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Jacques

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Matériel d'introduction

Introduction

J’aime beaucoup le livre de Jacques. Éminemment pratique, l’épître est remplie d’exhortations vivantes à mener une vie pieuse. Elle offre aussi des conseils très concrets dans bon nombre de domaines : les épreuves, la pauvreté, la richesse, le favoritisme, la justice, la parole, la planification de projets, la prière et la maladie. Cependant, la clarté de cette épître est une épée à deux tranchants, car son appel à vivre des idéaux bibliques se révèle plus difficile à mettre en pratique qu’à comprendre. En mettant un nom sur nos échecs, Jacques est presque trop perçant, car il démontre que nous ne pouvons pas obtenir la faveur de Dieu en nous efforçant d’être saints. Ainsi, Jacques (1) décrit la vie de piété, (2) révèle l’étendue du péché humain et (3) soulève la question de notre capacité à plaire à Dieu. Jacques dit : « Ne vous contentez pas d’écouter la parole et de vous tromper vous-mêmes. Faites ce qu’elle dit. » (Jac 1:22, trad.de la NIV). Mais en sommes-nous capables ? En réalité, Jacques exige une obéissance qui n’est réalisable par aucun d’entre nous. Nous devons résoudre la tension entre les exigences de Jacques et notre incapacité à y répondre.

Si Paul avait été l’auteur de cette épître, il aurait pu expliquer la notion de rédemption et de justification. Mais Jacques ne fait jamais mention de la croix ou de l’expiation, il ne parle jamais de la justification par la foi ou de la rédemption. L’absence de ces éléments incite vraiment les observateurs à se demander où se trouve l’Évangile chez Jacques, d’autant plus qu’il ne mentionne le nom de Jésus que 2 fois, en passant (Jac 1:1 ; 2:1). Nous retrouvons bien 14 citations de la « foi », mais 11 d’entre elles se trouvent dans Jacques 2:14-26, soulignant que la foi sans les œuvres est morte (Jac 2:17, 26). Il nous faut donc comprendre la manière dont Jacques annonce l’Évangile.

Comment Jacques comprend-il l’Évangile ?

Le zèle de Jacques pour l’obéissance se révèle dans ses 59 commandements regroupés dans 108 versets. En effet, il affirme que le fait d’obéir à la parole de Dieu est la marque d’une foi authentique. Cette obéissance est essentielle, Jacques déclare : « La personne qui obéit à toute la loi mais qui pèche contre un seul commandement est en faute vis-à-vis de l’ensemble » (Jac 2:10 ; cf. 4:17). Jacques fait mention de 3 caractéristiques de la « religion authentique » et celles-ci structurent la plus grande partie du livre. Ceux qui sont vraiment religieux accomplissent 3 choses. Ils « tiennent [leur] langue en bride », ils « s’occupent des orphelins et des veuves dans leur détresse », et ils ne sont pas « souillés » par le monde (Jac 1:26-27). Les chapitres 2 à 4 de l’épître de Jacques révèlent de façon remarquable que personne ne répond à ces critères. Nous devons contrôler notre langue, mais aucun homme ne peut la dompter (Jac 3:1-8). Nous devons prendre soin des nécessiteux, mais nous sommes prêts à leur souhaiter bonne chance et à ne rien faire pour les aider (Jac 2:15-17). Et nous devons éviter de nous laisser souiller par le monde, alors que nos « passions » et nos querelles prouvent que nous aimons le monde (Jac 4:1-4).

Si personne n’est capable de vivre une religion authentique, tous sont donc passibles du jugement. Pourtant, Jacques affirme que « la compassion triomphe du jugement » (Jac 2:13 ; 5:11). Le point culminant de l’épître, Jacques 4:6, explique comment la compassion triomphe : étant donné que personne ne maîtrise correctement ou pleinement sa langue, ne prend soin des nécessiteux ou ne reste sans tache, Dieu « donne plus de grâce ». Jacques renforce la leçon en 4:10, en ordonnant : « Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera ». Voici l’Évangile selon Jacques : personne ne vit de manière constante une religion authentique. C’est pourquoi le Père, qui donne de bonnes choses (Jac 1:5, 17), nous offre le don suprême -­ la grâce salvatrice pour les humbles.

Quelles sont les correspondances entre l’épître de Jacques et le reste de la Bible ?

Les livres de Job, de l’Ecclésiaste, des Proverbes et certains Psaumes sont souvent appelés « littérature de sagesse ». L’épître de Jacques ressemble à ces livres de sagesse de manière significative. Jacques et Salomon sont d’accord sur le fait que la sagesse est un don qu’il est juste de demander à Dieu (1 Rois 3:7-12 ; Jac 1:5-8). Ils sont également d’accord sur le fait que nous pouvons travailler pour la sagesse. Pour acquérir la sagesse, nous méditons sur l’Écriture et nous observons le monde et en faisons un objet de méditation. C’est pourquoi l’expression « J’ai vu » (Job 4:8 ; 5:3 ; Eccl 1:4 ; Eccl 3:10 ; Eccl 5:13 ; Eccl 10:5-7) revient souvent dans la littérature de sagesse ou « Si tu vois »  (Prov 22:9 ; Prov 26:12 ; Prov 29:20). Jacques exhorte également son lecteur à voir le lien inexorable existant entre la foi et les œuvres (Jac 2:22-24) et à constater la façon dont les agriculteurs et le Seigneur travaillent de concert (Jac 5:7, 11). Jacques emprunte des éléments du style de la sagesse parce qu’il partage les intérêts de la littérature de sagesse : la foi authentique, le rôle de l’épreuve et de la discipline, le pouvoir et les perversions de la langue, l’attrait et la vacuité de la richesse, et le contraste entre la justice et la méchanceté.

Jacques médite aussi sur les enseignements de Jésus. Quand Jacques 2:8 dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », il appelle ce commandement « la loi royale » ce qui veut dire que c’est la loi-même du roi Jésus. Alors que le livre du Lévitique et l’épître aux Romains contiennent le même commandement, Jésus le répète et déclare qu’il résume la loi (Matt 5:43 ; Matt 19:19 ; Matt 22:39). Jacques nous montre souvent qu’il est immergé dans les enseignements de Jésus. Même s’il ne cite pas Jésus, il adopte le langage de Jésus et le réapplique pour son église. Il dit, par exemple, que le fait de s’élever conduit à l’humiliation (Jac 4:6-10 // Luc 14:11 ; Luc 18:9). Il nous demande de ne pas nous juger les uns les autres (Jac 4:11-12 // Matt 7:1-5). Il déclare que la teigne et la rouille détruisent les richesses (Jac 5:2 // Matt 6:19). Et il interdit les serments (Jac 5:12 // Matt 5:33-37).

Ainsi, l’épître de Jacques semble dépendre d’autres livres canoniques. Ceci est particulièrement significatif si nous nous rappelons que Jacques ne mentionne jamais la croix, le sang de Christ, la justification par la foi ou d’autres thèmes qui mettent l’accent sur l’accomplissement de la rédemption. Jacques se fonde sur l’histoire de Jésus, le Rédempteur, relatée dans les Évangiles. Il reprend la proclamation du pardon, de la réconciliation avec Dieu et de la justification par la foi, présentée dans les Actes des Apôtres et par Paul. Il applique ces leçons à son peuple. Soucieux d’éviter une orthodoxie morte, il appelle à des actes qui prouvent l’authenticité de la foi. Il exhorte également son peuple à confesser ses péchés pour trouver le pardon et la guérison (Jac 5:15-16). Mais comme nous l’avons vu, l’apothéose de l’épître de Jacques se trouve en Jac 4:5-10. Après avoir terminé son réquisitoire contre le péché humain en 4:5, Jacques dit : « Mais la grâce qu’il [Dieu] accorde est plus grande encore. C’est pourquoi l’Écriture dit : Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles ». La double mention de la grâce de Dieu au point culminant de la rhétorique du livre montre que l’évangile de Jacques constitue le message de la grâce de Dieu pour les pécheurs.

