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Quand les choses vont très mal dans une culture donnée, les problèmes s’emmêlent souvent. Deux de ces difficultés sont enchevêtrées dans Michée 2.6-11. Cet extrait commence et se termine par un avertissement contre les faux prophètes, mais au milieu de cet oracle se trouvent les reproches incessants de Michée contre les puissants qui dépouillaient les pauvres (v. 8-9).

Commençons par cet élément central. Michée déclare que les riches sont tellement corrompus qu’ils ne se conduisent plus comme le peuple de l’alliance mais comme ses ennemis (v. 8a). Ces brutes dépouillent femmes et enfants (v. 9). Ils privent cruellement les enfants de leur héritage alors qu’eux-mêmes continuent de s’enrichir, bien qu’il soit écrit : « Vous n’accablerez pas la veuve, ni l’orphelin. Si tu les accables, et qu’ils crient à moi, je saurai entendre leurs cris ; ma colère s’enflammera, et je vous tuerai par l’épée; vos femmes deviendront veuves, et vos enfants orphelins » (Exode 22.21-23).

Sur l’arrière-fond de cette révélation antérieure de Dieu, on aurait pu penser que les prophètes du pays appelleraient les puissants à rendre des comptes. En réalité, les individus influents et corrompus sont leurs mécènes ! Les prophètes continuent de prêcher, mais ils exigent que Michée cesse de prendre la parole (v. 6). La réaction de Michée est cinglante : « Qu’un homme, au gré du vent, se mette à débiter des mensonges : je vais bavarder pour toi sur le vin, sur les boissons fortes ! Ce sera le bavard qu’il faut à ce peuple ! » (v. 11).

De quel type de « bavardage » Michée parle-t-il ? Il est étonnamment facile pour le prédicateur de façonner son message pour qu’il s’adapte à l’esprit du siècle. Ce qui au début est un souci d’être pertinent et à la page (admirable en-soi) se transforme finalement en piège et en source de lâcheté pour le prédicateur. C’est souvent le cas lorsque les riches et les puissants règlent nos factures. Il est très facile de se leurrer soi-même et d’assimiler la lâcheté à de la prudence, de penser que se taire sur les questions morales à l’ordre du jour est un prix modique à payer pour avoir accès à l’antichambre du pouvoir et y exercer une influence. Soyez invités à la Maison Blanche (ou même à l’Assemblée générale d’une union d’Églises) et vous ne dénoncerez plus ses péchés. Faites un article pour une prestigieuse revue académique, et vous vous assurez de blesser le moins possible la susceptibilité des lecteurs. Devenez évêque et, au lieu d’être le prochain J.C. Ryle, vous vendrez votre silence. Certes, ces attitudes ne sont pas inéluctables. Dieu aura toujours ses Michée et ses Amos. Cependant, nous devons fréquemment revenir à la révélation de Dieu pour nous assurer que notre message est calqué sur ce que Dieu a dit et n’est ni le résultat d’une susceptibilité personnelle, ni une communication mielleuse qui met en avant ce que les gens aiment entendre.

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