Mardi 31 mars 33, au matin. Les disciples pointent du doigt le figuier que Jésus a maudit la veille : il est desséché. Jésus en tire pour eux une leçon toute simple : avoir foi en Dieu. En particulier, leur dit-il, s’ils avaient une foi sans faille, ils pourraient même jeter les montagnes dans la mer.
Mais si les disciples avaient des oreilles pour entendre, ils comprendraient que Jésus ne s’intéresse pas à ce qu’on pourrait prendre pour des pouvoirs magiques ; il parle de quelque chose de plus grand que maudire des arbres et renverser des montagnes.
Remarquez sa conclusion : du déplacement des montagnes et de la foi sans faille, il passe à « lorsque vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos fautes » (Marc 11.25). Jésus leur rappelle que le refus de pardonner est un obstacle à l’exaucement des prières, un obstacle bien plus grand qu’une montagne. La foi des disciples va bientôt être très éprouvée, ainsi que leur capacité à pardonner. Se souviendront-ils de cet arbre desséché sur la route de Béthanie ?
Alors qu’ils approchent de la Ville Sainte, les événements de la veille doivent encore être présents dans leurs pensées. À l’arrivée de Jésus au Mont du Temple, la foule s’assemble pour l’écouter enseigner (Luc 21.38), et les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens se mettent aussitôt à la manœuvre. Ils ont quatre pièges tendus contre leur adversaire.
Premier piège : par quelle autorité ?
Il demandent à Jésus, qui lui a donné l’autorité de faire ce qu’il a fait hier (Marc 11.28). Jésus ne se laisse pas piéger. Bien au contraire, il leur renvoie la balle en leur posant aussi une question : « Le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? » (Marc 11.30). S’ils répondent « du ciel », la question suivante sera inévitablement « Alors pourquoi ne croyez-vous pas en celui à qui Jean a rendu témoignage ? ». Mais s’ils répondent « des hommes », ils risquent de braquer les foules qui considèrent Jean comme un prophète, et lui portent l’estime qui se doit.
Puis Jésus leur raconte trois paraboles (à propos de deux fils, de métayers meurtriers, d’invités à une noce). Ces trois paraboles pointent leur rejet de la grâce et de la vérité au profit d’une propre justice hypocrite.
Deuxième piège : Dieu ou César ?
Les chefs tentent une nouvelle tactique. Ils envoient les Pharisiens (une secte juive connue pour son zèle pour la loi) et les Hérodiens (loyaux à la dynastie d’Hérode) avec une question : « Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? » (Matthieu 22.15-22 ; Marc 12.13-17 ; Luc 20.20-26). S’il répond « oui », le peuple ne croira plus en lui en tant que Messie libérateur du joug romain. S’il répond « non », il risque d’être arrêté pour cet appel à la révolte.
Mais Jésus se sort avec adresse de ce dilemme et de cette alternative trop fermée. Le denier porte l’effigie de César ; tant que César est au pouvoir, il est juste de lui payer le tribut. Et il faut aussi rendre à Dieu ce qui lui appartient ; les hommes, faits à son image, lui doivent tout – tout ce qu’ils ont, tout ce qu’ils sont. « Payez vos taxes, adorez Dieu. ».
Troisième piège : quel mari à la résurrection ?
Après que Jésus ait réduit les Pharisiens et les Hérodiens au silence, les Sadducéens (une secte juive qui nie la résurrection des morts au dernier jour) essayent de ridiculiser Jésus qui croit en la résurrection. Ils lui posent une question piège sur le mariage au ciel (Matthieu 22.23-33 ; Marc 12.18-27 ; Luc 20.27-40). Jésus leur répond qu’ils ne comprennent ni les Écritures (il n’y a pas de mariage au ciel), ni la puissance de Dieu (Dieu, en se révélant lui-même en Exode 3.6, 15-16, a montré qu’il n’était pas le Dieu des morts, mais des vivants). Comme les autres, Jésus les a réduits au silence ; leur sourire se fige, ils sont subjugués.
Quatrième piège : quel est le plus grand commandement ?
Alors les Pharisiens envoient à Jésus un docteur de la loi avec cette question : « Quel est le grand commandement de la loi ? » (Matthieu 22.34-40 ; Marc 12.28-34). La réponse de Jésus tient en un mot : aimer (Dieu et son prochain, d’après Deutéronome 6.4-5 ; Lévitique 19.18). Mais Jésus discerne quelque chose de différent dans cet interlocuteur ; il le loue et lui lance une invitation à peine voilée : « Tu n’est pas loin du royaume de Dieu » (Marc 12.34).
Mais il est temps pour Jésus de reprendre la main et de questionner ceux qui cherchent à le piéger. À la question, à propos du Psaume 110.1 – comment le Messie peut être le Seigneur de David, « Nul ne put lui répondre un mot. Et, depuis ce jour, personne n’osa plus lui poser de questions. » (Matthieu 22.46). Jésus se lance alors dans une longue et virulente critique des scribes et des Pharisiens. Par sept malédictions, il les juge d’hypocrites et de conducteur aveugles (Matthieu 23.1-39 ; Marc 12.38-40 ; Luc 20.45-47).
Avec un tel discours accusateur, Jésus ne laisse aucun doute quant à ses intentions, sa stratégie et ses objectifs. Il ne cherche pas d’alliance avec le pouvoir en place. Il est venu pour le renverser. C’est l’escalade, et dans ce combat à mort, il ne peut y avoir qu’un gagnant. Jésus n’a pas d’autre choix que de prendre le pouvoir, ou mourir.
Grâce et vérité face à chaque piège
Après cette journée pleine de tensions, Jésus et les disciples rentrent à Béthanie. Une pause sur le Mont des Oliviers leur donne une vue imprenable sur Jérusalem, sur fond de soleil couchant. Les disciples s’émerveillent de la taille et de la majesté de ces bâtiments impressionnants. Mais Jésus leur annonce qu’un jour très prochain, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. Puis il explique que ses disciples vont faire face à une persécution croissante, et à une tribulation qui conduira au Jugement Dernier. Pour eux, ils doivent veiller et persévérer dans la foi.
Ainsi se termine mardi. Vendredi approche à grands pas. Ce Jésus-là n’est pas celui des flanellographes que certains ont connu dans leur enfance. C’est ici le vrai Jésus, historique : complètement au contrôle de ses réponses, plein de grâce et de vérité, évitant tous les pièges. Il sait ce qu’il fait. Il sait ce qui l’attend. Chaque mot, chaque initiative sont dédiés à la gloire de son Père, et au salut de ceux qui veulent bien se charger de leur croix et mourir avec lui.
Ce post est le troisième de la série « Les Derniers Jours de Jésus », publié par Desiring God pour la Semaine Sainte de 2014. Cette série est inspirée par le nouveau livre « The Final Days of Jesus » (« Les Derniers Jours de Jésus ») de Justin Taylor et Andreas Kostenberger. Les illustrations de la Semaine Sainte sont fournies en partenariat avec Crossway Books et Adam Greene. Les autres posts sur la Semaine Sainte à paraître :
- L’infiltré (Mercredi Saint)
- La prière la plus importante du monde (Jeudi Saint)
- Tout est accompli (Vendredi Saint)
- Que son sang retombe sur nous (Samedi Saint)
- Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? (Dimanche de Pâques)
Traduction de The Escalating Conflict par Eddy