But de l'épitre

Jacques enseigne à l’Église ce que signifie posséder la religion authentique, connaître Christ comme Seigneur dans tous les domaines de la vie, nous humilier nous-mêmes et recevoir sa grâce lorsque nous n’atteignons pas nos idéaux.

Verset-clé

« Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera. »

— Jacques 4:10 S21

Plan

I. Salutation (1:1)

II. Les épreuves sont une caractéristique constante d’une vie de foi (1:2–15).

A. Les épreuves apportent la maturité (1:2–4).

B. Nous avons besoin de sagesse pour supporter les épreuves de la foi, telles que le fait d’être pauvre ou riche (1:5–11).

C. Si nous ne passons pas le test d’une épreuve, nous ne devons pas nous en prendre à Dieu, mais nous examiner nous-mêmes (1:12–15).

III. Dieu accorde des dons et non des tentations ; sa Parole est le don suprême (1:16–25).

A. La Parole nous rend spirituellement vivants et sauve nos âmes (1:16–21).

B. Si nous écoutons véritablement la Parole, nous devons faire ce qu’elle nous dit (1:22– 25).

IV. Jacques présente 3 mises à l’épreuve de la religion authentique, qu’aucun de nous ne peut réussir (1:26–2:13).

A. Ces mises à l’épreuve sont le contrôle de la langue, le souci des pauvres et l’abstention des souillures du monde (1:26–27).

B. Jacques illustre ces 3 mises à l’épreuve à travers une affaire de partialité (2:1–7).

C. Nous devons respecter l’ensemble de la loi, car elle vient du Roi Jésus (2:8–13).

V. Échec à l’épreuve 1 : Nous ne nous soucions pas des pauvres comme nous le devrions (2:14–26).

VI. Échec à l’épreuve 2 : Nous ne contrôlons pas nos langues comme nous le devrions (3:1–12).

VII. Échec à l’épreuve 3 : Nous ne fuyons pas la « sagesse » du monde et ses désirs comme nous le devrions (3:13–4:4).

VIII. Dieu donne la grâce aux humbles, ceux qui reconnaissent qu’ils ont échoué à ces épreuves (4:5–10).

IX. Une humilité motivée par l’Évangile se manifeste de manière négative et positive (4:11–5:20).

A. Les croyants ne se condamnent pas les uns les autres (4:11–12).

B. Les croyants ne font pas des projets pleins d’arrogance (4:13–17).

C. Les croyants n’abusent pas des pauvres (5:1–6).

D. Les croyants attendent le Seigneur patiemment  (5:7–12).

E. Les croyants apportent au Seigneur chaque joie et chaque tristesse  (5:13–18).

F. Les croyants s’efforcent d’aider celui qui s’égare (5:19–20).

Les salutations de Jacques (1:1)

L’auteur de l’épître de Jacques était le demi-frère de Jésus. Avant la résurrection, les frères de Jésus ne le suivaient pas et se moquaient même de lui (Jean 7). Mais après la résurrection et dans sa grâce, Jésus est apparu à Jacques. Il a cru et est devenu un conducteur de l’Église (Actes 15). Il se désigne lui-même humblement comme un serviteur de Dieu et appelle Jésus son Seigneur. L’Église, ce sont « les douze tribus » parce qu’elle est le nouvel Israël.

Les épreuves sont une caractéristique constante de la vie de foi (1:2–15)

1:2–4 La vie nous apporte constamment des peines et des mises à l’épreuve. Les épreuves affaiblissent souvent les gens, mais Dieu les conçoit pour développer en nous la persévérance et la maturité. Les gens disent communément que les épreuves font croître la foi et la patience, mais Jacques nous dit que les épreuves nous rendent « parfaitement qualifiés, sans défaut ». Ainsi, l’épreuve peut être le remède à n’importe quelle faille spirituelle. Lorsque les épreuves sont efficaces, les croyants ne manquent « de rien ». Cependant, pour « ne manquer de rien », nous avons besoin de sagesse pour gérer correctement les épreuves.

1:5–8 Si quelqu’un manque de sagesse, il devrait la demander à Dieu avec confiance pour 3 raisons. Dieu est généreux, il donne à tous et il nous donne sans nous reprocher nos besoins. Cependant, nous devons la demander sincèrement, car une foi authentique nous unit à lui. Il vaut mieux douter qu’être incrédule, et nous devons faire part à Dieu de nos doutes sincères, mais il est préférable d’avoir une foi ferme.

1:9–12 Devant Dieu, riches et pauvres, grands et petits sont égaux -­ ils sont de condition humble et mortels. Jacques déclare béni « l’homme qui tient bon face à la tentation », lui promettant la « couronne de la vie ». Cette couronne n’est pas un don spécial pour ceux qui sont arrivés au plus haut niveau ; la couronne de la vie, c’est la vie en elle-même. Dieu donne la vie éternelle à tous ceux qui « l’aiment ». Ainsi Dieu bénit l’homme qui persévère dans les épreuves et il promet de le couronner par une vie de résurrection que les disciples reçoivent par la foi.

1:13–15 Dieu nous envoie des épreuves dans le but de nous fortifier, mais Jacques sait que certains accusent Dieu de les tenter et, quand ils pèchent, ils le reprochent au Seigneur. Mais la tentation ne nous attire que lorsque nous avons envie de pécher. Nous ne pécherons jamais à moins que nous ayons le désir de commettre le péché. Personne ne peut être tenté de manger des aliments qu’il déteste. Pour être tenté par de la viande ou des gâteaux, je dois les désirer. De même, je ne peux pas être tenté de crier sur quelqu’un ou de le frapper s’il n’y a pas de haine ou d’animosité en moi. Le désir de pécher, en criant ou en frappant sous l’effet de la colère, est donc motivé par quelque chose en nous, et les croyants devraient se repentir d’avoir de tels désirs (1:14). Les croyants peuvent et doivent résister à leurs désirs pécheurs, afin de ne pas commettre de péchés (1Cor 10:13). En résistant aux désirs pécheurs, nous crucifions le « vieux moi » et mettons fin à la domination du péché (Rom 6:5-19). La résistance aux désirs pécheurs est importante, car Jacques nous avertit que les mauvais désirs peuvent conduire à des actes et à des habitudes pécheurs. Si le péché se développe suffisamment, il « produit la mort ». L’appel à résister aux désirs pécheurs ou à les « mortifier » constitue un défi pour ceux qui vivent avec des tentations chroniques ou permanentes telles que la convoitise et la colère, car les désirs pécheurs sont eux-mêmes pécheurs. C’est un péché de vouloir donner un coup de poing sur le nez de quelqu’un, même si on ne le fait jamais. Cette bataille contre le péché est particulièrement difficile lorsque nous luttons contre des désirs désordonnés, permanents et non souhaités, liés au sexe, aux dépendances ou aux compulsions. Dans de tels cas, voici deux remarques qui ne sont pas faciles à concilier : (1) les croyants doivent faire mourir les mauvais désirs, et (2) les croyants qui font face à des tentations permanentes ne sont pas condamnés à vivre dans le péché perpétuel. Comme les autres croyants, ils ont été « libérés du péché » (Rom 6:14).

