« Oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! C’est comme l’huile précieuse versée sur la tête qui descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, et sur le col de ses vêtements ! »
– Psaumes 133:1–2
L’unité est une chose merveilleuse, particulièrement dans le domaine de la direction de l’Église.
L’unité est une chose merveilleuse, particulièrement dans le domaine de la direction de l’Église. Combien je prie pour que cette description de l’unité donnée par David soit vraie pour les anciens de mon église comme de la vôtre. Cette unité qui est bonne et agréable est la bénédiction de Dieu !
Mais cela suscite une question importante. Dans l’intérêt de l’unité, le collège des anciens doit-il exiger l’unanimité avant d’agir ? Ne serait-ce pas un formidable encouragement à la confiance pour votre congrégation que de savoir que les anciens ne parlent jamais que lorsqu’ils sont totalement d’accord ?
Cinq raisons de ne pas exiger l’unanimité
Permettez-moi de vous donner cinq raisons pour lesquelles je voudrais vous décourager d’adopter la règle de l’unanimité, puis de finir par une brève réserve.
1. L’unanimité n’est pas le modèle biblique.
En 2 Corinthiens 2:6, l’église semble avoir exercé la discipline ecclésiastique à la « majorité ». Dans Actes 1:26, les apôtres désignent le successeur de Judas par tirage au sort. Cela règle-t-il la question ? Certainement pas. Cependant, s’il existait un modèle biblique fort d’unanimité, nous devrions y prêter une grande attention. Mais un tel modèle n’existe pas.
2. L’unanimité peut étouffer toute dissidence.
Je me souviens de mes années, avant de devenir pasteur, où je travaillais dans une entreprise qui insistait sur l’unanimité dans les décisions de développement des produits. Un soir, après un dîner avec un groupe de responsables de R&D [recherche et développement] de grandes entreprises, je leur ai demandé ce qu’ils pensaient de cette pratique. Le fait d’exiger l’unanimité protégeait-il le point de vue de la minorité ? Ironiquement, aucun d’entre eux n’était d’accord, et ils insistaient sur le fait que c’était tout le contraire. Lorsque tous les membres d’un groupe savent que l’unanimité est requise, les personnes qui ne sont pas d’accord avec la majorité sont moins enclines à s’exprimer parce qu’elles ne veulent pas se mettre en travers. Cela peut s’avérer particulièrement vrai lorsque les membres du groupe se font confiance. Insister sur l’unanimité peut conduire à une pensée de groupe.
3. L’unanimité peut détruire la confiance.
Quand une de mes propositions est refusée au conseil d’anciens, je dois alors me tourner vers la congrégation et présenter notre décision comme étant également la mienne. S’agit-il de ma tendance au conformisme et au fait de vouloir satisfaire les gens ? Non, c’est parce que je fais confiance à mes collègues anciens. D’autre part, le fait d’insister sur l’unanimité supprime la nécessité d’une telle confiance. Il n’est pas nécessaire de s’appuyer sur la confiance lorsque tout le monde est d’accord. Et tout comme un muscle s’atrophie lorsqu’il n’est pas utilisé, la confiance peut diminuer lorsqu’elle n’est pas mise à l’épreuve. Pour la santé d’un conseil d’anciens et d’une église, la confiance est préférable à l’unanimité.
4. L’unanimité peut ralentir les décisions.
Régulièrement les anciens prennent des décisions qui ne sont pas claires mais importantes. C’est dans la nature de leurs fonctions. Très souvent, l’opportunité de ces décisions est importante. Par exemple, lorsqu’une brebis égarée doit être avertie (1 Thess. 5:14), l’opportunité peut permettre d’éviter un plus grand dommage à cette dernière. Lorsqu’une congrégation doit agir pour se protéger contre la division (Tite 3:10), la rapidité d’une décision peut empêcher que le troupeau ne subisse un plus grand préjudice. À moins que la règle de l’unanimité n’ait complètement étouffé la dissidence (préoccupation n° 2), elle retarde presque toujours la prise de décision.
5. L’unanimité sous-estime l’amour de Dieu pour votre église.
À maintes reprises, j’ai vu nos anciens avoir une conversation compliquée et difficile, prendre une décision à une faible majorité, puis se rendre compte avec certitude, plus tard, que nous avions pris la bonne. J’attribue cela non pas à la sagesse de nos anciens, mais à l’amour de Dieu pour notre église, qui nous ordonne d’agir avec beaucoup plus de sagesse que nous ne le méritons. Si ma foi reposait en définitive sur la sagesse de nos anciens, j’accorderais peut-être plus d’importance à la recherche d’un accord. Mais ma foi est moins placée en nous en tant qu’individus qu’en la bonté de Dieu pour diriger notre église au moyen d’hommes imparfaits. C’est pourquoi je m’en tiens aux décisions de la majorité avec presque autant de confiance qu’aux décisions prises à l’unanimité.
L’unanimité dans la nomination de nouveaux anciens
Donnons plus de valeur à la confiance qu’au fait d’être d’accord.
J’ai promis de formuler une réserve ; la voici : dans mon église nous avons trouvé utile d’exiger l’unanimité quand il s’agit de nommer de nouveaux anciens.[1] Cette pratique présente tous les inconvénients que j’ai énumérés plus haut. En fait, en décrivant ces cinq raisons en faveur de la décision à la majorité, je faisais mentalement référence aux problèmes que nous avons rencontrés en tant que conseil d’anciens lors de la nomination de nouveaux anciens.
Et pourtant, malgré les inconvénients causés par le fait d’insister sur l’unanimité, il y a un plus grand inconvénient dans ce domaine à ne pas le faire : demander à un homme de servir aux côtés d’un ancien qu’il croit ne pas être qualifié bibliquement. Nous avons opté pour le moindre des deux maux. Au fur et à mesure que notre conseil d’anciens s’est agrandi, notre définition du terme « unanime » a évolué. Avec la taille que notre conseil a actuellement- environ deux douzaines d’anciens- nous autorisons une nomination si aucun ancien ne vote « non » et si les abstentions représentent moins d’un quart du conseil. Nous supposons que toute abstention est simplement due au fait qu’un ancien ne connaît pas suffisamment l’homme en question pour voter oui.
Cette pratique est celle qui nous convient le mieux, et je suis persuadé que votre conseil d’anciens saura trouver celle qui vous convient le mieux.
Unité, unanimité
À l’instar de David dans le Psaume 133, nous devrions célébrer l’unité dans nos églises et nos conseils d’anciens. Et comme Paul nous en instruit en Éphésiens 4:3, nous devrions nous « efforcer de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » Nous devrions prier pour l’unité. Nous devrions travailler à préserver l’unité que l’Esprit de Dieu nous a donnée.
Mais l’exigence de l’unanimité peut effectivement porter préjudice à l’unité. À la place donnons plus de valeur à la confiance qu’au fait d’être d’accord.