons au moment des récoltes. Nous chantons (et dansons !), que nous soyons heureux ou tristes. Nous avons une culture du chant très développée. Cela ne fait aucun doute. Néanmoins, concernant la conduite à suivre pendant le culte d’adoration, il nous faut aborder deux aspects de cet amour du chant afin de le mettre véritablement au service de l’adoration de Dieu.
Notre chant ne doit pas éclipser la prédication de la Parole de Dieu ; au contraire, il doit la servir. Nous avons noté, dans le premier chapitre, que dans bon nombre de nos Églises, les chorales abondent. Ajoutez à cela le fait que chaque chœur entonne un chant en se rendant sur l’estrade, avant de chanter le chant collectif convenu, et regagne sa place en chantant un refrain. Une fois que toutes ces chorales ont chanté, il reste très peu de temps pour une prédication consistante de la Parole de Dieu. Cessons cette tendance et veillons jalousement à réserver à la prédication le temps qui lui revient. En effet, rien ne compte plus dans le culte d’adoration que de se recueillir devant Dieu tandis qu’il nous parle par le moyen de l’exposition fidèle de sa Parole.
Le contenu de notre louange collective doit également être davantage marqué par la richesse de la doctrine et de l’expérience chrétienne. Trop de chants dans nos Églises consistent en la répétition inlassable de quelques mots, sans beaucoup de variation. Par exemple, un chant peut commencer sur un très bon rythme africain par ces simples paroles : « Nous allons. » Le conducteur de la louange ajoute continuellement différents compléments tels que : « au ciel » ou « avec mon frère » ou « avec mon Jésus » ou « avec ma bible », tandis que l’assemblée reprend en cœur « nous allons ». Le chant peut durer ce qui semble être une éternité, même s’il est souvent considéré comme étant le meilleur chant dans nos Églises. À la lumière des grandes vérités sur Dieu et des richesses insondables de Christ que la Bible nous révèle, n’y a-t-il pas une meilleure façon d’adorer notre Dieu incomparable ?
Considérez ceci : la Bible nous révèle notre Dieu en tant que Père, Fils et Saint-Esprit. Il est trois en un, et un en trois, de toute éternité et pour toujours. Il habite la lumière inaccessible ; il ne change pas. Il est tout-puissant, omniprésent, et omniscient. Il est le créateur souverain et le dirigeant de toutes choses ; il est aux commandes en tout temps, et gouverne selon le conseil de sa volonté. C’est un Dieu de sagesse qui ne commet jamais d’erreur. Toutes ses voies sont parfaites. C’est un être saint, qui hait le péché d’une haine parfaite ; c’est un Dieu juste, qui doit punir le péché et récompenser la justice. C’est un Dieu de bonté, plein de miséricorde, d’amour et de grâce. Il se réjouit de pardonner aux pécheurs repentants. Il fait tout cela pour sa propre gloire. C’est à ce Dieu que nous devons tout notre être. C’est ce Dieu que les anges adorent. C’est ce Dieu qui nous invite à l’adorer avec le reste de la création. Nos chants devraient refléter ces vérités sublimes et nous faire méditer sur ce que Dieu nous a révélé à propos de lui-même.
Notez que je n’ai pas même évoqué les vérités glorieuses touchant à la personne et à l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ dans notre rédemption. Chanter les richesses insondables de Christ nous amène à un autre niveau, qui atteint des notes que même les anges ne peuvent pas chanter. Il faut ensuite ajouter les vérités de la Parole de Dieu, l’Église de Dieu et l’espérance éternelle que nous avons en tant que croyants. Vous commencez à réaliser que, dans l’immensité et les profondeurs de la personne de Dieu, et de ce qu’il a fait pour nous en Christ, il y a des vérités susceptibles d’inspirer les hymnes et les chants les plus glorieux, même dans nos langues ordinaires et dans nos saisons les plus sombres. Notre louange devrait par conséquent être au service du ministère de l’enseignement et de la prédication en reflétant ces vérités qui remplissent notre Bible. Se limiter à chanter inlassablement « Nous allons » est terriblement carencé, même si la musique nous remplit d’enthousiasme avec son beau rythme africain. C’est un domaine dans lequel il nous faut changer !
Une personne dont l’hymne a saisi ce dont je parle est Emmanuel T. Sibomana (1915-1975), un pasteur burundais. Il a écrit dans sa propre langue un hymne intitulé « Ô combien la grâce de Dieu m’émerveille ! » Au risque de rendre ce chapitre trop long, je voudrais le citer intégralement pour que le lecteur en apprécie la richesse :
Ô combien la grâce de Dieu m’émerveille !
Elle m’a libéré de mes liens et m’a affranchi !
Comment cela s’est-il produit ?
Sa propre volonté, oui, sa volonté,
M’a affranchi, et j’en témoigne à présent.
Mon Dieu m’a choisi, alors que je ne le méritais,
Pour me faire asseoir à côté de mon Roi dans les parvis célestes.
Écoutez ce que mon Seigneur a fait,
Ô, c’est par amour qu’il a couru
À la rencontre de son fils égaré ! C’est ce que Dieu a accompli.
Non pas par ma justice, car je n’en ai pas,
Mais par sa miséricorde, Jésus, Fils de Dieu,
A souffert sur le bois du Calvaire ;
Il a été crucifié avec des voleurs ;
Grande fut sa grâce envers moi, son enfant perdu.
Et quand je pense à la façon dont, au Calvaire,
Il a porté le châtiment du péché à ma place,
Étonné, je me demande pourquoi
Lui, l’homme sans péché, devait mourir
Pour quelqu’un d’aussi vil que moi ; il est mon Sauveur !
Désormais, le seul désir de mon cœur est de demeurer
En lui, mon cher Sauveur, mon refuge, mon bouclier et mon rempart,
Lui, qui me couvre et me protège
Des flèches de Satan ; je suis en sécurité à ses côtés.
Seigneur Jésus, écoute ma prière, donne-moi ta grâce ;
Quand émergent de mauvaises pensées par la malice de Satan,
Ô, chasse-les toutes
Et puisses-tu, jour après jour,
Me garder sous ton influence, Roi de mon cœur.
Que tout mon être, mes yeux, mes oreilles et ma voix
Se joignent à toute la création sur un air joyeux :
Louons celui qui a brisé la chaîne
Qui me retenait dans le péché
Et retrouvons la liberté ! Chantons et réjouissons-nous1 !
Pour clore ce chapitre, revenons là où nous avons débuté : avec l’officier du protocole au palais du chef. Quand nous entrons dans la présence de Dieu, nous entrons dans la présence d’un Roi. En effet, il est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. La Bible révèle comment nous conduire en sa présence. Comme nous l’avons déjà dit, n’y ajoutons rien et n’y soustrayons rien. Veillons à écouter les paroles du sage dans le livre de l’Ecclésiaste : « Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses. Car, si les songes naissent de la multitude des occupations, la voix de l’insensé se fait entendre dans la multitude des paroles » (Ec 5.1,2).