Dieu accorde des dons et non des tentations ; sa Parole est le don suprême (1:16–25)

1:16–18 Les épreuves que Dieu envoie peuvent être des dons, si nous les recevons de la bonne manière. En effet, la générosité de Dieu ne change jamais et « tout don parfait » vient de lui. Son don le plus grand, c’est la nouvelle « naissance », c’est-à-dire la régénération ; Dieu la produit « par la parole de la vérité ». Ailleurs dans le Nouveau Testament, la formule « la parole de la vérité » fait allusion à l’« Évangile ». Éphésiens 1:13 dit : « Après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile qui vous sauve, en lui vous avez cru et [vous] avez été marqués de l’empreinte » du Saint-Esprit (cf. Col 1:5-6). L’Évangile donne donc la vie.

1:19–21 Nous devrions toujours être « prompts à écouter, lents à parler, lents à nous mettre en colère ». Mais nous devrions être particulièrement prompts à écouter l’Évangile, car il nous convainc de péché. Jacques met en opposition le fait de nous laisser aller facilement à la colère avec la résolution à écouter la Parole de Dieu et à prendre garde à ce qu’elle nous dit. Il est possible de se mettre en  colère contre le péché, comme nous le voyons quand Jésus purifia le temple. Mais la plupart du temps la colère humaine est insensée, mal dirigée et égoïste, et n’apporte donc aucune « justice ». En revanche, la Parole convainc de péché. Si l’Évangile nous accorde une vie nouvelle, nous pouvons et devons « nous débarrasser » du péché qui est « rampant ». Le terme « rampant » fait référence à des mauvaises herbes à croissance rapide. Si nous voulons déraciner le péché, Jacques dit que la première étape est d’ « accueillir avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver votre âme ». En d’autres termes, la première étape ne consiste pas à travailler dur, mais à recevoir les vérités salvatrices de Dieu et à les laisser s’enraciner profondément en nous. La puissance des réformes morales réside dans la Parole de Dieu, implantée par son Esprit.

1:22–25 Par la grâce de Dieu nous pouvons devenir des « pratiquants de la parole ». Ceux qui vont à l’église peuvent s’imaginer qu’ils ont été méritants quand ils ont écouté un sermon et opiné du chef pour marquer leur approbation. Mais c’est se tromper soi-même et être insensé que d’écouter parler de nos transgressions et de ne pas y remédier. Il est absurde de se regarder dans une glace, d’y voir ses cheveux en désordre ou son visage sale et de ne rien faire pour changer sa propre apparence. De la même manière, la Parole de Dieu est un miroir pour nos âmes ; elle dévoile notre péché. Il est encore plus absurde de voir nos péchés, de les oublier et de ne rien faire pour y remédier. Quand nous plongeons nos regards dans la Parole de Dieu, sa « loi parfaite », nous découvrons que le péché nous asservit. Quand nous rejetons le péché, cela nous apporte la liberté et la bénédiction. Par exemple, un seul péché, comme le fait de mentir ou de s’enivrer, en entraîne souvent un autre. Les problèmes se multiplient rapidement et asservissent le pécheur. Mais l’acte courageux consistant à dire la vérité est libérateur et peut produire une honnêteté durable dans notre vie.

Jacques présente 3 mises à l’épreuve de la religion authentique, qu'aucun de nous ne peut réussir (1:26–2:13)

1:26–27 L’accent mis par Jacques sur le « faire » le conduit à mettre en évidence 3 signes accompagnant la religion authentique : le contrôle de la langue, le fait de prendre soin des orphelins et des veuves et le fait d’éviter de se laisser souiller par le monde. Le contrôle de la langue, organe qui pèche si facilement, est un signe de l’œuvre de Dieu dans le cœur. Et le fait de « visiter » -­ ce qui veut dire faire attention aux pauvres et prendre soin d’eux ­- c’est manifester la religion authentique, parce que les pauvres ne peuvent rien donner en retour. De manière frappante, Jacques 2-4 va révéler que personne ne contrôle sa langue, ne s’occupe des nécessiteux ou n’évite le monde comme il le devrait.

2:1–7 Bien que cette section semble inaugurer un nouveau sujet, le souci de la « partialité » -­ le fait de traiter les gens en fonction des apparences, plutôt qu’en fonction de leur foi et de leur valeur intrinsèque -­ ne fait que développer le thème de l’épître de Jacques. Il nous propose un cas d’école. Deux hommes, l’un riche, l’autre pauvre, entrent dans une réunion où un seul siège reste disponible. Le préposé à l’accueil, qui cherche peut-être un protecteur potentiel pour l’église, suit les normes de la société environnante et honore l’homme riche en le faisant asseoir « à une bonne place ». Lorsque le préposé laisse le pauvre debout ou assis à une place beaucoup moins avantageuse, il fait preuve de partialité. Il s’agit là d’une atteinte aux principes de la religion authentique. On dit toujours aux pauvres de s’asseoir par terre ; l’Église devrait être le seul endroit où tout le monde est traité avec dignité. Sur le plan spirituel, tout le monde est à la même place: c’est un pécheur devant un Dieu saint. Et tout le monde se tient debout par le même moyen -­ la foi en Jésus le Rédempteur. Faire du favoritisme, c’est nier l’Évangile, en action comme en intention, car Dieu a choisi les pauvres « pour les rendre riches dans la foi et héritiers du royaume ». La scène est également une illustration de la violation des signes de la religion énoncés en 1:26-27. Tout d’abord, le préposé utilise sa langue pour humilier le pauvre. Deuxièmement, les orphelins et les veuves représentent les pauvres, et, dans cette scène, les pauvres sont une fois de plus maltraités. Troisièmement, honorer les riches au détriment des pauvres, c’est agir comme « le monde », pour attirer les faveurs des riches et des puissants. C’est également absurde, car les riches ont tendance à « opprimer » l’Église et à « nous traîner devant les tribunaux », où le juge peut œuvrer pour l’injustice. Enfin, il existe peu de croyants riches (1Cor 1:26-30), car les riches sont orgueilleux, au point de « blasphémer » le Seigneur.

« Faire du favoritisme, c’est nier l’Évangile. »

2:8–13 Par ses injonctions, Jacques communique directement la loi royale, la loi du Roi Jésus. Jésus lui-même l’a affirmée à plusieurs occasions (Matt 19:19 ; Matt 22:39 ; Luc 10:26), et Jacques, tout comme Paul, la répète. Ceci permet à Jacques de montrer que le favoritisme n’est pas un petit péché. Il viole à la fois la loi de l’amour et celle de l’Évangile. Dieu juge tous les hommes en vertu de la même loi, les rachète tous par la même grâce et par la foi qui s’appuie sur le Seigneur Jésus-Christ (Jac 2:1). De plus, tous les péchés sont graves, car ils violent tous la loi du Roi, qui a donné tous les commandements. La violation délibérée d’un seul commandement constitue un manque de loyauté envers le Roi et fait de son auteur un « transgresseur ». Si quelqu’un objecte que le favoritisme est un petit péché, le genre que l’on peut à peine détecter, et encore moins éviter, ne fait pas changer Jacques d’avis. Même un petit péché viole la loi et offense la personne du Roi, car « Dieu est amour » (1 Jn 4:8).

En outre, Jacques déclare : « La personne qui obéit à toute la loi mais qui pèche contre un seul commandement est en faute vis-à-vis de l’ensemble ». Enfreindre la loi ne revient pas à enlever une brique d’un mur de briques appelé « bonnes actions ». Enfreindre la loi, c’est prendre une brique et la jeter par la fenêtre. La raison, comme l’explique Jac 2:11, est que Dieu a édicté toutes ses lois. Si quelqu’un ne commet pas d’adultère, mais commet un meurtre, il viole quand même la volonté de Dieu et la loi qui le représente.

