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Au début de ma première année de lycée, je me suis laissé convaincre de m’inscrire au cross-country. L’équipe était connue pour être soudée et aimer s’amuser, et même si je n’avais jamais été très sportive, je me suis dit : « Ce n’est que de la course à pied. Ça ne doit pas être si difficile que ça. »

Je me suis vite rendu compte que c’était non seulement difficile, mais aussi extrêmement pénible. J’aimais bien le frisson d’un sprint court, mais lorsque la distance s’étendait sur plusieurs kilomètres, courir devenait une véritable torture. Mon manque de motivation pour gagner ou même simplement améliorer ma vitesse n’arrangeait rien. Même les encouragements de mes coéquipiers, de mes entraîneurs et de mes proches depuis le bord de la piste ne parvenaient pas à me stimuler pendant les courses. Leur enthousiasme et leur énergie contrastaient tellement avec ma fatigue que j’avais souvent envie de répondre à leurs acclamations par « Mais je suis tellement fatiguée ! ». Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que ma première saison de cross-country a également été la dernière.

J’ai toutefois appris certaines choses sur l’endurance au cours ma brève carrière de coureur de fond. J’ai notamment compris l’importance de trouver des moyens créatifs pour continuer à avancer quand on a du mal à lever les pieds du sol. J’ai compris la nécessité de concentrer son attention, non pas sur la distance qu’il reste à parcourir, mais sur le prochain petit tronçon, voire sur le prochain pas. Et surtout, j’ai compris à quel point il est essentiel de courir avec d’autres pour continuer à avancer. Le fait d’avoir quelqu’un à vos côtés vous aide à persévérer, malgré la douleur.

J’ai compris la nécessité de concentrer son attention, non pas sur la distance qu’il reste à parcourir, mais sur le prochain petit tronçon, voire sur le prochain pas.

J’ai beaucoup réfléchi à la nature de l’endurance durant la seconde moitié de ma vie. La fatigue a commencé à s’installer lorsque j’étais encore au séminaire. Les études, le travail, les relations et les autres responsabilités me donnaient l’impression d’une course longue et interminable. Je pensais que c’était temporaire et que ma vie d’adulte serait structurée et stable, ce qui me permettrait de reprendre mon souffle et de répondre de manière durable aux besoins de la vie au fur et à mesure qu’ils se présenteraient. Mais après avoir franchi la ligne d’arrivée de mes études supérieures, j’ai constaté que la course s’était simplement allongée : maladies chroniques, enfants toujours dans le besoin, transitions et exigences professionnelles, difficultés relationnelles, pertes qui ont causé des chagrins sans fin, et pour couronner le tout, une pandémie. Inutile de préciser que je suis fatiguée, tant physiquement que mentalement.

Dans cet état de fatigue, il peut être difficile d’entendre les encouragements d’amis et de proches bien intentionnés qui semblent banals : « Continue !… Ça ira mieux… Les journées sont longues, mais les années passent vite… », etc. Même les Écritures peuvent parfois donner cette impression, comme ces paroles d’Ésaïe 40.30-31 : « Ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellent leur force… Ils courent et ne se lassent point, ils marchent et ne se fatiguent point. » J’entends ces paroles et je me dis qu’elles doivent parler de quelqu’un d’autre.

Heureusement, ma réaction tiède à ces « encouragements » a été renforcée par un message plus fort et plus doux que j’entends directement de la bouche de Jésus lui-même :

« Ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellent leur force… Ils courent et ne se lassent point, ils marchent et ne se fatiguent point. » J’entends ces paroles et je me dis qu’elles doivent parler de quelqu’un d’autre.

  • Il m’accueille et agit avec compassion et tendresse lorsque je suis fatiguée (Matthieu 11.28-30). Il sait que les attentes que j’ai envers moi-même peuvent être trop élevées ou trop lourdes. Il m’invite à ralentir le rythme et à trouver des moyens modestes et réguliers d’avancer dans la foi, même lorsque mes efforts semblent dérisoires ou inutiles aux yeux du monde qui m’entoure (Luc 10.38-42). Même dans les journées les plus éprouvantes, je peux me tourner vers lui en toute confiance, m’attendant à recevoir du réconfort et du soulagement plutôt que de nouvelles déceptions ou de nouvelles exigences.
  • Il sait que je suis limitée, c’est pourquoi il m’encourage à me concentrer avant tout sur mes prochains pas, car anticiper la manière dont j’arriverai jusqu’au bout est tout simplement trop lourd à porter pour moi. Même si mon corps, mes ressources et mes relations venaient à décliner ou disparaître, il continue de nourrir en moi l’espoir d’une gloire qui survivra à toutes les pertes, y compris à ma propre mort (Matthieu 6.25-34). Il me donnera toujours la force d’accomplir ce qu’il attend de moi, et je ne manquerai donc jamais, ni de la force ni de la foi nécessaires pour réaliser ses desseins.
  • Quand je crains qu’il soit distant ou qu’il se contente de m’encourager depuis le bord de la piste, je me souviens que sa propre participation à cette course lui permet de comprendre intimement ma fatigue.

    Même dans les journées les plus éprouvantes, je peux me tourner vers Jésus en toute confiance, m’attendant à recevoir du réconfort et du soulagement plutôt que de nouvelles déceptions ou de nouvelles exigences.

    Le fait qu’il ait lui-même couru cette course garantit non seulement que ma souffrance aboutira à un gain inimaginable, mais cela signifie aussi que je ne courrai jamais seule. Jésus est mon partenaire toujours présent, courant sans cesse à mes côtés ainsi qu’aux côtés de mes coéquipiers. Sa nuée de témoins m’entoure en permanence (Hébreux 12). Mon union avec Christ imprègne tout ce que je fais et donne un sens profond et une présence royale à chacune de mes foulées.

J’imagine qu’aujourd’hui, vous vous sentez peut-être fatigué vous aussi, et que comme moi, vous aspirez à ce que cette lassitude disparaisse. Même si elle risque de nous accompagner jusqu’à la fin de cette course qu’est la vie, Jésus restera toujours à nos côtés et il ne nous abandonnera jamais. Profitez de ce moment pour fermer les yeux et l’imaginer à vos côtés, vous murmurant à l’oreille : « Pour la joie qui nous attend, terminons cette course ensemble. »

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