Le fait d’être célibataire n’empêche pas d’exercer un ministère auprès de personnes qui ne le sont pas. Comme je l’ai déjà indiqué, mon Église est principalement formée de couples avec enfants. Quand je suis arrivé pour étoffer l’équipe pastorale, je connaissais la composition de l’assemblée, et je me suis demandé si les membres mariés accepteraient mon ministère. Et j’ai découvert que dans certains domaines, être célibataire est un avantage.
À mon avis, beaucoup d’Églises qui sont fières d’avoir Paul comme apôtre ne l’auraient jamais engagé comme pasteur !
J’exerce mon ministère en grande partie aux États-Unis. Comme je suis anglais, je suis perçu comme neutre dans les nombreux débats intra-muros qui agitent cette partie du monde chrétien. Je ne suis pas considéré comme appartenant à un réseau particulier ou à une quelconque dénomination. Cela me permet de me mouvoir plus librement entre les chrétiens de différentes confessions. La distance qui me sépare de mon pays d’origine crée une ouverture à ce que je peux leur offrir. Cela ne veut absolument pas dire que je n’ai pas de position personnelle sur bien des sujets qui les opposent. Mais participer aux discussions en venant de « l’extérieur » confère un certain statut de neutralité.
7 mensonges sur le célibat
Sam Allberry
Le célibat est une vraie mine de préjugés : il priverait de relations intimes ou d’une vie familiale. Il empêcherait d’exercer un ministère pastoral, etc.
La Bible brosse du célibat un tableau très différent et bien plus positif !
Ce livre vous aidera, marié ou non, à apprécier le célibat comme ce qu’il est : une bénédiction. L’auteur encourage les célibataires à saisir les occasions spécifiques à leur statut pour assumer leur rôle dans l’Église.
L’Église considère bien trop souvent les célibataires comme des gens qu’il faut plaindre et entourer d’attentions. Sam Allberry propose un guide pastoral pour corriger cette vision et aider l’Église locale à vivre en tant que famille de Dieu.
Rosaria Butterfield, ancienne professeure d’anglais de l’université de Syracuse, auteure de The Gospel comes with a house key
J’ai constaté la même dynamique dans mes rapports pastoraux avec les familles. J’ai, un jour, demandé à un couple qui venait d’accueillir son premier enfant, comment ils faisaient face à ce chamboulement dans leur vie. Pour avoir passé beaucoup de temps avec des parents de fraîche date, je savais que la question du repos est cruciale. J’ai donc abordé la question. J’ai vraiment été surpris de leur réaction : « Tu sais, à toi, nous pouvons te le dire, mais nous n’oserions jamais en parler aux autres parents de l’Église ».
En fait, ils ne souffraient pas du tout de manque de sommeil ! Ils ne savaient pas pourquoi, mais leur bébé dormait d’une traite presque toutes les nuits. Ils l’avaient raconté autour d’eux et cela avait créé des tensions avec d’autres parents.
Voilà comment je me suis rendu compte que ma condition de célibataire pouvait aider les couples et les parents à me parler de ce qu’ils vivent. Ils ont parfois envie de parler de sujets qui sont controversés parmi les parents. J’ai vite découvert qu’ils ne sont pas toujours d’accord entre eux ! Quel rythme de vie imposer au bébé ? Quel type d’éducation parentale adopter dans la petite enfance ? La maman doit-elle reprendre son activité professionnelle ?
Si oui, quand ? Quel système éducatif privilégier ? École à la maison, école publique, école privée ? Et là surgit la question financière ! Comme dans de nombreuses discussions sur l’éducation des enfants, certains peuvent se sentir visés et le ton peut monter ! Il suffit que quelqu’un ne soit pas d’accord avec vous pour que vous vous sentiez accusé d’être un mauvais père (ou une mauvaise mère). Ce qui est impossible à accepter dans une société qui prône l’autosuffisance familiale et appelle, en quelque sorte, à une omni-compétence.
Ne croyez pas que je n’ai pas d’opinion sur ces questions ! Mais en tant que célibataire, je donne l’impression de ne pas en avoir. De toute façon, elles ne sont jamais suffisamment tranchées pour que j’y engage mes descendants ! Il vaut parfois mieux ne pas être parent que d’être le genre de parent avec lequel les autres sont en désaccord.
Il arrive que certains éprouvent le besoin de parler de leurs combats et de leurs échecs dans la vie familiale. Les gens continuent à imaginer que le mariage est un conte de fées et notre société nous fait croire que nous nous suffisons à nous-mêmes. Alors, quand ça cloche dans la vie conjugale, les gens ne savent pas quoi faire. « Le mariage était censé régler tous mes problèmes. Si ça ne marche pas, c’est que je fais certainement quelque chose de travers ». Un mari et sa femme m’ont avoué se sentir plus à l’aise de parler de leur mariage avec moi, célibataire : ils avaient peur que des personnes mariées se comparent à leur couple et les jugent.
Le célibat permet aussi de prêcher plus librement sur certains aspects de la vie de famille. Un de mes collègues pasteurs, un homme marié, a remarqué que chaque fois qu’il aborde en chaire les difficultés de la vie conjugale, il y a toujours un membre de l’Église pour s’imaginer que son couple ne doit pas aller très fort ! Il est bon de pouvoir parler en s’appuyant sur son vécu. Mais certains auditeurs sont prêts à penser que vous évoquez à coup sûr une expérience personnelle, quand bien même vous ne faites qu’une remarque générale tirée de l’Écriture.
Cela m’amène à une question souvent négligée. L’important, dans la relation d’aide aux couples et aux parents, n’est pas l’expérience personnelle. C’est la fidélité à l’Écriture. En fin de compte, de quoi l’assemblée a-t-elle le plus besoin ? Pas de la sagesse qu’un pasteur a pu accumuler au fil des ans en tant que mari ou père, mais de la sagesse de Dieu révélée dans sa Parole. Avouons-le : des célibataires aussi se rendent parfois coupables de la même erreur ! Ils sont capables de faire preuve de cruauté chaque fois qu’un pasteur marié ose parler du célibat (alors que tout pasteur marié a été un jour célibataire !).
L’important, dans la relation d’aide aux couples et aux parents, n’est pas l’expérience personnelle. C’est la fidélité à l’Écriture.
Vous trouvez risible le fait que je prêche sur des textes qui concernent directement les maris et leurs épouses, ou les parents ? Alors, vous placez l’expérience humaine au-dessus de la sagesse divine ! Et puis, avez-vous déjà pensé que la plupart de ces passages sur lesquels vous aimeriez qu’une personne mariée prêche ont été écrits par un apôtre… célibataire ? À mon avis, beaucoup d’Églises qui sont fières d’avoir Paul comme apôtre ne l’auraient jamais engagé comme pasteur !
La présence d’au moins un pasteur célibataire peut être un avantage pour les communautés qui ont plusieurs responsables chargés de l’enseignement. Si tous nos exemples de vie chrétienne sont ceux de gens mariés, nous pourrions penser que la maturité spirituelle est nécessairement liée au mariage. Il est bon que les membres d’Églises observent des exemples du célibat fondé sur l’Évangile et des exemples du mariage fondé sur l’Évangile. C’est une façon de démontrer ce que Paul dit de l’un comme de l’autre : ils sont tous deux des dons honorables de Dieu.
Cet article est un extrait de « 7 mensonges sur le célibat » paru chez BLF Éditions