Si quelqu’un choisit les lois auxquelles il veut obéir, il se prend pour Dieu. Dieu a donné chaque loi. Si nous pensons : « Je vais observer la loi sur l’adultère, mais je ne respecterai pas celle sur le meurtre », alors nous n’obéissons qu’aux lois que nous jugeons acceptables. Si nous n’obéissons qu’aux lois qui nous semblent justes, alors nous n’obéissons que quand cela répond à nos normes ou à nos objectifs. Cette façon de voir place le ‘moi’ sur le trône. Si nous choisissons parmi les commandements, nous n’obéissons jamais vraiment à Dieu. Si nous n’obéissons qu’aux lois qui nous conviennent et que nous désobéissons dans le cas contraire, nous nous prenons pour l’arbitre final. En effet, nous consultons Dieu, mais nous restons maîtres de notre vie. Ainsi, l’obéissance est tout ou rien : nous nous soumettons à Dieu totalement ou pas du tout.1 Au lieu de nous comporter comme des seigneurs, nous devrions nous rappeler que nous sommes passibles d’un jugement. Cela semble effrayant, sauf que, grâce à Christ, « la miséricorde l’emporte sur le jugement », car « le Seigneur est plein de tendresse et de compassion » (Jac 5:11).

Échec à l’épreuve 1 : Nous ne nous soucions pas des pauvres comme nous le devrions (2:14–26)

Jacques 2:14–26 nous montre qu’il existe une « foi » qui ne peut pas sauver. Cette foi produit de bonnes paroles, mais pas d’œuvres, ce qui démontre qu’elle est « morte » (2:14–17). Jacques demande d’abord : « À quoi sert-elle » ou « Quel est le bénéfice… pour quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Cette foi peut-elle le sauver ? » (2:14). En d’autres termes, toute forme de foi est-elle salvatrice ? Jacques affirme qu’une foi qui produit de bonnes paroles, mais qui ne fait rien d’autre, ne peut pas sauver. Une « foi » qui affirme une théologie orthodoxe mais qui ne génère pas d’actions ou d’œuvres est inutile. Jacques insiste sur ce point à 3 reprises : « Si elle ne produit pas d’œuvres, la foi est morte en elle-même » (2:17). Encore une fois : « La foi sans les œuvres est morte » (2:20). Et encore : « La foi sans les œuvres est morte » (2:26).

2:14–17 Jacques illustre son enseignement de 4 façons. Premièrement, la foi qui ne s’accompagne pas d’actes de compassion envers un frère qui est dans le besoin ne fait aucun bien à cette personne. Jacques décrit un frère ou une sœur pauvres. Ils n’ont pas beaucoup de vêtements ou ils ont des vêtements en lambeaux, si bien qu’ils ne peuvent pas se réchauffer. Ils n’ont même pas de quoi se nourrir au quotidien. Une foi authentique prend en charge ces besoins, mais la foi vaine dit : « Partez en paix, mettez-vous au chaud et rassasiez-vous », et ne fait rien. Au dernier jour, lorsque Jésus jugera l’humanité, il notera si nous avons aidé ceux qui se trouvaient dans le besoin. Il rassemblera les croyants et il leur dira : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire » (Matt 25:36-40). La vraie foi répond aux besoins des frères ou des sœurs. La fausse foi n’offre que de bonnes paroles et de fausses bénédictions. La bénédiction : « Allez en paix » est commune dans l’Écriture (Juges 18:6 ; Luc 7:50). Elle signifie : « Que Dieu chemine avec vous ». Mais certains veulent dire : « Que Dieu vous accompagne, car je ne le ferai pas ». Le jargon religieux cache donc un cœur dur.

La phrase « Mettez-vous au chaud et rassasiez-vous » pourrait vouloir dire : « Vous devriez prendre soin de vous. Vous avez l’air maigre, vous devriez manger plus ». Hélas, le pauvre homme sait qu’il devrait manger plus, mais il n’a pas de nourriture. Cela pourrait aussi signifier : « Que Dieu te réchauffe et te nourrisse, car je ne le ferai pas ». C’est un peu comme si l’on disait : « Tu devrais demander de la nourriture à Dieu ». Mais peut-être que la pauvre sœur a demandé, et que Dieu attend de nous que nous devenions ses agents. Jacques demandait déjà : « Que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres? » Il répond que cela ne sert à personne. Une foi qui ne fait rien pour un autre croyant est inutile et morte. Elle n’a pas été ramenée à la vie par la parole de vérité (Jc 1:18) et n’a pas non plus reçu la parole plantée qui peut sauver les âmes (1:21).

2:18–19 Deuxièmement, les démons ont des idées orthodoxes au sujet de Dieu et cela les terrifie. Leur « foi » – des idées théologiques orthodoxes et rien de plus -­ est inutile. Les démons vivent dans la terreur parce qu’ils ne se soumettent pas à Dieu.

2:20–24 Troisièmement, la foi d’Abraham a accompli des œuvres « quand il a offert son fils Isaac sur l’autel » et « par les œuvres sa foi a été menée à la perfection ». Quand Jacques déclare qu’Abraham fut « considéré comme juste sur la base de ses actes », il veut dire que la déclaration de foi d’Abraham a été confirmée ou validée, et non pas qu’il ait gagné son salut. Il sait qu’« Abraham eut confiance en Dieu et que cela lui fut compté comme justice ». Là encore, Abraham prouva par ses œuvres que sa foi était authentique.

2:25–26 Pour finir, Rahab a été « considérée comme juste sur la base de ses actes » quand elle a pris soin des « messagers » d’Israël qui venaient espionner Jéricho. Elle a prouvé que sa foi dans le Dieu d’Israël était authentique en risquant sa vie pour eux. Elle a ainsi démontré sa loyauté envers le Seigneur. Rahab, une païenne et une prostituée, contraste en tous points avec Abraham, sauf que ses œuvres ont également prouvé que sa foi était réelle. En bref, la foi morte se contente de paroles et d’idées, mais la foi authentique est vivante. Elle est à l’origine de grandes actions.

Échec à l’épreuve 2 : Nous ne contrôlons pas notre langue comme nous le devrions (3:1–12)

3:1–2 La seconde mise à l’épreuve de la foi authentique est le contrôle de la langue (cf. 1:26–27). Mais hélas, « aucun homme ne peut la dompter » (3:8). La première phrase est surprenante : « Ne soyez pas nombreux à vouloir devenir des enseignants car, vous le savez, mes frères et sœurs, nous serons jugés plus sévèrement ». Les enseignants en savent plus et, de ce fait, ils sont responsables de mettre en pratique ce qu’ils savent (4:17), mais le problème immédiat est que tout le monde trébuche et que nous chutons surtout dans nos paroles. Nous parlons et écrivons à la hâte, sous l’emprise de la colère et de l’orgueil ; et il en résulte souvent du péché. C’est parce que les enseignants parlent beaucoup qu’ils sont le plus susceptibles d’échouer. Même le grand prophète, Ésaïe, dut confesser : « Je suis un homme aux lèvres impures » (Ésa 6:5).

3:3–8 La langue est petite mais a une grande influence. Comme le mors dans la bouche des chevaux ou le gouvernail qui guide les bateaux, la langue a une influence considérable. Nous passons à côté de l’essentiel si nous pensons que Jacques veut simplement dire que nous devons nous contrôler. Il vient de dire que nous ne pouvons pas le faire (3:1-2), et il le répétera encore (3:8). Il ne s’agit pas non plus de dire que le contrôle de la langue est la clé de toute maîtrise de soi. On peut penser que le mors contrôle le cheval, que le gouvernail dirige le navire et que la langue contrôle les gens. Par conséquent, maîtriser la langue, c’est se maîtriser soi-même.

