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À plusieurs reprises, Michée passe d’une longue section de condamnations et d’avertissements à une vision relativement brève et positive de l’avenir. Michée 4 inclut une de ces visions (v. 1-5) ; elle est immédiatement suivie de la description du moyen permettant à la fille de Sion de passer du premier état, celui de la condamnation, au second, celui du rétablissement (v. 6-13) : elle passe par de dures épreuves et par le châtiment, pour ressortir dans la lumière de la bénédiction divine.

Les premiers versets décrivent un temps où « la montagne de la maison de l’Éternel sera fondée sur le sommet des montagnes, [… ] elle s’élèvera par-dessus les collines, et […] les peuples y afflueront » (v. 1). Dans le Proche-Orient ancien, de nombreuses montagnes étaient des lieux où les gens venaient adorer tel ou tel dieu. En déclarant que « la montagne de la maison de l’Éternel », c’est-à-dire du Temple, sera établie sur « le sommet » des montagnes et « par-dessus » toutes, le prophète annonce que le Dieu d’Israël a désormais éclipsé tous les autres dieux. En conséquence, Israël n’est plus seul à converger vers ce site, car « les peuples » aussi y afflueront. « Des nations » s’encourageront en disant : « Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, à la Maison du Dieu de Jacob, afin qu’il nous instruise de ses voies, et que nous marchions dans ses sentiers » (v. 2).

Le mouvement de l’oracle change alors de direction : de centripète, il devient centrifuge : « Car de Sion sortira la loi et de Jérusalem la parole de l’Éternel » (v. 2b). Il s’ensuit que la justice prévaudra parmi de nombreux peuples, que la guerre ira en s’atténuant et fera place à la paix, lorsque les gens, transformés par la parole de Dieu, « de leurs épées […] forgeront des socs et de leurs lances des serpes » (v. 3). La vision s’achève en soulignant la seule réalité capable d’assurer son accomplissement : « Car la bouche de l’Éternel des armées a parlé » (v. 4). Ainsi, déjà de son temps, Michée encourage les vrais croyants à ne pas se laisser séduire par d’autres dieux, incapables d’opérer une telle transformation. C’est le moment d’être fidèle au seul vrai Dieu, celui de l’alliance. « Tandis que tous les peuples marchent, chacun au nom de son dieu, nous marchons, nous, au nom de l’Éternel, notre Dieu, à toujours et à perpétuité » (v. 5).

Cette vision chargée de symboles porte la marque des réalités du temps de Michée : ainsi, les armes de guerre deviennent des socs et des serpes, non des tracteurs et des moissonneuses-batteuses. Bien que cette vision souligne la suprématie du mont Sion, elle ne mentionne ni une hégémonie d’Israël sur les nations, ni le Messie ou le sacrifice qu’il allait offrir. Même la géographie de l’oracle est quelque peu différente de la perspective de Jean 4.21-24. Mais à la lumière de l’Évangile, le triomphe de la nouvelle Jérusalem, qui mettra fin au règne de la mort, de la guerre et de tout péché (Apocalypse 21.1-4), est ce pour quoi tous les chrétiens prient — et correspond à l’accomplissement de la vision de Michée.

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