« Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » C’est la question centrale du Voyage du pèlerin. Le livre de John Bunyan fait partie des classiques chrétiens. Il n’est pas forcément le livre préféré de tout le monde, normal. Après tout, même Le Seigneur des anneaux n’est pas le livre préféré de tout le monde ! Bunyan décrit le chemin de la vie chrétienne avec beaucoup d’images et d’analogies. Le personnage que nous suivons, Chrétien, affligé d’un fardeau attaché à son dos, continue, encore et encore, de poser la question, la seule question qui finalement importe pour toute une vie : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? »
Si vous n’avez jamais lu Le voyage du pèlerin, en voici un passage, le moment où Chrétien voit son fardeau tomber, sans aide d’aucune main, sans action humaine. Le voici libéré par l’action de Dieu, le Dieu de la croix :
« Je vis aussi que le chemin élevé où le Chrétien marchait était muni, d’un côté et de l’autre, d’une muraille qui se nomme le Salut. Et c’est dans ce moment qu’il continuait de courir, non sans beaucoup de peine, à cause du fardeau dont il était chargé. Cependant il avançait de plus en plus, jusqu’à ce qu’il arriva dans un endroit un peu plus élevé, où se trouvait une croix et un peu au-dessous d’elle un tombeau. Au moment où le Chrétien approcha de la croix, je vis que son fardeau tomba de dessus son dos et fut abîmé dans un gouffre profond ; de sorte que le Chrétien ne le revit plus jamais. »

Le voyage du pèlerin
John Bunyan
Chrétien est un pèlerin en route vers la Cité Céleste, il traversera maintes épreuves et ira de découvertes en découvertes, de victoires en victoires.
Roman allégorique écrit en 1678 par le pasteur anglais John Bunyan (1628–1688), cet ouvrage n’a cessé de conquérir les générations.
Traduit dans plus de deux cents langues *Le Voyage du Pèlerin* s’inscrit dans la catégorie des grands classiques littéraires.
Encore aujourd’hui ces lignes contribuent au progrès de l’Évangile et à l’approfondissement de la foi.
Le début du chemin
Et voilà ! Chrétien est délivré de son fardeau.
Fin du livre.
C’est là que vous regardez votre livre. Le voyage du pèlerin. Chapitre 7. Victime d’une illusion peut-être ? Vous feuilletez les pages. Non, vous ne rêvez pas. Chrétien est libéré de son fardeau par Jésus au chapitre 7… sur 35 ! Que se passe-t-il donc dans le reste du livre ? 28 chapitres pour arriver à la Cité céleste. S’il est pardonné, si son fardeau est tombé… tout devrait être réglé, non ? Clairement pas, puisque Bunyan prend 28 longs chapitres avant que Chrétien ne puisse franchir les portes du royaume promis.
Surprenant ? Pas tant que ça. Bunyan avait bien compris une chose : la vie chrétienne commence lorsque notre fardeau tombe. Mais elle ne fait que commencer. Nous le savons tous, Bunyan ne nous apprend rien. Nous savons que la « conversion » n’est pas la fin de la vie avec Christ. Oui, nous le savons. Vous connaissez l’expression : chassez le naturel, il revient au galop. Et bien notre nature, c’est de nous reposer sur nos acquis, ou ce que nous croyons acquis. Besoin de pardon ? OK, c’est fait. Et nous retournons au train-train quotidien.
C’est là que que l’habitude se fait mortelle : nous oublions que le péché est tapi à la porte. Nous pensons que tout est joué, que maintenant il n’y a plus rien à faire, que tout est dans le passé. Le Père, plein de grâce et de compassion, nous a sauvé. Il nous a pris en ses mains, transporté « dans le royaume du Fils de son amour » (Col 1.13), et rien ne peut désormais nous séparer de son amour (Rm 8.37-39).
Tout sauf un fleuve tranquille
La vie chrétienne commence, avec une aube nouvelle. Et après ? Après que se passe-t-il ? Un jour, une semaine, un mois. Dix ans. Notre « vieil homme » revient au galop. Il ne peut pas se ressaisir de nous… mais il revient. Nos habitudes viennent frapper à la porte. Nos souvenirs d’« avant » sont parfois étrangement réconfortant : cela nous rappelle quelque chose de familier alors que maintenant tout est à refaire. Une nouvelle vie, de nouvelles habitudes… nous sommes de nouvelles créatures habitant une nouvelle vie.
Mais… oui il y a un « mais » : nous sommes des êtres humains. Nous vivons comme des êtres humains, nous progressons, avançons comme des êtres humains. Nous apprenons comme des êtres humains. Bunyan le savait, et il nous montre les dangers qui nous attendent si nous oublions cela.
Quels sont ces dangers ? Chrétien peut rapidement tomber dans le découragement, immédiatement après sa conversion. Dans la joie du moment, dans la rencontre merveilleuse de Jésus, nous pouvons oublier (ou ne pas savoir) qu’une longue route nous attend. Sur cette route, de nombreuses personnes croisent notre route. En lisant le livre de Bunyan, nous sommes probablement tentés de voir en chacun des chrétiens que nous connaissons.
Tiens, « Bavard » me fait penser à (…) Et « Vanité », c’est quand même pas un peu (…) ? Ne parlons même pas de « Hypocrisie », c’est le portrait craché de (…) !
Nous avons tous la tendance à voir les défauts chez les autres, n’est-ce pas ? C’est ce frère ou cette sœur qui est insouciante ou trop facilement en proie au désespoir. Celui qui est faible, vacillant, plein de crainte, c’est toujours l’autre.
En lisant Le voyage du pèlerin ainsi, nous ratons quelque chose d’essentiel : nous sommes tous les personnages. Nous sommes « chrétien », dont le fardeau, le poids qui nous faisait sombrer, a été retiré par Jésus. Nous sommes aussi « Grand-coeur » et « Vaillant »
Nous sommes aussi bavard, ne sachant pas maîtriser notre langue, ce feu dévorant. Parfois nous sommes hypocrites, présentant en public une image qui est fausse : nous disons une chose et faisons autre chose. « Vanité », ce n’est pas le frère à côté de moi pendant le culte. « Vanité », c’est moi. Dans notre vie chrétienne, nous nous laissons facilement aller. Nous avons nos habitudes, nous avons notre petite routine… et tout va bien ! Petit à petit, nous devenons insouciant, parce que nous pensons nous en sortir par nous-mêmes. Après tout, nous prions régulièrement, nous lisons notre Bible tous les jours. Et si un jour notre petite habitude de prière en prend un coup… qu’y a-t-il sur la route ? Le Géant Désespoir et Esprit-abattu.
Le voyage du pèlerin est un livre à relire, mais faisons-le en laissant chaque personnage parler de nous-mêmes. Laissons la grâce que Jésus veut nous donner venir nous enseigner. Laissons son Esprit pétrir, modeler, façonner notre vie chrétienne !