Cette idée est séduisante, car elle donne à chacun une tâche primordiale. Mais ce point de vue est en contradiction avec d’autres passages de l’Écriture. Avant tout, Jésus dit que notre cœur contrôle notre langue. « La bouche exprime ce dont le cœur est plein ». Ainsi, les bons disent de bonnes choses et les méchants disent de mauvaises choses (Mt 12:34). Puisque nous serons jugés d’après nos paroles (Mt 12:37), il est vital de contrôler notre langue. Mais Jacques 3 comporte une autre dimension. Les illustrations qu’il utilise semblent être composées de 2 éléments : le mors et le cheval, le gouvernail et le navire, la langue et l’homme. Mais après examen, nous constatons que chaque analogie comporte un troisième élément, un agent de contrôle, qui exerce sa volonté par l’intermédiaire d’un mors, d’un gouvernail et d’une langue. Les cavaliers utilisent le mors pour diriger leurs chevaux. Les pilotes utilisent le gouvernail pour guider leurs bateaux. Et les humains dirigent leur langue pour parler. Si le cœur guide la langue, nous ne pouvons pas nous contenter de prendre la résolution de contrôler notre langue. Il nous faut examiner le cœur, source de toute résolution.

Nous allons y revenir mais, tout d’abord, Jacques répète que la langue a un grand pouvoir de destruction. Une explosion peut commencer par une étincelle et la langue peut allumer un feu spirituel ou moral qui va provoquer l’injustice et mettre le feu à « tout le cours de la vie ». Les humains peuvent maîtriser toutes sortes d’animaux -­ faucons, éléphants et phoques. Ils peuvent contrôler le vent, le feu et les éléments, mais « aucun homme … ne peut dompter la langue » en dépit de sa taille si petite. Ce conseil peut sembler désespérant, mais Jacques laisse entendre que si aucun être humain ne peut dompter la langue, puisqu’elle est mauvaise, Dieu peut peut-être le faire. Comme il l’a dit précédemment : « la parole de vérité … la parole plantée en vous » peut vaincre la méchanceté (1:18, 21).

3:9–12 Pourtant, la langue est mystérieuse, paradoxale. Par elle, nous bénissons le Seigneur et par elle, nous maudissons les hommes faits à son image. Un arbre peut-il porter deux sortes de fruits ? Une source peut-elle « produire » à la fois de l’eau douce et de l’eau salée ? Non. Il est donc absurde d’utiliser la langue pour bénir les autres à un moment donné et les maudire l’instant d’après. Notre incohérence devrait nous faire crier à Dieu pour lui demander d’intervenir. Nous devrions nous repentir des péchés de la langue. Nous ne devrions pas les nier, trouver des excuses ou revendiquer notre supériorité sur les autres. Si nous chutons en paroles, nous devons l’admettre et implorer la grâce du pardon et la grâce de la puissance pour commencer, au moins, à utiliser la langue correctement.

Échec à l’épreuve 3 : Nous ne fuyons pas la « sagesse » du monde et ses désirs comme nous le devrions (3:13–4:4)

3:13–16 Nous avons affaire ici à un interlude reliant les thèmes de la parole et de la mondanité. Dans ces deux passages, Jacques présente deux chemins : La langue va-t-elle bénir ou maudire (3:1–12) ? Une personne va-t-elle aimer la sagesse du monde ou la sagesse de Dieu (3:13–18) ? Jacques ne dit pas : « Choisissez bien, mes amis, suivez le droit chemin ». Cela est impossible. Personne ne peut dompter sa propre langue (3:8). Personne ne peut contrôler ses passions ou s’empêcher de juger ou encore brider tout orgueil (4:3, 11–16). Si Dieu donne la sagesse et nous fait renaître par la parole, alors on peut suivre le droit chemin (1:5, 18). Dans ce contexte, Jacques présente 2 manières de vivre, 2 sortes de sagesse. Le sage va montrer sa sagesse en ayant un bon comportement, en produisant des œuvres empreintes de douceur, d’humilité et en vivant une vie marquée par la paix, la bonté et la compassion (3:13, 17–18). Il existe une seconde sorte de « sagesse », qui est « terrestre, purement humaine, démoniaque », caractérisée par la jalousie (ou l’« envie ») et l’« esprit de rivalité » (3:14, 16 ; 4:5). La sagesse du monde s’empare de tout ce qu’elle peut obtenir et en veut à ceux qui ont plus. S’il n’y a pas de Dieu, s’il n’y a rien au-delà de ce monde et de son ciel, il est logique de s’emparer de tout ce que l’on peut et de le dépenser pour soi-même, même si cela engendre « du désordre et toutes sortes de pratiques mauvaises ».

3:17–18 Mais il existe un autre type de sagesse. Elle vient « d’en haut » et est pure, porteuse de paix, douce, conciliante, pleine de bons fruits, sans hypocrisie et sans parti pris. On pourrait étudier longuement chacune de ces vertus, mais nous pouvons mettre l’accent sur la douceur et l’amabilité (3:13, 17). Le monde ne choisit jamais la douceur, il choisit l’affirmation de soi et revendique ses droits. Il pousse et intimide. Les croyants n’ont pas besoin d’être timides ou en retrait et ils peuvent se montrer audacieux et tenaces, mais ils n’insistent pas sur leurs privilèges. S’ils exigent, ils le font pour les autres. Dans le dialogue, ils se laissent enseigner, ils sont ouverts à la raison, lents à s’offenser, jamais querelleurs. S’ils corrigent quelqu’un, ils le font avec douceur (2Tim 2:24-25). Ils atteignent ainsi cette rare combinaison de droiture et de paix.

4:1–4 La sagesse d’en haut est une denrée rare, car les « passions » ou les désirs pécheurs gouvernent tant de gens. Les passions provoquent des querelles « parmi », c’est-à-dire entre les gens, parce qu’elles provoquent d’abord des conflits à l’intérieur de chacun. Imaginez une famille aux ressources limitées. Supposons que le mari veuille un nouvel équipement sportif et que la femme veuille un nouvel équipement de cuisine. Chacun espère être un bon époux, mais tous deux tiennent à leurs désirs. Ils font donc l’expérience d’une guerre interne et peut-être aussi externe. Dans le pire des cas, la « sagesse » mondaine, qui s’exalte elle-même, suscite des querelles, des bagarres et même des meurtres ­- généralement sous la forme de paroles haineuses, mais parfois par des meurtres ou des guerres au sens littéral du terme.

La phrase : « Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas » s’adresse à ceux qui se revendiquent croyants. Ils désirent des choses, mais sachant que leurs désirs sont égoïstes, ils n’osent même pas demander, comme s’ils pensaient que Dieu ne sait pas à quel point leurs désirs sont égoïstes. Mais s’ils réalisent que Dieu connaît leurs cœurs, ils demandent et Dieu dit « non » parce qu’ils « demandent mal », ne cherchant qu’à satisfaire leurs « passions ». Pour un croyant, vivre pour des passions égoïstes est un adultère spirituel, pas un péché ordinaire. C’est un adultère parce que le disciple prétend aimer Dieu, mais il a un autre amant -­ ses désirs. Jacques nous met à nouveau devant un choix : on peut être ami de Dieu ou ami du monde. Se lier d’amitié avec le monde, c’est devenir ennemi de Dieu. Dans ce passage, « le monde » ne fait pas référence à la bonne création de Dieu, mais au mode de vie impie qui exclut Dieu à chaque instant (Jean 14:27 ; Jean 15:18-19). Dans les Écritures, les amis partagent des valeurs. On ne peut pas être ami de Dieu et ami de ceux qui le haïssent.

