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La prophétie de Joël comporte des anomalies sur plusieurs plans. La plupart des prophéties canoniques de l’Ancien Testament sont prononcées par des prophètes qui situent la date de leur ministère en faisant référence au règne des rois (p. ex. Osée 1.1). Ce n’est pas le cas de Joël. De plus, nous ignorons complètement tout de son père Petouël. Les dates proposées pour la rédaction de ce livre s’échelonnent entre le IXe et le IIe siècle avant notre ère. Le Temple est visiblement en service (p. ex. Joël 1.13), mais nous ne savons pas s’il s’agit du premier Temple (construit sous le règne de Salomon) ou de celui construit après l’exil.

Dans un sens, ce manque de précision rend service. Nous perdons certes la spécificité qui caractérise la plupart des écrits prophétiques de l’Ancien Testament, mais nous acquérons un sentiment d’intemporalité qui rend peut-être les applications plus faciles. Il est quasiment certain que ce qui est à l’origine du livre est une invasion de sauterelles (certains pensent que les sauterelles ne sont que le symbole d’une puissante armée). Cette expérience sert de tremplin au prophète qui l’utilise pour appeler le peuple à la repentance, compte tenu du jugement passé, présage d’un autre jugement. La plaie des sauterelles constitue également la toile de fond de certaines des prophéties les plus poignantes de tout le canon vétérotestamentaire concernant l’avenir, accomplies avec la venue de l’Évangile (voir la méditation de demain).

L’invasion des sauterelles décrite dans Joël 1 est un phénomène bien connu dans certaines parties du monde. Une fois que le nuage de sauterelles s’est posé, il est pratiquement impossible d’arrêter ses ravages. Les grandes invasions de sauterelles ont été reconnues pour ce qu’elles étaient : un jugement de Dieu. C’est pourquoi dans sa prière de dédicace du Temple, Salomon a prévu la possibilité que Dieu châtie son peuple par le moyen des sauterelles, et il a indiqué ce qu’il conviendrait alors de faire (1 Rois 8.37). C’est précisément ce que Joël fait. Il invite les sacrificateurs (« vous qui êtes au service de l’autel », v. 13) à se vêtir de sacs, à se lamenter et à consacrer un jeûne, à convoquer une sainte assemblée, à inviter les anciens à monter au Temple pour implorer l’Éternel (v. 13-14). Joël lui-même termine ce chapitre par une supplication : « C’est vers toi, Éternel, que je crie ! » (v. 19).

C’est le moment opportun de réfléchir quelques instants à notre façon de concevoir les désastres. N’adoptons pas l’attitude des fatalistes. Si aujourd’hui nous arrivons à lutter contre les sauterelles (les satellites peuvent parfois apercevoir la formation d’essaims, qui sont alors détruits par des pesticides), alors faisons-le, au même titre que nous luttons contre la guerre, les épidémies, le SIDA, la famine et autres catastrophes. Mais dans un monde théiste dans lequel Dieu est souverain, nous devons également entendre la ferme exhortation de Dieu, adressée à tous ceux qui portent son image, à renoncer à leur égoïsme coupable et à implorer sa miséricorde.

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