En termes de sagesse, tout le chapitre de Proverbes 5 n’est qu’une mise en garde contre le danger de succomber aux sollicitations de la femme adultère. C’est un thème récurrent dans les premiers chapitres de ce livre (p. ex. 6.20-35 ; 7.1-27). L’auteur semble parfois désigner la prostitution, parfois le simple adultère.
À une époque très sensible aux stéréotypes, certains voient d’un mauvais œil le fait que la personne qui tente est invariablement la femme. Dans la réalité, l’homme n’est-il pas, lui aussi, un tentateur, un adultère ? Quatre brefs commentaires :
1° Si l’auteur met en garde contre « l’étrangère », la femme séductrice, c’est en partie parce qu’il s’adresse à « mon fils » (v. 1), conformément à la structure générale qui vise un être de sexe masculin (1.8 ; voir la méditation du 15 mars). 2° Le « fils » qui suit la femme adultère n’est pas exempt de reproches. Le fils errant décrit dans ce chapitre est plus qu’une victime. C’est un homme qui a « [haï] l’instruction » et « dédaigné la réprimande » (v. 12). Il est dit de lui : « Le méchant est pris dans ses propres fautes, il est retenu par les liens de son péché » (v. 22). Il est coupable d’un « excès de […] folie » (v. 23). 3° Ce livre présentera plus loin aussi bien la sagesse que la folie sous les traits de femmes (Proverbes 9 ; voir la méditation du 22 mars). Il n’y a donc aucun lien direct entre le mal et les femmes. Les hommes, comme les femmes, sont souvent pervers. Hommes et femmes sont invités à rechercher « Dame Sagesse ». 4° De toute façon, dans le contexte plus global de l’Écriture, le principal reproche en matière d’inconduite sexuelle est adressé à l’homme. C’est le cas dans la relation sexuelle entre Juda et Tamar, dans le viol de sa demi-sœur par Amnon, et dans l’adultère de David avec Bath-Chéba.
C’est l’adultère lui-même qui est un mal, une folie, un péché, une vue à court terme, une indiscipline, pour reprendre les qualificatifs du livre des Proverbes, et pas seulement la femme adultère. Ce chapitre ne se borne pas à lancer des avertissements, il propose aussi une alternative : un mariage apprécié, entretenu, nourri, même dans le domaine sexuel (v. 18-19). En outre, au-delà de toutes les raisons immédiates et culturelles en faveur de la fidélité sexuelle dans le mariage, l’une est d’une importance phénoménale : « Car les voies de l’homme sont devant les yeux de l’Éternel, qui observe tous ses sentiers » (v. 21 – NEG). L’Écriture contient évidemment d’autres versets semblables, comme : « Il n’y a aucune créature, qui soit invisible devant lui : tout est mis à nu et terrassé aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte » (Hébreux 4.13). Dans le contexte de la littérature de sagesse, l’exhortation revêt cependant un poids particulier. Non seulement Dieu voit tout, y compris l’inconduite sexuelle, mais le désir de plaire à notre Créateur fait partie de la sagesse, celle de mener une vie conforme aux voies de Dieu, dans son univers.