Dieu donne la grâce aux humbles, ceux qui reconnaissent qu’ils ont échoué à ces épreuves (4:5–10)

Cette section est l’« Évangile selon Jacques ». Le passage de Jacques 4:4 s’est conclu par la déclaration que chacun doit choisir entre l’amitié de Dieu et l’amour du monde. Malheureusement, la nature humaine, sans aide, choisira toujours le monde et les hommes échoueront aux 3 tests de la religion authentique. Ils n’aideront pas les nécessiteux, ne contrôleront pas leur langue, et ils sont souillés par le monde (Jac 1:26-27). Voilà de quoi plonger le lecteur attentif dans le désespoir si les versets suivants ne nous apportaient pas de l’espoir. Puisque « Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais qu’il fait grâce aux humbles » (4:6), l’étude de Jacques sur les faillites humaines nous prépare à recevoir la grâce. En effet, ce passage se conclut par une citation de Jésus : « Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera » (4:10, tiré de Luc 14:11 ; Luc 18:14).
4:5 Le texte grec de ce verset est très difficile à traduire. Il comporte 3 énigmes principales. Premièrement, l’« esprit » dont il est question est-il l’Esprit de Dieu ou l’esprit humain ? (L’original grec ne comporte pas de majuscule, mais cela ne constitue pas une preuve, car les Grecs utilisaient rarement des majuscules). Deuxièmement, l’« esprit » est-il le sujet ou l’objet de la phrase ? Troisièmement, la « jalousie » mentionnée dans la S21 est-elle positive ou négative ? Lorsque nous passons ces options au crible, deux traductions intéressantes se dégagent :
1 «Il [Dieu] désire jusqu’à l’envie l’Esprit qu’il a fait habiter en nous. » (NBS).
2 «L’Esprit qui demeure en nous, désire-t-il avec envie ?» (DARBY).
Ces deux traductions commencent par « L’Écriture dit ». Mais aucune ne cite un verset particulier. Au contraire, les deux résument un grand thème biblique. Les deux traductions s’adaptent au contexte et sont toutes les deux vraies. Dieu désire récupérer l’esprit des hommes, car il les a créés et a promis de nous racheter. Mais il est également vrai que l’esprit humain est rempli d’envie. Jacques vient de le dire en 4:1-4 et la triste histoire du péché humain dans son ensemble est en grande partie une histoire d’envie et de lutte, en commençant par Caïn et Abel.
4:6–8a Quelle que soit la traduction correcte, nous savons que Dieu fait grâce aux humbles, à ceux qui ne sont pas assez bons ou assez religieux pour lui plaire. Nous devons donc nous soumettre à Dieu et nous approcher de lui en nous repentant, en croyant, en nous soumettant et en l’aimant. Se soumettre à Dieu, c’est lutter contre le diable. Nous le faisons en résistant à la tentation, surtout lorsqu’elle se prolonge. Nous résistons aux mauvaises pensées (colère, apitoiement sur soi, pharisaïsme) et aux mauvais désirs (cupidité, convoitise). Le diable est un ennemi redoutable, mais il finit par s’enfuir loin de Dieu et de son peuple.
4:8b–10 Ensuite, Jacques se lance dans la poésie : « Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez vos cœurs, hommes partagés ». Cela signifie nous repentir de nos mauvaises actions et pensées et lui offrir toutes nos facultés : nos mains, notre cœur et notre esprit. Il existe une manière impie de se lamenter, par exemple lorsqu’on est pris en flagrant délit ou lorsqu’on perd ses biens. Mais il est bon de pleurer sur le péché. Cela inclut nos péchés personnels, les péchés de notre époque, tels que l’avortement et l’injustice sociale, et les péchés de l’humanité depuis Adam. La réponse appropriée est l’humilité. Nous n’attendons pas de vivre une tragédie personnelle ou de connaître la faiblesse de l’âge pour nous humilier, nous nous humilions maintenant. Ensuite, Dieu nous relève par l’Évangile.

« Il est bon de pleurer sur le péché. Cela inclut nos péchés personnels, les péchés de notre époque, tels que l’avortement et l’injustice sociale, et les péchés de l’humanité depuis Adam. »

Une humilité motivée par l’Évangile se manifeste de manière négative et positive (4:11–5:20)

Le passage de Jacques 4:11-17 explore la signification de l’humilité et l’élargit. Le ton peut être rude, car Jacques pose des questions décourageantes : « Qui es-tu ? » (4:12) et « Qu’est-ce que votre vie ? » (4:14). Jacques 4:11–5:6 nous met en garde contre 3 péchés. Tous sont des péchés d’orgueil et d’arrogance. Ils s’opposent à l’humilité qu’il vient de recommander.

4:11–12 Premièrement, les croyants ne se condamnent pas les uns les autres. Le fait de « mal parler » ou de calomnier et juger un frère, c’est se placer au-dessus de lui, le dominer. En outre, se vanter et présumer de la réussite de ses projets, c’est penser que l’on maîtrise l’avenir et que l’on peut accomplir tout ce que l’on veut (4:13-17). Troisièmement, opprimer les travailleurs et leur voler leur salaire est un péché d’orgueil, car c’est mépriser les travailleurs ordinaires. C’est incarner également la jalousie et l’esprit de rivalité (3:14) en s’efforçant de tout garder pour soi, sans tenir compte de l’appel à la justice (5:1-6). Les personnes humbles savent que Dieu est le Juge et qu’il détermine l’avenir, même la durée de la vie humaine (4:15). Il entend les cris des opprimés (5:4-5).

Ceux qui calomnient et jugent usurpent aussi les prérogatives de Dieu. Ceux qui condamnent les autres, en citant la loi, laissent entendre qu’ils sont les seuls à savoir comment la loi s’applique. Mais bien sûr, c’est Dieu qui a donné la loi, et lui seul la comprend parfaitement. Il est donc le seul juge. Il peut « détruire », mais il est bon pour ceux qui aiment juger les autres de se rappeler que Dieu est aussi miséricordieux et qu’il « peut sauver ».

4:13–17 Deuxièmement, les croyants ne font pas des projets pleins d’arrogance. Comme le riche fermier de Luc 12:13-21, celui qui se vante de ses projets semble presque innocent, au début. La Bible ne condamne jamais la planification, le commerce ou le profit. Mais le fait de déclarer : « nous ferons du profit » c’est prétendre connaître, voire maîtriser, l’avenir. Projeter de faire du profit peut être un autre exemple de l’ambition égoïste du monde (Jac 3:14). Le plus important encore, c’est que cette personne oublie que le Seigneur connaît et détermine l’avenir. Pendant ce temps, nous ne savons même pas si demain nous allons vivre un ouragan ou voir s’opérer un changement catastrophique sur les marchés. Nous ne savons même pas si nous serons encore en vie demain. Nos vies sont aussi éphémères et sans substance que la brume matinale sur un lac. Ceux qui font fièrement des plans oublient qu’ils dépendent de Dieu. Chacun devrait dire : « Si Dieu le veut, nous vivrons et ferons ceci ou cela ». Penser ou dire le contraire, c’est faire preuve d’arrogance et de vantardise.

« Ceux qui font fièrement des plans oublient qu’ils dépendent de Dieu. »

5:1–6 Troisièmement, les croyants n’abusent pas des pauvres. Opprimer les pauvres est un acte singulier d’orgueil. Si nous devons cesser de juger notre prochain (4:11–12) et nous souvenir que Dieu est souverain sur notre avenir (4:13–16), nous devons certainement cesser de tromper notre prochain et nous rappeler que Dieu juge les riches qui oppriment les pauvres. Personne n’est au-dessus de la loi et de la justice de Dieu.

