Le soleil se lève. Il n’est pas tout-à-fait 6h30 à Béthanie, le petit village situé sur le flanc sud-est du Mont des Oliviers, à moins de trois kilomètres de Jérusalem, ce lundi 30 mars 33. Jésus de Nazareth est dans l’humble maison de ses amis : Marthe (à qui Jésus a gentiment reproché l’anxiété qui animait son hospitalité) ; Marie (qui a choisi la bonne part) ; et Lazare (dont le corps serait toujours dans la tombe, si Jésus n’avait pas fait un miracle).
Hier – le premier jour de la dernière semaine de sa vie – Jésus, chevauchant un âne, a fait son Entrée Triomphale dans la Ville Sainte sur un « tapis rouge » de branches de palmiers et de manteaux, acclamé comme Roi messianique par ses disciples et les pèlerins galiléens.
Mais aujourd’hui va être bien différent. Jésus connaît le cœur de l’homme (Jean 2.24-25). Il sait que l’acclamation des disciples et de la foule n’était adressée qu’à un messie qu’ils imaginent être celui qui est promis. Malgré ses efforts pour les enseigner correctement, ils restent prisonniers de leurs fausses attentes. Ils attendent avec impatience un sauveur national qui les débarrassera une fois pour toutes de ces Romains qu’ils méprisent. Mais pour obtenir la victoire, Jésus doit subir la colère et la honte ; les subir, et non les infliger. Et cette idée n’entre dans aucune de leurs petites cases.
Le jugement commence par la maison
Ce lundi matin, donc, Jésus et les Douze, à leur réveil, se retrouvent à leur lieu de rendez-vous à Béthanie, pour faire ensemble le court trajet vers Jérusalem. Le programme de Jésus est alors le même que ce qu’il est encore aujourd’hui : dissiper les malentendus sur son identité et sa mission, exposer en quoi nos attentes sont erronées. Ce lundi ne va être ni beau, ni charmant, ni doux. Jésus est sur le point de leur montrer que le jugement commence à la maison, par Israël.
Ils marchent ensemble, à travers la rocaille du Mont des Oliviers ; Jésus commence à avoir faim ; il repère alors au loin un figuier. En apparence, ce figuier est en bonne santé, et permet d’espérer y trouver des fruits – juste ce dont Jésus a besoin. Mais en y regardant de plus près, l’arbre ne porte pas de fruit, seulement des feuilles immangeables.
Ce que Jésus fait alors prend les disciples de court. Il maudit le figuier, déclarant qu’il ne portera plus jamais de fruit (Matthieu 21.18-19 ; Marc 11.12-14). Jésus expliquera demain ce geste-parabole. Mais si les disciples regardaient l’arbre d’une manière spirituelle, ils se souviendraient que, bien souvent dans l’Ancien Testament, Israël était comparé à un « figuier » (Jérémie 8.13 ; Osée 9.10, 16 ; Joël 1.7). Le jugement doit commencer à la maison.
Purifier le temple
Ils continuent leur chemin. Les disciples sont sans doute troublés par ce comportement inattendu. Mais ce n’est que le début.
Quand Jésus arrive au Mont du Temple quelques instants plus tard, il est entouré de Juifs pieux qui ont fait le pèlerinage à Jérusalem pour la Pâque. Ils doivent payer la taxe du Temple (un shekel de Tyr), mais aussi acheter, dans la Cour des Gentils, un animal sans défaut pour le sacrifice. Alors que Jésus regarde les changeurs et les marchands, un zèle saint et une indignation juste jaillissent en lui. La Maison de son Père, une Maison de prière pour tous les peuples (Ésaïe 56.7), ils sont en train d’en faire une caverne de voleurs ; ils font des pauvres pèlerins de la Pâque leur proie et pervertissent la vraie adoration (Jérémie 7.11). Jésus se met à renverser les tables et les chaises des changeurs, à chasser les marchands et leur clientèle grouillante, et à empêcher quiconque porte des marchandises d’entrer.
Le visage semblable à un roc
Du point de vue des principaux sacrificateurs, des scribes et des chefs du peuple, c’est déjà une chose que cet enseignant, originaire d’un coin perdu comme Nazareth, raconte ses histoires, ait ses prétentions, fasse ses miracles avec ses disciples. Mais dorénavant, il est dans la Ville Sainte. Il a passé les portes de la ville comme s’il était le nouveau David ou le nouveau Salomon. Et maintenant, il a l’audace de déclarer, en substance, que le Temple lui appartient, à lui et à son Père ? Qui est-il pour suggérer que le système Juif conduit au péché plutôt qu’à l’adoration ? Et comment ose-t-il prétendre que les autorités juives sont dans l’erreur quant à la vraie dévotion et à la piété ?
C’est le point de non-retour. Jésus ne va pas se rétracter. En fait, il accélère sa peine de mort.
Le soir approche. Le soleil va se coucher vers 19h – le début d’une nouvelle journée selon la manière juive de compter le temps. Jésus et ses disciples rentrent à Béthanie. Demain va être une nouvelle occasion d’exposer, de renverser, alors que Jésus continu d’accomplir son plan éternel, celui qui doit le conduire au Calvaire.
Ce post est le premier de la série « Les Derniers Jours de Jésus », publié par Desiring God pour la Semaine Sainte de 2014. Cette série est inspirée par le nouveau livre « The Final Days of Jesus » (« Les Derniers Jours de Jésus ») de Justin Taylor et Andreas Kostenberger. Les illustrations de la Semaine Sainte sont fournies en partenariat avec Crossway Books et Adam Greene. Les autres posts sur la Semaine Sainte à paraître :
- L’escalade (Mardi Saint)
- L’infiltré (Mercredi Saint)
- La prière la plus importante du monde (Jeudi Saint)
- Tout est accompli (Vendredi Saint)
- Que son sang retombe sur nous (Samedi Saint)
- Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? (Dimanche de Pâques)
Traduction de No Turning Back par Eddy