En dénonçant hardiment l’injustice, Jacques se rapproche d’Ésaïe, d’Amos ou d’autres prophètes anciens (cf. Ésa 5:8–12; Amos 5:11–12; Mic 2:1–3). Tout au long des premiers chapitres, Jacques s’adressait à « mes frères » (Jac 1:2; 2:1) et à « mes frères bien-aimés » (1:19). Mais il semble maintenant s’adresser aux incroyants, en les avertissant : « A vous maintenant, les riches », pleurez à cause des malheurs qui viendront sur vous. Ils vont perdre leurs richesses à cause de la pourriture. Leurs vêtements, si précieux à l’époque, vont pourrir. Lorsque Jacques, comme Jésus, dit que « l’or et l’argent ont rouillé », il sait que l’or et l’argent ne rouillent pas et ne se corrodent pas. Il veut dire que l’or et l’argent pourraient tout aussi bien être du fer pour tout le bien qu’ils font à la personne qui les acquiert par la fraude. En effet, les richesses amassées témoigneront contre les riches au dernier jour, car l’existence même de ces richesses montre qu’ils n’ont pas été justes ou généreux. Ceux qui s’enrichissent en opprimant les autres seront jugés. Les riches que Jacques condamne opprimaient leurs ouvriers en retenant le salaire dont ils avaient besoin pour vivre au jour le jour. Si le propriétaire terrien ne tient pas compte de leurs cris, le Seigneur, lui, le fera.

Quand Jacques dit que les riches se sont « engraissés » au « jour du carnage », il décrit un terrible renversement de situation. Ils faisaient engraisser les animaux par leurs serviteurs en vue du jour où ils les abattraient pour leurs festins. Mais en persistant dans l’iniquité, ils se sont engraissés eux-mêmes jusqu’à ce qu’ils soient mûrs pour l’abattage. La Bible ne condamne jamais la richesse en soi. Abraham, Jacob, Joseph, David et d’autres ont été riches grâce à la faveur de Dieu. Le problème, c’est la richesse acquise au moyen de l’injustice et utilisée pour se faire plaisir. Dans le pire des cas, les riches ont « condamné et assassiné » les justes et les innocents. Le terme « meurtre » est approprié pour décrire leurs actes, puisqu’ils pouvaient provoquer la famine en ne payant pas les salaires. Au-delà, la haine qui conduit un propriétaire terrien à léser ses ouvriers est une forme de dureté qui relève du meurtre perpétré dans le cœur.

5:7–12 Quatrièmement, les croyants s’en attendent patiemment au Seigneur. Jacques a déjà dit que nous vivons dans les derniers jours (5:3). Le Seigneur vient et il est proche. Cette promesse nous permet d’être patients dans l’adversité. De même qu’un agriculteur travaille, puis attend la pluie, de même les croyants doivent être patients et inébranlables, comme Job. Aujourd’hui encore, cependant, la pensée du dernier jour devrait façonner notre conduite quotidienne. Par exemple, les croyants ne doivent pas « se plaindre les uns des autres », car la plainte est une forme de jugement, qui est la prérogative du Seigneur. La perspective du jugement de Dieu devrait également nous inciter à faire attention à nos paroles, car elles serviront de preuve au dernier jour. Nous devrions être des personnes fiables au point que la nécessité de prêter serment disparaisse. Dans ce cas, « oui » signifiera « oui », point final. Quoi qu’il en soit, le Juge viendra bientôt à la rencontre des impénitents. Mais nous ne craignons pas ce jour, car « le Seigneur est plein de tendresse et de compassion ».

5:13–18 Cinquièmement, les croyants apportent chaque joie et tristesse au Seigneur. Ce passage attire à juste titre l’attention par son enseignement sur les prières de guérison, mais ce sujet s’inscrit dans le cadre plus large de l’intérêt de Jacques pour la mise en avant de la prière en toute circonstance. Il nous exhorte à louer le Seigneur pour toute bénédiction et à l’implorer pour toute situation de détresse.

5:13–16 On suppose ici qu’il s’agit d’une maladie grave. Jacques décrit les anciens se rendant auprès du malade et priant « sur lui » [« over him » dans la trad anglaise], ce qui laisse peut-être entendre qu’il est alité. Jacques utilise un terme générique pour « malade » en 5:14 (astheneo), mais « malade » en 5:15 est une traduction de kamno, qui signifie « usé » et s’applique à l’épuisement du corps ou de l’esprit. La maladie peut entraîner une lassitude ou une dépression et cela constitue aussi une raison de prier. Jacques recommande d’appeler les anciens, car ce sont des hommes de prière. Ils prient avec foi pour le troupeau sur lequel ils veillent et qu’ils aiment. Jacques ne demande pas de faire appel à la prière de ceux qui ont un don pour les miracles ; il appelle les anciens, qui s’attendent à ce que Dieu les entende et qui croient que Dieu peut relever les malades. Jésus a parfois guéri de grandes foules parmi lesquelles se trouvaient de nombreux incroyants (Jean 6), mais quand il rencontrait les gens un à un, le malade, sa famille ou ses amis ont toujours exprimé leur foi (Luc 5:20; Marc 9:23–24). Le Seigneur ne prête pas l’oreille à une convocation de sceptiques qui espèrent voir un tour de magie.

« Jésus a parfois guéri de grandes foules parmi lesquelles se trouvaient de nombreux incroyants, mais quand il rencontrait les gens un à un, le malade, sa famille ou ses amis ont toujours exprimé leur foi. Le Seigneur ne prête pas l’oreille à une convocation de sceptiques qui espèrent voir un tour de magie. »

Jacques nous présente un processus. Les anciens se réunissent pour prier. Ils oignent d’huile le malade, qui peut être un symbole de l’Esprit de Dieu dans l’Écriture. L’huile sert aussi de baume (Luc 10:34), ce qui suggère que nous pouvons rechercher des soins médicaux et spirituels face à la maladie. Il faut aussi qu’il y ait un examen de soi, accompagné par la confession du péché, car certaines maladies en sont le résultat (par exemple, le fruit de l’alcoolisme ou de la promiscuité sexuelle) et d’autres ne le sont pas (Jean 9:1–2). Les expressions « la prière de la foi » et « le Seigneur le relèvera » nécessitent une réflexion approfondie. Il y a un temps pour les croyants pour mourir, pour s’en aller pour « aller vivre auprès du Seigneur » (2Cor 5:8), aussi nous ne pouvons pas dire que chaque prière de foi aura pour résultat la guérison dans cette vie. Le Seigneur finira par guérir tout le monde et ressuscitera tous les croyants à son retour (Jean 6:39-54).

Nous ne devrions donc pas penser que, si nous avons suffisamment de foi, la guérison va survenir maintenant. La guérison peut venir dans le futur. En d’autres termes, les prières de guérison ne sont pas les mêmes que les appels lancés à Jésus dans les Évangiles. Il a accompli des miracles qui proclamaient sa divinité et ses projets rédempteurs, et il a toujours accompli ses desseins. Cela dit, dans chaque église, les anciens devraient se réunir pour prier. Nous devons nous attendre à ce que Dieu agisse. L’auteur de ces lignes a vu de nombreuses guérisons, certaines radicales et immédiates, d’autres progressives.

5:17–18 Les anciens sont des hommes « justes » dont les prières sont puissantes. Cela ne veut pas dire qu’ils sont parfaits. Revêtus de la justice de Christ, ils s’efforcent de vivre conformément à leur nouvelle nature. Jacques cite alors Élie, un prophète aux prières puissantes, mais un homme « de la même nature que nous ». Il a trébuché, comme nous, mais Dieu a entendu les prières d’Élie.

5:19–20 Sixièmement, les croyants s’efforcent d’aider celui qui s’égare. Jacques conclut de manière pastorale, en appelant à ramener « quiconque » « s’égarant loin de la vérité ». D’un point de vue humain, nous « sauvons son âme de la mort », mais du point de vue de Dieu nous participons à l’œuvre de Christ, qui couvre notre péché et en triomphe.

Conclusion

Les éléments pastoraux de Jacques 5:13-20 donnent l’occasion de réfléchir à l’ensemble de l’épître de Jacques. L’épître, qui exhorte les chrétiens à vivre leur foi en Jésus, ressemble à un sermon. Jacques s’adresse souvent directement à ses lecteurs, les appelant « mes frères » (3:12) ou « mes frères bien-aimés » (2:5). Mais il peut aussi réprimander son auditoire en le qualifiant d’«adultère » (4:4) ou de « vous, les riches » (5:1). Il pose constamment des questions rhétoriques qui incitent les lecteurs à s’arrêter et à réfléchir (2:4-7 ; 2:14-21 ; 3:11-13 ; 4:1-5, 12-14). Il soulève également des objections que ses lecteurs pourraient avoir et y répond (1:13 ; 2:18 ; 3:13 ; 4:14 ; 5:13-14). Un personnage imaginaire prend la parole à 4 reprises: pour exprimer un point de vue impie sur la pauvreté (2:3), un point de vue impie sur les nécessiteux (2:16), sur les plans conçus par des hommes d’affaires (4:13), ou pour s’opposer à l’enseignement de Jacques (2:18).

En faisant intervenir des objecteurs imaginaires dans son épître, Jacques laisse imaginer qu’il entend, voire accueille, les pensées des incroyants ou des sceptiques et qu’il est heureux d’y répondre. En même temps, il attend de ses lecteurs ou de ses auditeurs qu’ils soient réceptifs. Il les avertit de ne pas se contenter d’écouter la Parole. Une fois qu’ils la connaissent, ils doivent la mettre en pratique (1:22). Plus loin, il avertit que celui « qui sait ce qu’il faut faire » doit le faire. Les péchés par omission sont tout aussi répréhensibles que les péchés manifestes (4:17; 2:14–17).

Jacques fait même preuve d’une impatience pieuse à l’égard de l’Église. Il dit aux croyants : « Ne vous y trompez pas » (1:16) et leur demande : « Ne (le) savez-vous pas ? » (4:4). Jacques fait également appel à son peuple en utilisant de nombreuses illustrations : chevaux, sources d’eau, bateaux, feu, miroirs, travaux agricoles, fleurs, brume, voyages, etc. Il crée des images vivantes : la convoitise devient enceinte et donne naissance au péché (1:15) ; les démons croient et tremblent (2:19). Les riches gémissent, les richesses pourrissent et les métaux dévorent la chair comme un feu (5:1-3). Enfin, Jacques utilise des paradoxes qui donnent à réfléchir : les épreuves sont une joie (1:2) ; les riches devraient se montrer fiers de leur abaissement (1:10).

Jacques utilise ses pouvoirs rhétoriques pour atteindre un objectif – inciter les croyants à vivre par la foi en Jésus, le Seigneur. Les vrais croyants se comportent comme des amis de Dieu (2:5, 23). Ils obéissent à sa volonté et à sa Parole. S’ils échouent, ils implorent la grâce. Comme le dit Jacques : « Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera » (4:10). Voilà l’évangile de Jacques.

Bibliographie

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Doriani, Daniel M. James. REC. Phillipsburg, NJ: P&R, 2007.

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Moo, Douglas. James: An Introduction and Commentary. TNTC. Downers Grove, IL: IVP Academic, 1985.

Morgan, Christopher. A Theology of James: Wisdom for God’s People. Phillipsburg, NJ: P&R, 2010.

Motyer, Alec. The Message of James. BST. Downers Grove, IL: IVP, 1985

Notes de fin d’ouvrage et autorisations

1. Daniel M. Doriani, James (Phillipsburg, NJ: P&R, 2008), 73–75.


Ce commentaire fait partie de la série The Gospel Coalition Bible Commentary (éditeur général, Phil Thompson). Ce commentaire est disponible gratuitement sous la licence Creative Commons avec Attribution-ShareAlike, permettant aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’adapter/traduire le contenu tant qu’un lien d’attribution, une indication des changements et la même licence Creative Commons s’appliquent à ce matériel. Si vous souhaitez traduire notre contenu ou rejoindre notre communauté de traducteurs, n’hésitez pas à nous contacter.

Toutes les citations bibliques, sauf indication contraire, sont tirées de La Bible Segond 21 Société Biblique de Genève, éd. (2007).  Utilisé avec permission. Tous droits réservés.

Cette édition (version 1.0) a été publiée le 25/09/2023 et peut être citée dans les ouvrages imprimés comme suit : Doriani, Daniel M. James. TGCBC. Austin, TX : TGC – ÉVANGILE21, 2023.

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Jacques 1

SEGOND 21

Adresse et salutation

1 De la part de Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus dispersées: salut!

La mise à l’épreuve de la foi

2Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, 3sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la persévérance. 4Mais il faut que la persévérance accomplisse parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés, sans défaut, et qu’il ne vous manque rien.

5Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. 6Mais qu’il la demande avec foi, sans douter, car celui qui doute ressemble aux vagues de la mer que le vent soulève et agite de tous côtés. 7Qu’un tel homme ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur: 8c’est un homme partagé, instable dans toute sa conduite.

9Que le frère de condition humble tire fierté de son élévation. 10Que le riche, au contraire, se montre fier de son abaissement, car il disparaîtra comme la fleur de l’herbe. 11Le soleil se lève avec son ardente chaleur, il dessèche l’herbe, sa fleur tombe et toute sa beauté s’évanouit. De même, le riche se flétrira dans ses entreprises.

Appel à vivre la parole de vérité

12Heureux l’homme qui tient bon face à la tentation car, après avoir fait ses preuves, il recevra la couronne de la vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment.

13Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise: «C’est Dieu qui me tente», car Dieu ne peut pas être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. 14Mais chacun est tenté quand il est attiré et entraîné par ses propres désirs. 15Puis le désir, lorsqu’il est encouragé, donne naissance au péché et le péché, parvenu à son plein développement, a pour fruit la mort.

16Ne vous y trompez pas, mes frères et sœurs bien-aimés: 17tout bienfait et tout don parfait viennent d’en haut; ils descendent du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement ni l’ombre d’une variation. 18Conformément à sa volonté, il nous a donné la vie par la parole de vérité afin que nous soyons en quelque sorte les premières de ses créatures.

19Ainsi donc, mes frères et sœurs bien-aimés, que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, 20car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. 21C’est pourquoi, rejetez toute souillure et tout débordement dû à la méchanceté, et accueillez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver votre âme.

22Mettez en pratique la parole et ne vous contentez pas de l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. 23En effet, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il ressemble à un homme qui regarde son visage dans un miroir 24et qui, après s’être observé, s’en va et oublie aussitôt comment il était. 25Mais celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui a persévéré, celui qui n’a pas oublié ce qu’il a entendu mais qui se met au travail, celui-là sera heureux dans son activité.

26Si quelqu’un [parmi vous] croit être religieux alors qu’il ne tient pas sa langue en bride mais trompe son propre cœur, sa religion est sans valeur. 27La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à s’occuper des orphelins et des veuves dans leur détresse et à ne pas se laisser souiller par le monde.

 Société Biblique de Genève, éd. (2007). La Bible Segond 21 (Jc 1.1–27).

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